





Jusqu'à présent, les Pays-Bas n'avaient installé qu'un seul de leurs représentants sur la plus haute marche du podium du Ballon d'Or : Johan Cruyff, vainqueur à trois reprises (1971, 1973 et 1974). L'avènement de Ruud Gullit consacra l'un de ses compatriotes, lequel marchait donc sur les traces de son glorieux et illustre ancien. Deuxième Néerlandais à inscrire son nom au palmarès, il fut aussi le deuxième joueur du Milan AC à être honoré après Gianni Rivera, en 1969. La nouvelle star du Calcio l'emporta incontestablement avec treize citations à la première place, contre cinq à Futre, deuxième, et quatre pour Butragueno et Michel, les deux compères du Real Madrid, respectivement troisième et quatrième. Une avance confortable pour Gullit, qui n'avait recueilli que. quatre points lors du précédent vote. Il faut dire qu'entre 1986 et 1987 beaucoup d'étoiles disparurent du classement, dont Igor Belanov lui-même, vainqueur en 1986 et victime d'un krach un an plus tard : il ne compta pas un seul point ! |
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| LE DANSEUR ET L'ATHLÈTE | ||||||||||
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L'artiste n'est pas un numéro, il n'habite pas à l'adresse indiquée sur l'annuaire. Il vibrionne, il vrombit, il est au-dessus des nuages. On sait pourtant qu'il existe. Comment pourrait-on ne pas le remarquer ? Il est celui qui balaie le commun pour faire chanter une âme. Il est la voix d'un peuple. On doit donc le distinguer. (.) Comme la vie est facétieuse et le football sa plaisante émanation, la consultation du Ballon d'Or 1987 nous parachute un Européen du Nord dont le papa a le teint indonésien et dont la coiffure à nattes tressées cherche sa source entre le reggae et les cordages de la marine à voile des siècles passés. Gullit est un phénomène né au
royaume d'Orange pour y faire la révolution footballistique
et propulser les « footballeurs totaux »
des années 70 vers la planète du 3e millénaire.
Somme rare de virtuosité, de sens collectif et
d'art spectaculaire, il est athlète et danseur,
gouailleur et prestidigitateur. Unique lui aussi et
si persuadé de n'avoir besoin de maîtres
qu'il indigna un jour l'Italie en demandant, face à
un immense portrait de Rivera : « Qui est ce mec-là
? »
Grâce à Gullit, grâce à ses
deux dauphins, Futre et Butragueno, la balance est peut-être
en train de s'inverser. C'est le poids des artistes,
ce poids qui nous rend si légers et nous met
le cour en fête. Jacques Thibert
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