Négritude Agonistes by christian filostrat
"Christian Filostrat published a book that contains negritude’s missing
link: an article by Césaire in L’étudiant noir, number 3, May-June 1935.
Published in the year of Césaire’s death, Filostrat’sbook, Negritude
Agonistes: Assimilation against Nationalism in the French-Speaking
Caribbean and Guyane, reproduces the key sections of this
issue, including the essay by Césaire in which he uses négritude for
the first time: “Conscience raciale et révolution sociale” ‘Racial
Consciousness and Social Revolution.’"
«Christian Filostrat a publié un livre qui contient le
chaînon manquant de la négritude: un article de Césaire dans L'étudiant noir,
numéro 3, Mai-Juin 1935. Publié l'année du décès de Césaire, le livre de Filostrat,
Négritude Agonistes: Assimilation against Nationalism in the French-Speaking
Caribbean and Guyane, reproduit des sections clés de cette question, y compris
l'essai de Césaire dans lequel il utilise la négritude pour la première fois:
«La conscience raciale et la
révolution sociale.»
The (Revised) Birth of Negritude: Communist Revolution and "The Immanent Negro" in 1935 by Christopher L. Miller, Yale University in MLA Journals > PMLA > Vol. 125, No. 3 Citation (pp. 743 -749)
ISBN-13: 978-0-9818939-2-1
Binding 1: hardcover Pages: 240 pp.
ISBN-13: 978-0-9818939-9-0
Binding 2: softcover Pages: 240 pp.
Imprint: Africana Homestead Legacy Publishers
BISAC subjects: HISTORY / Caribbean & West Indies / General; HISTORY /
Europe / France; LITERARY CRITICISM / Caribbean & Latin American
http://www.barnesandnoble.com/w/negritude-agonistes-assimilation-against-nationalism-in-the-french-speaking-caribbean-and-guyane-christian-filostrat/1014996138
http://www.amazon.com/Negritude-Agonistes-Assimilation-Nationalism-French-Speaking/dp/0981893929
http://africana-homestead-legacy-publ.webstorepowered.com/Negritude-Agonistes-Assimilation-
Nationalism-French-speaking/dp/0981893996
L'Etudiant Noir
Leon Damas gave me this copy of the volume 1, number 3 issue (May - June 1935) of L'Etudiant Noir, distinguished for being Aimé Césaire’s first setting for his use of the word négritude. I have included several pages of this issue of L’Etudiant Noir with commentaries in Negritude Agonistes. From time spent with Césaire, and our discussions in Paris and Fort de France, I am convinced he became familiar with the word (common in 19th and early 20th century America) from a
dictionary while translating Richard Wright's poems for
L'Etudiant Noir. Wright became one of his best friends in Paris when Wright moved there.
I was carrying Damas’s ashes to Guyane and made a stop in Fort de France. Césaire was at the airport to meet me and we exchanged our experiences with the cremation procedures of dear friends. In my case it was that Marietta Damas had had it with people moving her husband and she gave me specific directions. One of them was that Damas should not be moved anymore; he should be cremated in the massive oak casket (that Houphouet Boigny had paid for.) In Southeast Washington, DC, the cremation technician, to show me he was following instructions to the letter, opened the door of the oven; then lifted the lid of the casket for me to see that he had moved nothing; even the roses that Marietta had placed on the body were still there. The procedure of cremation had already started and I could see blue flames as if from welders torches shooting everywhere, attacking the body. After a moment of reflection, Césaire, in turn, told me his experience with Wright and hearing his friend’s bones explode during the procedure.
L'Etudiant Noir
Léon Damas m'a donné cette copie du numéro 3 (Mai - Juin 1935) de L'Etudiant Noir, Journal Mensuel de l’Association des Etudiants Martiniquais en France, distinguée pour détenir la première énonciation du mot négritude par Aimé Césaire.
J'ai inclus plusieurs pages de ce numéro de L'Etudiant Noir avec commentaires dans mon livre Négritude Agonistes.
Le temps passé avec Césaire, et nos discussions à Paris et à Fort de France, je suis convaincu qu'il s’est familiarisé avec le mot (ordinaire au 19e et au début du 20e siècle aux Etats Unis) à partir d'un dictionnaire lors de la traduction des poèmes de Richard Wright que Césaire faisait pour être publiée dans L'Etudiant Noir. Wright est devenu l'un de ses meilleurs amis à Paris quand Wright s’est exilé là-bas.
Je portais les cendres de Damas à Guyane et faisais escale à Fort de France. Césaire était à l'aéroport pour me rencontrer et nous avons échangé nos expériences avec les procédures d'incinération de nos chers amis. Dans mon cas, c'était que Marietta Damas avait marre des gens qui avaient tripoté son mari pendant sa maladie et elle m'avait donné des consignes spécifiques. L'un d'eux était que Damas devrait être incinéré dans le cercueil en chêne massif (que Houphouët Boigny avait payé.) Dans le sud-est de Washington, DC, le technicien, pour me montrer qu'il suivait les instructions à la lettre, a ouvert la porte du four, puis souleva la couverture du cercueil pour que je vois qu'il n’avait rien touché, même les roses que Marietta avait placé sur le corps de Damas étaient toujours là. La procédure de la crémation avait déjà commencé et je pouvais voir des flammes bleues, comme si de torches de soudeurs tiraient partout en rafale, en attaquant le corps. Après un moment de réflexion, Césaire, à son tour, m'a dit son expérience avec la crémation de Richard Wright et d'entendre les os de
son ami exploser lors de la procédure.
Why did Césaire bring up negritude in 1935 in L'Etudiant Noir?
His case for Racial Consciousness.
In 1935 the Communists were hell bent on “Social Revolution” in the colonies under French rule. Césaire, who, until his death in 2008, could not imagine Martinique other than under that rule, thought the Communists alien and misguided.
That being the case, Césaire looked for an expression to demarcate himself from the reality that he was not a white Frenchman. And also to express the fact that he was a black man under European rule. That expression happened to have been negritude. Césaire considered himself French; but he was black, too. How could he agree that his forebears were the Gaulles as he was made to say in elementary school? Assimilation bothered him; it was a deathtrap. Very young he came to appreciate that assimilation was a formula for the disappearance of who he was. He remained true to that anti-assimilation credo all his life and articulated his sense of self by proposing autonomy for Martinique, i.e., negritude.
(It's interesting when one looks at Césaire's career that it was in opposition to the Communists' call to the colonies to rise up under their banner that the term negritude was first expressed. "Racial Consciousness" is an argument against the Communists. When Césaire decided to quit the Communist party in 1956, he wrote his famous Letter to Maurice Thorez. That is exactly along the same lines, a repetition of his 1935 Racial Consciousness and Social Revolution.)
Page 123 and on of Negritude Agonistes, Cesaire's article in L’Etudiant Noir,
Conscience Racial et Revolution Social, expresses Césaire’s virulent disagreement with what the Communists stood for.
At 22,Césaire couldn't see how "Social Revolution" would take place unless the people in the colonies stopped running away from their race (acceptance of oneself in order to have a place among the peoples of the world) and adopt their négritude. Against this new trend for "Social Revolution," Césaire proclaimed the primacy of "Racial Consciousness" and, in the process, used the word négritude, which in almost a century has been the subject of much debate and all sorts of interpretations. The rewriting of négritude baffled Césaire.
Pourquoi Césaire a-t-il sorti la négritude en 1935 dans L'Etudiant Noir?
Besoin de Conscience Raciale
En 1935, les communistes étaient ancrés sur la «Révolution Sociale» dans les colonies sous domination française. Césaire, qui, jusqu'à sa mort en 2008, ne pouvait pas imaginer la Martinique autrement que française, était conscient que les communistes avaient un ordre du jour axé sur leurs intérêts propres, hostiles a la
« Conscience Raciale » et donc hostiles aux intérêts des noirs aux colonies.
Cela étant le cas, Césaire avait besoin d'une expression tous azimuts pour se démarquer de la réalité qu'il n'était pas un Français blanc. Et aussi pour exprimer le fait qu'il était un noir sous domination européenne. Cette expression a été la négritude. Même si français, Césaire était noir. Comment, par exemple, pouvait-il répéter que ses ancêtres étaient gaulois, comme il avait été obligé de le faire à l'école?
L’assimilation le gênait car l'assimilation barrait la route aux Nègres. Très jeune, il a compris que l'assimilation était un piège, une formule consacrée à la disparition de qui il était. Il est resté fidèle au credo de l’anti-assimilation toute sa vie et a exprimé le sentiment de qui il était en proposant l'autonomie pour la Martinique, à savoir, la négritude.
(Il est notable quand on examine la carrière de Césaire que c’est en opposition à l'appel aux colonies des communistes martiniquais de se soulever sous leur bannière que l’expression négritude a été formulée pour la première fois. «Conscience Raciale» est une plaidoirie contre les communistes. Quand Césaire a rompu avec le Partie Communistes en 1956, il a écrit sa fameuse Lettre a Maurice Thorez. Cette lettre est dans la même lignée exactement, une répétition de Conscience Raciale et Révolution Sociale de 1935.
La page 123 et autres de Négritude Agonistes, l’article d’Aimé Césaire dans L'Etudiant Noir, « Conscience Raciale et Révolution Sociale, » montre la virulence de Césaire contre ce que les communistes représentaient.
À 22 ans, Césaire ne pouvait pas concevoir de «Révolution Sociale» à moins que les
colonisés cessent de fonctionner en dehors de leur race (acceptent et défendent ce qu'ils sont afin d'avoir une place parmi les peuples du monde) et adoptent leur négritude. Face à la tendance pour une « Révolution Sociale» des assimilationnistes communistes, Césaire a proclamé la primauté de la «Conscience Raciale » et, se faisant, s’est servi du mot négritude qui, près d'un siècle, a fait l'objet de beaucoup de débats et de toutes sortes d'interprétations. La réécriture de la négritude a laissé Césaire perplexe.
That being the case, Césaire looked for an expression to demarcate himself from the reality that he was not a white Frenchman. And also to express the fact that he was a black man under European rule. That expression happened to have been negritude. Césaire considered himself French; but he was black, too. How could he agree that his forebears were the Gaulles as he was made to say in elementary school? Assimilation bothered him; it was a deathtrap. Very young he came to appreciate that assimilation was a formula for the disappearance of who he was. He remained true to that anti-assimilation credo all his life and articulated his sense of self by proposing autonomy for Martinique, i.e., negritude.
(It's interesting when one looks at Césaire's career that it was in opposition to the Communists' call to the colonies to rise up under their banner that the term negritude was first expressed. "Racial Consciousness" is an argument against the Communists. When Césaire decided to quit the Communist party in 1956, he wrote his famous Letter to Maurice Thorez. That is exactly along the same lines, a repetition of his 1935 Racial Consciousness and Social Revolution.)
Page 123 and on of Negritude Agonistes, Cesaire's article in L’Etudiant Noir,
Conscience Racial et Revolution Social, expresses Césaire’s virulent disagreement with what the Communists stood for.
At 22,Césaire couldn't see how "Social Revolution" would take place unless the people in the colonies stopped running away from their race (acceptance of oneself in order to have a place among the peoples of the world) and adopt their négritude. Against this new trend for "Social Revolution," Césaire proclaimed the primacy of "Racial Consciousness" and, in the process, used the word négritude, which in almost a century has been the subject of much debate and all sorts of interpretations. The rewriting of négritude baffled Césaire.
Pourquoi Césaire a-t-il sorti la négritude en 1935 dans L'Etudiant Noir?
Besoin de Conscience Raciale
En 1935, les communistes étaient ancrés sur la «Révolution Sociale» dans les colonies sous domination française. Césaire, qui, jusqu'à sa mort en 2008, ne pouvait pas imaginer la Martinique autrement que française, était conscient que les communistes avaient un ordre du jour axé sur leurs intérêts propres, hostiles a la
« Conscience Raciale » et donc hostiles aux intérêts des noirs aux colonies.
Cela étant le cas, Césaire avait besoin d'une expression tous azimuts pour se démarquer de la réalité qu'il n'était pas un Français blanc. Et aussi pour exprimer le fait qu'il était un noir sous domination européenne. Cette expression a été la négritude. Même si français, Césaire était noir. Comment, par exemple, pouvait-il répéter que ses ancêtres étaient gaulois, comme il avait été obligé de le faire à l'école?
L’assimilation le gênait car l'assimilation barrait la route aux Nègres. Très jeune, il a compris que l'assimilation était un piège, une formule consacrée à la disparition de qui il était. Il est resté fidèle au credo de l’anti-assimilation toute sa vie et a exprimé le sentiment de qui il était en proposant l'autonomie pour la Martinique, à savoir, la négritude.
(Il est notable quand on examine la carrière de Césaire que c’est en opposition à l'appel aux colonies des communistes martiniquais de se soulever sous leur bannière que l’expression négritude a été formulée pour la première fois. «Conscience Raciale» est une plaidoirie contre les communistes. Quand Césaire a rompu avec le Partie Communistes en 1956, il a écrit sa fameuse Lettre a Maurice Thorez. Cette lettre est dans la même lignée exactement, une répétition de Conscience Raciale et Révolution Sociale de 1935.
La page 123 et autres de Négritude Agonistes, l’article d’Aimé Césaire dans L'Etudiant Noir, « Conscience Raciale et Révolution Sociale, » montre la virulence de Césaire contre ce que les communistes représentaient.
À 22 ans, Césaire ne pouvait pas concevoir de «Révolution Sociale» à moins que les
colonisés cessent de fonctionner en dehors de leur race (acceptent et défendent ce qu'ils sont afin d'avoir une place parmi les peuples du monde) et adoptent leur négritude. Face à la tendance pour une « Révolution Sociale» des assimilationnistes communistes, Césaire a proclamé la primauté de la «Conscience Raciale » et, se faisant, s’est servi du mot négritude qui, près d'un siècle, a fait l'objet de beaucoup de débats et de toutes sortes d'interprétations. La réécriture de la négritude a laissé Césaire perplexe.
Césaire or Senghor
Negritude Agonistes is a négritude primer written around the beginning of what became a movement of sort with the publication of volume 1, number 3 issue (May - June 1935) of L'Etudiant noir, Journal
Mensuel de l’Association des Etudiants Martiniquais en France
I was in Senegal, from 1980 until 1983, and met with President Senghor several times. Césaire and Senghor couldn’t be more different. Césaire exuded charisma and had an extraordinary gift of speech that a French academician said that when he spoke French grammar smiled. He wrote the way he spoke. And he didn't mind having a good time. Women loved this guy. Only
Senghor was surprised that he lost the woman to whom he was engaged to Césaire. Unlike Césaire, Senghor was obsessively guarded. Unless the subject was the Arabs, getting a rise out of him was like pulling teeth. He
was priestly, and wrote his poems Leon Damas told me with a dictionary. And where Césaire was at ease anywhere, Senghor was at ease only where the French were. Every single time I met with him that’s the thing that struck me the most – how French he was.
Yet, in L’Etudiant Noir, the influence of Senghor on Césaire is unmistakable. In the article, Conscience Racial et Révolution Sociale, in which Césaire brings out négritude, universality is what predominates.
Césaire’s article is followed by Senghor's Racisme? Non, mais Alliance spiritual (page 124 in Negritude Agonistes) in which Senghor, who signs, L. Sedar Senghor, provides the ideology. Indeed, more than any other, Senghor is the one who created a philosophy out of negritude and held its banner high.
Césaire ou Senghor
Négritude Agonistes est écrit autour du début de ce qui est devenu une sorte de mouvement avec la publication du volume 1, numéro 3 (Mai - Juin 1935) de L'Etudiant noir, Journal Mensuel de l’Association des Etudiants Martiniquais en France
J'étais au Sénégal, de 1980 à 1983, et j’ai eu l’occasion de rencontrer le Président Senghor plusieurs fois. Césaire et Senghor ne pouvait pas être plus différent. Césaire était le charisme personnifié et avait un don extraordinaire de la parole. Il écrivait come il parlait. Et cela ne le dérangeait pas de «laisser le bon temps rouler.» Les femmes aimaient ce gars-là.
Contrairement à Césaire, Senghor était gardé. A moins que le sujet ne soit les Arabes, obtenir une hausse de ton de lui était comme arracher des dents. Il était sacerdotale, et écrivait ses poèmes Léon Damas m’a dit avec un dictionnaire. Et où Césaire était à l'aise partout, Senghor n'était à l'aise que quand les Français y étaient. Chaque fois que je le rencontrais c'est ce qui me frappait le plus - la façon dont il était Français.
Pourtant, dans L'Etudiant Noir, l'influence de Senghor sur Césaire est indubitable. Dans l'article de l’Etudiant Noir, Conscience Raciale et Révolution Sociale, dans lequel Césaire met en évidence la négritude, l'universalité est ce qui prédomine.
L'article de Césaire est suivi de Racisme? Non, mais Alliance spirituelle de Senghor (page 124 dans Négritude Agonistes) dans lequel Senghor, qui signe, L. Sédar Senghor, fournit l'idéologie. En effet, plus que tout autre, c’est Senghor qui a conçu une philosophie a partir de la négritude et porté haut son étendard.
Mensuel de l’Association des Etudiants Martiniquais en France
I was in Senegal, from 1980 until 1983, and met with President Senghor several times. Césaire and Senghor couldn’t be more different. Césaire exuded charisma and had an extraordinary gift of speech that a French academician said that when he spoke French grammar smiled. He wrote the way he spoke. And he didn't mind having a good time. Women loved this guy. Only
Senghor was surprised that he lost the woman to whom he was engaged to Césaire. Unlike Césaire, Senghor was obsessively guarded. Unless the subject was the Arabs, getting a rise out of him was like pulling teeth. He
was priestly, and wrote his poems Leon Damas told me with a dictionary. And where Césaire was at ease anywhere, Senghor was at ease only where the French were. Every single time I met with him that’s the thing that struck me the most – how French he was.
Yet, in L’Etudiant Noir, the influence of Senghor on Césaire is unmistakable. In the article, Conscience Racial et Révolution Sociale, in which Césaire brings out négritude, universality is what predominates.
Césaire’s article is followed by Senghor's Racisme? Non, mais Alliance spiritual (page 124 in Negritude Agonistes) in which Senghor, who signs, L. Sedar Senghor, provides the ideology. Indeed, more than any other, Senghor is the one who created a philosophy out of negritude and held its banner high.
Césaire ou Senghor
Négritude Agonistes est écrit autour du début de ce qui est devenu une sorte de mouvement avec la publication du volume 1, numéro 3 (Mai - Juin 1935) de L'Etudiant noir, Journal Mensuel de l’Association des Etudiants Martiniquais en France
J'étais au Sénégal, de 1980 à 1983, et j’ai eu l’occasion de rencontrer le Président Senghor plusieurs fois. Césaire et Senghor ne pouvait pas être plus différent. Césaire était le charisme personnifié et avait un don extraordinaire de la parole. Il écrivait come il parlait. Et cela ne le dérangeait pas de «laisser le bon temps rouler.» Les femmes aimaient ce gars-là.
Contrairement à Césaire, Senghor était gardé. A moins que le sujet ne soit les Arabes, obtenir une hausse de ton de lui était comme arracher des dents. Il était sacerdotale, et écrivait ses poèmes Léon Damas m’a dit avec un dictionnaire. Et où Césaire était à l'aise partout, Senghor n'était à l'aise que quand les Français y étaient. Chaque fois que je le rencontrais c'est ce qui me frappait le plus - la façon dont il était Français.
Pourtant, dans L'Etudiant Noir, l'influence de Senghor sur Césaire est indubitable. Dans l'article de l’Etudiant Noir, Conscience Raciale et Révolution Sociale, dans lequel Césaire met en évidence la négritude, l'universalité est ce qui prédomine.
L'article de Césaire est suivi de Racisme? Non, mais Alliance spirituelle de Senghor (page 124 dans Négritude Agonistes) dans lequel Senghor, qui signe, L. Sédar Senghor, fournit l'idéologie. En effet, plus que tout autre, c’est Senghor qui a conçu une philosophie a partir de la négritude et porté haut son étendard.
« Moi, Damas »

Damas's Pigments poems in the 1935 L'Etudiant Noir and why he is mentioned along with Césaire and Senghor as one of the fathers of Negritude.
Des poèmes de Damas dans L’Etudiant Noir 1935
Damas was as true a poet as I am able to picture. His verses came from his guts; they were about him, what he felt and what he had been through. He had no need of a dictionary. I saw him at work on Mine de Rien, a portfolio of 36 poems he completed a year or so before he died. As he was composing them, he
would ask me to come to his apartment in Southwest
Washington, DC to read them aloud to him. For me, not even Pigment whose poems were first published in L’Etudiant Noir (page 128 in Negritude Agonistes) is as deep. The tension of Pigment is in Mine de Rien but unlike Pigment so is twice the living - and it shows.
The first poem in the collection, Mine de Riens, is an example:
Mine de riens
riches
des seuls seve
suc
sel de la terre ferme
aframérindienne
mienne
ensemencée
abreuvée
nourrie
du sang
de la sueur
de ma peine offerte
non sans peine
pour que tout
pour que fût
pour que tout soit
et
demeure
non pour
mais en mémoire
de ceux rares
pour qui par tous temps
saisons
a ciel clair ou non
d’un d’une aube a l’autre et
a pelle-pioche
fut ouverte
a jamais
la voie menant a la Mine
Mine
de
rien
The entire collection of Mine de Riens is at www.leondamas-mine-de-rien.com
«Moi, Damas»
Damas était un vrai poète – aussi naturelle que je puisse l'imaginer. Ses vers sortaient de ses tripes, ce qu'il ressentait, ce qu’il avait vécu et ce qui était autour de lui. Il n'avait pas besoin d'un dictionnaire. Je l'ai vu au travail sur Mine de Riens, un portefeuille de 36 poèmes qu’il a terminé un an ou deux avant sa mort, je ne me souviens pas exactement.
Quand il composait Mine de Riens, il me demandait de venir à son appartement dans le sud-ouest de Washington, DC, pour les lire à haute voix pour lui. Pour moi, même pas Pigment ou l'éclair rencontre l'orage, publié premièrement dans L'Etudiant Noir (page 128 dans Négritude Agonistes) n’a le même sens du vécu. La tension de Pigment y est dans Mine de Rien, à la différence qu’il y a deux fois le vécu de l’homme - et on le ressent. ( Chose drôle, Damas ne savait pas faire le punch antillais. Il mélangeait un rhum porto ricain avec du sirop pour crêpe, un mélange infect.)
would ask me to come to his apartment in Southwest
Washington, DC to read them aloud to him. For me, not even Pigment whose poems were first published in L’Etudiant Noir (page 128 in Negritude Agonistes) is as deep. The tension of Pigment is in Mine de Rien but unlike Pigment so is twice the living - and it shows.
The first poem in the collection, Mine de Riens, is an example:
Mine de riens
riches
des seuls seve
suc
sel de la terre ferme
aframérindienne
mienne
ensemencée
abreuvée
nourrie
du sang
de la sueur
de ma peine offerte
non sans peine
pour que tout
pour que fût
pour que tout soit
et
demeure
non pour
mais en mémoire
de ceux rares
pour qui par tous temps
saisons
a ciel clair ou non
d’un d’une aube a l’autre et
a pelle-pioche
fut ouverte
a jamais
la voie menant a la Mine
Mine
de
rien
The entire collection of Mine de Riens is at www.leondamas-mine-de-rien.com
«Moi, Damas»
Damas était un vrai poète – aussi naturelle que je puisse l'imaginer. Ses vers sortaient de ses tripes, ce qu'il ressentait, ce qu’il avait vécu et ce qui était autour de lui. Il n'avait pas besoin d'un dictionnaire. Je l'ai vu au travail sur Mine de Riens, un portefeuille de 36 poèmes qu’il a terminé un an ou deux avant sa mort, je ne me souviens pas exactement.
Quand il composait Mine de Riens, il me demandait de venir à son appartement dans le sud-ouest de Washington, DC, pour les lire à haute voix pour lui. Pour moi, même pas Pigment ou l'éclair rencontre l'orage, publié premièrement dans L'Etudiant Noir (page 128 dans Négritude Agonistes) n’a le même sens du vécu. La tension de Pigment y est dans Mine de Rien, à la différence qu’il y a deux fois le vécu de l’homme - et on le ressent. ( Chose drôle, Damas ne savait pas faire le punch antillais. Il mélangeait un rhum porto ricain avec du sirop pour crêpe, un mélange infect.)
Mine de riens
riches
des seuls seve
suc
sel de la terre ferme
aframérindienne
mienne
ensemencée
abreuvée
nourrie
du sang
de la sueur
de ma peine offerte
non sans peine
pour que tout
pour que fût
pour que tout soit.
et
demeure
non pour
mais en mémoire
de ceux rares
pour qui par tous temps
saisons
a ciel clair ou
non
d’un d’une aube a l’autre et
a pelle-pioche
fut ouverte
a jamais
la voie menant a la Mine
Mine de Riens
La page titulaire de Mine de Rien tapée à la machine par l’épouse de Damas, Marietta.
Mine de Riens dans son intégralité est sur:
http://www.leondamas-mine-de-rien.com/
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riches
des seuls seve
suc
sel de la terre ferme
aframérindienne
mienne
ensemencée
abreuvée
nourrie
du sang
de la sueur
de ma peine offerte
non sans peine
pour que tout
pour que fût
pour que tout soit.
et
demeure
non pour
mais en mémoire
de ceux rares
pour qui par tous temps
saisons
a ciel clair ou
non
d’un d’une aube a l’autre et
a pelle-pioche
fut ouverte
a jamais
la voie menant a la Mine
Mine de Riens
La page titulaire de Mine de Rien tapée à la machine par l’épouse de Damas, Marietta.
Mine de Riens dans son intégralité est sur:
http://www.leondamas-mine-de-rien.com/
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ecoutez le discours de fanon sur Houphouet Boigny
Listen to Fanon's views on Houphouet Boigny
Interview de Josie Fanon, veuve de Frantz Fanon
Interview with Frantz fanon's Widow Josie Fanon
"Ah! si tu savais ce qu'ils ont fait de cette belle Algérie qui avait mérité tous les sacrifices."
Josie Fanon était à New York en Novembre 1978 pour assister à une cérémonie en l’honneur de son mari Frantz Fanon parmi d’autres organisée par les Nations Unies. Elle est venue à Washington, DC, où je l'ai rencontrée.
Josie Fanon était à New York en Novembre 1978 pour assister à une cérémonie en l’honneur de son mari Frantz Fanon parmi d’autres organisée par les Nations Unies. Elle est venue à Washington, DC, où je l'ai rencontrée.
Elle a parlé à Christian Filostrat sur elle-même et ses activités actuelles, son fils Olivier, qui était avec elle alors que son mari Frantz était à l'hôpital de Bethesda non loin de Washington en Octobre - Novembre 1961. Elle a aussi parlé de son mari, son travail, une femme blanche mariée à un homme noir, les raisons pour lesquelles elle avait fait enlever la préface de Jean -Paul Sartre des Damnés de la Terre etc.
Josie Fanon était une journaliste méticuleuse et passionnée, qui portait une attention particulière à ce qui se passait en Afrique. Ce qu'elle a dit à propos de l'Afrique du Sud, par exemple, s'est passé exactement comme elle l’avait prédit. Honnête, ouverte, sa déception en l’Algérie l’a démoralisée. Avant de se suicider, elle aurait dit au fantôme de son mari: « Ah ! Si tu savais ce qu'ils on fait de cette belle Algérie qui a mérite tous les sacrifices. »
*******
Après six années d’activités révolutionnaires en Afrique, Frantz Fanon est arrivé à New York au début d’Octobre 1961, souffrant d’une leucémie avancée. Admis à l'hôpital naval de Bethesda, il mourut le 6 Décembre. Il avait 36 ans.
Né en Martinique en 1925, Fanon était issu du système colonial français. En 1944, il rejoint les forces françaises libres pour aider à protéger la «vraie France» contre les marins français racistes stationnés en Martinique pendant la guerre - ces « marins qui l’avaient forcé à défendre et ainsi découvrir [sa] couleur.»
Son expérience dans l'armée a aiguisé sa conscience d'un monde où la division et le racisme étaient la règle. Cela et un esprit vif et sensible a fait de lui l'un des observateurs les plus lucides de la réalité inhérente au colonialisme.
Jusqu' à la Révolution Algérienne, Fanon a adhéré aux principes de la négritude défendue par Aimé Césaire, son professeur de lycée. Peau Noire Masque Blanc est un témoignage de la négritude dans laquelle Fanon reconnaît sa couleur du point de vue de son éducation coloniale française et l’adaptation qu’ a fait Césaire à l'endroit des peuples d'ascendance africaine dans l'empire français, discuté ci-après .
Tout en lui donnant une appréciation sans précédente pour les luttes de libération nationales que l’on retrouve dans ses ouvrages, ses efforts sans compromis au nom de la Révolution Algérienne ont abrégé sa vie. Aujourd'hui, nous parlons d'un héritage Fanon.
L'épouse de Fanon, Josie, est venue aux États -Unis et a visité l'auteur à l'Université Howard. Dans cette interview, elle parle de la vie et de la pensée de son mari, auteur de Les Damnés de la Terre.
L'interview de Mme Josie Fanon a eu lieu le 16 Novembre 1978 au Centre Afro-Américain à Howard University. Josie Fanon s'est suicidée à El Biar, Alger, dix ans plus tard. Elle est enterrée au cimetière d'El Kettar a Alger. Marie-Joseph Dublé est née à Lyon, en France, elle avait 58 ans.
cf: Quelles sont les raisons de votre visite aux Etats-Unis cette année?
J.Fanon: Je suis revenu cette année en raison d'une invitation du Comité spécial des Nations Unies Contre l'apartheid, qui organise tout au long de l'année une série d'images et de commémorations aux révolutionnaires noirs, notamment Paul Roberson, Nelson Mandela de l'ANC, le président Nkrumah, etc
C'est dans ce contexte que le comité a décidé de rendre hommage à Frantz et m'a invité.
cf: Comment c’est pour vous ce deuxième voyage aux Etats-Unis?
J.Fanon: D'un point de vue personnel, je suis un peu secoué d'être de retour aux Etats-Unis parce que c'est ici que mon mari est mort. Je m'intéresse aussi aux mouvements des noirs pour les droits civiques aux Etats-Unis. Et je veux examiner les nouvelles perspectives et discuter des espoirs.
cf: Vous étiez aux U. S. A. en 1961. Quelles étaient vos raisons?
J.Fanon : Je suis venu aux Etats -Unis en Novembre 1961 parce que mon mari avait été hospitalisé à N.I.H Hospital à Bethesda. Le Gouvernement Provisoire Algérien (APG ) l’avait envoyé ici pour des raisons médicales. Un an plus tôt, alors qu'il représentait le gouvernement provisoire au Ghana, les médecins ont diagnostiqué une leucémie. Ils l’ont d'abord envoyé à Moscou pour un traitement, mais la maladie c’est aggravée, et l’APG, avec l'aide du gouvernement tunisien, a demandé aux Américains de l'aide. À l'époque, ils pensaient que les meilleures installations médicales étaient aux États-Unis. C'est dans ces circonstances qu'il est venu aux États-Unis
Cependant, il faut noter qu'il n'est pas venu ici de son plein gré. En fait, il n'était pas en faveur de cette solution. Comme homme noir, militant et combattant révolutionnaire anti- impérialiste, ce n'était pas facile pour lui d'aller aux États-Unis. Mais, en réalité, il n'avait pas de choix. Il était très malade - en fait, il n’était pas loin de la mort.
cf: Vous me disiez quand nous passions la porte du campus, que votre fils, Olivier, avait passé quelque temps à l'Université Howard en 1961.
J.Fanon: Mon fils était un enfant en bas âge à l'époque et parce que je devais m'occuper de mon mari - J'étais ici plus d'un mois - je visitais Frantz tous les jours et passais de nombreuses nuits à l'hôpital avec lui. C’est pour cela que nous avions inscrit notre fils à la maternelle de l'Université Howard.
cf: Quelle est votre profession aujourd'hui?
J.Fanon: Je suis depuis quelque temps journaliste professionnel. J'ai travaillé de 1962 - l'année de l'indépendance de l’Algérie - jusqu'à l'année dernière [1977] pour la presse algérienne. J'ai aussi travaillé avec le Front Algérien pour la Libération Nationale dans la section information. Depuis 1977, je travaille pour un magazine panafricain, Demain l'Afrique, publié mensuellement à Paris. C'est pour cette raison que je vis à Paris actuellement.
cf: Comment avez-vous rencontré Frantz Fanon?
J.Fanon: Je l'ai rencontré à Lyon. Nous étions tous deux étudiants. Il était en médecine; j'étais en arts libéraux. Nous nous sommes rencontrés dans un théâtre. Il avait 23 ans; j'en avais 18.
cf : Parlant de Lyon, pouvez-vous retracer le parcours de Fanon?
J.Fanon : Quand j'ai rencontré Frantz, il vivait en France environ quatre ans déjà. Il était de la Martinique, né dans une colonie française, il avait assimilé toutes les valeurs culturelles de la France. Cette pathologie est commune aux peuples des Antilles de langue française. Même aujourd'hui, ces colonies sont les territoires où le colonialisme français est le plus amplifié, le plus perfide et le plus nocif.
Dans la première étape de la vie de Frantz, encore très jeune, il a rejoint les Forces françaises libres pendant la Seconde Guerre Mondiale. Pour un temps, il s’est identifié à la France. Cependant, quand il est allé en France et a du confronter le racisme de la société française, il a commencé à comprendre et il a analysé sa situation personnelle et les expériences de ses compatriotes. Le résultat de cette analyse c’est «Peau Noire, Masque Blanc» publié en 1952. Il avait vingt- cinq ans à l’époque.
Pendant ce temps la, il était aussi étudiant en médecine, spécialisé en psychiatrie. À la fin de ses études, il a voulu revenir aux Antilles ou aller en Afrique pour chercher du travail. Pour des raisons administratives, il n'était pas en mesure d'obtenir un poste en Martinique, en Guadeloupe, ou au Sénégal, alors il a choisi l'Algérie, qui était encore en Afrique. C'était en 1953, un an avant le début de la lutte armée révolutionnaire algérienne.
Il avait déjà pris contact avec les nationalistes algériens, de sorte que lorsque la révolution a commencé, il était déjà intégré dans le mouvement révolutionnaire. Il n'y a rien de surprenant ici. Beaucoup se demandent pourquoi Fanon est allé en Algérie et qu’elle relation pouvait il y avoir entre un homme de la Martinique et l’Algérie.
La réponse est simple: il existe une fraternité fondamentale entre tous les peuples colonisés et entre les personnes colonisées par la même puissance étrangère. La révolution algérienne n'était pas étrangère à Fanon.
En 1957, le gouvernement français nous a expulsés de l'Algérie. Nous sommes allés en Tunisie, où le Front pour la Libération Nationale maintenait sa branche externe. C’est la qu’ils ont créé plus tard le Gouvernement Provisoire de la Révolution Algérienne.
Fanon a travaillé au sein du FNL et du gouvernement provisoire. Il s'intéressait aussi à l’information. En 1960, ils l'ont nommé ambassadeur du Gouvernement Provisoire à Accra.
L'itinéraire de Fanon va de la domination française à sa prise de conscience d’homme noir de par son expérience au sein d’une société coloniale - à son adhésion à la cause plus large de la Révolution Algérienne et encore la Révolution Africaine en général.
Même avant son ambassade à Accra, Fanon avait pris part à un nombre de conférences dont la première s'est tenue en 1958. Lors de cette conférence, il a établi des contacts avec d'autres dirigeants africains de l'époque, notamment Patrice Lumumba, Félix Moumié du Cameroun et le Président Kwame Nkrumah. Le champ de son expérience et d'action s'est élargi et a abouti à la rédaction de Les Damnés de la Terre.
cf: Quels étaient les projets de Fanon après la publication de Les damnés de la Terre?
J.Fanon: Il est toujours difficile de dire ce que quelqu’un comme Fanon aurait fait s'il n'était pas mort en 1961. Dans sa vie, deux choses s’inter-changèrent constamment. Il aurait certainement maintenu son activité politique. Cependant, je ne peux pas dire avec certitude où. Sans doute, il serait resté en Algérie - au moins pendant un certain temps. Il avait combattu pour son indépendance et parce que l'Algérie était un pays qui lui était cher. C’est ce que j'ai fait. L'autre facteur important était ses intérêts scientifiques. Il était psychiatre et n'avait jamais abandonné ses recherches dans ce ou d'autres domaines médicaux. Il a toujours pratiqué la médecine même si il était engagé dans la politique et l'écriture.
cf: Il n'était pas ce que vous appelleriez un révolutionnaire professionnel alors.
J.Fanon: C'est vrai, il n'était pas un révolutionnaire professionnel. Il était un homme ouvert à la réalité. En fait, dans tout ce qu'il a écrit, il s'appuie sur ses expériences personnelles et non pas sur des théories abstraites.
cf: Dans le contexte de l'histoire récente de l'Afrique, comment jugez-vous le travail de Fanon depuis sa mort?
J.Fanon: Tout ce qui s'est passé en Afrique depuis l'indépendance en 1960-1962 démontre l'exactitude des points de vue de Fanon. Les peuples opprimés et colonisés ne peuvent pas se libérer autrement que par la lutte armée. Ce fut le cas des colonies portugaises et le cas de ce qui se passe actuellement en Afrique du Sud. Comment peut-il y avoir une solution négociée pour la majorité là-bas? Les conflits au Zimbabwe, en Afrique du Sud et en Namibie démontrent ce fait. Prétendre que les Noirs peuvent atteindre un gouvernement de la majorité à travers une solution négociée est une illusion et un piège. Les Africains dans cette partie du continent devront mener une lutte armée persistante et longue. Par ailleurs, je ne crois pas qu'ils peuvent réussir sans la solidarité des noirs américains.
cf: Pour revenir au pays natal de Fanon – les Antilles de langue française, quel est la situation coloniale la bas?
J.Fanon: Quand Fanon a quitté la Martinique, les conditions là-bas n’étaient pas aussi clairement définies qu’aujourd'hui. Il n'a jamais cessé de penser à la Martinique. Je pense qu'il serait plus préoccupé aujourd'hui, parce que sous leur statut départemental, la Martinique, la Guadeloupe et la Guyane sont des colonies françaises avec juste un autre nom. Je crois qu'il mettrait toute son énergie au service de son pays (Martinique) et la région des Caraïbes en général.
cf: Pouvez-vous dire quelques mots au sujet de la relation de Fanon avec les poètes de la Négritude, Aimé Césaire et Léon Damas?
J.Fanon: Fanon avait été l'élève de Césaire en Martinique. Pour lui, Césaire, Damas, et d'autres comme eux étaient très importants dans son évolution intellectuelle qui concerne la conscience de sa propre négritude. Il admirait Césaire et Damas beaucoup. Néanmoins, il avait déjà compris que,
politiquement, Césaire aurait pu faire beaucoup plus pour l'indépendance de la Martinique. L'indépendance est la condition sine qua non de la liberté politique. Même si le néo-colonialisme est actif dans un pays, il est préférable au
colonialisme et la dépendance totale. La libération nationale est une première étape; sans elle, très peu peut être fait. Sans l’indépendance, la construction de la nation ne peut pas commencer.
cf: Quand Les Damnés de la Terre a été publié, Jean-Paul Sartre l’a préfacé. Dans les éditions ultérieures, la préface de Sartre est retirée. Pourquoi?
J.Fanon: C'est par mon initiative que la préface de Sartre pour Les Damnés de la Terre a été enlevée. Disons que d'un point de vue occidental, c'est une bonne préface. Sartre a comprit le sujet dans Les Damnés de la Terre.
Mais en Juin 1967, quand Israël a déclaré la guerre aux pays arabes, il ya eu un grand mouvement pro-sioniste en faveur d'Israël parmi les occidentaux (français) intellectuels. Sartre a pris part à ce mouvement. Il a signé les pétitions favorables à Israël. J’ai jugé que ses attitudes pro-sionistes étaient incompatibles avec le travail de Fanon.
Quelle que soit la contribution de Sartre dans le passé, le fait qu'il n'a pas compris le problème palestinien a inversé ses positions politiques antérieures.
cf: On a beaucoup écrit sur Fanon. Quelle est votre réaction?
J.Fanon: En effet, un certain nombre d'intellectuels occidentaux ont écrit sur Fanon. À mon avis, ils n’ont pas complètement compris ses œuvres. Il reste beaucoup à écrire encore. Je pense, cependant, que c’est en Afrique et ici aux Etats-Unis dans la communauté afro-américaine que les choses valables sur Fanon seront réalisées.
cf: Certains critiques disent qu'il ya une contradiction entre les œuvres de Fanon, ce qu'il représentait, et le fait d’avoir une épouse française. Comment répondez-vous à ces critiques ?
J.Fanon: C'est mon opinion, et je crois que c'était aussi le sien - sinon il n'aurait ni contracté ni ne serait restée dans ce mariage interracial - qu'il n'y avait aucune contradiction. Dans ses œuvres, il affirme clairement que c'est par un procédé révolutionnaire que nous pouvons comprendre et résoudre les problèmes raciaux. Sinon, nous nous retrouvons dans des situations sans issue qui sont impossibles à résoudre. Par exemple, les critiques peuvent reprocher à un noir américain d'avoir épousé une femme arabe parce que sa peau est moins noire que le sien et ainsi de suite, et ainsi de suite.
Dans une certaine phase de la lutte, une telle position peut avoir pour un temps un facteur positif et unificateur. Cependant, c’est une limitation. Nous n'allons pas nous limiter à la race! Sinon, où est la révolution ?
Nous pouvons établir une parallèle entre ces problèmes personnels et le concept de la négritude que Fanon a analysé. A son avis - et cela a été prouvé vrai – la négritude n'a été qu'une étape dans le processus dialectique de la lutte de l'homme noir pour sa libération.
FIN
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Josie Fanon was in New York in November 1978 to attend a United Nations function honoring among others her husband Frantz Fanon. She came to Washington, DC where I met her.
She talked about herself and her current activities, her son Olivier, who was with her while Frantz was in the hospital in Bethesda MD in October - November 1961, her husband, his work, a white woman married to a black man, the reasons she had Jean Paul Sartre’s preface removed from The Wretched of the Earth, etc. The entire interview is published in Negritude Agonistes.
She was a passionate and meticulous journalist, who paid close attention to events unfolding in Africa. What she said about South Africa happened precisely the way she predicted. Honest, opened, disappointment in Algeria demoralized her to the point of suicide. Before taking her own life, she reportedly said to her husband's ghost, "Ah! si tu savais ce qu'ils ont fait de cette belle Algérie qui a mérité tous les sacrifices." Ah! if you knew what they did to this beautiful Algeria that deserved all the sacrifices
After six years of revolutionary activities in Africa, Frantz Fanon arrived in New York in early
October 1961, suffering from an advanced case of leukemia. Admitted to Bethesda Naval Hospital, he
died on December 6th. He was 36 years old.
Born in Martinique in 1925, Fanon was a product of the French colonial system. In
1944, he joined the free French forces to help protect “true France” against the racist French sailors
stationed in Martinique during the war - those “sailors who had forced [him] to defend and thus discover
[his] color.”
The experience in the army sharpened his awareness of a world where division and racism were
the rule. That and a keen, sensitive mind made him one of the most lucid observers of the realities
inherent to colonialism.
Until the Algerian Revolution, Fanon adhered to the principles of négritude espoused by Aimé
Césaire, his lycée teacher. Black Skin White Mask is a négritude testimonial in which Fanon
acknowledges blackness albeit from the point of view of his French colonial upbringing and Césaire’s
adaptation as to the place of peoples of African descent in the French empire, discussed above.
His uncompromising efforts on behalf of the Algerian Revolution shortened his life, while giving
him unparalleled insight into and appreciation for the national liberations and struggles found in his
writing. Today, we speak of a Fanon legacy.
Fanon’s wife, Josie, came to the United States and visited the author at Howard University. In
this short interview, she gives a glimpse into the life and views of her husband, author of The Wretched
of the Earth.
The interview of Mme Josie Fanon took place on November 16, 1978 at Howard University’s
African-American Center. Josie Fanon committed suicide at El Biar, Algiers, ten years later. Born Marie-
Joseph Dublé in Lyon, France, she was 58 years old.
cf: what are the reasons for your visit to the United States this year?
J.Fanon: I came back this year because of an invitation from the United Nations Special Committee
Against Apartheid, which is organizing throughout the year a series of homages and commemorations to
black revolutionaries, notably Paul Roberson, Nelson Mandela of the A.N.C., President Nkrumah, etc. It
is in this context that the committee decided to pay tribute to Frantz and invited me.
cf: how do you feel about this second trip to the United States?
J.Fanon: From a personal point of view, I am a bit shaken to be back in the U.S. because it is where my
husband died. I am also interested in observing the black civil rights movements in the US, examine the
new perspectives and discuss what the hopes are.
cf: You were in the U S previously in 1961. When exactly in 1961 were you here and what were your
reasons fro that trip?
J.Fanon: I came to the United States in November 1961 because my husband was hospitalized at the
N.I.H Bethesda Hospital. The Algerian Provisional Government (APG) had sent him here for medical
care. One year earlier, while representing the provisional government in Ghana, doctors diagnosed him
with leukemia. They first sent him to Moscow for treatment, but the disease worsened; and the APG,
with the Tunisian government’s assistance, asked the Americans for help.
At the time, they believed that the best medical facilities were in the United States. It was under these
circumstances that he came to the U.S.
However, you should note that he did not come here of his own accord. In fact, he was not in favor of
this solution. As a black man, a militant, and an anti-imperialist revolutionary fighter, he was not
comfortable going to the United States. But really, he had no choice. He was very ill - in fact, he was
dying.
cf: You were telling me when we passed through the campus gate, that your son, Olivier, had spent
some time at Howard University in 1961. Would you say more about that?
J.Fanon: My son was a toddler at the time and because I had to take care of my husband -- I was here
more than a month -- I visited Frantz everyday and spent many nights at the hospital with him. During
that time, we enrolled our small son at Howard University’s kindergarten.
cf: what is your occupation today?
J.Fanon: I have been for sometime a professional journalist. I worked from 1962 -- the year of Algeria’s
independence -- until last year [1977] for the Algerian press. I also worked with the Algerian Front for
National Liberation in the information section. Since 1977, I have worked for a Pan-African magazine,
Demain L’afrique (Tomorrow Africa) published monthly in Paris. That’s the reason I live in Paris now.
cf: How did you meet Frantz Fanon?
J.Fanon: I met him in Lyon (in the southeast of France). We were both students. He was in medical
school; I was in liberal arts. We met at a theatre. He was 23; I was 18.
cf: Speaking of Lyon, would you retrace for us the course of Fanon’s life?
J.Fanon: When I met Frantz, he had been already in France about four years. Understand that he was
from Martinique; born in a French colony, he had assimilated all the cultural values of France. This
pathology is common to the people of the French-speaking Antilles. Even today, these colonies are the
territories where French colonialism has been the most over-emphasized, most perfidious, and most
noxious.
In the first stage of Frantz’s life, while still very young, he joined the Free French Forces during the
Second World War. This meant that for a time, he identified with France. However, when he went to
France and confronted French society’s racism, he began to understand and he analyzed his personal
and his countrymen’s experiences. The result of this analysis is in “Black Skin, White mask” published in
1952. He was twenty-five at the time.
During that time, he was also a medical student, specializing in psychiatry. At the completion of his
studies, he wanted to go back to the Antilles or to Africa to look for work. For administrative reasons, he
was unable to get a position in Martinique, Guadeloupe, or Senegal; so he picked Algeria, which was still
in Africa. This was in 1953, one year before the start of the Algerian revolutionary armed struggle. He
had already made contact with Algerian nationalists; so that when the revolution began, he was already
integrated in the revolutionary movement. There is nothing surprising here. Many wonder why Fanon
went to Algeria or what relationship could there have been between a man from Martinique and Algeria.
The answer is simple: there exists a fundamental fraternity between all colonized people and between
people colonized by the same foreign power. The Algerian revolution was not alien to Fanon.
In 1957, the French government expelled us from Algeria. We went to Tunisia, where the Front for
National Liberation maintained its external branch and where they later created the Algerian Revolution’s
Provisional Government.
Fanon worked within the F.N.L and the Provisional Government. He was also interested in news
dissemination. In 1960, they appointed him the Provisional Government’s Ambassador to Accra.
We can retrace Fanon’s itinerary. From his condition as an individual under French rule to his
consciousness as a black man through his experience in a colonial society -- up to a superior level and
his adherence to the wider cause of the Algeria Revolution and still another level, the African Revolution
in general.
Even before his ambassadorship to Accra, Fanon had taken part in a number of African people’s
conferences, including the first one held in 1958. During the conference, he made contacts with other
African leaders of that period notably Patrice Lumumba, Felix Moumié of the Cameroon and President
Kwame Nkrumah. The field of his experience and action widened and resulted in the writing of The
Wretched of the Earth.
cf: Do you know what were Fanon’s plans after the publication of The Wretched of the Earth ?
J.Fanon: It is always difficult to say what an individual like Fanon would have done if he had not died
when he did. In his life, two things interchanged constantly. He would certainly have maintained his
political activities. However, I cannot say with certainty where. No doubt, he would have stayed in
Algeria - at least for a while. He had fought for its independence and because Algeria was a country very
dear to him. This is, in fact, what I have done. The other important factor was his scientific interests. He
was a psychiatrist and had never abandoned his research in that or other medical fields. He always
practiced medicine even while involved in politics and writing.
cf: He was not what you would call a professional revolutionary then.
J.Fanon: That’s right, he was not a professional revolutionary. He was a man very much opened to
reality. In fact, everything he wrote he based on his personal experiences not on abstract theories.
cf: In the context of recent African history, how would you judge Fanon’s work since his death?
J.Fanon: All that has happened in Africa since independence in 1960 - 62 demonstrates the accuracy of
Fanon’s points of view. Oppressed and colonized people cannot free themselves other than through
armed struggle. That was the case of the Portuguese colonies and the case of what is now taking place
in South Africa. How can there be a negotiated solution for majority rule there? The conflicts of the past
few years in Zimbabwe, South Africa and Namibia demonstrate that fact. To pretend that blacks can
achieve majority rule there through a negotiated solution is an illusion and a trick. Africans in that part of
the continent will have to wage a very prolonged and protracted armed struggle. Moreover, I do not
believe that they can succeed without the solidarity of the black American people.
cf: Going back to Fanon’s birthplace - the French speaking Antilles, what is the colonial situation there?
J.Fanon: When Fanon left Martinique, conditions there were not as clearly defined as they are today. He
never stopped thinking of Martinique. I think he would be more concerned today, because underneath
their departmental status, Martinique, Guadeloupe and Guyane are just French colonies with another
name. I believe that he would put all his energy in the service of his country (Martinique) and the
Caribbean region in general.
cf: Can you say a few words about Fanon’s relationship with the Négritude poets, Aimé Césaire and
Leon Damas?
J.Fanon: Fanon had been Césaire’s student in Martinique. For him, Césaire, Damas, and others like
them were very important in his intellectual evolution as regard to the consciousness of his own
négritude. He admired Césaire and Damas greatly. Nevertheless, he had already understood that,
politically, Césaire could have done much more for the independence of Martinique. Independence is the
sine qua non of political freedom. Even if neo-colonialism is active in a country, it is preferable to
colonialism and total dependence. National liberation is a first step; without it, very little can be done.
Without independence, nation building cannot begin.
cf: When The Wretched of the Earth was published, Jean Paul Sartre prefaced it. In subsequent
editions, Sartre’s preface is removed. Why?
J.Fanon: It was through my initiative that Sartre’s preface to The Wretched of the Earth was removed.
Let's say that from a western point of view, it is a good preface. Sartre understood the subject matter in
The Wretched of the Earth.
But in June 1967, when Israel declared war on the Arab countries, there was a great pro-Zionist
movement in favor of Israel among western (French) intellectuals. Sartre took part in this movement. He
signed petitions favoring Israel. I felt that his pro-Zionist attitudes were incompatible with Fanon’s work.
Whatever Sartre’s contribution may have been in the past, the fact that he did not understand the
Palestinian problem reversed his past political positions.
cf: A great deal has been written about Fanon. If you have kept up with what has been written, what is
your reaction ?
J.Fanon: Indeed a number of Western intellectuals have written about Fanon. In my opinion, they have
not completely understood his works. There is still much more to be written. I think, however, that it is in
Africa and here in the US in the African-American community that valid works about Fanon will be carried
out.
cf: What do you think of the English translations of Fanon’s works?
J.Fanon: I don’t think - and knowledgeable people have told me - that The Wretched of the Earth is
perfect; there are some lacunae and translation errors. In general, the English text does not reproduce
the breath, the dynamism, or the flow of the original French.
cf: Some critics say there is a fundamental contradiction between Fanon’s works, what he stood for, and
the fact that he married a white French woman. How do you answer these critics?
J.Fanon: It is my opinion, and I believe that it was also his - otherwise he would not have contracted nor
remained in this interracial marriage - that there was no contradiction. In his works, he states clearly that
it is through a revolutionary process that we can understand and resolve racial problems. Otherwise, we
find ourselves in dead-end situations that are impossible to resolve - the sort that we can never put to
rest. For example, critics can reproach a black American for marrying an Arab woman because her skin
is lighter than his is and so on, and so on.
In a certain phase of the struggle, such a position can have for a time a positive and beneficially unifying
effect. However, it remains a limitation. We are not going to limit each other to race! Otherwise, where is
the revolution?
We can draw a parallel between such personal problems and the concept of Négritude, which Fanon
analyzed. In his opinion - and this was later proved true - Négritude was but a stage in the dialectical
process of the black man’s struggle for liberation.
END
Elle a parlé à Christian Filostrat sur elle-même et ses activités actuelles, son fils Olivier, qui était avec elle alors que son mari Frantz était à l'hôpital de Bethesda non loin de Washington en Octobre - Novembre 1961. Elle a aussi parlé de son mari, son travail, une femme blanche mariée à un homme noir, les raisons pour lesquelles elle avait fait enlever la préface de Jean -Paul Sartre des Damnés de la Terre etc.
Josie Fanon était une journaliste méticuleuse et passionnée, qui portait une attention particulière à ce qui se passait en Afrique. Ce qu'elle a dit à propos de l'Afrique du Sud, par exemple, s'est passé exactement comme elle l’avait prédit. Honnête, ouverte, sa déception en l’Algérie l’a démoralisée. Avant de se suicider, elle aurait dit au fantôme de son mari: « Ah ! Si tu savais ce qu'ils on fait de cette belle Algérie qui a mérite tous les sacrifices. »
*******
Après six années d’activités révolutionnaires en Afrique, Frantz Fanon est arrivé à New York au début d’Octobre 1961, souffrant d’une leucémie avancée. Admis à l'hôpital naval de Bethesda, il mourut le 6 Décembre. Il avait 36 ans.
Né en Martinique en 1925, Fanon était issu du système colonial français. En 1944, il rejoint les forces françaises libres pour aider à protéger la «vraie France» contre les marins français racistes stationnés en Martinique pendant la guerre - ces « marins qui l’avaient forcé à défendre et ainsi découvrir [sa] couleur.»
Son expérience dans l'armée a aiguisé sa conscience d'un monde où la division et le racisme étaient la règle. Cela et un esprit vif et sensible a fait de lui l'un des observateurs les plus lucides de la réalité inhérente au colonialisme.
Jusqu' à la Révolution Algérienne, Fanon a adhéré aux principes de la négritude défendue par Aimé Césaire, son professeur de lycée. Peau Noire Masque Blanc est un témoignage de la négritude dans laquelle Fanon reconnaît sa couleur du point de vue de son éducation coloniale française et l’adaptation qu’ a fait Césaire à l'endroit des peuples d'ascendance africaine dans l'empire français, discuté ci-après .
Tout en lui donnant une appréciation sans précédente pour les luttes de libération nationales que l’on retrouve dans ses ouvrages, ses efforts sans compromis au nom de la Révolution Algérienne ont abrégé sa vie. Aujourd'hui, nous parlons d'un héritage Fanon.
L'épouse de Fanon, Josie, est venue aux États -Unis et a visité l'auteur à l'Université Howard. Dans cette interview, elle parle de la vie et de la pensée de son mari, auteur de Les Damnés de la Terre.
L'interview de Mme Josie Fanon a eu lieu le 16 Novembre 1978 au Centre Afro-Américain à Howard University. Josie Fanon s'est suicidée à El Biar, Alger, dix ans plus tard. Elle est enterrée au cimetière d'El Kettar a Alger. Marie-Joseph Dublé est née à Lyon, en France, elle avait 58 ans.
cf: Quelles sont les raisons de votre visite aux Etats-Unis cette année?
J.Fanon: Je suis revenu cette année en raison d'une invitation du Comité spécial des Nations Unies Contre l'apartheid, qui organise tout au long de l'année une série d'images et de commémorations aux révolutionnaires noirs, notamment Paul Roberson, Nelson Mandela de l'ANC, le président Nkrumah, etc
C'est dans ce contexte que le comité a décidé de rendre hommage à Frantz et m'a invité.
cf: Comment c’est pour vous ce deuxième voyage aux Etats-Unis?
J.Fanon: D'un point de vue personnel, je suis un peu secoué d'être de retour aux Etats-Unis parce que c'est ici que mon mari est mort. Je m'intéresse aussi aux mouvements des noirs pour les droits civiques aux Etats-Unis. Et je veux examiner les nouvelles perspectives et discuter des espoirs.
cf: Vous étiez aux U. S. A. en 1961. Quelles étaient vos raisons?
J.Fanon : Je suis venu aux Etats -Unis en Novembre 1961 parce que mon mari avait été hospitalisé à N.I.H Hospital à Bethesda. Le Gouvernement Provisoire Algérien (APG ) l’avait envoyé ici pour des raisons médicales. Un an plus tôt, alors qu'il représentait le gouvernement provisoire au Ghana, les médecins ont diagnostiqué une leucémie. Ils l’ont d'abord envoyé à Moscou pour un traitement, mais la maladie c’est aggravée, et l’APG, avec l'aide du gouvernement tunisien, a demandé aux Américains de l'aide. À l'époque, ils pensaient que les meilleures installations médicales étaient aux États-Unis. C'est dans ces circonstances qu'il est venu aux États-Unis
Cependant, il faut noter qu'il n'est pas venu ici de son plein gré. En fait, il n'était pas en faveur de cette solution. Comme homme noir, militant et combattant révolutionnaire anti- impérialiste, ce n'était pas facile pour lui d'aller aux États-Unis. Mais, en réalité, il n'avait pas de choix. Il était très malade - en fait, il n’était pas loin de la mort.
cf: Vous me disiez quand nous passions la porte du campus, que votre fils, Olivier, avait passé quelque temps à l'Université Howard en 1961.
J.Fanon: Mon fils était un enfant en bas âge à l'époque et parce que je devais m'occuper de mon mari - J'étais ici plus d'un mois - je visitais Frantz tous les jours et passais de nombreuses nuits à l'hôpital avec lui. C’est pour cela que nous avions inscrit notre fils à la maternelle de l'Université Howard.
cf: Quelle est votre profession aujourd'hui?
J.Fanon: Je suis depuis quelque temps journaliste professionnel. J'ai travaillé de 1962 - l'année de l'indépendance de l’Algérie - jusqu'à l'année dernière [1977] pour la presse algérienne. J'ai aussi travaillé avec le Front Algérien pour la Libération Nationale dans la section information. Depuis 1977, je travaille pour un magazine panafricain, Demain l'Afrique, publié mensuellement à Paris. C'est pour cette raison que je vis à Paris actuellement.
cf: Comment avez-vous rencontré Frantz Fanon?
J.Fanon: Je l'ai rencontré à Lyon. Nous étions tous deux étudiants. Il était en médecine; j'étais en arts libéraux. Nous nous sommes rencontrés dans un théâtre. Il avait 23 ans; j'en avais 18.
cf : Parlant de Lyon, pouvez-vous retracer le parcours de Fanon?
J.Fanon : Quand j'ai rencontré Frantz, il vivait en France environ quatre ans déjà. Il était de la Martinique, né dans une colonie française, il avait assimilé toutes les valeurs culturelles de la France. Cette pathologie est commune aux peuples des Antilles de langue française. Même aujourd'hui, ces colonies sont les territoires où le colonialisme français est le plus amplifié, le plus perfide et le plus nocif.
Dans la première étape de la vie de Frantz, encore très jeune, il a rejoint les Forces françaises libres pendant la Seconde Guerre Mondiale. Pour un temps, il s’est identifié à la France. Cependant, quand il est allé en France et a du confronter le racisme de la société française, il a commencé à comprendre et il a analysé sa situation personnelle et les expériences de ses compatriotes. Le résultat de cette analyse c’est «Peau Noire, Masque Blanc» publié en 1952. Il avait vingt- cinq ans à l’époque.
Pendant ce temps la, il était aussi étudiant en médecine, spécialisé en psychiatrie. À la fin de ses études, il a voulu revenir aux Antilles ou aller en Afrique pour chercher du travail. Pour des raisons administratives, il n'était pas en mesure d'obtenir un poste en Martinique, en Guadeloupe, ou au Sénégal, alors il a choisi l'Algérie, qui était encore en Afrique. C'était en 1953, un an avant le début de la lutte armée révolutionnaire algérienne.
Il avait déjà pris contact avec les nationalistes algériens, de sorte que lorsque la révolution a commencé, il était déjà intégré dans le mouvement révolutionnaire. Il n'y a rien de surprenant ici. Beaucoup se demandent pourquoi Fanon est allé en Algérie et qu’elle relation pouvait il y avoir entre un homme de la Martinique et l’Algérie.
La réponse est simple: il existe une fraternité fondamentale entre tous les peuples colonisés et entre les personnes colonisées par la même puissance étrangère. La révolution algérienne n'était pas étrangère à Fanon.
En 1957, le gouvernement français nous a expulsés de l'Algérie. Nous sommes allés en Tunisie, où le Front pour la Libération Nationale maintenait sa branche externe. C’est la qu’ils ont créé plus tard le Gouvernement Provisoire de la Révolution Algérienne.
Fanon a travaillé au sein du FNL et du gouvernement provisoire. Il s'intéressait aussi à l’information. En 1960, ils l'ont nommé ambassadeur du Gouvernement Provisoire à Accra.
L'itinéraire de Fanon va de la domination française à sa prise de conscience d’homme noir de par son expérience au sein d’une société coloniale - à son adhésion à la cause plus large de la Révolution Algérienne et encore la Révolution Africaine en général.
Même avant son ambassade à Accra, Fanon avait pris part à un nombre de conférences dont la première s'est tenue en 1958. Lors de cette conférence, il a établi des contacts avec d'autres dirigeants africains de l'époque, notamment Patrice Lumumba, Félix Moumié du Cameroun et le Président Kwame Nkrumah. Le champ de son expérience et d'action s'est élargi et a abouti à la rédaction de Les Damnés de la Terre.
cf: Quels étaient les projets de Fanon après la publication de Les damnés de la Terre?
J.Fanon: Il est toujours difficile de dire ce que quelqu’un comme Fanon aurait fait s'il n'était pas mort en 1961. Dans sa vie, deux choses s’inter-changèrent constamment. Il aurait certainement maintenu son activité politique. Cependant, je ne peux pas dire avec certitude où. Sans doute, il serait resté en Algérie - au moins pendant un certain temps. Il avait combattu pour son indépendance et parce que l'Algérie était un pays qui lui était cher. C’est ce que j'ai fait. L'autre facteur important était ses intérêts scientifiques. Il était psychiatre et n'avait jamais abandonné ses recherches dans ce ou d'autres domaines médicaux. Il a toujours pratiqué la médecine même si il était engagé dans la politique et l'écriture.
cf: Il n'était pas ce que vous appelleriez un révolutionnaire professionnel alors.
J.Fanon: C'est vrai, il n'était pas un révolutionnaire professionnel. Il était un homme ouvert à la réalité. En fait, dans tout ce qu'il a écrit, il s'appuie sur ses expériences personnelles et non pas sur des théories abstraites.
cf: Dans le contexte de l'histoire récente de l'Afrique, comment jugez-vous le travail de Fanon depuis sa mort?
J.Fanon: Tout ce qui s'est passé en Afrique depuis l'indépendance en 1960-1962 démontre l'exactitude des points de vue de Fanon. Les peuples opprimés et colonisés ne peuvent pas se libérer autrement que par la lutte armée. Ce fut le cas des colonies portugaises et le cas de ce qui se passe actuellement en Afrique du Sud. Comment peut-il y avoir une solution négociée pour la majorité là-bas? Les conflits au Zimbabwe, en Afrique du Sud et en Namibie démontrent ce fait. Prétendre que les Noirs peuvent atteindre un gouvernement de la majorité à travers une solution négociée est une illusion et un piège. Les Africains dans cette partie du continent devront mener une lutte armée persistante et longue. Par ailleurs, je ne crois pas qu'ils peuvent réussir sans la solidarité des noirs américains.
cf: Pour revenir au pays natal de Fanon – les Antilles de langue française, quel est la situation coloniale la bas?
J.Fanon: Quand Fanon a quitté la Martinique, les conditions là-bas n’étaient pas aussi clairement définies qu’aujourd'hui. Il n'a jamais cessé de penser à la Martinique. Je pense qu'il serait plus préoccupé aujourd'hui, parce que sous leur statut départemental, la Martinique, la Guadeloupe et la Guyane sont des colonies françaises avec juste un autre nom. Je crois qu'il mettrait toute son énergie au service de son pays (Martinique) et la région des Caraïbes en général.
cf: Pouvez-vous dire quelques mots au sujet de la relation de Fanon avec les poètes de la Négritude, Aimé Césaire et Léon Damas?
J.Fanon: Fanon avait été l'élève de Césaire en Martinique. Pour lui, Césaire, Damas, et d'autres comme eux étaient très importants dans son évolution intellectuelle qui concerne la conscience de sa propre négritude. Il admirait Césaire et Damas beaucoup. Néanmoins, il avait déjà compris que,
politiquement, Césaire aurait pu faire beaucoup plus pour l'indépendance de la Martinique. L'indépendance est la condition sine qua non de la liberté politique. Même si le néo-colonialisme est actif dans un pays, il est préférable au
colonialisme et la dépendance totale. La libération nationale est une première étape; sans elle, très peu peut être fait. Sans l’indépendance, la construction de la nation ne peut pas commencer.
cf: Quand Les Damnés de la Terre a été publié, Jean-Paul Sartre l’a préfacé. Dans les éditions ultérieures, la préface de Sartre est retirée. Pourquoi?
J.Fanon: C'est par mon initiative que la préface de Sartre pour Les Damnés de la Terre a été enlevée. Disons que d'un point de vue occidental, c'est une bonne préface. Sartre a comprit le sujet dans Les Damnés de la Terre.
Mais en Juin 1967, quand Israël a déclaré la guerre aux pays arabes, il ya eu un grand mouvement pro-sioniste en faveur d'Israël parmi les occidentaux (français) intellectuels. Sartre a pris part à ce mouvement. Il a signé les pétitions favorables à Israël. J’ai jugé que ses attitudes pro-sionistes étaient incompatibles avec le travail de Fanon.
Quelle que soit la contribution de Sartre dans le passé, le fait qu'il n'a pas compris le problème palestinien a inversé ses positions politiques antérieures.
cf: On a beaucoup écrit sur Fanon. Quelle est votre réaction?
J.Fanon: En effet, un certain nombre d'intellectuels occidentaux ont écrit sur Fanon. À mon avis, ils n’ont pas complètement compris ses œuvres. Il reste beaucoup à écrire encore. Je pense, cependant, que c’est en Afrique et ici aux Etats-Unis dans la communauté afro-américaine que les choses valables sur Fanon seront réalisées.
cf: Certains critiques disent qu'il ya une contradiction entre les œuvres de Fanon, ce qu'il représentait, et le fait d’avoir une épouse française. Comment répondez-vous à ces critiques ?
J.Fanon: C'est mon opinion, et je crois que c'était aussi le sien - sinon il n'aurait ni contracté ni ne serait restée dans ce mariage interracial - qu'il n'y avait aucune contradiction. Dans ses œuvres, il affirme clairement que c'est par un procédé révolutionnaire que nous pouvons comprendre et résoudre les problèmes raciaux. Sinon, nous nous retrouvons dans des situations sans issue qui sont impossibles à résoudre. Par exemple, les critiques peuvent reprocher à un noir américain d'avoir épousé une femme arabe parce que sa peau est moins noire que le sien et ainsi de suite, et ainsi de suite.
Dans une certaine phase de la lutte, une telle position peut avoir pour un temps un facteur positif et unificateur. Cependant, c’est une limitation. Nous n'allons pas nous limiter à la race! Sinon, où est la révolution ?
Nous pouvons établir une parallèle entre ces problèmes personnels et le concept de la négritude que Fanon a analysé. A son avis - et cela a été prouvé vrai – la négritude n'a été qu'une étape dans le processus dialectique de la lutte de l'homme noir pour sa libération.
FIN
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Josie Fanon was in New York in November 1978 to attend a United Nations function honoring among others her husband Frantz Fanon. She came to Washington, DC where I met her.
She talked about herself and her current activities, her son Olivier, who was with her while Frantz was in the hospital in Bethesda MD in October - November 1961, her husband, his work, a white woman married to a black man, the reasons she had Jean Paul Sartre’s preface removed from The Wretched of the Earth, etc. The entire interview is published in Negritude Agonistes.
She was a passionate and meticulous journalist, who paid close attention to events unfolding in Africa. What she said about South Africa happened precisely the way she predicted. Honest, opened, disappointment in Algeria demoralized her to the point of suicide. Before taking her own life, she reportedly said to her husband's ghost, "Ah! si tu savais ce qu'ils ont fait de cette belle Algérie qui a mérité tous les sacrifices." Ah! if you knew what they did to this beautiful Algeria that deserved all the sacrifices
After six years of revolutionary activities in Africa, Frantz Fanon arrived in New York in early
October 1961, suffering from an advanced case of leukemia. Admitted to Bethesda Naval Hospital, he
died on December 6th. He was 36 years old.
Born in Martinique in 1925, Fanon was a product of the French colonial system. In
1944, he joined the free French forces to help protect “true France” against the racist French sailors
stationed in Martinique during the war - those “sailors who had forced [him] to defend and thus discover
[his] color.”
The experience in the army sharpened his awareness of a world where division and racism were
the rule. That and a keen, sensitive mind made him one of the most lucid observers of the realities
inherent to colonialism.
Until the Algerian Revolution, Fanon adhered to the principles of négritude espoused by Aimé
Césaire, his lycée teacher. Black Skin White Mask is a négritude testimonial in which Fanon
acknowledges blackness albeit from the point of view of his French colonial upbringing and Césaire’s
adaptation as to the place of peoples of African descent in the French empire, discussed above.
His uncompromising efforts on behalf of the Algerian Revolution shortened his life, while giving
him unparalleled insight into and appreciation for the national liberations and struggles found in his
writing. Today, we speak of a Fanon legacy.
Fanon’s wife, Josie, came to the United States and visited the author at Howard University. In
this short interview, she gives a glimpse into the life and views of her husband, author of The Wretched
of the Earth.
The interview of Mme Josie Fanon took place on November 16, 1978 at Howard University’s
African-American Center. Josie Fanon committed suicide at El Biar, Algiers, ten years later. Born Marie-
Joseph Dublé in Lyon, France, she was 58 years old.
cf: what are the reasons for your visit to the United States this year?
J.Fanon: I came back this year because of an invitation from the United Nations Special Committee
Against Apartheid, which is organizing throughout the year a series of homages and commemorations to
black revolutionaries, notably Paul Roberson, Nelson Mandela of the A.N.C., President Nkrumah, etc. It
is in this context that the committee decided to pay tribute to Frantz and invited me.
cf: how do you feel about this second trip to the United States?
J.Fanon: From a personal point of view, I am a bit shaken to be back in the U.S. because it is where my
husband died. I am also interested in observing the black civil rights movements in the US, examine the
new perspectives and discuss what the hopes are.
cf: You were in the U S previously in 1961. When exactly in 1961 were you here and what were your
reasons fro that trip?
J.Fanon: I came to the United States in November 1961 because my husband was hospitalized at the
N.I.H Bethesda Hospital. The Algerian Provisional Government (APG) had sent him here for medical
care. One year earlier, while representing the provisional government in Ghana, doctors diagnosed him
with leukemia. They first sent him to Moscow for treatment, but the disease worsened; and the APG,
with the Tunisian government’s assistance, asked the Americans for help.
At the time, they believed that the best medical facilities were in the United States. It was under these
circumstances that he came to the U.S.
However, you should note that he did not come here of his own accord. In fact, he was not in favor of
this solution. As a black man, a militant, and an anti-imperialist revolutionary fighter, he was not
comfortable going to the United States. But really, he had no choice. He was very ill - in fact, he was
dying.
cf: You were telling me when we passed through the campus gate, that your son, Olivier, had spent
some time at Howard University in 1961. Would you say more about that?
J.Fanon: My son was a toddler at the time and because I had to take care of my husband -- I was here
more than a month -- I visited Frantz everyday and spent many nights at the hospital with him. During
that time, we enrolled our small son at Howard University’s kindergarten.
cf: what is your occupation today?
J.Fanon: I have been for sometime a professional journalist. I worked from 1962 -- the year of Algeria’s
independence -- until last year [1977] for the Algerian press. I also worked with the Algerian Front for
National Liberation in the information section. Since 1977, I have worked for a Pan-African magazine,
Demain L’afrique (Tomorrow Africa) published monthly in Paris. That’s the reason I live in Paris now.
cf: How did you meet Frantz Fanon?
J.Fanon: I met him in Lyon (in the southeast of France). We were both students. He was in medical
school; I was in liberal arts. We met at a theatre. He was 23; I was 18.
cf: Speaking of Lyon, would you retrace for us the course of Fanon’s life?
J.Fanon: When I met Frantz, he had been already in France about four years. Understand that he was
from Martinique; born in a French colony, he had assimilated all the cultural values of France. This
pathology is common to the people of the French-speaking Antilles. Even today, these colonies are the
territories where French colonialism has been the most over-emphasized, most perfidious, and most
noxious.
In the first stage of Frantz’s life, while still very young, he joined the Free French Forces during the
Second World War. This meant that for a time, he identified with France. However, when he went to
France and confronted French society’s racism, he began to understand and he analyzed his personal
and his countrymen’s experiences. The result of this analysis is in “Black Skin, White mask” published in
1952. He was twenty-five at the time.
During that time, he was also a medical student, specializing in psychiatry. At the completion of his
studies, he wanted to go back to the Antilles or to Africa to look for work. For administrative reasons, he
was unable to get a position in Martinique, Guadeloupe, or Senegal; so he picked Algeria, which was still
in Africa. This was in 1953, one year before the start of the Algerian revolutionary armed struggle. He
had already made contact with Algerian nationalists; so that when the revolution began, he was already
integrated in the revolutionary movement. There is nothing surprising here. Many wonder why Fanon
went to Algeria or what relationship could there have been between a man from Martinique and Algeria.
The answer is simple: there exists a fundamental fraternity between all colonized people and between
people colonized by the same foreign power. The Algerian revolution was not alien to Fanon.
In 1957, the French government expelled us from Algeria. We went to Tunisia, where the Front for
National Liberation maintained its external branch and where they later created the Algerian Revolution’s
Provisional Government.
Fanon worked within the F.N.L and the Provisional Government. He was also interested in news
dissemination. In 1960, they appointed him the Provisional Government’s Ambassador to Accra.
We can retrace Fanon’s itinerary. From his condition as an individual under French rule to his
consciousness as a black man through his experience in a colonial society -- up to a superior level and
his adherence to the wider cause of the Algeria Revolution and still another level, the African Revolution
in general.
Even before his ambassadorship to Accra, Fanon had taken part in a number of African people’s
conferences, including the first one held in 1958. During the conference, he made contacts with other
African leaders of that period notably Patrice Lumumba, Felix Moumié of the Cameroon and President
Kwame Nkrumah. The field of his experience and action widened and resulted in the writing of The
Wretched of the Earth.
cf: Do you know what were Fanon’s plans after the publication of The Wretched of the Earth ?
J.Fanon: It is always difficult to say what an individual like Fanon would have done if he had not died
when he did. In his life, two things interchanged constantly. He would certainly have maintained his
political activities. However, I cannot say with certainty where. No doubt, he would have stayed in
Algeria - at least for a while. He had fought for its independence and because Algeria was a country very
dear to him. This is, in fact, what I have done. The other important factor was his scientific interests. He
was a psychiatrist and had never abandoned his research in that or other medical fields. He always
practiced medicine even while involved in politics and writing.
cf: He was not what you would call a professional revolutionary then.
J.Fanon: That’s right, he was not a professional revolutionary. He was a man very much opened to
reality. In fact, everything he wrote he based on his personal experiences not on abstract theories.
cf: In the context of recent African history, how would you judge Fanon’s work since his death?
J.Fanon: All that has happened in Africa since independence in 1960 - 62 demonstrates the accuracy of
Fanon’s points of view. Oppressed and colonized people cannot free themselves other than through
armed struggle. That was the case of the Portuguese colonies and the case of what is now taking place
in South Africa. How can there be a negotiated solution for majority rule there? The conflicts of the past
few years in Zimbabwe, South Africa and Namibia demonstrate that fact. To pretend that blacks can
achieve majority rule there through a negotiated solution is an illusion and a trick. Africans in that part of
the continent will have to wage a very prolonged and protracted armed struggle. Moreover, I do not
believe that they can succeed without the solidarity of the black American people.
cf: Going back to Fanon’s birthplace - the French speaking Antilles, what is the colonial situation there?
J.Fanon: When Fanon left Martinique, conditions there were not as clearly defined as they are today. He
never stopped thinking of Martinique. I think he would be more concerned today, because underneath
their departmental status, Martinique, Guadeloupe and Guyane are just French colonies with another
name. I believe that he would put all his energy in the service of his country (Martinique) and the
Caribbean region in general.
cf: Can you say a few words about Fanon’s relationship with the Négritude poets, Aimé Césaire and
Leon Damas?
J.Fanon: Fanon had been Césaire’s student in Martinique. For him, Césaire, Damas, and others like
them were very important in his intellectual evolution as regard to the consciousness of his own
négritude. He admired Césaire and Damas greatly. Nevertheless, he had already understood that,
politically, Césaire could have done much more for the independence of Martinique. Independence is the
sine qua non of political freedom. Even if neo-colonialism is active in a country, it is preferable to
colonialism and total dependence. National liberation is a first step; without it, very little can be done.
Without independence, nation building cannot begin.
cf: When The Wretched of the Earth was published, Jean Paul Sartre prefaced it. In subsequent
editions, Sartre’s preface is removed. Why?
J.Fanon: It was through my initiative that Sartre’s preface to The Wretched of the Earth was removed.
Let's say that from a western point of view, it is a good preface. Sartre understood the subject matter in
The Wretched of the Earth.
But in June 1967, when Israel declared war on the Arab countries, there was a great pro-Zionist
movement in favor of Israel among western (French) intellectuals. Sartre took part in this movement. He
signed petitions favoring Israel. I felt that his pro-Zionist attitudes were incompatible with Fanon’s work.
Whatever Sartre’s contribution may have been in the past, the fact that he did not understand the
Palestinian problem reversed his past political positions.
cf: A great deal has been written about Fanon. If you have kept up with what has been written, what is
your reaction ?
J.Fanon: Indeed a number of Western intellectuals have written about Fanon. In my opinion, they have
not completely understood his works. There is still much more to be written. I think, however, that it is in
Africa and here in the US in the African-American community that valid works about Fanon will be carried
out.
cf: What do you think of the English translations of Fanon’s works?
J.Fanon: I don’t think - and knowledgeable people have told me - that The Wretched of the Earth is
perfect; there are some lacunae and translation errors. In general, the English text does not reproduce
the breath, the dynamism, or the flow of the original French.
cf: Some critics say there is a fundamental contradiction between Fanon’s works, what he stood for, and
the fact that he married a white French woman. How do you answer these critics?
J.Fanon: It is my opinion, and I believe that it was also his - otherwise he would not have contracted nor
remained in this interracial marriage - that there was no contradiction. In his works, he states clearly that
it is through a revolutionary process that we can understand and resolve racial problems. Otherwise, we
find ourselves in dead-end situations that are impossible to resolve - the sort that we can never put to
rest. For example, critics can reproach a black American for marrying an Arab woman because her skin
is lighter than his is and so on, and so on.
In a certain phase of the struggle, such a position can have for a time a positive and beneficially unifying
effect. However, it remains a limitation. We are not going to limit each other to race! Otherwise, where is
the revolution?
We can draw a parallel between such personal problems and the concept of Négritude, which Fanon
analyzed. In his opinion - and this was later proved true - Négritude was but a stage in the dialectical
process of the black man’s struggle for liberation.
END
Christian Filostrat is the author of Negritude Agonistes a primer and insider’s look into négritude in the French speaking Caribbean. Also of The Beggars' Pursuit, book one of the Congo
Trilogy, a novel about a favorite dictator's
reaction to the method the U.S. uses to
discard him at the end of the Cold War. The Gospel of Thomas, the second book in the Congo Trilogy, is a novel about religious rivalry in international politics.
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