Bonjour! Cette semaine, Berlin est monté au créneau sur les lourdeurs européennes, la Maison-Blanche a engrangé une victoire économique et vous saurez en lisant cette infolettre pourquoi nous avons soufflé une jolie bougie d’anniversaire !
L’AVENIR ÉCONOMIQUE DE L’EUROPE
STOP AND GO. Alors que la France suspend la réforme des retraites, le chancelier allemand Friedrich Merz s’inquiète précisément d’un manque de réformes en Europe qui met en péril l’avenir économique du continent et risque de faire des pays européens « des pions » de la Chine et des Etats-Unis.
Voilà qui ne va pas plaire à Paris (ni à d’autres capitales): la Commission envisage de conditionner l’octroi de fonds européens à la réalisation de réformes assurant la pérennité des systèmes de retraites. Un chiffre peu connu inquiète Bruxelles : plus de 80% des retraités en Europe ont comme unique revenu la pension versée par le système public de retraite – donc aucune retraite complémentaire. Ce qui fait qu’un citoyen européen de plus de 65 ans sur cinq (soit 18,5 millions) risque de tomber sous le seuil de pauvreté.
Mais les Etats ont surtout des préoccupations de court terme comme en Italie où, pour tenir ses objectifs de réduction du déficit à moins de 3% pour la première fois depuis six ans, le gouvernement de Giorgia Meloni s’apprête à ponctionner 4,5 milliards d’euros dans les comptes des banques et des assureurs. Ce n’est même qu’un début : sur trois ans, Rome veut prélever 10 milliards d’euros sur le secteur financier.
Champions. Pour survivre dans cette concurrence mondiale exacerbée, le rapport Draghi préconisait l’an dernier de revoir radicalement les règles de concurrence et de concentration pour favoriser l’émergence de « champions européens ». Mais comment ? La Commission se heurte à cinq points de friction (abonnés) qui rendent l’objectif difficile à tenir.
Pour Berlin, il est clair que l’Europe est allée trop loin dans la réglementation de la Tech. Le ministre allemand du numérique s’est confié sans langue de bois à POLITICO. Il dénonce une Europe qui « rend les choses trop complexes » pour les entreprises innovantes. Berlin accueillera un sommet sur la souveraineté numérique le mois prochain et espère « des annonces importantes » même si, côté français, la crise gouvernementale complique singulièrement les choses.
Autre urgence pour l’Europe : muscler sa défense face à Moscou. Les pays de l’Union européenne devront être prêts d’ici 2030 à faire face à « tout type d’agression » y compris une guerre avec la Russie, selon la feuille de route (Defense Readiness Roadmap 2030) présentée au Collège des commissaires. A cet horizon – l’objectif est ambitieux – les pays de l’UE devront acheter 60% de leurs armes en Europe contre moins de 20% aujourd’hui.
Viktor Orban, lui, est « prêt » à accueillir Donald Trump et Vladimir Poutine à Budapest pour « mettre fin à la guerre en Ukraine », comme le promet le président américain depuis son élection. Des rencontres préparatoires doivent avoir lieu la semaine prochaine au niveau des ministres des Affaires étrangères.
GÉANTS ASIATIQUES
COUP SUR COUP, deux hauts responsables britanniques mettent en garde avec force contre l’espionnage chinois. Pour le directeur général du MI5 Ken McCallum, les menaces provenant de certains Etats comme la Chine sont “aussi graves voire plus” que le terrorisme. L’avertissement intervient alors qu’une enquête judiciaire visant deux Britanniques soupçonnés d’espionnage au profit de Pékin vient d’être abandonnée, provoquant la colère de l’opposition conservatrice. D’autant que le directeur adjoint à la sécurité nationale (abonnés)a indiqué cette semaine que les services chinois ont mené « des opérations d’espionnage à grande échelle ».
L’histoire se répète… à l’envers. Bruxelles entend désormais imposer aux entreprises chinoises des transferts de technologie si elles veulent accéder au marché européen. Une exigence contenue dans l‘Industrial Accelerator Act (abonnés) en préparation, a confié à POLITICO le commissaire français Stéphane Séjourné. Jadis, c’était la Chine qui réclamait des transferts de technologie aux entreprises occidentales…
Lost in translation. Mercredi, Donald Trump assurait avec aplomb que l’Inde avait décidé de ne plus acheter de pétrole russe, précisant même devant les journalistes que le Premier ministre indien Narendra Modi s’y était engagé auprès de lui. Le lendemain, New Dehli faisait savoir que rien de tel n’avait été décidé. L’Inde achète à bon compte un tiers de son pétrole à la Russie et ne semble pas prêt à céder aux injonctions du président américain.
L’AMÉRIQUE DE TRUMP
PACTOLE. Censée financer des baisses d’impôts, la politique de droits de douane de Donald Trump remplit-elle ses promesses ? Mois par mois, POLITICO relève le compteur. A la mi-octobre, le Trésor a récolté 192,6 milliards de dollars soit 119 milliards de plus que l’an dernier à la même date. Loin toutefois de pouvoir remplacer, comme promis par le président, l’impôt sur le revenu qui a rapporté 2700 milliards de dollars l’an dernier.
La Maison-Blanche peut se prévaloir d’une victoire majeure cette semaine avec l’annonce par Stellantis d’un investissement de 13 milliards de dollars pour la production de voitures aux Etats-Unis – le plus important de l’histoire du groupe qui réunit Fiat, PSA et Chrysler. Stellantis va transférer la production de la Jeep Compass du Canada aux Etats-Unis et augmenter de 50% sa production américaine.
Mais que pèsent les 5.000 emplois créés par Stellantis au regard de ceux que l’intelligence artificielle risque de détruire ? La question inquiète l’administration Trump qui encourage l’adoption de l’IA mais constate que plusieurs géants de la Tech réduisent leurs effectifs du fait des gains de productivité engendrés. Mark Benioff, le patron de Salesforce, signale que l’IA réalise désormais 50% du travail de son groupe qui s’apprête à éliminer 4.000 emplois. Depuis la fin 2022 et l’arrivée de ChatGPT, 160.000 emplois liés à la technologie ont disparu selon le Département du Travail.
PENDANT CE TEMPS-LÀ. Le déploiement de troupes militaires dans les grandes villes américaines continue de susciter une vive controverse. Barack Obama est monté au créneau cette semaine pour dénoncer ce qu’il a qualifié « d’effort pour affaiblir notre conception de la démocratie ».
« Fumer tue » et passer trop de temps sur les réseaux sociaux est mauvais pour la santé : le gouverneur de Californie Gavin Newsom a signé une loi obligeant les plateformes comme Instagram, Snapchat ou TikTok à mettre en garde leurs utilisateurs contre « les risques des réseaux pour la santé mentale et le bien-être des enfants et des adolescents ».
AVANT DE SE QUITTER
– Un an déjà ! Pour célébrer son anniversaire et ses succès, l’équipe Tech Matin qui scrute chaque jour au laser l’actualité numérique a épluché son carnet d’adresses et concocté un palmarès des 42 personnes les plus influentes du monde de la tech. A découvrir ici.
– Coulisses. A lire, ce récit fourmillant de détails des heures cruciales qui ont précédé la reconduction de Sébastien Lecornu à Matignon et donné le sentiment au patron des Républicains Bruno Retailleau d’être (encore) pris, selon son propre terme, pour un «couillon».
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