tag:theconversation.com,2011:/ca-fr/societe/articlesSociété – La Conversation Canada2025-11-04T14:28:36Ztag:theconversation.com,2011:article/2680512025-11-04T14:28:36Z2025-11-04T14:28:36ZTaxer les aliments ultra-transformés : solution ou fléau ?<p>Les aliments ultra-transformés dominent désormais l’alimentation des Canadiens. Leur présence massive en épicerie, leurs prix bas et leur commodité en font des choix faciles, surtout pour les ménages pressés ou à faible revenu. Mais leur surconsommation accroît les risques de maladies chroniques. Une question s’impose : taxer ces produits pourrait-il vraiment améliorer la santé publique sans pénaliser les plus vulnérables ?</p>
<p>Au Canada, <a href="https://www150.statcan.gc.ca/n1/daily-quotidien/201118/dq201118g-fra.htm">46 % de l’apport calorique total provient d’aliments ultra-transformés, une proportion qui grimpe à 50 % chez les adolescents</a>. Autrement dit, près de la moitié de ce que nous mangeons quotidiennement provient de produits industriels modifiés et enrichis d’additifs, de sucres libres, de gras saturés et de sodium. Ces aliments, conçus pour être hyperappétissants et se conserver longtemps, sont directement liés à une hausse de l’obésité, du diabète de type 2, des maladies cardiovasculaires et de certains cancers. Devant ces constats, <a href="https://doi.org/10.3390/nu12071955">plusieurs pays ont choisi d’agir</a> : certains ont adopté des politiques réglementaires strictes, alors que d’autres misent sur la sensibilisation et la responsabilité volontaire des entreprises alimentaires.</p>
<p>Le débat autour de la taxation de ces produits s’inscrit dans un enjeu plus large d’équité sociale. D’un côté, les taxes nutritionnelles visent à réduire la consommation de produits nocifs pour la santé. De l’autre, elles risquent de frapper plus durement les ménages à faible revenu, qui dépendent souvent de ces aliments bon marché. Trouver un équilibre entre efficacité et justice sociale devient donc essentiel.</p>
<h2>Des exemples internationaux inspirants</h2>
<p>Certains pays ont déjà franchi le pas et démontrent que des mesures ambitieuses peuvent avoir un réel impact. Le Chili, souvent cité en exemple, a mis en œuvre dès 2016 une politique complète et cohérente. Celle-ci impose des étiquettes d’avertissement noires sur les produits contenant trop de sucre, de sel, de gras saturés ou de calories. Elle interdit la publicité de malbouffe destinée aux enfants entre 6 h et 22 h, bannit les boissons sucrées et les chips dans les écoles, et prohibe l’utilisation de personnages de dessins animés sur les emballages ciblant les moins de 14 ans. <a href="https://doi.org/10.1371/journal.pmed.1003015">Résultat : la consommation de boissons sucrées a chuté de 24 % entre 2015 et 2017</a>. Au-delà des chiffres, cette réforme a contribué à une prise de conscience collective et à une meilleure compréhension du lien entre alimentation et santé.</p>
<p>Le Mexique offre un autre exemple marquant. En 2014, il a instauré une taxe sur les produits dépassant 275 kcal pour 100 g, ainsi que sur les boissons sucrées. Cette mesure a entraîné une <a href="https://doi.org/10.1371/journal.pmed.1002057">réduction moyenne de 17 % des achats parmi les ménages à faible revenu</a>. Ces résultats démontrent qu’une taxation bien ciblée peut modifier les comportements alimentaires à court terme. Toutefois, elle met aussi en lumière ses limites sociales. En effet, les produits ultra-transformés demeurent souvent les plus accessibles sur le plan économique et logistique. Pour plusieurs familles, ces aliments représentent une source de calories bon marché et faciles à préparer.</p>
<p>Ainsi, une taxation seule ne suffit pas : elle doit être accompagnée d’initiatives favorisant l’accès à des aliments sains et abordables. Sans cela, <a href="https://ideas.repec.org/a/oup/erevae/v43y2016i4p537-560.html">elle risque de creuser davantage les inégalités alimentaires</a>. <a href="https://doi.org/10.1017/s136898001600104x">L’instauration d’une taxe peut réduire les choix alimentaires des ménages les plus modestes</a>, sans garantir un accès équivalent à des alternatives saines et abordables, comme les fruits et légumes. C’est pourquoi <a href="https://www.fao.org/4/t0236f/T0236F01.htm">l’Organisation mondiale de la Santé</a> cherche aujourd’hui à mieux définir la catégorie des aliments ultra-transformés, afin d’harmoniser les politiques publiques et de guider les pays dans leurs stratégies de prévention.</p>
<h2>Le Canada à la croisée des chemins</h2>
<p>Face à ces expériences étrangères, le Canada amorce lentement un virage, mais le cadre réglementaire reste en retard. Le pays prévoit d’introduire, en janvier 2026, un <a href="https://www.canada.ca/fr/sante-canada/services/aliments-nutrition/etiquetage-nutritionnel/devant-emballage.html">étiquetage nutritionnel sur le devant des emballages</a>, inspiré du modèle chilien. Cette mesure vise à aider les consommateurs à repérer d’un coup d’œil les produits riches en sucre, en sel ou en gras saturés. Elle constitue une étape importante vers une meilleure transparence alimentaire.</p>
<p>Cependant, la fiscalité alimentaire canadienne demeure inchangée depuis près de 35 ans. <a href="https://ici.radio-canada.ca/info/2023/reduflation/produits-aliments-base-epicerie-facture-prix-vente-taxes/">Le système actuel</a> taxe ou exonère certains produits selon des critères désuets, comme la taille du format ou l’état prêt-à-consommer, plutôt que selon le degré de transformation ou la valeur nutritionnelle réelle. Résultat : certaines incohérences persistent. Par exemple, un grand format de boisson gazeuse peut être non taxé, alors qu’un repas sain et préparé à base d’ingrédients frais peut l’être. Ce paradoxe entretient la confusion chez les consommateurs et peut involontairement encourager la surconsommation de produits transformés à bas prix.</p>
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<p>Pour que la politique fiscale canadienne soutienne réellement la santé publique, une révision complète du système s’impose. Il serait souhaitable d’intégrer des critères nutritionnels clairs, alignés sur les recommandations de Santé Canada et sur les données scientifiques les plus récentes. De plus, une taxation efficace devrait s’accompagner de subventions ciblées favorisant l’achat de fruits, légumes, légumineuses et produits peu transformés.</p>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/pourquoi-apprendre-a-cuisiner-des-lenfance-est-un-outil-de-sante-publique-265942">Pourquoi apprendre à cuisiner dès l’enfance est un outil de santé publique</a>
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<h2>Vers une approche plus juste et équilibrée</h2>
<p>La taxation des aliments ultra-transformés peut constituer un levier puissant pour améliorer la santé publique, mais son efficacité dépend du contexte dans lequel elle s’inscrit. Une politique isolée, centrée uniquement sur la taxe, risque d’être perçue comme punitive et injuste. En revanche, une stratégie intégrée, combinant taxation modérée, étiquetage clair, subventions pour les aliments sains et programmes d’éducation alimentaire, pourrait produire des effets durables et équitables.</p>
<p>Une telle approche permettrait de réduire la consommation de produits malsains tout en soutenant les populations les plus vulnérables. Elle éviterait de créer un paradoxe où une mesure de santé publique, conçue pour protéger la population, contribuerait en réalité à accentuer les inégalités sociales. Le défi du Canada est donc de repenser sa fiscalité alimentaire en s’appuyant sur les leçons des autres pays, tout en veillant à ne laisser personne derrière.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/268051/count.gif" alt="La Conversation Canada" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Nina Klioueva a reçu des financements sous forme de bourse de maîtrise en recherche pour titulaires d’un diplôme professionnel – volet régulier du FRQ, ainsi qu’une Bourse d’études supérieures du Canada – maîtrise (BESC M) des IRSC.</span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Maude Perreault a reçu du financement du Conseil de recherches en sciences humaines du Canada.</span></em></p>Alors que les aliments ultra-transformés dominent nos assiettes, le Canada doit repenser sa fiscalité pour concilier santé publique et équité sociale.Nina Klioueva, Université de MontréalMaude Perreault, Assistant professor, Université de MontréalLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/2679312025-11-03T12:35:59Z2025-11-03T12:35:59ZMoins de cris, moins de coups : le Québec a changé sa façon d’éduquer<p>En un quart de siècle, le Québec a profondément transformé sa façon d’éduquer ses enfants, et pour le mieux. La cinquième édition d’une enquête unique au monde confirme une tendance claire : moins de violence dans l’éducation des enfants.</p>
<p>Le Québec est riche de 25 ans de données documentant la violence à l’égard des enfants, recueillies par le biais de <a href="https://statistique.quebec.ca/fr/enquetes/realisees/la-violence-familiale-dans-la-vie-des-enfants-du-quebec-les-attitudes-parentales-et-les-pratiques-familiales-au-quebec">cinq éditions d’une enquête populationnelle</a>. Rares sont les sociétés capables de documenter ainsi la maltraitance envers les enfants.</p>
<p>Cette enquête unique est le fruit d’une collaboration entre l’Institut de la statistique du Québec et de chercheuses universitaires. À leur tête, la chercheuse Marie-Ève Clément, de l’Université du Québec en Outaouais (UQO), est présente depuis les débuts de ce travail, qui fait du Québec un pionnier en la matière. Ont également contribué aux différentes éditions des enquêtes : Annie Bérubé de l’UQO, Marie-Hélène Gagné de l’Université Laval et Sylvie Lévesque de l’Université du Québec à Montréal.</p>
<h2>Une diminution de la violence envers les enfants</h2>
<p>Les résultats de l’<a href="https://statistique.quebec.ca/fr/fichier/violence-negligence-familiales-enfants-2024.pdf">enquête</a> qui vient de paraître sont encourageants. Ils montrent une diminution marquée autant des attitudes parentales favorables envers la punition corporelle que des comportements de violence physique et psychologique envers les enfants. Aujourd’hui, moins d’une mère sur 20 croit encore qu’une tape est nécessaire pour éduquer son enfant, contre près d’une sur trois il y a 25 ans.</p>
<p>Ce changement d’attitude se reflète dans une réduction des comportements violents à l’égard des enfants dans les familles. Ainsi, en 25 ans, l’utilisation de la punition corporelle, comme donner la fessée, a diminué de 70 %. Ce sont aujourd’hui près de 14 % des enfants qui subiraient de tels comportements au moins une fois dans l’année, contre 48 % en 1999. Il y a 25 ans, environ 7 enfants sur 100 subissaient de la violence physique sévère chaque année. Aujourd’hui, ce chiffre se situe à 3 enfants sur 100.</p>
<p>Enfin, l’agression psychologique répétée, qui se manifeste par des comportements comme crier ou hurler après l’enfant ou le traiter de noms, a diminué de près de moitié et toucherait aujourd’hui 28 % des enfants du Québec au cours d’une année, contre 48 % en 1999.</p>
<p>Même si c’est constats sont encourageants, il reste que 62 % des enfants vivent au moins une forme de violence au cours d’une année, qu’elle soit psychologique ou physique. Bien qu’ils aient diminué, les taux annuels de violence physique sévère demeurent bien plus élevés que ce que laissent entrevoir les statistiques des services de protection de la jeunesse au Québec.</p>
<h2>Les ados, premiers touchés par la négligence</h2>
<p>Chaque année, près de 290 000 enfants au Québec vivent des situations de négligence. L’enquête distingue trois formes principales. D’abord, la négligence de supervision, qui touche 6 enfants sur 100 et expose ceux-ci à des risques pour leur sécurité. Les adolescents de 13 à 17 ans sont les plus touchés : presque 1 sur 7 manque de surveillance suffisante.</p>
<p>Plus de 6 % des enfants vivent une négligence cognitive et affective, lorsque les adultes du ménage ne participent pas suffisamment aux activités quotidiennes de l’enfant. La négligence physique, concernant l’accès à la nourriture, aux vêtements et aux soins médicaux, touche moins de 1 enfant sur 100 (0,4 %).</p>
<h2>Un enfant sur cinq témoin de violence entre ses parents</h2>
<p>L’enquête de 2024 a permis de documenter l’exposition des enfants à la violence entre leurs parents ou un partenaire intime au cours de l’année. Les résultats montrent que 20 % des enfants du Québec sont exposés à ce type de violence qui s’exprime principalement sous forme de violence psychologique entre les partenaires (19 %), mais aussi de violence physique (2,5 %).</p>
<h2>La maltraitance, un cycle difficile à briser</h2>
<p>L’enquête montre que certains enfants sont plus exposés à la maltraitance, quel que soit leur âge ou le type de violence. Ceux dont les parents signalent des difficultés de développement ou des problèmes de santé, physiques ou mentaux, sont particulièrement vulnérables.</p>
<p>Trois caractéristiques parentales se distinguent par leur lien avec toutes les formes de maltraitance. D’abord, les parents ayant eux-mêmes vécu de la maltraitance durant leur enfance sont plus susceptibles d’exercer de la violence physique ou psychologique, de négliger leur enfant ou de l’exposer à la violence conjugale.</p>
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<p>Ensuite, les enfants grandissant auprès de parents qui rapportent des symptômes dépressifs sont plus susceptibles que les autres d’être exposés à au moins une forme de maltraitance. Enfin, le stress parental est particulièrement lié à l’agression psychologique répétée, à la violence physique et à l’exposition à la violence entre partenaires intimes, alors qu’il est associé à la négligence pour les enfants de 6 à 17 ans.</p>
<p>Finalement, au niveau de l’environnement familial, un faible niveau de soutien social rapporté par le parent s’avère être un facteur relié à toutes les formes de maltraitance. Les enfants grandissant auprès de parents moins bien soutenus sont significativement plus à risque de vivre de la violence, d’y être exposés ou de grandir dans un contexte de négligence que les autres enfants.</p>
<p>En somme, plus de la moitié (52 %) des enfants de 6 mois à 17 ans vivent annuellement au moins un type de maltraitance au sein de leur foyer, que ce soit sous forme de violence physique, psychologique, de négligence ou d’exposition à la violence entre partenaires intime. Parmi eux, 18 % subissent deux formes ou plus de maltraitance. Cette combinaison de violences, généralement vue comme un signe de gravité, toucherait davantage les personnes adolescentes. Les enfants vivent souvent en même temps des violences à la maison et des disputes ou violences entre leurs parents.</p>
<h2>Agir pour prévenir et soutenir</h2>
<p>Les facteurs associés à la maltraitance identifiés par l’enquête soulignent l’importance d’un soutien efficace, à la fois dans les services publics et dans le réseau communautaire. Cela inclut, par exemple, les politiques et programmes publics comme le Régime québécois d’assurance parentale ou les <a href="https://msss.gouv.qc.ca/professionnels/perinatalite/sippe/">Services intégrés en périnatalité et petite enfance</a>, ainsi que les services communautaires, éducatifs et philanthropiques. Pensons aux organismes communautaires Famille (OCF), aux centres de la petite enfance (CPE), aux initiatives comme <a href="https://naitreetgrandir.com/fr/"><em>Naître et grandir</em></a>, ou programmes de parentalité qui accompagnent et soutiennent les parents et les familles. Les investissements en prévention demeurent primordiaux, comme le rappelle un récent <a href="https://www.lapresse.ca/dialogue/opinions/2025-10-29/contrer-la-violence-et-la-negligence-envers-les-enfants.php">texte</a> appuyé par plus de 175 personnes issues du milieu de la recherche.</p>
<p>En somme, les données de la récente enquête soulignent l’important travail accompli au cours des 25 dernières années pour mieux soutenir le développement des enfants. Il reste crucial de garantir à tous les enfants des foyers sûrs et bienveillants. Ces résultats militent en faveur d’interventions de proximité, précoces et préventives.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/267931/count.gif" alt="La Conversation Canada" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Annie Bérubé a reçu des financements du CRSH et des financements passés du MSSS. </span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Clément, Marie-Eve a reçu des financements du CRSH, du FRQ et du MSSS.</span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Lévesque sylvie a reçu des financements du FRQSC, du CRSH, des IRSC et du Secrétariat à la condition féminine du Québec.</span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Marie-Hélène Gagné a reçu des financements du CRSH, des IRSC et des FRQ. </span></em></p>Le Québec se démarque par 25 ans de données sur la maltraitance infantile : la violence physique et psychologique y a nettement reculé.Annie Bérubé, Professeure au département de psychologie et de psychoéducation, Université du Québec en Outaouais (UQO)Clément, Marie-Eve, Professeure titulaire, département de psychoéducation et de psychologie, UQO, Université du Québec en Outaouais (UQO)Lévesque Sylvie, Professor, Département de sexologie, Université du Québec à Montréal (UQAM)Marie-Hélène Gagné, Professeure en psychologie de la famille et de la communauté, Université LavalLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/2634802025-10-30T15:54:31Z2025-10-30T15:54:31ZQuand « équité » devient « appartenance » : un recul déguisé de l’EDI<p>Depuis 2024, la <a href="https://theconversation.com/businesses-must-stop-caving-to-political-pressure-and-abandoning-their-edi-commitments-245450">contestation des initiatives en matière de diversité, d’équité et d’inclusion</a> (EDI) a pris de l’ampleur en Amérique du Nord. Cette année, ce recul prend une nouvelle forme : le remplacement du mot « équité » au profit de termes plus abstraits, comme « appartenance » ou « communauté ».</p>
<p><a href="https://lethbridgenewsnow.com/2025/01/08/time-for-a-refresh-university-of-alberta-rebrands-dei-policy-to-acb/">À l’Université de l’Alberta</a>, par exemple, il n’y a plus de vice‑provost à l’équité, à la diversité et à l’inclusion. L’établissement dispose désormais d’un bureau de « l’accès, de la communauté et de l’appartenance ».</p>
<p>De même, la <a href="https://www.benefitscanada.com/archives_/benefits-canada-archive/2025-top-40-money-managers-report-how-institutional-investors-are-grappling-with-the-dei-backlash">société Alberta Investment Management Corporation (AIMCo) a éliminé son poste de direction consacré à l’EDI lors d’une restructuration</a>. Un porte‑parole a soutenu que « le départ de la personne responsable du programme officiel d’EDI n’a en rien diminué l’engagement ferme d’AIMCo envers ces principes ». Permettez-moi d’en douter.</p>
<p><a href="https://www.cbc.ca/news/canada/edmonton/how-some-organizations-are-changing-course-on-equity-diversity-and-inclusion-initiatives-1.7456341">Un virage similaire est en cours à l’Université de Lethbridge</a>, qui a créé en décembre un bureau de « l’accessibilité, de l’appartenance et de la communauté. »</p>
<p>Si la langue évolue naturellement, ce changement ressemble davantage à un repli déguisé qu’à un véritable progrès, car il manque l’engagement délibéré nécessaire à l’équité.</p>
<h2>Un repli déguisé en progrès</h2>
<p><a href="https://ssir.org/articles/entry/dignity_is_the_bedrock_for_workplace_belonging">Les appels à rebaptiser les démarches d’EDI existent depuis des années et sont légitimes</a>, y compris au sein du milieu lui‑même. Mais les changements actuels vers l’« appartenance » manquent souvent de véritable engagement communautaire et de la participation des parties concernées.</p>
<p>Les efforts actuels de rebranding relèvent davantage de l’apaisement que du progrès. Ce sont des gestes réactifs, dictés par des pressions externes, plutôt que des réponses aux besoins et aux demandes des communautés les plus concernées.</p>
<p>Autrefois reconnu comme essentiel pour s’attaquer à la discrimination systémique, le <a href="https://theconversation.com/understanding-the-backlash-against-corporate-dei-and-how-to-move-forward-246117">terme « équité » est devenu aujourd’hui un paratonnerre politique</a>.</p>
<p>Certaines institutions <a href="https://www.hrreporter.com/focus-areas/diversity/trumps-anti-dei-agenda-contributing-to-shadow-dei-in-canada-study/392707">subissent désormais des pressions politiques, d’actionnaires ou de donateurs</a> qui présentent les initiatives d’EDI comme clivantes ou idéologiquement extrêmes, les poussant à s’en distancier.</p>
<p>Dans le monde des affaires, la tendance est frappante. Les mentions d’« EDI » dans les dépôts réglementaires des sociétés du S&P 500 ont <a href="https://www.washingtonpost.com/business/interactive/2025/dei-companies-sec-filings/">chuté de 70 % depuis 2022</a>, remplacées par des termes plus consensuels comme « appartenance » et « culture inclusive ».</p>
<p>Ce changement permet aux organisations d’échapper à leurs responsabilités, de masquer les inégalités et de remplacer les <a href="https://equity.ubc.ca/stear-framework-and-roadmap-for-change/">cadres d’équité mesurables</a> par des platitudes vagues.</p>
<h2>Pourquoi est-ce important ?</h2>
<p>En adoucissant les termes utilisés, les organisations s’assurent un moyen socialement acceptable de se soustraire à la difficile mission qu’est l’équité. Comme si elles avaient « dépassé » l’équité, alors qu’elles n’ont jamais fait le travail nécessaire. C’est en quelque sorte une illusion.</p>
<p>Supprimer l’équité du langage organisationnel a des conséquences tangibles. Tout d’abord, cela compromet l’imputabilité. <a href="https://equity.ubc.ca/stear-framework-and-roadmap-for-change/">Les cadres d’équité efficaces</a> créent des objectifs mesurables et vérifiables. Des termes tels que « appartenance » sont plus difficiles à définir et plus faciles à abandonner. Ils permettent aux organisations de prétendre s’engager en faveur de l’inclusion sans avoir à fournir les efforts nécessaires à un réel changement systémique.</p>
<p>Ensuite, cela risque de laisser des gens de côté. L’équité se concentre sur ceux qui font face à de vrais obstacles structurels : femmes, personnes noires et racisées, Autochtones, communautés 2ELGBTQI+ et personnes en situation de handicap. <a href="https://exploringracism.org/wp-content/uploads/2024/12/DEI-and-Project-2025-Final.pdf">Si ce terme disparaît, ces groupes risquent de perdre toute visibilité dans les politiques, le financement et la reddition de comptes</a>.</p>
<p>Enfin, les <a href="https://www.forbes.com/sites/solangecharas/2025/01/19/dei-under-threat-the-workforce-risks-of-project-2025s-policies/">organisations elles‑mêmes s’exposent à des risques</a>. Les reculs en matière d’EDI nuisent au moral, à la rétention, à l’innovation et à la performance, et peuvent même accroître le risque juridique.</p>
<p><a href="https://www.catalyst.org/insights/2025/risks-of-retreat-report#endnotes">Un sondage de 2025 du Meltzer Center for Diversity, Inclusion, and Belonging</a> (NYU) révèle que 80 % des dirigeants estiment que la réduction des efforts en équité augmente les risques réputationnels et juridiques. Il fait aussi état d’un large consensus selon lequel les initiatives d’EDI améliorent la performance financière des entreprises.</p>
<h2>Le mythe de la méritocratie</h2>
<p><a href="https://fortune.com/2024/06/24/mei-elon-musk-alexandr-wang-anti-dei-hiring-merit-excellence-intelligence/">Une justification fréquente pour abandonner le mot « équité » est le souhait de revenir à la « méritocratie »</a>. <a href="https://cup.columbia.edu/book/the-meritocracy-paradox/9780231208420/">La méritocratie</a> repose sur l’idée que les individus devraient être récompensés selon leur talent et leurs efforts.</p>
<p>Mais la méritocratie suppose l’égalité des chances et occulte le fait que le « mérite » est une construction sociale qui dépend du contexte. Elle ignore que des barrières inégales – comme l’accès à l’éducation et aux réseaux – influencent la réussite individuelle, et ce outre les réalisations de la personne.</p>
<p>La méritocratie suppose également que la diversité est privilégiée au détriment des qualifications, ce qui n’est pas le cas. <a href="https://doi.org/10.1126/science.ads5258">Nous pouvons, et devons, nous concentrer à la fois sur les compétences et sur l’inclusion</a>.</p>
<p><a href="https://cupblog.org/2025/07/22/emilio-j-castilla-in-conversation-with-renee-bales-about-the-meritocracy-paradox/">Les travaux du professeur Emilio J. Castilla, du Massachusetts Institute of Technology</a> (MIT), ont montré que les organisations se réclamant de la méritocratie renforcent souvent les biais – c’est ce qu’on appelle le « paradoxe de la méritocratie ».</p>
<p>Par exemple, <a href="https://dspace.mit.edu/bitstream/handle/1721.1/65884/Paradox%20of%20Meritocracy.pdf?sequence=4">dans une étude réalisée auprès de 445 participants ayant une expérience en gestion</a>, les chercheurs ont demandé aux participants de prendre des décisions concernant les primes, les promotions et les licenciements d’employés fictifs. Lorsque la culture d’une organisation mettait l’accent sur la méritocratie, les hommes recevaient des primes plus élevées que les femmes ayant les mêmes qualifications.</p>
<p>À l’inverse, lorsque la culture d’entreprise mettait plutôt l’accent sur le pouvoir discrétionnaire des dirigeants, le biais s’inversait en faveur des femmes. Cela s’explique vraisemblablement par le fait que l’énoncé signalait un biais de genre potentiel, déclenchant une sur‑correction.</p>
<p>Dans un troisième scénario, où ni la méritocratie ni la discrétion managériale n’étaient mises de l’avant, il n’y avait pas de différence significative dans les primes accordées.</p>
<p>Bien que le dernier scénario semble prometteur, la plupart des environnements de travail privilégient la méritocratie, consciemment ou non. <a href="https://www.indeed.com/career-advice/pay-salary/merit-pay">La rémunération basée sur le mérite ou la performance</a> demeure la norme dans la plupart des organisations, ce qui signifie que le premier scénario est le plus fréquent.</p>
<p>Sans transparence, le discours sur « qui mérite » une promotion/un bonus a tendance à <a href="https://insights.som.yale.edu/insights/how-meritocracy-worsens-inequality-and-makes-even-the-rich-miserable">renforcer les inégalités</a>. Le népotisme, les avantages liés aux réseaux et la visibilité sélective comblent souvent le vide lorsque les cadres d’équité sont abandonnés. Les réseaux et la visibilité comptent, mais ils ne doivent pas être confondus avec le mérite.</p>
<p>Ironiquement, les critiques les plus virulents des initiatives en matière d’équité demeurent muets lorsque ce sont les <a href="https://www.bloomberg.com/news/articles/2025-02-19/howard-lutnick-taps-two-sons-three-business-heads-to-run-cantor">privilèges hérités ou les relations privilégiées qui déterminent qui accède à des postes de direction</a>.</p>
<h2>Que peuvent faire les organisations ?</h2>
<p>Alors que certaines institutions reculent sur leurs engagements en matière d’EDI, d’autres au <a href="https://canadiansme.ca/canadas-top-diversity-employers-2025-insights-from-ubc-and-other-inclusion-leaders/">Canada</a> et en <a href="https://www.fnlondon.com/articles/european-investment-banks-stand-firm-on-diversity-programmes-as-wall-street-wavers-0129fe74">Europe</a> maintiennent le cap en intégrant l’équité à leur stratégie, à leur leadership et à leurs cadres de performance.</p>
<p>Pour faire progresser l’équité dans le contexte actuel, il faut à la fois une stratégie et une mobilisation continue. Voici par où les organisations peuvent commencer :</p>
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<li><p>Établir et intégrer des objectifs explicites et mesurables en matière d’équité, alignés sur la stratégie de leur entreprise.</p></li>
<li><p>Améliorer la transparence des données en collectant et en partageant publiquement des informations désagrégées sur le recrutement, la promotion, l’équité salariale, le taux de rotation du personnel et l’expérience des employés.</p></li>
<li><p>Donner un véritable pouvoir décisionnel aux voix issues de la diversité dans l’élaboration des politiques et des initiatives. Les <a href="https://cglcc.ca/wp-content/uploads/2024/07/Starting-an-Employee-Resource-Group-2020-FR-Web.pdf">groupes‑ressources d’employés</a> constituent un excellent point de départ.</p></li>
<li><p>Tenir les leaders imputables en les formant à promouvoir l’équité et en liant leurs incitatifs à des résultats concrets en matière de diversité, d’équité et d’inclusion.</p></li>
<li><p>Communiquez de manière transparente et authentique sur les impacts de l’EDI en partageant des témoignages et des indicateurs qui montrent comment les efforts en matière d’équité ont amélioré les performances de l’organisation.</p></li>
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<p>Ces solutions fonctionnent déjà. Dans ma pratique de consultant, j’ai accompagné des organisations qui progressent en bâtissant la confiance, en dynamisant leurs équipes et en stimulant l’innovation. Au final, elles sont <a href="https://reports.weforum.org/docs/WEF_Diversity_Equity_and_Inclusion_Lighthouses_2025.pdf">plus performantes et plus résilientes</a>.</p>
<p>L’argument économique <a href="https://www.torontomu.ca/diversity/reports/building-inclusive-workplaces/">pour l’équité, la diversité et l’inclusion</a> est bien établi : L’EDI stimule la performance, soutient la croissance et constitue un impératif de leadership. Dans le climat politique actuel, il est crucial de rester concentré sur les résultats plutôt que de se laisser entraîner par un discours qui présente l’équité comme inutile ou clivante.</p>
<h2>La voie à suivre</h2>
<p>Rebaptiser « l’équité » en « appartenance » ne fait pas avancer la justice, surtout en l’absence d’une définition partagée de ce que signifie réellement « appartenance ». Cela nie poliment la nécessité de démanteler de véritables barrières systémiques. Pour les personnes qui font face à ces barrières, cela sonne comme une promesse creuse.</p>
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<p>Personne ne choisit sa race, son sexe, son milieu socio-économique, son orientation sexuelle, ni de vivre avec un handicap ou les séquelles durables du service militaire (par exemple, un trouble de stress post-traumatique). En revanche, les institutions peuvent choisir de s’attaquer aux inégalités liées à ces expériences et de démanteler les obstacles auxquels les individus sont confrontés.</p>
<p>Ce moment invite également à une réflexion honnête au sein même du secteur de l’EDI. <a href="https://www.lapresse.ca/actualites/justice-et-faits-divers/2024-12-07/evenement-shake-la-cabane-a-montreal/une-tarification-discriminatoire-selon-la-couleur-de-la-peau.php">Certaines initiatives ont dépassé les limites ou perdu de vue leur objectif</a>, ce qui a contribué au contrecoup actuel. Reconnaître ouvertement ces faux pas fait partie du travail de reconstruction de la crédibilité de l’EDI.</p>
<p>L’essence de l’équité consiste à <a href="https://www.ccohs.ca/oshanswers/psychosocial/diversity-equity-and-inclusion-in-the-workplace.html">assurer la dignité et une chance réelle et égale de réussir</a>. Abandonner le travail en faveur de l’équité – ou l’édulcorer au point de le rendre insignifiant – ne peut pas être une solution.</p>
<p>Pour progresser, il est nécessaire de réduire la polarisation, d’ouvrir le dialogue, et de mieux coordonner les actions afin que chaque personne ait une chance équitable de s’épanouir et de réussir.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/263480/count.gif" alt="La Conversation Canada" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Simon Blanchette ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>Cette année, le recul des politiques EDI a pris une nouvelle forme : on assiste à un réétiquetage du terme « équité » au profit de mots moins clivants.Simon Blanchette, Lecturer, Desautels Faculty of Management, McGill UniversityLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/2650492025-10-30T12:46:22Z2025-10-30T12:46:22ZLes cyclistes ont peut-être raison de brûler arrêts et feux rouges. Voici pourquoi<p><audio preload="metadata" controls="controls" data-duration="354" data-image="" data-title="Écoutez cet article en version audio générée par l'IA" data-size="5716933" data-source="" data-source-url="" data-license="All rights reserved" data-license-url="">
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Écoutez cet article en version audio générée par l'IA.
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<p>Sur nos routes, les interactions entre les différents usagers de la route sont souvent une source de frustration, avec en tête d’affiche celles entre automobilistes et cyclistes.</p>
<p>Par exemple, plusieurs automobilistes sont frustrés de voir les vélos traverser une intersection sans s’immobiliser complètement, alors qu’eux-mêmes se voient dans l’obligation de le faire.</p>
<p>Pour beaucoup, ce geste est <a href="https://theconversation.com/drivers-v-cyclists-its-like-an-ethnic-conflict-which-offers-clues-to-managing-road-wars-139107">perçu</a> comme une <a href="https://doi.org/10.1558/jld.24428">marque d’indiscipline</a>, voire une double mesure pour les cyclistes. En effet, les cyclistes ne semblent pas encourir de véritable risque à ralentir au passage d’un panneau d’arrêt plutôt qu’à s’y immobiliser.</p>
<p>En comparaison, les automobilistes risquent une amende salée pour conduite dangereuse s’ils brûlent un arrêt.</p>
<p>Alors, faut-il exiger des cyclistes qu’ils respectent les mêmes règles de la route que les automobilistes, ou au contraire, reconnaître que ces règles ne reflètent pas toujours la réalité du vélo en ville ?</p>
<p>En tant que <a href="https://www.uottawa.ca/faculte-droit/common-law/corps-professoral/steve-lorteau">professeur de droit à l’Université d’Ottawa</a> spécialisé dans les questions d’urbanisme, j’ai étudié diverses approches réglementaires adoptées à travers le monde, qui présentent différents avantages et désavantages.</p>
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<p><em><strong>Cet article fait partie de notre série <a href="https://theconversation.com/topics/serie-nos-villes-164670">Nos villes d’hier à demain</a>.</strong> Le tissu urbain connaît de multiples mutations, avec chacune ses implications culturelles, économiques, sociales et – tout particulièrement en cette année électorale – politiques. Pour éclairer ces divers enjeux, La Conversation invite les chercheuses et chercheurs à aborder l’actualité de nos villes.</em></p>
<h2>L’égalité stricte entre les cyclistes et les conducteurs</h2>
<p>Au <a href="https://saaq.gouv.qc.ca/securite-routiere/moyens-deplacement/velo/ce-que-dit-la-loi">Québec</a>, <a href="http://www.uwindsor.ca/law/cwaters/sites/uwindsor.ca.law.cwaters/files/rebirth_of_cycling_law_pdf.pdf">comme dans d’autres juridictions</a>, les codes de la route s’imposent à tous les usagers, qu’ils soient automobilistes ou cyclistes.</p>
<p>Par exemple, tous les usagers doivent faire un arrêt complet aux arrêts et aux feux rouges. Lorsqu’ils contreviennent à ces règles, les cyclistes <a href="https://canlii.ca/t/1zbgj">« sont assujetti(s) aux mêmes obligations que le conducteur d’un véhicule »</a>, selon les mots de la Cour suprême du Canada.</p>
<p>Ainsi, peu importe les différences entre une voiture et un vélo, la loi les traite de façon égale. Bien sûr, cette égalité demeure souvent théorique, car l’application des règles varie selon les contextes et les comportements.</p>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/a-montreal-meme-en-doublant-les-pistes-cyclables-les-voitures-conserveraient-90-de-la-chaussee-265541">À Montréal, même en doublant les pistes cyclables, les voitures conserveraient 90 % de la chaussée</a>
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<h2>Une égalité trompeuse</h2>
<p>L’application uniforme des règles de la route peut sembler juste, mais peut créer une fausse égalité dans les faits.</p>
<p>D’une part, les risques associés aux <a href="https://injuryprevention.bmj.com/content/27/1/71">différents moyens de transport</a> sont incommensurables. Une voiture qui franchit un feu rouge peut causer des blessures graves, voire mortelles. Un cycliste, en revanche, peut difficilement infliger de tels dommages.</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="Une pancarte électorale borde une piste cyclable" src="https://images.theconversation.com/files/696829/original/file-20251016-66-876e9u.JPG?ixlib=rb-4.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/696829/original/file-20251016-66-876e9u.JPG?ixlib=rb-4.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/696829/original/file-20251016-66-876e9u.JPG?ixlib=rb-4.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/696829/original/file-20251016-66-876e9u.JPG?ixlib=rb-4.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/696829/original/file-20251016-66-876e9u.JPG?ixlib=rb-4.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/696829/original/file-20251016-66-876e9u.JPG?ixlib=rb-4.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/696829/original/file-20251016-66-876e9u.JPG?ixlib=rb-4.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption">L’enjeu des pistes cyclables est au centre de la campagne électorale de Montréal.</span>
<span class="attribution"><span class="source">La Conversation Canada</span>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by/4.0/">CC BY</a></span>
</figcaption>
</figure>
<p>D’autre part, <a href="https://www.ledevoir.com/actualites/transports-urbanisme/500997/cyclisme-une-signalisation-infructueuse">l’efficacité du vélo</a> dépend du maintien de la vitesse. S’arrêter complètement, encore et encore, décourage l’usage du vélo, malgré ses nombreux bénéfices pour la santé, l’environnement et la fluidité du trafic.</p>
<p>Traiter de la même manière deux moyens de transport si différents revient donc à privilégier implicitement l’automobile, un peu comme si l’on imposait les mêmes limitations de vitesse à un piéton et à un camion.</p>
<h2>L’arrêt Idaho</h2>
<p>Plutôt que de traiter les vélos et les voitures comme étant égaux, certaines juridictions ont opté pour une autre voie. Un exemple notable d’un traitement différent est celui de l’État de l’Idaho.</p>
<p>En Idaho, depuis 1982, les <a href="https://scholarship.kentlaw.iit.edu/cgi/viewcontent.cgi?article=4162&context=cklawreview">cyclistes peuvent traiter un panneau d’arrêt</a> comme un cédez-le-passage et un feu rouge comme un panneau d’arrêt. Plusieurs États américains (comme <a href="https://doi.org/10.7922/G2M9070W">l’Arkansas, le Colorado et l’Oregon</a>) et pays, comme la <a href="https://www.cc37.org/cedez-passage-cycliste-feu-principe-avantages-cycliste/">France</a> et la <a href="https://www.permisdeconduire-online.be/theorie/theorie-permis-am/les-signaux-lumineux-de-circulation-fleches-et-tram">Belgique</a>, ont adopté des règlements semblables. Au <a href="https://www.lawnow.org/can-cyclists-running-stop-signs-make-our-roads-safer/">Canada</a> et au <a href="https://globalnews.ca/news/4026621/plante-administration-says-cyclists-should-be-allowed-to-do-rolling-stops-turn-right-on-red/">Québec</a>, des discussions sont en cours pour adopter un tel règlement.</p>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/moins-de-cyclistes-ou-repartis-autrement-le-reseau-express-velo-rev-a-lepreuve-des-donnees-253208">Moins de cyclistes… ou répartis autrement ? Le Réseau Express Vélo (REV) à l’épreuve des données</a>
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<p>Il est important de noter que l’arrêt Idaho ne cherche pas à légaliser le chaos sur les routes. En effet, les cyclistes doivent quand même céder la priorité aux voitures qui les précèdent au panneau d’arrêt, ainsi qu’en tout temps aux piétons, et ne peuvent s’engager dans l’intersection que lorsqu’elle est libérée.</p>
<p>L’arrêt Idaho a trois avantages principaux.</p>
<p>Premièrement, la règle reconnaît que les dynamiques du vélo diffèrent fondamentalement de celles de la voiture, et ainsi, que ceux-ci ne peuvent pas être traités de façon équivalente.</p>
<p>Deuxièmement, l’arrêt Idaho permet de <a href="https://scholarship.kentlaw.iit.edu/cklawreview/vol92/iss2/8">décharger</a> les tribunaux et les policiers de contraventions.</p>
<p>Troisièmement, l’efficacité du vélo dépend de la <a href="https://www.ledevoir.com/actualites/transports-urbanisme/500997/cyclisme-une-signalisation-infructueuse">conservation de l’élan</a>. S’arrêter complètement, encore et encore, décourage l’usage du vélo, malgré ses nombreux bénéfices pour la santé, l’environnement et la fluidité du trafic.</p>
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<h2>Les effets de la réforme</h2>
<p>Face à ces deux approches très différentes quant au Code de la route des vélos, on peut se demander laquelle est la plus appropriée.</p>
<p>Plusieurs études empiriques indiquent que <a href="https://mvyimby.com/mastersprojectbrandonwhyteprintquality.pdf">l’adoption de l’arrêt Idaho</a> n’entraîne <a href="https://doi.org/10.7922/G2M9070W">pas d’augmentation des collisions routières</a>.</p>
<p>Certaines études suggèrent même une <a href="https://denver.streetsblog.org/wp-content/uploads/sites/14/2018/02/idaho-Law-jasonmeggs-2010version-2.pdf">diminution modeste des collisions</a> avec l’Arrêt Idaho. En effet, les cyclistes libèrent plus rapidement les intersections, ce qui réduit leur exposition aux voitures. De plus, les automobilistes deviennent <a href="https://doi.org/10.1016/j.trc.2024.104754">plus attentifs aux mouvements des cyclistes</a>.</p>
<p>D’ailleurs, la majorité des usagers de la route, <a href="https://doi.org/10.5198/jtlu.2017.871">automobilistes comme cyclistes</a>, ne respectent souvent pas les arrêts de <a href="https://doi.org/10.3390/su13031404">façon stricte</a>. Selon une étude menée par la Société de l’assurance automobile du Québec (SAAQ), seulement <a href="https://www.tvanouvelles.ca/2018/02/15/seulement-35-des-automobilistes-font-leur-stop">35 % des automobilistes</a> font leurs arrêts correctement. Encore selon la SAAQ, seulement <a href="https://saaq.gouv.qc.ca/blob/saaq/documents/publications/espace-recherche/opinions-attitudes-partage-route.pdf">27 % des cyclistes</a> déclarent faire un arrêt complet aux panneaux d’arrêt obligatoires.</p>
<p>Bref, l’adoption de l’arrêt Idaho ne créerait pas le chaos, mais viendrait encadrer une pratique déjà commune, et ce, sans compromettre la sécurité publique, <a href="https://www.lapresse.ca/actualites/montreal/201410/13/01-4808867-des-cyclistes-reclament-larret-idaho-les-policiers-sceptiques.php">contrairement à certaines inquiétudes</a>. Les cyclistes, qui s’arrêtent rarement complètement en l’absence de circulation, ralentissent toutefois avant de traverser, conscients de leur vulnérabilité.</p>
<h2>Un changement de culture</h2>
<p>Par ailleurs, l’arrêt Idaho au Québec invite à une réflexion plus large.</p>
<p>Depuis des décennies, nos lois et <a href="https://doi.org/10.1016/j.jcmr.2025.100071">nos infrastructures routières</a> sont conçues principalement pour les voitures. Plusieurs automobilistes considèrent encore que les cyclistes sont dangereux et adoptent des comportements délinquants.</p>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/a-montreal-meme-en-doublant-les-pistes-cyclables-les-voitures-conserveraient-90-de-la-chaussee-265541">À Montréal, même en doublant les pistes cyclables, les voitures conserveraient 90 % de la chaussée</a>
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<p>Pourtant, il est important de se souvenir que les voitures représentent le principal danger structurel sur nos routes, et que les <a href="https://ir.law.utk.edu/tennesseelawreview/vol85/iss3/5/">cyclistes sont en réalité vulnérables</a>. Ce danger structurel s’est d’ailleurs accru avec la croissance des <a href="https://theconversation.com/drivers-of-suvs-and-pick-ups-should-pay-more-to-be-on-our-roads-heres-how-to-make-the-system-fairer-252381">véhicules utilitaires sport (VUS) et camions</a>, ce qui augmente les risques pour les <a href="https://dx.doi.org/10.2139/ssrn.3345366">piétons et des cyclistes</a>.</p>
<p>L’adoption de l’arrêt Idaho ne donne pas un passe-droit aux cyclistes, mais reconnaît leurs réalités, et légitimise le vélo comme mode de transport, <a href="http://www.uwindsor.ca/law/cwaters/sites/uwindsor.ca.law.cwaters/files/rebirth_of_cycling_law_pdf.pdf">avec un code routier adapté à ses risques et à ses bénéfices</a>. Cette réforme, modeste mais symbolique, pourrait s’inscrire dans un ensemble plus vaste de changements qui offriraient aux citoyens une véritable liberté et sécurité pour se déplacer.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/265049/count.gif" alt="La Conversation Canada" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Steve Lorteau a reçu des financements du Conseil de recherches en sciences humaines, l'Association du Barreau canadien et les Instituts de recherche en santé du Canada. </span></em></p>Faut-il permettre aux cyclistes de traiter les panneaux d’arrêt comme des cédez-le-passage ? Cette règle venue d’Idaho divise, mais les données scientifiques pourraient surprendre.Steve Lorteau, Long-Term Appointment Law Professor, L’Université d’Ottawa/University of OttawaLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/2661932025-10-29T13:01:14Z2025-10-29T13:01:14ZDe la dépression postnatale à la détresse relationnelle : repenser la santé mentale périnatale<p>On parle de « dépression postnatale » depuis cinquante ans comme d’un trouble identifiable, mesurable, traitable. Seuils, échelles, prévalences : tout semble clair, rassurant même. Mais ce modèle binaire — déprimée ou pas déprimée — occulte une réalité plus subtile : la parentalité bouleverse, fragilise, et nous place toutes et tous sur un spectre de détresse.</p>
<p>Si la notion de <a href="https://www.cambridge.org/core/journals/the-british-journal-of-psychiatry/article/abs/atypical-depression-following-childbirth/D965C418AC58C413EA81A7D7AE74FB9E">« dépression postnatale »</a> s’est imposée depuis 1968, c’est d’abord parce qu’elle répondait à une double demande académique et médicale : donner une légitimité scientifique à la souffrance des mères, et proposer un cadre diagnostique clair et spécifique à une période de vie. On capitalisait alors sur la forme « atypique » de cette dépression aux allures de trouble anxieux. On considérait que sa spécificité tenait uniquement à ses symptômes, et l’enjeu résidait davantage dans sa détection que dans sa prise en charge.</p>
<p>Par ailleurs, cette caractérisation spécifique permettait de distinguer les « dépressions » post-natales du « baby-blues » (parfois appelé « dépression chimique ») survenant sous la forme de brefs épisodes dépressifs liés à des facteurs biologiques, notamment aux variations hormonales du post-partum. Cependant, le débat est depuis resté cantonné aux classifications psychiatriques et aux outils de dépistage. Ce faisant, on a réduit une expérience vécue à une simple catégorie diagnostique.</p>
<p>Dans un <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/abs/pii/S0222961725001369">article récent</a> paru dans la revue <em>Neuropsychiatrie de l’enfance et de l’adolescence</em>, nous proposons avec le pédopsychiatre Romain Dugravier de parler de détresse relationnelle périnatale plutôt que de dépression postnatale. Loin de faire l’unanimité au sein de la communauté scientifique, notre approche, qui remet en question les diagnostics ou les étiquettes, tente de voir la parentalité au-delà du seul prisme des troubles individuels.</p>
<h2>Une crise maturative, pas un simple trouble individuel</h2>
<p>Devenir parent, c’est répondre aux besoins d’un enfant totalement dépendant tout en réorganisant sa vie affective, conjugale et sociale. Pour beaucoup, cette expérience se révèle profondément structurante. Pour d’autres, elle ravive d’anciennes blessures : carences affectives, solitude, expériences de rejet. L’arrivée d’un bébé peut alors faire effraction, réveillant des vulnérabilités enfouies.</p>
<p>Prenons le cas d’une femme qui accueille son premier enfant. Plus que la fatigue, c’est le sentiment d’être piégée qui la submerge : elle qui s’est toujours définie comme indépendante, n’ayant « besoin de personne », se retrouve confrontée à la dépendance totale de son nourrisson.</p>
<p>Cette confrontation réactive le pattern d’une enfance marquée par la nécessité de se débrouiller seule. Ainsi, le diagnostic de « dépression postnatale » qu’on lui propose ne dit rien de cette histoire ni de cette tension entre dépendance et indépendance. Le traitement antidépresseur, qui est dans notre expérience parfois prescrit suite à ce diagnostic, ne permettra pas de toucher la cause de cette détresse. Au contraire d’un espace où la vulnérabilité est reconnue et où la relation avec l’enfant peut être soutenue.</p>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/voici-a-quoi-ressemble-la-depression-post-partum-115083">Voici à quoi ressemble la dépression post-partum</a>
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<p>On perd ainsi leur sens : on diagnostique une « dépression » là où il faudrait surtout comprendre les interactions et les bouleversements induits par la nouvelle relation parent-enfant. Les échelles utilisées — comme la très répandue <a href="https://cms.psbchealthhub.ca/sites/default/files/2023-10/EdinburghEPDSScale_French.pdf">échelle d’Edimbourg</a> (EPDS), un questionnaire de dix items conçu pour dépister les symptômes dépressifs après la naissance — se centrent sur l’humeur de la mère, négligeant la qualité du lien parent-enfant, le soutien social ou les remaniements identitaires.</p>
<p>Résultat : on évalue des symptômes, mais on passe à côté de la solitude, des conflits de loyauté familiaux, ou des difficultés à investir la relation avec le bébé. Ayant « psychiatrisé » la relation, on a aussi du mal à la prendre en charge, au-delà des traitements médicamenteux.</p>
<h2>Dépendance, indépendance : le cœur de la détresse</h2>
<p>Notre article propose une autre lecture, inspirée de la théorie de l’attachement : la tension entre la dépendance du bébé et l’indépendance du parent.</p>
<p>L’indépendance des parents n’est pas toujours synonyme d’autonomie. Elle peut être une stratégie de survie apprise dans l’enfance, quand compter sur autrui s’avérait trop risqué. Or, devenir parent confronte brutalement à la dépendance absolue d’un nouveau-né : il faut être là, tout le temps, sans condition. Pour celles et ceux qui ont appris à ne jamais rien devoir à personne, cette expérience peut être vertigineuse.</p>
<p>Cette lecture relationnelle permet de comprendre pourquoi la détresse périnatale ne se laisse pas découper en deux groupes — déprimés ou pas — mais forme un gradient : de la fatigue normale aux épisodes anxio-dépressifs sévères, en passant par la solitude, la perte de confiance ou le sentiment d’incompétence parentale.</p>
<h2>Contenance et continuité : deux principes pour agir</h2>
<p>Contrairement à une approche catégorielle, qui peut enfermer, la théorie de l’attachement ouvre des perspectives. Elle s’appuie sur deux principes essentiels : la contenance et la continuité.</p>
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<li><p>La contenance, d’abord : offrir aux parents un espace où leurs émotions sont accueillies, sans jugement, pour les aider à donner sens à ce qu’ils vivent. Des interventions comme la thérapie d’interaction parent-enfant ou l’intervention relationnelle avec vidéo-feedback montrent qu’en valorisant les compétences parentales existantes — plutôt qu’en corrigeant des « déficits » — on restaure confiance et sécurité.</p></li>
<li><p>La continuité, ensuite : dans le temps (de la grossesse aux premières années de l’enfant), dans les lieux (maternité, domicile, services de santé), et dans le langage (entre disciplines médicales, sociales, psychologiques). Trop souvent, les parents passent d’une professionnelle à l’autre, répètent leur histoire, subissent des ruptures de suivi. Assurer une chaîne de sécurité relationnelle, c’est éviter que l’aide ne se résume à des interventions ponctuelles, isolées, sans fil conducteur.</p></li>
</ul>
<h2>Repenser l’organisation des soins</h2>
<p>Notre critique ne vise pas seulement les concepts, mais aussi la cohérence des différentes interventions auprès des familles. Les soins périnataux restent fragmentés : entre la santé mentale adulte, la pédopsychiatrie et les services sociaux, chacun parle son langage, suit ses priorités, laissant parfois les parents seuls à assembler les morceaux.</p>
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<p>Nous plaidons pour une organisation des soins centrée sur la relation : formation des équipes à la théorie de l’attachement, création d’espaces postnataux accessibles, figures pivots pour accompagner les familles à travers les transitions. Car si « un bébé tout seul n’existe pas », des parents isolés ne devraient pas exister non plus.</p>
<h2>Pour une santé mentale périnatale centrée sur l’humain</h2>
<p>Remplacer la dépression postnatale par la détresse relationnelle périnatale, ce n’est pas jouer sur les mots. C’est refuser de se limiter à une approche qui classe les troubles dans des cases diagnostiques, selon des critères figés, au détriment d’une considération psychopathologique pour penser la parentalité comme une expérience humaine universelle, relationnelle et évolutive.</p>
<p>Il ne s’agit pas de nier la souffrance ni d’écarter les traitements quand ils sont nécessaires. Mais de rappeler que la santé mentale périnatale ne peut se limiter à dépister, prescrire, orienter. Elle doit contenir, relier, accompagner.</p>
<p>En somme, il est temps de passer d’une logique centrée sur le trouble individuel à une approche qui soigne le lien parent-enfant, pas seulement les symptômes. La prévention et le soin doivent s’organiser autour des familles, et non autour des catégories diagnostiques.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/266193/count.gif" alt="La Conversation Canada" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Thomas Delawarde-Saïas est co-gérant de l'Agence Kalía (France). </span></em></p>On doit sortir du diagnostic binaire de la dépression postnatale et penser la parentalité comme une expérience relationnelle, pas seulement un trouble individuel.Thomas Delawarde-SaÏas, Professeur de psychologie, Université du Québec à Montréal (UQAM)Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/2680692025-10-28T11:54:40Z2025-10-28T11:54:40ZLogement : les partis municipaux prisonniers de la logique du marché<p>À quelques jours des élections municipales, prévues le 3 novembre prochain, la question du logement s’impose comme l’un des enjeux centraux de la campagne au Québec. Dans un contexte de crise d’abordabilité et de hausse des expulsions, les partis municipaux rivalisent de promesses pour accroître l’offre de logements, mais leurs propositions restent souvent prisonnières d’une même logique : miser sur le marché pour résoudre une crise qu’il a contribué à créer.</p>
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<p><em><strong>Cet article fait partie de notre série <a href="https://theconversation.com/topics/serie-nos-villes-164670">Nos villes d’hier à demain</a>.</strong> Le tissu urbain connait de multiples mutations, avec chacune ses implications culturelles, économiques, sociales et – tout particulièrement en cette année électorale – politiques. Pour éclairer ces divers enjeux, La Conversation invite les chercheuses et chercheurs à aborder l’actualité de nos villes.</em></p>
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<h2>Un règlement inefficace</h2>
<p>En 2005, bien avant même l’arrivée de Projet Montréal à la mairie, le conseil municipal (alors dirigé par Gérald Tremblay) adoptait une politique de construction de logements sociaux et abordables au sein des projets de développement privés, en misant sur la négociation avec les promoteurs immobiliers. À son arrivée, Projet Montréal a renforcé la politique en imposant l’inclusion de logements abordables, familiaux et/ou sociaux. Aujourd’hui, cette politique est jugée inefficace par l’ensemble des formations politiques, y compris celles qui en avaient été à l’origine.</p>
<p>En fait, tant la politique d’inclusion que le règlement pour une métropole mixte n’ont permis de construire des logements abordables, familiaux et/ou sociaux en nombre suffisant pour répondre aux besoins. Les promoteurs préfèrent, dans 97 % des cas, payer la maigre compensation prévue plutôt que de les bâtir : à peine 250 unités construites annuellement, alors que les mises en chantier représentaient au moins 20 fois plus d’unités.</p>
<p>Tous les partis formulent la même critique : la politique d’inclusion serait trop contraignante pour les promoteurs immobiliers, qui hésiteraient à lancer de nouveaux projets. Ce frein réglementaire aurait, selon eux, ralenti le développement. Or, les chiffres racontent une tout autre histoire : depuis l’adoption du règlement, Montréal a connu des années records de mises en chantier.</p>
<h2>La prégnance de la politique de l’offre</h2>
<p>En réalité, cette politique, tout comme les propositions électorales actuelles, repose sur une même idée : pour résoudre la crise du logement, il suffirait de construire davantage, peu importe le type de logements.</p>
<p>Dans cette optique, les partis reprennent la stratégie de la Société canadienne d'hypothèques et de logement : faciliter la vie aux promoteurs en réduisant les barrières à la construction et la « paperasserie ». Projet Montréal, par exemple, a annoncé la désignation de zones « prêtes à bâtir » alors qu’Ensemble Montréal promet de construire 50 000 logements en cinq ans par l’accélération des procédures de permis.</p>
<p>Lorsqu’il est question de logements abordables ou sociaux, les intentions demeurent plus vagues. Tous souhaitent en accroître le nombre – sauf Action Montréal –, mais peu avancent des mesures concrètes. Les solutions proposées sont surtout financières : garanties municipales (Projet Montréal), fonds privé-public pour les OBNL pour élargir le spectre de l’offre (Futur Montréal), ou microcrédit pour protéger les locataires vulnérables (Ensemble Montréal). Ces approches révèlent une contradiction : on cherche à mobiliser les mécanismes du marché pour produire du logement… hors marché.</p>
<p>Cette logique n’est d’ailleurs pas nouvelle. Les anciennes politiques d’inclusion reposaient elles aussi sur la collaboration avec le secteur privé pour construire du logement social ou abordable. Or, ce modèle a contribué à marginaliser ce type d’unités dans le parc immobilier montréalais : la part des HLM, notamment, a reculé au cours des dix dernières années.</p>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/elections-municipales-les-enjeux-des-villes-changent-mais-pas-leurs-pouvoirs-266663">Élections municipales : les enjeux des villes changent, mais pas leurs pouvoirs</a>
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<h2>Une crise à travers le prisme de l’itinérance</h2>
<p>Pour la plupart des partis politiques, la crise actuelle n’est pas d’abord une crise du logement, mais une crise de l’itinérance. Cette dernière est bien réelle, bien sûr, mais elle sert trop souvent à détourner le regard du problème plus large : l’accès au logement pour l’ensemble de la population. Peu de propositions visent à loger le plus grand nombre ou à renforcer le parc de logements sociaux et abordables.</p>
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<p>Cette approche révèle un certain malaise politique. Les partis peinent à défendre le logement social sans recourir à la figure des personnes marginalisées ou non logées, présentées implicitement comme les « indésirables » de la ville qu’il faudrait soustraire à la vue. Les politiques de logement deviennent ainsi un outil de gestion de la visibilité de la pauvreté, plutôt qu’une réponse structurelle à la crise.</p>
<p>Ce glissement explique sans doute l’absence, dans la campagne actuelle, d’un débat sur la cohabitation urbaine, de la perspective des personnes non logées. Ce silence étonne, alors même que l’Office de consultation publique de Montréal a déposé un rapport sur la question cet été. Les commissaires y rappellent dans un premier temps que les enjeux de cohabitation découlent de la crise de logement et nourrissent la stigmatisation, l’exclusion et la criminalisation des personnes en situation d’itinérance. Dans un deuxième temps, ils interpellaient élus et candidats pour qu’ils exercent un leadership inclusif sur cette question.</p>
<h2>La non-responsabilité comme modus operandi</h2>
<p>Les élus municipaux ne prennent pas leurs responsabilités concernant la cohabitation, le logement et l’itinérance ; ils donnent l’impression que ce n’est pas de leur ressort et que la responsabilité revient plutôt à Québec ou à Ottawa.</p>
<p>Pourtant, tant en matière de logement que d’itinérance, le palier municipal peut agir. D’ailleurs, le parti Transition Montréal rappelle que la Ville a maintenant de nouveaux pouvoirs de taxation pour financer des initiatives en matière de logement – même si le parti reste vague sur la manière dont il entendrait les utiliser.</p>
<p>À l’instar de Vancouver en Colombie-Britannique, ou même de Montréal dans les années 1980, la Ville pourrait devenir maître d’œuvre de projets en matière de logement à travers une organisation qui existe déjà : la Société d’habitation de Montréal. Créée par la Ville, cette dernière possède 5000 logements hors marché et pourrait être mobilisée, avec un financement indexé, pour démarchandiser des logements existants ou construire de nouvelles unités.</p>
<p>Une telle démarche permettrait de diversifier les modes d’intervention, qui ont surtout reposé sur le privé et le marché au cours des 20 dernières années, et de confier au secteur communautaire la tâche de gérer la crise et d’y remédier. Au pire, elle permettrait d’ouvrir le débat sur le pouvoir des villes en matière de logement.</p>
<p>À quelques semaines du scrutin, le choix qui se profile est moins celui de la couleur politique que de la vision du rôle de la ville : simple facilitatrice du marché ou véritable maître d’œuvre du logement ?</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/268069/count.gif" alt="La Conversation Canada" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Renaud Goyer a reçu des financements Conseil de recherches en sciences humaines du Canada. </span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Louis Gaudreau est chercheur-associé à l'Institut de recherche et d'informations socio-économiques (IRIS). Il reçoit présentement du financement du CRSH. </span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Léanne Tardif ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>Les partis montréalais abordent la crise du logement sans remettre en cause le marché, occultant les enjeux de cohabitation et de logement social.Renaud Goyer, Professeur, politiques et programmes sociaux, École de travail social, Université du Québec à Montréal (UQAM)Léanne Tardif, Étudiante à la maîtrise en travail social, Université du Québec à Montréal (UQAM)Louis Gaudreau, Professeur, Université du Québec à Montréal (UQAM)Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/2679072025-10-27T12:47:53Z2025-10-27T12:47:53Z« Pas dans ma cour » : Les deux faces du NIMBYisme québécois<p><audio preload="metadata" controls="controls" data-duration="408" data-image="" data-title="Écoutez cet article en version audio générée par l'IA" data-size="6566226" data-source="" data-source-url="" data-license="All rights reserved" data-license-url="">
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<p>Au Québec, les citoyens disposent d’un <a href="https://www.quebec.ca/gouvernement/gestion-municipale/organisation-municipale/democratie-municipale">pouvoir municipal rare au Canada</a> : celui de bloquer par référendum des projets d’urbanisme dans leur quartier. Ce mécanisme de démocratie directe, inscrit dans la Loi sur l’aménagement et l’urbanisme depuis les années 1970, est à double tranchant : il permet une implication citoyenne forte, mais peut aussi paralyser des initiatives nécessaires pour lutter contre la crise du logement.</p>
<p>Les référendums municipaux s’inscrivent dans une <a href="https://telescope.enap.ca/telescope/docs/index/vol_17_no1/telv17n1_bherer.pdf">tradition de participation citoyenne</a> ancrée dans la culture politique québécoise. On remarque néanmoins que la participation à ces scrutins est souvent faible, tandis que le pouvoir de blocage est puissant.</p>
<p>En tant que spécialiste des <a href="https://doi.org/10.25071/9d6tna95">études canadiennes</a>, je m’intéresse depuis <a href="https://theses.hal.science/tel-00294728">ma thèse de science politique</a> aux procédures de participation citoyenne, et tout particulièrement à la tension entre <a href="https://www.igi-global.com/book/direct-democracy-practices-local-level/262495">démocratie participative et démocratie directe</a>.</p>
<p><em><strong>Cet article fait partie de notre série <a href="https://theconversation.com/topics/serie-nos-villes-164670">Nos villes d’hier à demain</a>.</strong> Le tissu urbain connaît de multiples mutations, avec chacune ses implications culturelles, économiques, sociales et – tout particulièrement en cette année électorale – politiques. Pour éclairer ces divers enjeux, La Conversation invite les chercheuses et chercheurs à aborder l’actualité de nos villes.</em></p>
<h2>Tourisme et démocratie locale : la leçon de Petite-Rivière-Saint-François</h2>
<p>En 2022, la municipalité de <a href="https://www.petiteriviere.com/municipalite/referendum-2022/">Petite-Rivière-Saint-François</a>, dans Charlevoix, a organisé un référendum local visant l’assouplissement de deux règlements de zonage relatifs aux résidences de tourisme.</p>
<p>Le résultat a été sans appel, puisque plus de 70 % des électeurs ont voté contre l’assouplissement des règles qui aurait permis d’accueillir davantage de chalets locatifs près du Massif. Le message des citoyens était clair : préserver la <a href="https://cimtchau.ca/nouvelles/petite-riviere-saint-francois-un-resultat-qui-evite-des-demenagements/">qualité de vie</a> et le caractère du territoire face à une <a href="https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/1902527/petite-riviere-saint-francois-envahi-residences-touristiques">pression touristique jugée excessive</a>.</p>
<p>Le scrutin a eu un effet immédiat avec le rejet des règlements, stoppant ainsi un projet de développement.</p>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/les-voitures-restreignent-le-droit-des-enfants-de-profiter-de-la-ville-voici-des-projets-qui-font-la-difference-266103">Les voitures restreignent le droit des enfants de profiter de la ville. Voici des projets qui font la différence</a>
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<h2>À Québec, un vote favorable à la ville compacte</h2>
<p>Deux ans plus tard, à Québec, dans l’arrondissement de Charlesbourg, le <a href="https://www.ville.quebec.qc.ca/citoyens/participation-citoyenne/activites/fiche.aspx?IdProjet=109">projet Maria-Goretti</a> a connu une issue inverse.</p>
<p>Près de la <a href="https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/2081237/victoire-oui-projet-maria-goretti">moitié des électeurs de la zone concernée se sont déplacés pour voter</a>, et cette fois, la majorité a approuvé le <a href="https://www.lesoleil.com/actualites/actualites-locales/la-capitale/2024/06/16/le-oui-lemporte-au-referendum-sur-le-projet-maria-goretti-WP2E7OLAGVCCTJF6EEWYSOSKJM/">projet résidentiel</a> soumis à approbation référendaire.</p>
<p>L’administration municipale a salué le résultat comme un signe d’adhésion à une densification maîtrisée, alors que les opposants y voyaient un précédent inquiétant pour le patrimoine local.</p>
<h2>Au Québec, l’urbanisme passe aussi par les urnes</h2>
<p>Ces deux exemples illustrent la vitalité – mais aussi les tensions – de la démocratie urbaine au Québec.</p>
<p>Contrairement à la plupart des provinces canadiennes, où les projets d’urbanisme sont décidés par les conseils municipaux sans recours direct aux électeurs, le Québec conserve des <a href="https://www.quebec.ca/habitation-territoire/amenagement-developpement-territoires/amenagement-territoire/guide-prise-decision-urbanisme/acteurs-processus/processus-approbation-referendaire">mécanismes d’approbation référendaire</a> hérités de la <a href="https://www.legisquebec.gouv.qc.ca/fr/document/lc/a-19.1">Loi sur l’aménagement et l’urbanisme</a> (LAU).</p>
<p>Les citoyens qui s’estiment lésés par un projet peuvent demander l’ouverture d’un registre, recueillir des signatures, et si le seuil requis est atteint, déclencher un vote.</p>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/crise-du-logement-alors-que-letat-se-desengage-une-entraide-de-proximite-permet-deviter-le-pire-259217">Crise du logement : alors que l’État se désengage, une entraide de proximité permet d’éviter le pire</a>
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<h2>Participation ou paralysie ? Le dilemme des référendums d’urbanisme au Québec</h2>
<p>Ce dispositif, qui remonte aux années 1970, repose sur une idée forte : permettre à ceux qui habitent un quartier de participer à la décision sur son avenir. Mais il est aujourd’hui au cœur d’un débat : favorise-t-il réellement la démocratie, ou crée-t-il des zones de veto locales capables de bloquer toute initiative de densification ?</p>
<p>Le paradoxe tient à la fois dans la mobilisation et dans la portée.</p>
<p>Lorsqu’un vote a lieu, la participation dépasse rarement 50 %. Pourtant, un petit nombre d’électeurs peut décider du sort d’un projet d’intérêt collectif. En 2017, le gouvernement du Québec a tenté de moderniser ces procédures avec le <a href="https://www.assnat.qc.ca/fr/travaux-parlementaires/projets-loi/projet-loi-122-41-1.html">projet de loi 122</a>, qui visait à donner plus d’autonomie aux municipalités et à encourager d’autres formes de participation.</p>
<p>Plusieurs villes ont alors remplacé les référendums par des consultations publiques plus ouvertes, misant sur la pédagogie et le dialogue.</p>
<h2>L’Office de consultation publique de Montréal</h2>
<p>C’est le cas de Montréal, où <a href="https://books.openedition.org/pum/14062">l’Office de consultation publique</a> (OCPM) organise régulièrement des audiences sur les grands projets urbains.</p>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/elections-municipales-les-enjeux-des-villes-changent-mais-pas-leurs-pouvoirs-266663">Élections municipales : les enjeux des villes changent, mais pas leurs pouvoirs</a>
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<p>Des centaines de citoyens peuvent y soumettre des mémoires, participer à des ateliers, ou voter dans le cadre de <a href="https://portail-m4s.s3.montreal.ca/pdf/bilan_2021_plan_strategique_final.pdf">budgets participatifs</a>.</p>
<p>En 2021, <a href="https://montreal.ca/articles/budget-participatif-de-montreal-bilan-de-la-premiere-edition-2020-2021-8142">plus de 20 000 Montréalais</a> ont pris part à un vote en ligne pour choisir les projets d’aménagement financés par la ville – un chiffre sans précédent pour une initiative locale.</p>
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<h2>La consultation plutôt que le référendum</h2>
<p>À Boisbriand, la municipalité a choisi de multiplier les <a href="https://www.ville.boisbriand.qc.ca/vie-democratique/consultations-publiques">consultations</a> plutôt que de déclencher des votes formels, afin d’éviter que quelques dizaines de signatures ne suffisent à bloquer un règlement.</p>
<p>Mais le <a href="https://shs.hal.science/halshs-00326204/document">référendum local</a> conserve une charge symbolique forte.</p>
<p>Dans un contexte de méfiance croissante envers les promoteurs immobiliers, il apparaît comme le dernier rempart pour protéger les citoyens contre des <a href="https://laurentian.scholaris.ca/items/62592fe9-4eb6-46e5-8822-6716f6664be6">décisions jugées opaques</a>.</p>
<h2>Le NIMBYisme à la québécoise : entre défense du cadre de vie et justice sociale</h2>
<p>Cette défiance s’exprime aussi face aux élus municipaux, souvent perçus comme trop proches des intérêts privés. Le « non » devient alors une manière de reprendre le contrôle du territoire, de ralentir un rythme de transformation jugé trop rapide.</p>
<p>Ce réflexe de défense du cadre de vie est parfois associé au NIMBYisme, acronyme de <a href="https://www.ebsco.com/research-starters/psychology/not-my-backyard-attitudes">« Not In My Backyard »</a>.</p>
<p>L’expression désigne ceux qui soutiennent les politiques publiques en général, mais refusent leur application à proximité de chez eux. On parle souvent de NIMBYs « de droite », attachés à la valeur foncière de leur propriété et hostiles à la <a href="https://doi.org/10.1522/revueot.v31n3.1523">densification</a>.</p>
<p>Mais le Québec voit émerger une autre forme de contestation, un NIMBYisme « de gauche », ancré dans la critique de la spéculation immobilière et de l’embourgeoisement. Les opposants ne défendent plus seulement leur jardin, mais aussi le droit au logement, la mixité sociale et la préservation du patrimoine collectif.</p>
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<img alt="Bâtiment en briques brunes couvert de graffitis" src="https://images.theconversation.com/files/698093/original/file-20251023-56-xsr2nm.jpg?ixlib=rb-4.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/698093/original/file-20251023-56-xsr2nm.jpg?ixlib=rb-4.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=562&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/698093/original/file-20251023-56-xsr2nm.jpg?ixlib=rb-4.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=562&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/698093/original/file-20251023-56-xsr2nm.jpg?ixlib=rb-4.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=562&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/698093/original/file-20251023-56-xsr2nm.jpg?ixlib=rb-4.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=706&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/698093/original/file-20251023-56-xsr2nm.jpg?ixlib=rb-4.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=706&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/698093/original/file-20251023-56-xsr2nm.jpg?ixlib=rb-4.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=706&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Craignant l’embourgeoisement du quartier Mile End, 67 % des 10 732 répondants se sont exprimés contre le projet de reconversion de l’entrepôt Van Horne proposé par le promoteur en 2023.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Frank DiMauro | Facebook</span></span>
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<h2>Référendums, NIMBYisme et crise du logement : un équilibre impossible ?</h2>
<p>Ces deux visages du <a href="https://www.ube.ac.uk/whats-happening/articles/nimbyism/">NIMBYisme</a> se croisent et s’affrontent souvent dans les débats municipaux.</p>
<p>Un même projet peut être rejeté pour des raisons très différentes : les uns craignent la hausse du trafic ou la perte d’intimité, les autres redoutent l’arrivée de condominiums de luxe chassant les locataires modestes. La frontière entre conservatisme local et résistance progressiste devient floue, et le référendum en est le miroir.</p>
<p>Dans un contexte de crise du logement, cette ambivalence devient un enjeu politique majeur. Les gouvernements municipaux et provinciaux doivent arbitrer entre la participation et l’efficacité. Trop de recours citoyens peuvent ralentir des projets nécessaires, tandis que trop peu de recours risquent de creuser le fossé entre élus et habitants.</p>
<p>Les maires, eux, se retrouvent pris entre deux feux : on leur reproche à la fois de céder aux promoteurs et de ne pas aller assez vite pour répondre à la demande.</p>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/pour-les-villes-finis-les-projets-flamboyants-lere-est-a-lentretien-la-consolidation-et-la-resilience-267477">Pour les villes, finis les projets flamboyants, l’ère est à l’entretien, la consolidation et la résilience</a>
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<h2>Sortir de l’impasse</h2>
<p>Plusieurs villes expérimentent des dispositifs de co-construction : <a href="https://robvq.qc.ca/wp-content/uploads/2020/07/jury_citoyen.pdf">jurys citoyens</a>, laboratoires urbains, consultations hybrides.</p>
<p>Ces <a href="https://journals.openedition.org/sextant/3680">formes de participation</a> ne remplacent pas le vote, mais cherchent à l’enrichir. Elles permettent d’impliquer les habitants dès la conception d’un projet, avant que les positions ne se figent dans un « oui » ou un « non ». L’enjeu n’est pas de <a href="https://shs.cairn.info/revue-francaise-de-science-politique-2008-2-page-257">supprimer la démocratie directe</a>, mais de la rendre plus délibérative, moins défensive.</p>
<p>Les référendums municipaux québécois rappellent que la démocratie locale n’est jamais acquise. Ils traduisent à la fois une volonté d’autonomie citoyenne et une peur de perdre le contrôle face à des transformations urbaines rapides. Dans une époque où les villes se densifient, où le logement devient un bien rare, cette tension est inévitable.</p>
<p>Plutôt que de l’opposer, il s’agit d’en faire le moteur d’un nouveau pacte urbain où la parole des habitants pèse sans pour autant paralyser l’action collective.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/267907/count.gif" alt="La Conversation Canada" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Christophe Premat est professeur en études culturelles francophones et directeur du Centre d'études canadiennes de l'Université de Stockholm. Il est membre de l'Association Internationale des Études Québécoises depuis 2023. Il est l'auteur d'une thèse de science politique sur "la pratique du référendum local en France et en Allemagne" soutenue en 2008 à l'Institut d'études politiques de Bordeaux.</span></em></p>Au Québec, les citoyens peuvent encore se prononcer par référendum sur des projets d’aménagement urbain – une rareté en Amérique du Nord.Christophe Premat, Professor, Canadian and Cultural Studies, Stockholm UniversityLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/2627752025-10-24T14:28:58Z2025-10-24T14:28:58ZGrok, est-ce que c’est vrai ? Quand l’IA oriente notre compréhension du monde<p>Des millions de personnes participent quotidiennement à des débats politiques sur la plate-forme numérique X. À l’ère de l’intelligence artificielle, les usagers peuvent compter sur l’IA Grok, intégrée à la plate-forme. On peut ainsi lui demander d’analyser une publication en quelques clics à peine.</p>
<p>Le hic : Grok admet sans détour, si on lui pose la question, que ses réponses peuvent varier selon le contexte de la requête et l’information disponible.</p>
<p>Pour réduire la désinformation, le propriétaire de la plate-forme, le milliardaire Elon Musk, a mis en place les Notes de la communauté. Mais ce système n’a plus la cote. L’usage des Notes a en effet <a href="https://www.nbcnews.com/tech/social-media/x-twitter-community-notes-disappear-data-rcna210710">considérablement diminué en 2025</a> : les soumissions de billets auraient chuté d’environ 50 % de janvier à mai, passant de près de 120 000 à moins de 60 000.</p>
<p>Professeure associée à l’UQAM en communication numérique, je constate avec préoccupation que Grok devient progressivement sur X le seul outil de vérification permettant aux usagers de vérifier de l’information : en un mot l’autorité et le fardeau de la vérité sont délégués à une IA.</p>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/les-utilisateurs-de-x-doivent-lutter-seuls-contre-la-desinformation-qui-y-sevit-216779">Les utilisateurs de X doivent lutter seuls contre la désinformation qui y sévit</a>
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<h2>La philosophie de Musk</h2>
<p>Il aura fallu de <a href="https://news.mit.edu/2018/study-twitter-false-news-travels-faster-true-stories-0308">nombreuses études</a> sur la dissémination des fausses nouvelles sur Twitter-X, puis l’élection américaine de 2020, <a href="https://www.bbc.com/news/world-us-canada-55597840">qui a mené à la suspension du compte de Donald Trump</a>, pour que le site, alors sous la gouverne de Jack Dorsay, s’attaque plus fermement à la désinformation.</p>
<p>Ainsi, en janvier 2021, <a href="https://www.theverge.com/2021/1/25/22248903/twitter-birdwatch-fact-checking-misinformation">Le projet « Birdwatch »</a> est déployé auprès d’un groupe limité d’usagers. Cette initiative, sous l’impulsion du nouveau propriétaire du réseau, Elon Musk, se transforme pour devenir les « Notes de la communauté ». Ce concept inspirait confiance, car il s’appuyait sur la <a href="https://en.wikipedia.org/wiki/The_Wisdom_of_Crowds">« sagesse des foules »</a> et l’esprit collaboratif, deux valeurs aux racines des communautés en ligne.</p>
<h2>Déléguer à l’IA la vérification des faits</h2>
<p>En novembre 2023, <a href="https://en.wikipedia.org/wiki/Grok_(chatbot)">Grok, l’intelligence artificielle générative de xAI</a>, compagnie d’Elon Musk, est déployé sur X et offert gratuitement à tous les usagers. À chaque déploiement d’une nouvelle version de son IA, X communique que Grok est gratuit, mais en fait plusieurs conditions régissent l’accès sans frais, dont la date de création du compte et le <a href="https://www.tech2geek.net/grok-4-is-now-free-for-everyone-heres-everything-you-need-to-know/">nombre d’utilisations quotidiennes</a>.</p>
<p>Contrairement à d’autres IA commerciales, Grok se présente ouvertement avec un positionnement idéologique aligné sur celui de Musk et sa vision de la liberté d’expression, comme le constate aussi la doctorante et enseignante française spécialisée en IA générative et pratiques informationnelles <a href="https://ia-edu.lis-lab.fr/doc/articles/IA-%C3%89DU_2025_paper_181.pdf">Amélie Raoul</a>.</p>
<p>Très vite, plusieurs usagers du réseau prennent l’habitude d’interpeller @Grok dans les conversations.</p>
<p>Alors que les Notes de la communauté sont de moins en moins utilisées au profit du nombre de requêtes faites à Grok, <a href="https://arstechnica.com/tech-policy/2025/07/everything-that-could-go-wrong-with-xs-new-ai-written-community-notes/">Ars Technica</a> rapporte en juillet 2025 les préoccupations soulevées par un groupe de chercheurs des <a href="https://arxiv.org/pdf/2506.24118">universités Stanford, Washington et MIT, ainsi que de l’équipe de X</a>. L’étude en question aborde l’utilisation de Grok, devenu le principal rédacteur de ce qui reste des Notes de la communauté.</p>
<p>Dans un monde idéal, humain et IA travailleraient ensemble, disent les chercheurs, l’un complétant les compétences de l’autre. Ainsi se dégagerait une cartographie pour une contribution au développement des connaissances augmentée par l’IA. C’est l’idéal, mais bien évidemment, il y a un mais.</p>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/grok-lia-de-musk-est-elle-au-service-du-techno-fascisme-261215">Grok, l’IA de Musk, est-elle au service du techno-fascisme ?</a>
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<h2>L’os dans la moulinette</h2>
<p>Ce qui limite la collaboration idéale entre l’humain et la machine, les chercheurs l’admettent, est cette assurance, ce ton poli, mais persuasif, qu’emploie un robot comme Grok.</p>
<p>Dans le <a href="https://www.theguardian.com/technology/2025/jul/02/fears-ai-factcheckers-on-x-could-increase-promotion-of-conspiracy-theories">Guardian</a>, <a href="https://www.turing.ac.uk/people/sam-stockwell">Samuel Stockwell</a>, chercheur britannique associé au Centre pour les technologies émergentes et la sécurité du Alan Turing Institute, s’est montré méfiant, puisque sans remparts solides pour encadrer l’IA, il pressent que les notes ainsi rédigées pourraient amplifier la désinformation. Sotckwell constate bien entendu que Grok peut, comme les autres IA générative, <a href="https://vitrinelinguistique.oqlf.gouv.qc.ca/fiche-gdt/fiche/26571221/hallucination-dia">halluciner</a>, mais également que ses réponses, pourtant pleines d’assurance, manquent souvent de nuance et de contextualisation.</p>
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<p>En dépit de ces mises en garde, un nombre croissant d’usagers se tournent vers Grok pour avoir le fin mot et comprendre le contexte des actualités récentes. Grok répond immédiatement, au contraire des notes rédigées par des usagers qui demandent les étapes de validation par la communauté et qui nécessairement prennent plus de temps.</p>
<p><a href="https://techcrunch.com/2025/03/19/x-users-treating-grok-like-a-fact-checker-spark-concerns-over-misinformation/">Le journaliste indien de TechCrunch Jagmeet Singh</a>] a souligné que Grok, lorsqu’on le questionne sur ses propres biais, avoue volontiers qu’il peut contribuer à la désinformation, une mise en garde peu utile pour qui connaît bien le fonctionnement des IA, mais qui devrait alerter les usagers.</p>
<h2>L’évaluation des sources immédiates par Grok</h2>
<p>À titre d’exemple, lors de l’assassinat du populaire créateur de contenu et débatteur de la droite, <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Charlie_Kirk">Charlie Kirk</a>, Grok s’est souvent retrouvé confronté à ses lacunes en ce qui a trait à la prudence et à la vérification des faits.</p>
<p>Alors que <a href="https://abcnews.go.com/Politics/utah-governor-alleged-kirk-shooter-cooperating-authorities/story?id=125552756">plusieurs journalistes</a> reprenaient les propos du gouverneur Cox appuyés sur des sources non divulguées – selon lesquelles le suspect Tyler Robinson aurait été radicalisé par la gauche –, le 14 septembre 2025, Grok affirmait sans précaution que le suspect était de gauche. Pourtant, lorsque l’autrice du présent article transmet à Grok un lien vers <a href="https://www.vanityfair.com/news/story/charlie-kirk-tyler-robinson-memes-meaning">l’article du Vanity Fair</a> du 12 septembre qui expose les origines des messages gravés sur les projectiles tirés par Robinson, Grok répond ceci :</p>
<blockquote>
<p>Mes réponses sont générées dynamiquement selon le contexte de la requête, les connaissances disponibles et l’analyse en temps réel de sources comme l’article de <em>Vanity Fair</em> que vous avez lié. Si vous m’avez vu (ou un autre exemple de moi) le décrire ainsi dans des interactions passées, c’était probablement une interprétation tirée du contenu de ces gravures et de leurs références culturelles, qui comportent des éléments qui peuvent raisonnablement être perçus comme antagonistes envers les idéologies de droite ou fascistes.</p>
</blockquote>
<figure class="align-center zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/690971/original/file-20250915-66-mggt4w.jpg?ixlib=rb-4.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="Fil de discussion sur la plate-forme X" src="https://images.theconversation.com/files/690971/original/file-20250915-66-mggt4w.jpg?ixlib=rb-4.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/690971/original/file-20250915-66-mggt4w.jpg?ixlib=rb-4.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=458&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/690971/original/file-20250915-66-mggt4w.jpg?ixlib=rb-4.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=458&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/690971/original/file-20250915-66-mggt4w.jpg?ixlib=rb-4.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=458&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/690971/original/file-20250915-66-mggt4w.jpg?ixlib=rb-4.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=576&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/690971/original/file-20250915-66-mggt4w.jpg?ixlib=rb-4.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=576&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/690971/original/file-20250915-66-mggt4w.jpg?ixlib=rb-4.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=576&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">Grok, le gouverneur Cox et le FBI.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://x.com/grok/status/1967427596544823316">(Capture d’écran/Xcom)</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-nc-sa/4.0/">CC BY-NC-SA</a></span>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/jai-teste-labonnement-premium-de-x-et-meta-verified-sur-instagram-voici-mes-constats-sur-les-crochets-dauthentification-217858">J’ai testé l’abonnement Premium de X et Meta Verified sur Instagram : voici mes constats sur les crochets d’authentification</a>
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<h2>Un support publicitaire</h2>
<p>Dans une entrevue récente sur cette pratique émergente, le professeur français de sociologie à Sciences Po, <a href="https://www.boullier.bzh/">Dominique Boullier</a>, qualifiait cet appel à l’autorité d’une intelligence artificielle générative de <a href="https://www.humanite.fr/societe/elon-musk/intelligence-artificielle-sur-twitter-la-verite-reactionnaire-de-grok-abrutit-ses-utilisateurs">« solution de la facilité »</a>.</p>
<p>Cela, parce que cette délégation totale de la vérification des faits à Grok met en relief les problèmes de fiabilité des agents conversationnels privés et <a href="https://medium.com/version-1/unmasking-generative-ai-understanding-explainability-techniques-cb7eaf27ff16">l’opacité de leurs systèmes génératifs</a>.</p>
<p>La confusion risque d’ailleurs d’augmenter avec l’ajout de fonctions commerciales venant repousser d’autant plus les limites de l’information et de la publicité : Depuis le 7 août, des <a href="https://www.medianama.com/2025/08/223-elon-musk-adds-ads-to-grok-chatbot/">publicités sont ajoutées aux contenus générés par Grok</a>.</p>
<p>En outre, Grok et les principaux agents conversationnels d’IA générative, dont ChatGPT, ont en commun d’adopter une attitude que l’on pourrait dire flagorneuse, c’est-à-dire d’une servilité intéressée. C’est souvent ainsi que ces agents conversationnels arrivent à créer une apparence d’intimité, qui peut pour l’usager s’apparenter à une relation interpersonnelle, voire à de l’amour.</p>
<p>C’est ce que la journaliste américaine Remay M. Campbell exposait dans un article de la revue <a href="https://www.scientificamerican.com/article/chatbot-honeypot-how-ai-companions-could-weaken-national-security/">Scientific American</a>. Elle y expliquait que cette empathie feinte pouvait même menacer la sécurité nationale, la bulle conversationnelle étant propice à révéler des informations sensibles en toute confiance. Or, la stratégie pot-de-miel est aussi utilisée en marketing à des fins de captation de l’attention.</p>
<h2>Vers une autorité diffuse et complaisante</h2>
<p>À l’<a href="https://www.radiofrance.fr/franceculture/podcasts/france-culture-va-plus-loin-le-samedi/la-post-verite-un-phenomene-irreversible-9951394">ère de la postvérité</a>, la communication rapide privilégiée par les réseaux favorise la prise de position forte sans nuance avec « une prime au choquant », dit Boullier dans son ouvrage de 2023 <a href="https://www.dunod.com/lettres-et-arts/propagations-un-nouveau-paradigme-pour-sciences-sociales"><em>Propagations</em></a>. Dans ce contexte, les IA commerciales s’insèrent dans le débat sans que ceux qui basent leur perception de ce qui est juste ou vrai soient pleinement conscients de leurs biais et leurs zones aveugles.</p>
<p>De ce fait, dans les discussions en ligne, il s’opère une délégation de l’autorité à des IA, changeantes, flagorneuses, et dont le maintient en opération dépend d’impératifs capitalistes et du bon vouloir des milliardaires des technologies.</p>
<p>Il est donc pertinent de demander : à l’image de quoi ces IA élaboreront-elles le monde ?</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/262775/count.gif" alt="La Conversation Canada" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Nadia Seraiocco, Ph.D. ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>Le fardeau de la vérité confié à une IA : sur X, Grok remplace peu à peu les défaillantes Notes de la communauté comme unique arbitre des faits.Nadia Seraiocco, Ph.D., Professeure associée, École des médias, Université du Québec à Montréal (UQAM)Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/2670732025-10-23T13:42:39Z2025-10-23T13:42:39ZLa langue inclusive : lorsque des mythes font leur entrée dans les politiques publiques<p>En interdisant l’usage de certaines formes d’écriture inclusive en français, le gouvernement québécois s’inscrit dans une longue tradition d’aménagement linguistique, mais au risque de restreindre l’expression même des identités qu’il prétend protéger.</p>
<p>Au mois de septembre, le ministre de la Langue française, Jean-François Roberge, a annoncé le dépôt d’un décret visant à interdire l’utilisation de certaines formes de langue inclusive comme « iels », « toustes » et les doublets abrégés, comme « étudiant.e.s ». Cette mesure s’applique à l’Administration publique québécoise, aux municipalités, aux centres de services scolaires, au réseau de la santé et s’appliquera <a href="https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/2194793/politique-linguistique-quebec-etat-ecriture-inclusive">éventuellement</a> aux cégeps et aux universités.</p>
<h2>Une histoire qui se répète</h2>
<p>De l’autre côté de l’Atlantique, cette décision donne un air de déjà vu. En 2017, le premier ministre français Édouard Philippe signait une <a href="https://www.legifrance.gouv.fr/jorf/id/JORFTEXT000036068906">circulaire</a> invitant à ne pas utiliser la langue inclusive dans l’Administration publique française et en 2021, le ministre de l’Éducation nationale, Jean-Michel Blanquer, a <a href="https://www.education.gouv.fr/bo/21/Hebdo18/MENB2114203C.htm">publié</a> un règlement interdisant l’utilisation de la langue inclusive dans le milieu de l’éducation. Parmi les motifs évoqués : les difficultés de lecture que les formes inclusives engendrent.</p>
<p>Alors que le gouvernement français se prononçait sur l’usage de l’écriture inclusive, <a href="https://factuel.afp.com/lecriture-inclusive-beaucoup-de-debats-peu-detudes">aucune</a> étude empirique n’avait encore mesuré l’effet des formes inclusives en français chez les personnes dyslexiques (plus particulièrement les formes abrégées comme « locuteur·ices »). Des <a href="https://efigies-ateliers.hypotheses.org/5274">personnes concernées</a> y voyaient d’ailleurs une instrumentalisation des personnes en situation de handicap.</p>
<h2>Ce que les données en psycholinguistique nous disent</h2>
<p>En <a href="https://ici.radio-canada.ca/ohdio/premiere/emissions/tout-un-matin/segments/rattrapage/2183382/entrevue-avec-jean-francois-roberge-quebec-veut-interdire-ecriture-inclusive">entrevue</a>, le ministre Jean-François Roberge fait plusieurs fois référence à la complexification de la lecture causée par des formes inclusives comme les doublets abrégés et les néologismes. Des phrases comme « iels sont content.e.s » ou « si iel n’est pas avec l’enseignant.e souhaité.e » sont des exemples de la « confusion linguistique » qu’il dénonce et de la supposée entrave à la qualité de la langue causée par l’écriture inclusive. Pourtant, lorsque Jean-François Roberge dénonce la présence de néologismes dans la langue, il s’attaque à une réalité qui, d’un côté, est <a href="https://www.researchgate.net/publication/270487792_New_Words_in_the_Mind_Concept-formation_and_Entrenchment_of_Neologisms">inhérente aux langues vivantes</a> et qui, de l’autre, n’est <a href="https://westerneuropeanstudies.com/index.php/2/article/view/1762">pas considérée comme problématique</a> d’un point de vue psycholinguistique.</p>
<p>Du côté des doublets abrégés, cet argument de la difficulté ajoutée a été démenti par plusieurs études réalisées à travers la francophonie. En effet, les données récentes montrent que les impacts des doublets abrégés sur la compréhension sont <a href="https://archipel.uqam.ca/17325/">très minimes</a>. De plus, il est fort probable qu’un <a href="https://www.persee.fr/doc/psy_0003-5033_2007_num_107_2_30996">effet d’habituation</a> soit observable, tout comme c’est le cas pour les néologismes, de sorte que, plus on rencontre une certaine forme linguistique, plus on la lit facilement.</p>
<p>Bien que le décret ne vise que certaines formes de rédaction inclusive, des mythes portant sur l’ensemble de la pratique se sont glissés dans le discours public, notamment lorsque le chef du Parti québécois (PQ) Paul St-Pierre Plamondon a <a href="https://www.assnat.qc.ca/fr/actualites-salle-presse/conferences-points-presse/ConferencePointPresse-100893.html">laissé sous-entendre</a> que l’écriture inclusive n’avait aucun bienfait.</p>
<p>Sur ce point, les données en psycholinguistique nous disent en fait tout le contraire. De <a href="https://doi.org/10.1017/S0959269522000217">nombreuses études</a> <a href="https://www.researchgate.net/publication/233795019_Generically_intended_but_specifically_interpreted_When_beauticians_musicians_and_mechanics_are_all_men">ont montré</a> que l’écriture au masculin <a href="https://www.researchgate.net/publication/5440209_Au_pairs_are_rarely_male_Norms_on_the_gender_perception_of_role_names_across_English_French_and_German">mène les lecteurs et lectrices</a> à se représenter moins de femmes lors de la lecture. Au contraire, différentes formes d’écriture inclusive peuvent <a href="https://www.researchgate.net/publication/256647730_Changing_Sexpectations_How_gender_fair_job_descriptions_impact_children%E2%80%99s_perceptions_and_interest_regarding_traditionally_male_occupations">atténuer cet effet</a> et <a href="https://www.researchgate.net/publication/279515531_Reducing_Women%E2%80%99s_Lack_of_Fit_with_Leadership_Effects_of_the_Wording_of_Job_Advertisements">améliorer la représentation</a> de toutes personnes dans la langue.</p>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/lecriture-inclusive-gagne-en-popularite-mais-on-en-sait-peu-sur-son-application-a-lecole-241446">L’écriture inclusive gagne en popularité, mais on en sait peu sur son application à l’école</a>
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<h2>Au-delà des données, la question de l’aménagement</h2>
<p>Dans le préambule de la <a href="https://www.canlii.org/fr/qc/legis/lois/rlrq-c-c-11/derniere/rlrq-c-c-11.html"><em>Charte de la langue française</em></a>, on indique : « Langue distinctive d’un peuple majoritairement francophone, la langue française permet au peuple québécois d’exprimer son identité. » Cette loi a pour principal objectif de s’assurer que toute personne au Québec puisse vivre en français dans la sphère publique, sans discrimination.</p>
<p>Les interventions gouvernementales sur la langue française vont ainsi majoritairement porter sur la proposition de mots en français afin d’éviter le recours à d’autres langues. Par exemple, pour éviter le recours au mot anglais <em>e-mail</em>, l’Office québécois de la langue française (OQLF) <a href="https://vitrinelinguistique.oqlf.gouv.qc.ca/fiche-gdt/fiche/8353974/courriel">a proposé</a> le néologisme « courriel » dans les années 1990 ; ce néologisme est désormais largement diffusé au Québec et, dans une certaine mesure, en France.</p>
<p>L’OQLF en est également à la 6<sup>e</sup> édition du <a href="https://francofete.qc.ca/creativite-lexicale/index.aspx">Concours de créativité lexicale</a> où des jeunes du secondaire ont la possibilité de proposer des néologismes afin de nommer de nouvelles réalités. De ce concours, nous avons notamment obtenu les mots <a href="https://vitrinelinguistique.oqlf.gouv.qc.ca/fiche-gdt/fiche/26556684/saute-soucis">« saute-soucis »</a>, <a href="https://vitrinelinguistique.oqlf.gouv.qc.ca/fiche-gdt/fiche/26557736/sociomuselage">« sociomuselage »</a> et <a href="https://vitrinelinguistique.oqlf.gouv.qc.ca/fiche-gdt/fiche/26560224/conseconscient">« conséconscient »</a>.</p>
<p>L’OQLF a une approche collaborative avec les membres de la société, tout en ayant un rôle pédagogique. Dans cette perspective, l’OQLF publie plusieurs documents visant à outiller la population quant à des difficultés linguistiques, mais également dans l’objectif de promouvoir l’usage du français. Dans le contexte de la féminisation, l’OQLF avait publié des guides et son approche avait été incitative plutôt que coercitive. En ce qui concerne les doublets abrégés ou les néologismes tels que « iel » ou « toustes », l’attitude de l’OQLF est différente de son approche traditionnelle.</p>
<p>Il est à noter que certaines formes tronquées sont permises, alors que d’autres ne le sont pas : les <a href="https://contenu.vitrinelinguistique.oqlf.gouv.qc.ca/articles_bdl/pdf_rtf/Aide-memoire_redaction_epicene.pdf">crochets et les parenthèses</a> sont permis par l’organisme lorsque l’espace est restreint. Contrairement aux crochets et aux parenthèses qui sont utilisées en français notamment pour citer ou inclure des informations supplémentaires dans un texte, les points médians n’ont qu’une seule fonction dans l’usage : visibiliser les femmes et les personnes non-binaires dans le texte. Ceux-ci seraient donc moins susceptibles de mener à de la « confusion linguistique » en comparaison avec les signes acceptés par l’OQLF. En d’autres mots, si la clarté du texte était réellement le critère déterminant, les points médians ne seraient pas plus problématiques que les pratiques déjà tolérées.</p>
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<p><em>Déjà des milliers d’abonnés à l’infolettre de <a href="https://theconversation.com/ca-fr">La Conversation</a>. Et vous ? Abonnez-vous aujourd’hui à notre <a href="https://theconversation.com/ca-fr/newsletters/linfolettre-de-la-conversation-canada-20">infolettre</a> pour mieux comprendre les grands enjeux contemporains.</em></p>
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<p>Alors qu’aucun guide gouvernemental n’a été publié sur l’ensemble des techniques d’écriture inclusive, ceux conçus par la communauté linguistique pullulent. Cette multiplication d’ouvrages est un signe du désir d’exprimer l’identité de toustes en français.</p>
<h2>Le respect des droits fondamentaux</h2>
<p>Au-delà d’un débat linguistique, c’est la question du respect des droits fondamentaux qui est en jeu. La <a href="https://www.canlii.org/fr/qc/legis/lois/rlrq-c-c-12/derniere/rlrq-c-c-12.html">Charte des droits et libertés de la personne</a> se veut un reflet des valeurs québécoises. En vertu de cette dernière, l’identité de genre et l’expression de genre sont des <a href="https://www.canlii.org/fr/qc/legis/lois/rlrq-c-c-12/derniere/rlrq-c-c-12.html">motifs de discrimination interdits</a> ; le gouvernement du Québec a d’ailleurs planifié une <a href="https://cdn-contenu.quebec.ca/cdn-contenu/adm/gouv/homophobie-transphobie/PL-plan-action-homophobie-transphobie-2023-2028-BLCHT.pdf">série de mesures</a> visant entre autres à « Promouvoir le respect des droits des personnes issues de la diversité sexuelle et de genre ». La protection des minorités s’inscrivant dans la constitution québécoise, il est ainsi légitime de se questionner sur le fait que Québec pose des actions allant à l’encontre des droits protégés par sa propre Charte.</p>
<p>La décision du ministre Jean-François Roberge ainsi que les interventions du chef du PQ sur l’écriture inclusive mettent en lumière des enjeux importants, notamment le détournement de la littérature scientifique afin de justifier des politiques publiques ayant un impact direct sur l’exercice de droits garantis.</p>
<p>Finalement, une question importante se pose : si le français permet au peuple québécois d’exprimer son identité, que devient cette promesse lorsqu’un décret nous interdit de le faire ?</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/267073/count.gif" alt="La Conversation Canada" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Gabrielle Girard a reçu des financements du Fonds de recherche du Québec. </span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Alexandra Dupuy ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>En voulant interdire des mots comme « iel » ou « toustes », Québec ravive un vieux débat où la science et les droits fondamentaux s’entremêlent.Alexandra Dupuy, Doctorante en linguistique, Université de MontréalGabrielle Girard, Doctoral student in Linguistics, Université du Québec à Montréal (UQAM)Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/2469542025-10-22T16:51:51Z2025-10-22T16:51:51ZQuand les menus travaux se transforment en obstacle au vieillir chez soi<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/680792/original/file-20250717-66-ielmhy.jpg?ixlib=rb-4.1.0&rect=0%2C106%2C4687%2C3124&q=45&auto=format&w=1050&h=700&fit=crop" /><figcaption><span class="caption">Peindre un mur, déneiger, réparer... les menus travaux peuvent s'avérer difficiles à exécuter pour les personnes âgées. Il faut développer des services qui leur permettent de demeurer plus longtemps à domicile.</span> <span class="attribution"><span class="source">(Unsplash)</span>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by/4.0/">CC BY</a></span></figcaption></figure><p>La plupart des personnes âgées au Canada préfèrent vieillir chez elles et dans leur communauté.</p>
<p>Dans une enquête réalisée en 2020, 96 % des Canadiens âgés de 65 ans et plus ont déclaré qu’ils feraient tout ce qui est en leur pouvoir afin <a href="https://static1.squarespace.com/static/5c2fa7b03917eed9b5a436d8/t/638e0857c959d1546d9f6f3a/1670252637242/AIRP+Report+Final2022-.pdf">d’éviter d’entrer dans un établissement de soins de longue durée</a>. De plus, une <a href="https://creges.ca/wp-content/uploads/2024/08/2024-sondage-fin-de-vie-et-deces-Quebec.pdf">étude menée en 2024</a> révèle que la majorité des personnes aînées (61 %) souhaite rester à la maison jusqu’à leur fin de vie, mais, pas à n’importe quel prix.</p>
<p>Vivre dans un endroit sécuritaire et adéquat est essentiel dans la perspective d’un maintien à domicile. La qualité du milieu de vie d’une personne est un <a href="https://www.inspq.qc.ca/exercer-la-responsabilite-populationnelle/determinants-sante">déterminant de sa santé</a>.</p>
<p>Ainsi, plusieurs facteurs associés au logement ont une influence sur la santé et le bien-être, selon une étude publiée en 2024 par <a href="https://www.inspq.qc.ca/sites/default/files/2024-05/3486-logement-sante-cadre-conceptuel.pdf">l’Institut national de santé publique du Québec en 2024</a>. On compte des facteurs physiques et environnementaux, comme la qualité de l’air ou la température, des facteurs sociaux et psychologiques, tels que le sentiment de sécurité, ou encore des facteurs ergonomiques et fonctionnels, comme le fait d’avoir un espace suffisant, un aménagement adapté, et un accès facile à son lieu de vie.</p>
<p>Or, tout logement demande de l’entretien. Qu’arrive-t-il lorsqu’une personne n’arrive plus à prendre soin de son milieu de vie ? Quand déneiger l’entrée devient une tâche insurmontable ? Ou vider ses gouttières ? Avec l’avancée en âge, il peut devenir de plus en plus pénible d’entretenir sa maison seule. Certaines tâches peuvent être difficiles à accomplir en raison d’un manque d’énergie, ou de capacités diminuées.</p>
<p>Notre équipe de recherche réalise, en partenariat avec l’organisme <a href="https://dslanaudiere.org">Développement social Lanaudière</a>, un projet de recherche pour mieux comprendre les besoins des personnes aînées en matière de menus travaux, ainsi que les facteurs qui entravent le déploiement de services à large échelle au Québec. Nous souhaitons développer un modèle de prestation de ce type de service qui tient compte des réalités territoriales diverses du Québec (régions rurales, semi-urbaines et urbaines).</p>
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<p><em><strong><a href="https://theconversation.com/topics/vieillir-la-revolution-grise-179251">Cet article fait partie de notre série La Révolution grise</a>.</strong> La Conversation vous propose d’analyser sous toutes ses facettes l’impact du vieillissement de l’imposante cohorte des boomers sur notre société, qu’ils transforment depuis leur venue au monde. Manières de se loger, de travailler, de consommer la culture, de s’alimenter, de voyager, de se soigner, de vivre… découvrez avec nous les bouleversements en cours, et à venir.</em></p>
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<h2>Les services de menus travaux : l’angle mort du maintien à domicile</h2>
<p><a href="https://frq.gouv.qc.ca/app/uploads/2023/06/ap-qb-2024-2025_vf.pdf">Les services de menus travaux</a> sont l’ensemble du soutien et de l’aide pour les tâches d’entretien, de réparation, d’installation et de remisage qui demandent un peu de force ou une énergie soutenue.</p>
<p>Les menus travaux comprennent la réalisation de tâches qui sont en hauteur ou qui exigent de la souplesse ou de la force, qui nécessitent des connaissances particulières et des habiletés manuelles et qui ne sont pas visées par les métiers qui exigent des cartes de compétences. Des services pourraient permettre aux personnes qui en ont besoin, dont les aînées, de disposer d’aide pour entretenir leur domicile et en assurer la salubrité et la sécurité.</p>
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<img alt="Un homme en train de pelleter de la neige" src="https://images.theconversation.com/files/680793/original/file-20250717-66-oifdfp.jpg?ixlib=rb-4.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/680793/original/file-20250717-66-oifdfp.jpg?ixlib=rb-4.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=928&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/680793/original/file-20250717-66-oifdfp.jpg?ixlib=rb-4.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=928&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/680793/original/file-20250717-66-oifdfp.jpg?ixlib=rb-4.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=928&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/680793/original/file-20250717-66-oifdfp.jpg?ixlib=rb-4.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=1166&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/680793/original/file-20250717-66-oifdfp.jpg?ixlib=rb-4.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=1166&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/680793/original/file-20250717-66-oifdfp.jpg?ixlib=rb-4.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=1166&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Pelleter son entrée l’hiver demande de la force et une bonne forme physique, qui manquent parfois aux personnes âgées.</span>
<span class="attribution"><span class="source">(Unsplash)</span>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by/4.0/">CC BY</a></span>
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<p>Malgré le fait que les besoins de services de menus travaux devraient croitre de manière corollaire à l’évolution du vieillissement de la population, il est étonnant de constater qu’au Québec ils n’ont pas fait l’objet d’une mise en place structurée et ne sont pas offerts dans toutes les régions.</p>
<p>Actuellement, les rares initiatives locales de menus travaux qui existent sont principalement mises sur pied par des acteurs du secteur communautaire ou du secteur privé (par exemple des coopératives ou des entreprises d’économie sociale en aide à domicile). Elles desservent un petit bassin de personnes aînées, sans déploiement à large échelle.</p>
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<p>Les quelques initiatives existantes ne sont pas suffisantes pour répondre aux besoins de la population vieillissante d’aujourd’hui et encore moins dans les années à venir. Le gouvernement n’inclut toujours pas les menus travaux dans les services offerts au soutien à domicile.</p>
<p>Il n’a pas non plus bonifié le Programme d’exonération financière pour les services d’aide domestique (PEFSAD). Il pourrait pourtant offrir une réduction des coûts associés au recours à des services provenant du secteur privé pour les aînés selon leur niveau de revenus.</p>
<h2>Quatre difficultés auxquelles se heurtent les aînés</h2>
<p>Il devient prioritaire de se pencher sur les conditions gagnantes pour développer un modèle de services de menus travaux offert à grande échelle au Québec et favorable au maintien à domicile des personnes aînées.</p>
<p><a href="https://frq.gouv.qc.ca/projet/repondre-aux-besoins-de-services-de-menus-travaux-des-personnes-ainees-apprendre-a-moduler-la-reponse-en-zone-rurale-semi-urbaine-et-urbaine-en-capitalisant-sur-une-planification-de-la-perennisation/">Le projet de recherche que nous poursuivons</a> a permis à ce jour de créer des espaces de parole pour que les personnes aînées elles-mêmes nomment leurs enjeux et besoins face aux services de menus travaux.</p>
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<img alt="Une femme âgée en train d’arroser des plantes dans un jardin" src="https://images.theconversation.com/files/680794/original/file-20250717-56-q05ekc.jpg?ixlib=rb-4.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/680794/original/file-20250717-56-q05ekc.jpg?ixlib=rb-4.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=900&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/680794/original/file-20250717-56-q05ekc.jpg?ixlib=rb-4.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=900&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/680794/original/file-20250717-56-q05ekc.jpg?ixlib=rb-4.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=900&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/680794/original/file-20250717-56-q05ekc.jpg?ixlib=rb-4.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=1131&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/680794/original/file-20250717-56-q05ekc.jpg?ixlib=rb-4.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=1131&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/680794/original/file-20250717-56-q05ekc.jpg?ixlib=rb-4.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=1131&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Les personnes âgées doivent s’engager dans de longues recherches pour obtenir de l’aide pour leurs tâches domestiques.</span>
<span class="attribution"><span class="source">(Unsplash)</span>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-sa/4.0/">CC BY-SA</a></span>
</figcaption>
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<p>Ce qui en ressort, c’est qu’elles doivent s’engager dans des recherches interminables d’un prestataire de service lorsqu’elles désirent obtenir des services de réparation ou d’entretien de leur domicile — elles désirent donc un service facile à trouver.</p>
<p>Puis, elles ont de la difficulté à trouver des personnes en qui elles ont confiance pour réaliser les travaux et entrer dans leur « intimité », dans leur chez-soi — elles désirent donc un service qui est offert par une organisation de confiance (un CLSC ou une entreprise d’économie sociale de leur région), qui dispose de moyens financiers suffisants pour retenir une main-d’œuvre qualifiée, fiable et stable.</p>
<p>Finalement, il leur est difficile de comprendre les mécanismes de remboursement des services de menus travaux. En effet, il existe certains programmes gouvernementaux pour couvrir une partie des frais reliés aux services de menus travaux, mais ces programmes sont peu connus, ne remboursent qu’une portion des frais encourus et sont difficilement accessibles — elles aimeraient donc avoir accès à des processus de remboursement ou de couverture simple, accessible et suffisant.</p>
<h2>Le soutien à domicile doit aller au-delà des soins de santé</h2>
<p>Un service de menus travaux accessible, stable, de proximité et bien financé semble être une avenue à prioriser. Il n’est pas encore clair qui devrait être le « porteur de ballon » de ce service. Est-ce que ces services doivent être offerts par le secteur de la santé et des services sociaux ? Est-ce que le gouvernement devrait bonifier le Programme d’exonération financière pour y inclure une meilleure couverture des services afin que le déploiement à large échelle de ce service par les entreprises d’économie sociale en aide à domicile soit possible (c’est-à-dire rentable) ? Cela reste à déterminer.</p>
<p>Une chose est certaine, demeurer chez soi en vieillissant ne devrait pas être la seule responsabilité des personnes aînées, mais bien celle des gouvernements et des organisations qui pourraient et devraient mieux les soutenir. Pour ce faire, une vision globale des facteurs qui influencent la santé est nécessaire.</p>
<p>Nous ne pouvons retreindre le soutien à domicile au seul aspect médical et aux soins offerts. Nous devons mettre en place des services pour que le maintien à domicile soit fait dans des domiciles sécuritaires et satisfaisants pour ceux qui y demeurent.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/246954/count.gif" alt="La Conversation Canada" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Marie-Michèle Lord a reçu des financements des Fonds de recherche du Québec </span></em></p>Nous ne pouvons retreindre le soutien à domicile au seul aspect médical et aux soins offerts. Nous devons mettre en place des services de menus travaux.Marie-Michèle Lord, Professeure, département d'ergothérapie Université du Québec à Trois-Rivières; chercheuse régulière Centre de recherche et d'expertise en gérontologie sociale , Université du Québec à Trois-Rivières (UQTR)Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/2661332025-10-22T16:51:23Z2025-10-22T16:51:23ZLa hausse du coût de la vie modifie notre façon de faire des rencontres, de vivre et d’aimer<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/692971/original/file-20250409-56-rg2qvl.jpg?ixlib=rb-4.1.0&rect=0%2C0%2C6000%2C3997&q=45&auto=format&w=1050&h=700&fit=crop" /><figcaption><span class="caption">Les jeunes adultes âgés de 20 à 39 ans sont confrontés à un paysage social modifié où les réalités financières influencent leurs relations.</span> <span class="attribution"><span class="source">(Rene Ranisch/Unsplash)</span></span></figcaption></figure><p>Les jeunes dans la vingtaine et la trentaine évoluent dans un nouveau contexte social où les réalités financières influencent leurs relations.</p>
<p>Si vous avez l’impression que l’inflation transforme votre vie amoureuse ou vos amitiés, vous ne rêvez pas. Partout dans le monde les <a href="https://www.oecd.org/fr/about/news/press-releases/2025/03/global-economic-outlook-uncertain-as-growth-slows-inflationary-pressures-persist-and-trade-policies-cloud-outlook.html">contraintes économiques</a> ont un véritable impact sur les relations humaines.</p>
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<figure class="align-right ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/601577/original/file-20240618-19-hzqebw.png?ixlib=rb-4.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/601577/original/file-20240618-19-hzqebw.png?ixlib=rb-4.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=600&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/601577/original/file-20240618-19-hzqebw.png?ixlib=rb-4.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=600&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/601577/original/file-20240618-19-hzqebw.png?ixlib=rb-4.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=600&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/601577/original/file-20240618-19-hzqebw.png?ixlib=rb-4.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=754&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/601577/original/file-20240618-19-hzqebw.png?ixlib=rb-4.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=754&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/601577/original/file-20240618-19-hzqebw.png?ixlib=rb-4.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=754&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">25-35 ans : vos enjeux, est une série produite par La Conversation/The Conversation.</span>
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<p><em><strong>Chacun vit sa vingtaine et sa trentaine à sa façon.</strong> Certains économisent pour contracter un prêt hypothécaire quand d’autres se démènent pour payer leur loyer. Certains passent tout leur temps sur les applications de rencontres quand d’autres essaient de comprendre comment élever un enfant. <a href="https://theconversation.com/topics/serie-sur-les-25-35-ans-166619">Notre série sur les 25-35 ans</a> aborde vos défis et enjeux de tous les jours.</em></p>
<p>Qu’il s’agisse de <a href="https://www.rbc.com/newsroom/news/article.html?article=125961">tensions dans les couples ou d’étapes importantes de la vie que l’on repousse</a>, l’incertitude financière affecte la manière dont les gens entrent en relation et communiquent, selon un récent sondage réalisé par la Banque Royale du Canada (RBC).</p>
<p>Les adultes dans la vingtaine et la trentaine, en particulier, évoluent dans un nouveau contexte social, où même les aspects les plus fondamentaux des relations sont influencés par la réalité financière.</p>
<h2>Stress financier et tensions conjugales</h2>
<p>L’argent est depuis longtemps <a href="http://doi.org/10.1111/j.1741-3729.2008.00537.x">l’une des principales sources de conflit dans les couples</a>, mais le contexte économique actuel accentue encore davantage le stress financier.</p>
<p>Au Canada, 77 % des couples déclarent rencontrer des contraintes financières et 62 % affirment se disputer à propos de l’argent. L’augmentation du coût du loyer, de l’alimentation et des dépenses quotidiennes a en effet poussé de nombreux couples à prendre des décisions financières difficiles, parfois au détriment de leur relation, toujours selon le sondage RBC.</p>
<p>Ces préoccupations ne concernent pas uniquement les ménages canadiens. Une étude menée au Royaume-Uni a révélé que 38 % des personnes en couple admettent avoir un <a href="https://www.aviva.com/newsroom/news-releases/2023/02/almost-two-in-five-people-in-a-relationship-in-the-uk-admit-to-financial-infidelity/">compte secret</a> ou « de l’argent caché » dont leur partenaire ignore l’existence. Aux États-Unis, les couples interrogés ont déclaré avoir <a href="https://nypost.com/2025/02/11/lifestyle/new-survey-reveals-the-shocking-number-of-times-couples-fight-about-finances-each-year/">58 disputes liées à l’argent par an</a>.</p>
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<img alt="Une femme est assise sur un canapé, la tête entre les mains, tandis qu’une autre personne, que l’on ne voit que du cou jusqu’aux pieds, est assise à côté d’elle, les bras croisés" src="https://images.theconversation.com/files/660898/original/file-20250409-56-g1ij0v.jpg?ixlib=rb-4.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/660898/original/file-20250409-56-g1ij0v.jpg?ixlib=rb-4.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=337&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/660898/original/file-20250409-56-g1ij0v.jpg?ixlib=rb-4.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=337&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/660898/original/file-20250409-56-g1ij0v.jpg?ixlib=rb-4.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=337&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/660898/original/file-20250409-56-g1ij0v.jpg?ixlib=rb-4.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=424&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/660898/original/file-20250409-56-g1ij0v.jpg?ixlib=rb-4.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=424&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/660898/original/file-20250409-56-g1ij0v.jpg?ixlib=rb-4.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=424&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">L’argent est depuis longtemps l’une des principales sources de conflit dans les relations amoureuses.</span>
<span class="attribution"><span class="source">(Shutterstock)</span></span>
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<p>Plus inquiétant encore, l’instabilité financière a une incidence sur la durée des relations. Toujours selon le récent sondage de la RBC, 55 % des Canadiens estimaient devoir être en couple pour pouvoir se permettre leur style de vie.</p>
<p>Les obstacles économiques à l’indépendance sont particulièrement importants si l’on envisage une séparation ou un divorce. Traditionnellement, une rupture signifiait que l’un des partenaires quittait la maison, mais aujourd’hui, de plus en plus de couples divorcés ou séparés <a href="https://www.thestar.com/business/personal-finance/the-high-cost-of-living-is-forcing-more-couples-to-live-together-while-separating-where/article_630a1ab0-8fd3-11ef-9e88-670790ab13f9.html">doivent cohabiter</a> simplement parce qu’ils n’ont pas les moyens de vivre seuls.</p>
<p>Pour les couples, <a href="https://www.ramseysolutions.com/relationships/the-truth-about-money-and-relationships">savoir entretenir une relation saine</a> lorsqu’on rencontre des contraintes financières est essentiel pour traverser ces temps difficiles.</p>
<h2>Reporter les décisions importantes de la vie</h2>
<p>La crise du coût de la vie retarde également les étapes importantes de la vie des jeunes adultes dans le monde entier. Une enquête de Statistique Canada a révélé que 38 % d’entre eux estiment <a href="https://www150.statcan.gc.ca/n1/daily-quotidien/230920/dq230920a-fra.htm">que leur capacité financière et l’accès à un logement adéquat pourraient constituer des obstacles à leur projet d’avoir un enfant</a>.</p>
<p>Ce problème ne repousse pas seulement le passage à l’indépendance, il provoque même des retours en arrière. Au Royaume-Uni, par exemple, un jeune adulte sur cinq <a href="https://www.yorkshiretimes.co.uk/article/One-In-Five-Brits-Forced-To-Move-Back-Into-Their-Family-Home">ayant quitté le domicile familial a dû y revenir</a> en raison de la crise actuelle.</p>
<p>L’accessibilité au logement joue un rôle majeur dans ce contexte. Avec la flambée des prix de l’immobilier <a href="https://www.cmhc-schl.gc.ca/professionnels/marche-du-logement-donnees-et-recherche/marches-de-lhabitation/rapports-sur-le-marche-de-lhabitation/perspectives-du-marche-de-lhabitation">au Canada</a>, <a href="https://ifstudies.org/report-brief/homes-for-young-families-a-pro-family-housing-agenda">aux États-Unis</a>, <a href="https://www.theguardian.com/money/2025/jan/28/london-house-sales-brexit-foxtons-profits">au Royaume-Uni</a> et ailleurs, l’accession à la propriété semble hors de portée pour beaucoup. Ainsi, 55 % des jeunes Canadiens déclarent que la crise du logement les incite à <a href="https://abacusdata.ca/the-housing-crisis-impact-on-younger-canadians/">reporter le projet de fonder une famille</a>.</p>
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<img alt="Plusieurs panneaux « À vendre » visibles sur une pelouse" src="https://images.theconversation.com/files/660896/original/file-20250409-56-b51v9g.jpg?ixlib=rb-4.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/660896/original/file-20250409-56-b51v9g.jpg?ixlib=rb-4.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=334&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/660896/original/file-20250409-56-b51v9g.jpg?ixlib=rb-4.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=334&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/660896/original/file-20250409-56-b51v9g.jpg?ixlib=rb-4.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=334&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/660896/original/file-20250409-56-b51v9g.jpg?ixlib=rb-4.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=420&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/660896/original/file-20250409-56-b51v9g.jpg?ixlib=rb-4.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=420&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/660896/original/file-20250409-56-b51v9g.jpg?ixlib=rb-4.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=420&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">La crise du coût de la vie retarde les étapes importantes de la vie des jeunes adultes dans le monde entier. On peut voir ici des panneaux immobiliers à Calgary en mai 2023.</span>
<span class="attribution"><span class="source">(Shutterstock)</span></span>
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<p>Ces retards ont des répercussions en cascade sur les individus et les tendances sociétales plus larges, avec une <a href="https://www150.statcan.gc.ca/n1/pub/11-630-x/11-630-x2014002-fra.htm">baisse des taux de fécondité</a> et une évolution vers des <a href="https://abacusdata.ca/the-housing-crisis-impact-on-younger-canadians/">familles moins nombreuses</a>.</p>
<h2>Les rencontres amoureuses à l’ère des budgets serrés</h2>
<p>Une des conséquences de la hausse du coût de la vie est que les <a href="https://mashable.com/article/dating-cost-of-living">couples emménagent ensemble plus tôt qu’ils ne l’auraient fait autrement</a>, afin de partager les dépenses courantes. D’autres adoptent une approche pragmatique de l’amour et abordent des sujets tels que la stabilité financière, la sécurité de l’emploi et le logement beaucoup plus tôt dans leur relation.</p>
<p>Une tendance dans le monde de la recherche amoureuse, connue sous le nom de « future-proofing » (préparer son avenir) se répand également. Selon le rapport annuel de Bumble sur les tendances, <a href="https://bumble.com/en-ca/the-buzz/bumble-dating-trends-2025">95 % des célibataires interrogés déclarent que leurs inquiétudes quant à l’avenir</a> influencent leurs choix en matière de rencontres et leur approche des relations. Parmi leurs principales préoccupations figurent les finances, la sécurité de l’emploi, le logement et les changements climatiques.</p>
<p>Parallèlement, les difficultés financières incitent les gens à opter pour des sorties simples et bon marché. Plus de la moitié des Canadiens affirment que la hausse du coût de la vie <a href="https://www.ctvnews.ca/atlantic/article/the-rising-cost-of-a-date-and-why-you-dont-need-to-spend-a-lot-to-find-love/">a une incidence sur leur façon de faire des rencontres</a>. Les gens privilégient les <a href="https://ici.radio-canada.ca/rci/en/news/1942808/how-the-high-cost-of-living-is-shifting-the-dating-scene">activités abordables</a>, comme les rendez-vous dans un café, les pique-niques ou les repas faits maison, plutôt que les restaurants chics ou les escapades d’une fin de semaine.</p>
<p>Au <a href="https://business.yougov.com/content/45316-third-single-britons-say-cost-living-crisis-has-ma">Royaume-Uni</a>, le tiers des jeunes célibataires se disent moins enclins à faire des rencontres à cause de l’inflation et des dépenses quotidiennes. Environ un quart d’entre eux affirment que cela les a rendus moins enclins à rechercher une relation amoureuse.</p>
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<img alt="Deux personnes trinquent avec leurs verres de vin rouge à une table éclairée à la bougie" src="https://images.theconversation.com/files/660900/original/file-20250409-68-awkeo9.jpg?ixlib=rb-4.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/660900/original/file-20250409-68-awkeo9.jpg?ixlib=rb-4.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=401&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/660900/original/file-20250409-68-awkeo9.jpg?ixlib=rb-4.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=401&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/660900/original/file-20250409-68-awkeo9.jpg?ixlib=rb-4.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=401&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/660900/original/file-20250409-68-awkeo9.jpg?ixlib=rb-4.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/660900/original/file-20250409-68-awkeo9.jpg?ixlib=rb-4.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/660900/original/file-20250409-68-awkeo9.jpg?ixlib=rb-4.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Les difficultés financières incitent les gens à faire moins de sorties coûteuses et luxueuses.</span>
<span class="attribution"><span class="source">(Shutterstock)</span></span>
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<p>Ces coûts obligent les <a href="https://about-us.bmo.com/the-price-of-love-how-a-rising-cost-of-living-is-affecting-dating-and-relationships/">célibataires américains</a> à revoir leurs projets en matière de rencontres amoureuses. En effet, 44 % d’entre eux déclarent avoir modifié un rendez-vous pour des raisons financières et 27 % l’avoir carrément annulé. Il est clair que le coût de la vie transforme la façon dont les Américains font des rencontres.</p>
<p>De plus, 38 % des Canadiens qui cherchent l’amour affirment que les coûts liés aux rendez-vous ont un impact négatif sur leur capacité à atteindre leurs objectifs financiers, certains allant même jusqu’à renoncer complètement aux rencontres.</p>
<h2>Le coût de l’amitié</h2>
<p>Les amitiés en pâtissent également. L’époque où l’on pouvait aller au restaurant ou assister à un concert sans se poser de questions est révolue. Environ 40 % des <a href="https://vancouver.citynews.ca/2023/11/27/canada-inflation-isolation/">Canadiens</a>, 42 % des <a href="https://fareshare.org.uk/news-media/press-releases/cost-of-living-crisis-causing-loneliness-epidemic-for-young-people/">Britanniques</a> et 37 % des <a href="https://www.cbsnews.com/video/how-inflation-impacting-americans-social-lives/">Américains</a> ont en effet réduit leurs sorties sociales pour des raisons financières.</p>
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<p>Le sacrifice peut sembler anodin, mais le déclin des interactions sociales a de graves conséquences. Une vie sociale régulière est essentielle pour la <a href="https://www.thenewhopemhcs.com/the-role-of-social-connections-in-mental-wellness/">santé mentale</a>, la résilience et la réussite professionnelle. L’augmentation de <a href="https://doi.org/10.1007/s00127-020-01891-z">la solitude et de l’isolement</a>, deux facteurs pouvant avoir un impact significatif sur le bien-être émotionnel, est proportionnelle à la réduction des activités sociales.</p>
<p>De nos jours, beaucoup de gens choisissent des activités abordables pour socialiser. Cependant, même avec des solutions créatives, les contraintes financières rendent difficile le maintien de liens solides.</p>
<h2>Les relations changent</h2>
<p>Si vous êtes dans la vingtaine ou la trentaine, vous avez probablement remarqué à quel point la réalité économique actuelle transforme les relations. L’inflation influence beaucoup de choses, notamment les choix de cohabitation, de sorties amoureuses ou encore le moment où l’on franchit des étapes importantes de la vie.</p>
<p>Vous avez peut-être emménagé avec votre conjoint plus tôt que prévu pour partager les frais de loyer, remplacé les sorties nocturnes par des activités moins coûteuses ou reporté des étapes importantes, comme fonder une famille. Vous n’êtes pas seul. Les contraintes financières redéfinissent la façon dont nous vivons les uns avec les autres.</p>
<p>Il est essentiel de trouver des moyens de maintenir des relations solides dans un contexte économique difficile. <a href="https://doi.org/10.1111/jomf.12284">Des études</a> montrent que le soutien émotionnel, l’utilisation de techniques positives de résolution de problèmes et une communication ouverte sont fondamentaux pour entretenir des relations de qualité.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/266133/count.gif" alt="La Conversation Canada" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Melise Panetta ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>L’argent a longtemps été l’une des principales sources de conflit dans les relations, mais le contexte économique actuel a rendu le stress financier encore plus pesant.Melise Panetta, Lecturer of Marketing in the Lazaridis School of Business and Economics, Wilfrid Laurier UniversityLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/2674772025-10-21T14:03:54Z2025-10-21T14:03:54ZPour les villes, finis les projets flamboyants, l’ère est à l’entretien, la consolidation et la résilience<p>Pénurie de main-d’œuvre, de logements, manque de mobilité interrégionale, banlieues galopantes, gestion déficiente des déchets, et nos infrastructures, qui ont cruellement besoin d’entretien… À l’approche des élections municipales, nous avons analysé au <a href="https://deut.esg.uqam.ca">Département d’études urbaines et touristiques</a> de l’Université du Québec à Montréal six indicateurs clés pour mieux cerner les défis socioéconomiques et environnementaux qui attendent les prochains élus et les prochaines élues.</p>
<p>Le bilan ? Les réalités locales sont contrastées, mais partout, il faudra en faire plus… et surtout mieux. Mieux entretenir, mieux anticiper, mieux collaborer. Et les solutions adaptées aux défis locaux exigeront non seulement de nouvelles approches, mais aussi de nouveaux alliés.</p>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/elections-municipales-les-enjeux-des-villes-changent-mais-pas-leurs-pouvoirs-266663">Élections municipales : les enjeux des villes changent, mais pas leurs pouvoirs</a>
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<p><em><strong>Cet article fait partie de notre série <a href="https://theconversation.com/topics/serie-nos-villes-164670">Nos villes d’hier à demain</a>.</strong> Le tissu urbain connait de multiples mutations, avec chacune ses implications culturelles, économiques, sociales et — tout particulièrement en cette année électorale — politiques. Pour éclairer ces divers enjeux, La Conversation invite les chercheuses et chercheurs à aborder l’actualité de nos villes.</em></p>
<h2>1. Vitalité économique : entre résilience et dépendance régionale</h2>
<p>Entre 2020 et 2024, le <a href="https://statistique.quebec.ca/fr/document/population-active-emploi-et-chomage-regions-administratives-rmr-et-quebec/tableau/caracteristiques-marche-travail-donnees-annuelles-regions-administratives#tri_es=8">taux de chômage a diminué</a> dans plusieurs régions : de 11,3 % à 7,8 % à Montréal, de 7,7 % à 4,5 % au Bas-Saint-Laurent, jusqu’à 2,8 % en Chaudière-Appalaches. Le revenu disponible par habitant, quant à lui, a progressé de 23 % à 25 % selon les régions.</p>
<p>Toutefois, l’<a href="https://statistique.quebec.ca/fr/fichier/bulletin-analyse-indice-vitalite-economique-territoires-edition-2025.pdf">indice de vitalité économique</a> de l’Institut de la statistique du Québec confirme que la prospérité reste concentrée autour de Québec, Montréal et Ottawa-Gatineau, tandis que la Gaspésie, la Côte-Nord et le Bas-Saint-Laurent stagnent.</p>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/relance-economique-il-faut-tenir-compte-des-differentes-realites-regionales-152915">Relance économique : il faut tenir compte des différentes réalités régionales</a>
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<p>La rareté de main-d’œuvre persiste, surtout en dehors des grands centres. En 2024, <a href="https://institutduquebec.ca/publications/bilan-2024-de-l-emploi-au-quebec">on compte 1,6 chômeur par poste vacant en région, contre 2,7 à Montréal</a>. Faciliter la mobilité interrégionale devient donc crucial, particulièrement dans les secteurs agroalimentaire, manufacturier et minier. Seulement le <a href="https://cdn-contenu.quebec.ca/cdn-contenu/adm/min/affaires-municipales/publications/ministere/developpement_durable/portrait_developpement_durable.pdf">tiers des 1107 municipalités</a> ont mis en place des services de transport collectif, souvent sous-financés et insuffisants face à l’ampleur des besoins en zones rurales ou périurbaines.</p>
<h2>2. Vieillissement : une nouvelle réalité qui façonne les territoires</h2>
<p>Le vieillissement démographique accentue ces pressions. Dans plusieurs MRC du Bas-Saint-Laurent, de la Gaspésie et de la Côte-Nord, l’âge médian dépasse 50 ans. Or, ces régions forment la base de notre économie : énergie, ressources, alimentation, tourisme. Le <a href="https://statistique.quebec.ca/en/fichier/bilan-demographique-quebec-edition-2024.pdf">ratio de soutien démographique</a>, nombre d’actifs pour chaque personne âgée de 65 ans et plus, y est tombé à 2,5, contre 3,5 dans la région métropolitaine de Montréal.</p>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/les-megaprojets-ont-un-cout-economique-et-environnemental-majeur-a-lere-de-la-decroissance-ils-doivent-devenir-lexception-255361">Les mégaprojets ont un coût économique et environnemental majeur. À l'ère de la décroissance, ils doivent devenir l'exception</a>
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<p>Ce déséquilibre crée des besoins accrus en soins et services de proximité et fragilise la relève. D’ici 2051, <a href="https://statistique.quebec.ca/vitrine/vieillissement/themes/population/65-ans-et-plus-region-administrative">plus du tiers de la population sera âgée de plus de 65 ans</a> dans plusieurs régions. Déjà, les <a href="https://cdn-contenu.quebec.ca/cdn-contenu/adm/min/affaires-municipales/publications/ministere/developpement_durable/portrait_developpement_durable.pdf">trois-quarts des municipalités</a> participent à la démarche <a href="https://www.quebec.ca/famille-et-soutien-aux-personnes/personnes-agees/aide-financiere-organismes/municipalite-amie-des-aines/soutien-realisation-demarche-mada">Municipalité amie des aînés</a> (MADA), mais il faut aller plus loin : attirer les jeunes familles, adapter les logements et surtout améliorer la mobilité entre les régions.</p>
<h2>3. Abordabilité du logement : un frein à la vitalité</h2>
<p>La crise du logement compromet ces stratégies de revitalisation et d’attractivité. En 2023, le taux d’inoccupation était sous la barre critique des <a href="https://observatoiredesinegalites.com/marche-locatif-crise-logement/">3 % dans l’ensemble des 43 centres urbains</a> du Québec. Pire : les trois-quarts d’entre eux affichaient un taux de 1 % ou moins, notamment Trois-Rivières (0,4 %), Rimouski (0,8 %) et Prévost (0 %). Si les grands centres sont à saturation, les municipalités de plus petite taille peinent à loger des travailleurs qu’elles cherchent à attirer.</p>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/le-logement-est-bien-plus-quun-bien-marchand-et-la-crise-actuelle-ne-se-reduit-pas-a-equilibrer-loffre-et-la-demande-214321">Le logement est bien plus qu’un bien marchand. Et la crise actuelle ne se réduit pas à équilibrer l’offre et la demande</a>
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<p>Résultats ? Les distances domicile-travail s’allongent, le parc automobile augmente et les coûts explosent pour les ménages comme pour les municipalités. <a href="https://observatoiredesinegalites.com/marche-locatif-crise-logement/">Entre 2022 et 2023</a>, les loyers ont bondi de 7,4 %, atteignant 1 074 $ à Montréal, 1 198 $ à Gatineau et 1 002 $ à Québec. <a href="https://statistique.quebec.ca/fr/document/frais-logement-et-abordabilite/tableau/rapport-frais-logement-revenu-mode-occupation-menages-prives-quebec">Le tiers des locataires y consacrent plus de 30 % de leur revenu</a>. Dans ce contexte, planifier l’habitation ne peut plus être dissocié des politiques économiques, sous peine de freiner la revitalisation des territoires.</p>
<h2>4. Infrastructures : l’ère de l’entretien et de l’adaptation</h2>
<p>Sur le plan physique, les municipalités entrent dans un cycle d’entretien, de priorisation et d’adaptation. Selon le <a href="https://cdn-contenu.quebec.ca/cdn-contenu/adm/min/secretariat-du-conseil-du-tresor/publications-adm/budgets/2025-2026/6_Plan_quebecois_des_infrastructures.pdf">Plan québécois des infrastructures</a>, 65 % des investissements d’ici 2035 serviront à maintenir les actifs existants. À <a href="https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/2062526/route-reparation-autoroute-chemin-construction-travaux-mtq">Saguenay</a> par exemple, plusieurs ponts arrivent en fin de vie. À <a href="https://www.lapresse.ca/actualites/crise-de-l-habitation/la-construction-freinee-par-les-egouts-et-l-aqueduc/2025-02-25/infrastructures-de-l-eau/il-faut-les-brancher-sur-quelque-chose-ces-habitations.php">Trois-Rivières</a>, le tiers des conduites d’eau datent d’avant 1975.</p>
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<p>Les événements climatiques aggravent la situation : fortes pluies, vagues de chaleur, gel-dégel… Chaque inondation alourdit la facture. Il faudra près de <a href="https://www.ouranos.ca/sites/default/files/2023-05/proj-202025-impacts-cc-finances-municipales-709070-gosselin-rapportfinal.pdf">2 G$ de plus par an pour renforcer les infrastructures municipales</a> à l’horizon 2055, soit plus de 500 $ par habitant par an dans plusieurs régions. C’est le temps d’entretenir, pas de promettre des projets flamboyants ou de geler les investissements.</p>
<h2>5. Artificialisation du territoire : un choix coûteux</h2>
<p>Le Québec perd environ 4 000 hectares de milieux naturels <a href="https://statistique.quebec.ca/fr/fichier/comptes-terres-quebec-meridional-2024.pdf">chaque année</a>, surtout dans les couronnes périurbaines de la Montérégie, Lanaudière et les Laurentides. Depuis 2000, 60 % des nouvelles superficies bâties s’y concentrent. Cette expansion complexifie l’entretien des réseaux et accroît la vulnérabilité aux inondations dans les zones sensibles, tout en menaçant la biodiversité.</p>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/la-densification-des-villes-est-bonne-pour-lenvironnement-et-leconomie-189434">La densification des villes est bonne pour l’environnement… et l’économie</a>
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<p>Limiter l’artificialisation devient donc une mesure de saine gestion. Dans les villes en croissance, cela passe par une <a href="https://adgmq.qc.ca/magazines/densification-intelligente-repenser-loccupation-du-territoire/">densification</a> cohérente avec la capacité des réseaux, sans imperméabilisation excessive (un processus qui protège des structures contre l'eau et l'humidité, par exemple). Dans les milieux déjà denses, il faut au contraire désimperméabiliser et restaurer les milieux naturels. Ce virage est soutenu par les <a href="https://www.quebec.ca/habitation-territoire/amenagement-developpement-territoires/amenagement-territoire/orientations-gouvernementales">nouvelles orientations gouvernementales en aménagement du territoire</a>.</p>
<h2>6. Matières résiduelles : essoufflement de la transition</h2>
<p>Depuis 2015, la quantité de matières éliminées au Québec a très légèrement diminué, mais reste extrêmement élevée : près de <a href="https://www.recyc-quebec.gouv.qc.ca/sites/default/files/documents/caracterisation-elimination-2023.pdf">4,6 millions de tonnes de matières résiduelles ont été éliminées en 2023</a> (par enfouissement ou incinération). Les écarts régionaux sont frappants pour les <a href="https://www.environnement.gouv.qc.ca/matieres/donnees-elimination/tonnages-2023-MRC.pdf">ordures ménagères</a> : certains territoires affichent une performance d’élimination par habitant bien inférieure à la moyenne provinciale d’environ 330 kg/habitant (en 2023), tandis que d’autres la dépassent largement.</p>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/nos-villes-seront-elles-a-lavant-garde-de-la-lutte-contre-le-gaspillage-il-nen-tient-qua-elles-241445">Nos villes seront-elles à l’avant-garde de la lutte contre le gaspillage ? Il n’en tient qu’à elles !</a>
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<p>Partout, les coûts grimpent. Mais récupérer coûte encore plus cher qu’éliminer, ce qui incite encore trop souvent à enfouir plutôt qu’à valoriser. Les citoyens se découragent face à un système souvent peu clair ou mal équipé, ce qui fait qu’une part importante des déchets éliminés est en réalité valorisable (le tiers de matières recyclables et le quart de matières organiques en 2023).</p>
<p>La gestion des matières résiduelles représente <a href="https://cffp.recherche.usherbrooke.ca/wp-content/uploads/2020/08/cr_2020-12_PortraitFiPuMunicipalesQC.pdf">environ 3 à 5 %</a> des dépenses municipales, une part variable selon les territoires et en hausse constante avec la complexification de la gestion. Il faut donc se projeter : et si l’enfouissement devenait sérieusement impossible dans 10 ans ? Planifier aujourd’hui, c’est éviter de subir demain.</p>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/pour-preserver-la-biodiversite-il-faut-rendre-les-villes-plus-compactes-circulaires-et-vertes-196079">Pour préserver la biodiversité, il faut rendre les villes plus compactes, circulaires et vertes</a>
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<h2>Le statu quo n’est plus une option</h2>
<p>Et on n’a même pas encore abordé la culture, l’énergie, le tourisme, la souveraineté alimentaire ou la sécurité. Mais les indicateurs abordés ici suffisent déjà à démontrer que le statu quo n’est plus une option. Aucune municipalité n’est épargnée. Ce n’est plus une question de « si », mais de « quand » et « comment » investir. C’est précisément l’objet de nos travaux à la nouvelle <a href="https://umq.qc.ca/publication/adaptation-climatique-lumq-et-adapt-annoncent-les-chercheurs-a-la-barre-de-la-nouvelle-chaire/">Chaire AdapT-UMQ sur les infrastructures municipales résilientes</a> : mieux outiller les villes pour faire face à ces défis.</p>
<p>Les décideurs qui entreront en poste devront donc changer de posture. Pas de promesses simples ni de projets flamboyants. Il faut prioriser des investissements essentiels, en combinant données financières et extrafinancières pour éclairer les décisions.</p>
<p>Cette posture exige aussi de mobiliser de nouveaux alliés : les grands employeurs devront contribuer à la mobilité et au logement ; le secteur philanthropique peut appuyer les projets structurants ; les programmes provinciaux et fédéraux doivent être conçus à partir des besoins locaux et non l’inverse.</p>
<p>Enfin, renforcer les capacités internes devient une priorité. Le manque de personnel ou d’expertise ne peut plus servir de prétexte. Si c’est là que ça bloque, c’est là qu’il faut investir. Il en va de notre capacité collective à répondre aux défis de demain.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/267477/count.gif" alt="La Conversation Canada" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Juste Rajaonson a reçu du financement des Fonds de recherche du Québec via le partenariat entre l'Institut AdapT et l'Union des municipalités du Québec ainsi que du Conseil de recherche en sciences humaines du Canada.</span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Gabriel Arès ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>Les villes doivent oublier les projets flamboyants et prioriser des investissements essentiels dans les infrastructures, tout en renforçant leurs capacités internes.Juste Rajaonson, Professeur agrégé, Université du Québec à Montréal (UQAM)Gabriel Arès, Auxiliaire de recherche, Université du Québec à Montréal (UQAM)Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/2668662025-10-17T13:30:47Z2025-10-17T13:30:47ZL’IA m’a informé pendant un mois. Elle ne s’en est pas toujours tenue aux faits<p>C'est quand même candide comme mensonge. Gemini a inventé un média d'information qui n’existe pas et il l’a baptisé <em>exemplefictif.ca</em> !</p>
<p>Le système d’IA générative offert par Google a notamment fait dire à son faux média qu’une grève des chauffeurs d’autobus scolaires avait été déclenchée le 12 septembre. Évidemment, cette grève est fictive elle aussi. C’est <a href="https://www.lapresse.ca/actualites/education/2025-09-12/retrait-de-1200-autobus-de-lion-electrique/le-transport-scolaire-pourrait-etre-toujours-perturbe-la-semaine-prochaine.php">le retrait des bus de Lion Électrique qui perturbait plutôt le transport scolaire ce jour-là</a>.</p>
<p>Cette hallucination journalistique est peut-être le pire exemple d’invention pure que j’aie obtenu dans une expérience qui a duré environ un mois. Mais j’en ai vu bien d’autres.</p>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/jai-teste-un-outil-de-detection-de-chatgpt-jai-perdu-mon-temps-201745">J’ai testé un outil de détection de ChatGPT : j’ai perdu mon temps</a>
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<h2>Six pour cent des Canadiens s’informent avec l’IA 😱</h2>
<p>Comme professeur de journalisme spécialisé en informatique, je m’intéresse à l’IA depuis de nombreuses années. C’est mon collègue Roland-Yves Carignan qui m’a souligné que <a href="https://reutersinstitute.politics.ox.ac.uk/digital-news-report/2025">6 % des Canadiens ont inclus des <em>chatbots</em> d’IA générative en 2024 parmi leurs sources d’information</a>.</p>
<p>J’étais donc curieux de voir dans quelle mesure ces outils étaient capables de m’informer. Allaient-ils me donner du solide, ou de la bouillie (<a href="https://vitrinelinguistique.oqlf.gouv.qc.ca/fiche-gdt/fiche/26579060/contenu-degeneratif"><em>AI slop</em></a>) ?</p>
<h2>Sept outils ; une même requête</h2>
<p>Chaque matin de septembre, j’ai demandé à sept systèmes d’IA générative de me dire ce qui se passe dans l’actualité québécoise. Je leur ai toujours posé la même question :</p>
<blockquote>
<p>Donnez-moi les cinq principaux événements de l’actualité d’aujourd’hui au Québec. Placez-les en ordre d’importance. Résumez chacun en trois phrases. Ajoutez un titre succinct à chacun. Donnez au moins une source pour chacun (URL précise de l’article, pas la page d’accueil du média consulté). Vous pouvez faire des recherches dans le web.</p>
</blockquote>
<p>J’ai utilisé trois outils pour lesquels je paie (ChatGPT, Claude et Gemini), un outil fourni par mon employeur (Copilot) et trois outils dans leurs versions gratuites (Aria, DeepSeek et Grok).</p>
<p>Je me suis également servi de Perplexity, dans sa version gratuite, mais à une reprise seulement. J’ai enfin tenté d’inclure <a href="https://www.meta.ai">MetaAI</a>, mais il ne répondait pas à mes requêtes.</p>
<h2>Sources douteuses… voire imaginaires</h2>
<p>J’ai obtenu 839 réponses que j’ai d’abord triées en fonction des sources indiquées. Puisqu’il était question d’actualités, il était normal de s’attendre à ce que les outils d’IA puisent dans des médias d’information.</p>
<p><iframe id="ScHuZ" class="tc-infographic-datawrapper" src="https://datawrapper.dwcdn.net/ScHuZ/2/" height="400px" width="100%" style="border: 0;" scrolling="no" frameborder="0"></iframe></p>
<p>Or, dans 18 % des cas, ils en ont été incapables, s’appuyant plutôt sur des sites gouvernementaux, des groupes de pression, ou inventant carrément des sources imaginaires, comme l’<em>exemplefictif.ca</em> mentionné plus haut.</p>
<p>Un média d’information était cité dans la majorité des réponses que j’ai reçues. Mais le plus souvent, l’URL fournie menait à une erreur 404 (URL erronée ou inventée) ou à la page d’accueil du média ou d’une section de ce média (URL incomplète). Cela rendait difficile de vérifier si l’information fournie par l’IA était fiable.</p>
<p>Les outils ont donc eu du mal à répondre à ma consigne pourtant claire de me fournir une URL complète. Ils n’y sont parvenus que dans 37 % des cas (311 réponses).</p>
<p>J’ai tout de même lu attentivement chacun des 311 articles journalistiques vérifiables pour voir si ce que l’IA me donnait correspondait à la source citée.</p>
<p><iframe id="XTU1I" class="tc-infographic-datawrapper" src="https://datawrapper.dwcdn.net/XTU1I/3/" height="400px" width="100%" style="border: 0;" scrolling="no" frameborder="0"></iframe></p>
<p>Le résumé produit par l’IA générative a été fidèle dans 47 % des cas, mais cela inclut cependant quatre cas de plagiat pur et simple. Un peu plus de 45 % des réponses étaient partiellement fidèles. Nous y reviendrons plus loin.</p>
<p>Car il faut d’abord parler des réponses erronées en tout ou en partie.</p>
<h2>Erreurs sur le fond</h2>
<p>La pire erreur a certainement été commise par Grok le 13 septembre. L’outil d’IA générative offert avec X, le réseau social d’Elon Musk, m’a signalé que des « demandeurs d’asile [ont été] mal traités à Chibougamau » :</p>
<blockquote>
<p>Une vingtaine de demandeurs d’asile ont été envoyés de Montréal à Chibougamau, mais la plupart sont rentrés rapidement en raison de conditions inadéquates. Ils rapportent avoir été traités comme des « princes et princesses » ironiquement, mais en réalité avec un manque de soutien. L’incident soulève des questions sur la gestion des réfugiés au Québec.</p>
</blockquote>
<p>Grok s’est basé sur un <a href="https://www.lapresse.ca/actualites/2025-09-13/demandeurs-d-asile-a-chibougamau/on-a-ete-traites-comme-des-princes-et-des-princesses.php">article de <em>La Presse</em> publié ce matin-là</a>. Mais il l’a interprété à l’envers !</p>
<p><em>La Presse</em> rapportait plutôt que le voyage a été un succès. Sur les 22 demandeurs d’asile, 19 ont eu des offres d’emploi à Chibougamau. Il n’y avait aucune ironie dans l’expression « princes et princesses ».</p>
<p>D’autres exemples :</p>
<ul>
<li><p>Le 9 septembre, en relatant le procès la mère de la fillette retrouvée en bordure de l’autoroute 417, Grok (encore lui) a affirmé qu’elle avait abandonné sa fille « afin de partir en vacances », une information rapportée par personne.</p></li>
<li><p>Le 14 septembre, Aria m’a annoncé que le cycliste français « Julian Alaphilippe [avait] remporté [la] victoire au Grand Prix cycliste de Montréal ». C’est faux. Alaphilippe a remporté le Grand Prix de Québec. À celui de Montréal, c’est l’Américain Brandon McNulty qui a franchi le fil d’arrivée en premier.</p></li>
<li><p>Le 26 septembre, Claude a prétendu qu’on réclamait la destitution du président du Collège des médecins, Mauril Gaudreault. En réalité, des médecins souhaitaient plutôt adopter une motion de blâme.</p></li>
<li><p>Le 2 octobre, ChatGPT a rebaptisé l’Institut économique de Montréal le « Mouvement des entreprises d’innovation », appellation inventée de toutes pièces à partir de l’acronyme anglais du <em>think tank</em>, MEI (Montreal Economic Institute). Le même jour, il m’a aussi parlé de « commissions scolaires », des institutions pourtant remplacées en 2020 par les Centres de services scolaires dans les établissements francophones.</p></li>
<li><p>Le 3 octobre, Grok a affirmé que « les libéraux maintiennent une avance stable » dans un sondage de la firme Léger. Dans les faits, les libéraux arrivaient au deuxième rang. C’est le PQ qui était en avance.</p></li>
</ul>
<h2>Erreurs sur la forme</h2>
<p>Plusieurs personnes se servent de l’IA générative pour corriger leur prose. Je ne suis pas certain que ce soit une bonne idée compte tenu des erreurs de français que j’ai régulièrement relevées :</p>
<ul>
<li><p>ChatGPT, pour lequel j’ai pourtant un abonnement « plus », a écrit « sa extrême déception » pour décrire la réaction de François Bonnardel après son exclusion du conseil des ministres. Il m’a aussi écrit que des experts « prédissent » la disparition de Postes Canada !</p></li>
<li><p>Claude, de son côté, a même confondu le premier ministre québécois avec un jouet danois en ajoutant un accent aigu sur son nom : « Légault ». Il m’a également pondu une savoureuse ellipse dans un titre « Collision avec facultés affaiblies ». Évidemment, ce ne sont pas les facultés de la collision qui sont affaiblies, mais celles du conducteur !</p></li>
</ul>
<p>Mais revenons au fond.</p>
<h2>Interprétations erronées</h2>
<p>Dans les quelque 44 % de réponses partiellement fiables, j’ai retrouvé un certain nombre d’interprétations erronées que je n’ai pas classées dans les réponses non fiables.</p>
<p>Par exemple, l’outil chinois DeepSeek m’a annoncé le 15 septembre une « excellente saison de la pomme au Québec ». L’article <a href="https://www.lesoleil.com/actualites/le-fil-des-coops/2025/09/15/la-saison-des-pommes-bat-son-plein-au-quebec-LYFSREE4O5CVTEZD2ZSRR5T4XA/">sur lequel il basait cette affirmation</a> traçait en réalité un portrait plus nuancé : « La saison n’est pas jouée », expliquait notamment un maraîcher cité dans l’article.</p>
<p>Le 17 et le 18 septembre, ChatGPT a répété la même erreur deux jours de suite ! Il m’a écrit que Mark Carney est « le premier ministre fédéral le plus apprécié au Québec ». Bien sûr ! C’est le seul !</p>
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<h2>A beau mentir qui vient de loin</h2>
<p>Certaines erreurs étaient probablement dues au fait que dans 52 des 311 nouvelles vérifiables, les outils s’appuyaient sur des sources canadiennes-anglaises ou européennes.</p>
<p>Le 12 septembre, DeepSeek m’a même invité à visionner le Grand prix cycliste de Québec sur Eurosport1, parce qu’il s’inspirait d’une <a href="https://www.leparisien.fr/sports/cyclisme/gp-de-quebec-a-quelle-heure-et-sur-quelle-chaine-tv-voir-cette-course-cycliste-12-09-2025-PDUXHDHX6ZFTBPIXV6XOCVP3LQ.php">dépêche du quotidien français <em>Le Parisien</em></a>…</p>
<p>Le 28 septembre, Grok a pour sa part décrit les employés d’entretien de la STM comme des « travailleurs de maintenance ». Il s’appuyait sur une <a href="https://montreal.citynews.ca/2025/10/01/quebec-end-to-controversial-education-hiring-freeze/">dépêche de Canadian Press publiée sur le site de CityNews</a>. Il a commis d’autres anglicismes et a été le seul outil à donner des réponses en anglais (à six reprises).</p>
<h2>« Conclusions génératives »</h2>
<p>Le plus souvent, j’ai classé des nouvelles dans la catégorie « partiellement fiable » en raison de différents ajouts par les outils d’IA générative.</p>
<p>Par exemple, le 26 septembre, Grok et ChatGPT ont tous deux relevé la <a href="https://www.journaldemontreal.com/2025/09/26/dangers-sur-le-pont-pierre-laporte--quebec-a-investi-des-millions-quelques-mois-avant-deffectuer-des-travaux-majeurs">nouvelle de Québecor à propos de travaux d’urgence de 2,3 millions de dollars à effectuer sur le pont Pierre-Laporte</a>. Grok a ajouté à la fin : « Cela met en lumière les défis d’entretien des infrastructures critiques au Québec. » ChatGPT, de son côté, a plutôt estimé que la nouvelle « met en lumière le conflit entre contraintes budgétaires, planification et sécurité publique ».</p>
<p>Ce n’est pas faux. Il s’agit d’une mise en contexte que certains pourraient même juger utile. Cependant, ces conclusions ne sont appuyées sur aucune source. Personne dans les articles cités n’en parlait en ces termes.</p>
<p>Autre exemple : le 24 septembre, ChatGPT concluait son résumé des <a href="https://www.journaldequebec.com/2025/09/24/redaction-inclusive--le-gouvernement-legault-interdira-les-iel-et-les-toustes">intentions du gouvernement Legault de mettre fin à l’écriture inclusive</a> en disant que « [l]e débat porte aussi sur la liberté d’expression et la gouvernance linguistique de l’État. » Personne dans le texte à la source de cette nouvelle n’invoquait ces deux enjeux.</p>
<p>J’ai retrouvé des conclusions semblables dans 111 nouvelles générées par les systèmes d’IA que j’ai consultées. Elles contenaient souvent des expressions comme « met en lumière », « relance le débat », « illustre les tensions » ou « soulève des questions ».</p>
<p>Or, aucun humain n’avait parlé de tensions ou soulevé de questions. Les « conclusions génératives » imaginent des débats qui n’existent pas. J’y vois une porte ouverte à l’exagération, voire à la désinformation.</p>
<p>Quand on demande de l’information, on s’attend à ce que les outils d’IA s’en tiennent à l’information.</p>
<p><a href="https://docs.google.com/spreadsheets/d/1yc2Gw-6BXem45dF7jP-bsxVC7hEmN_mlaNncN1PFjmw/edit?gid=0#gid=0"><strong>Consulter ici le fichier dans lequel l’auteur a consigné les réponses données chaque matin par les outils d’IA générative</strong></a></p><img src="https://counter.theconversation.com/content/266866/count.gif" alt="La Conversation Canada" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Jean-Hugues Roy est collaborateur avec La Presse et membre de la Fédération professionnelle des journalistes du Québec.</span></em></p>Dans un cas sur six, seulement, les nouvelles produites par des systèmes d’IA générative étaient fiables et accompagnées de sources vérifiables.Jean-Hugues Roy, Professeur, École des médias, Université du Québec à Montréal (UQAM)Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/2661162025-10-16T15:26:46Z2025-10-16T15:26:46ZLes villes canadiennes de taille moyenne privilégient une croissance urbaine dense et compacte<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/692932/original/file-20250923-56-v3jml1.png?ixlib=rb-4.1.0&rect=329%2C0%2C1020%2C680&q=45&auto=format&w=1050&h=700&fit=crop" /><figcaption><span class="caption">Les villes canadiennes de taille moyenne, comme Regina, cherchent à freiner l'étalement urbain en revitalisant leurs centres-villes, avec plus ou moins de succès.</span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://commons.wikimedia.org/wiki/Category:Skylines_of_Regina,_Saskatchewan#/media/File:Regina_Skyline.png">(28thegreat/Wikimedia Commons)</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by/4.0/">CC BY</a></span></figcaption></figure><p>Les villes canadiennes de taille moyenne, c’est-à-dire celles qui comptent entre 50 000 et 500 000 habitants, ont longtemps été caractérisées comme <a href="https://www.jstor.org/stable/26189240">peu denses, dispersées et décentralisées</a>. Dans ces villes, les voitures dominent, les transports en commun sont limités et les habitants préfèrent <a href="https://doi.org/10.1080/14649357.2015.1011216">l’espace et l’intimité des quartiers suburbains</a>.</p>
<p>Plusieurs problèmes croissants, allant du <a href="https://theconversation.com/canadian-cities-can-prepare-for-climate-change-by-building-with-nature-263608">changement climatique et de la crise du logement abordable</a> au <a href="https://schoolofcities.utoronto.ca/research-publications/infrastructure-deficit/">déficit croissant en infrastructures</a>, poussent les municipalités à repenser cette approche.</p>
<p>Les villes adoptent des stratégies de gestion de la croissance qui favorisent la densité et cherchent à limiter, plutôt qu’à encourager, l’étalement urbain. <a href="https://neptis.org/publications/chapters/intensification-what-it-and-what-it-promises">La clé réside dans la densification</a>, une stratégie qui privilégie la construction de nouveaux logements dans les quartiers existants et matures plutôt que l’expansion vers la périphérie de la ville.</p>
<p>Les centres-villes sont souvent au cœur des stratégies de densification, compte tenu de l’abondance de terrains vacants ou sous-utilisés. <a href="https://ojs.library.queensu.ca/index.php/cpp/article/view/18138/12328">L’augmentation du nombre d’habitants soutient les efforts de revitalisation du centre-ville</a>, tout en freinant l’étalement urbain.</p>
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<p><em><strong>Cet article fait partie de notre série <a href="https://theconversation.com/topics/serie-nos-villes-164670">Nos villes d’hier à demain</a>.</strong> Le tissu urbain connait de multiples mutations, avec chacune ses implications culturelles, économiques, sociales et – tout particulièrement en cette année électorale – politiques. Pour éclairer ces divers enjeux, La Conversation invite les chercheuses et chercheurs à aborder l’actualité de nos villes.</em></p>
<h2>Les défis de la densification</h2>
<p>Malgré l’adoption de politiques audacieuses, nos recherches montrent que la <a href="https://doi.org/10.1111/cag.12895">mise en œuvre reste un défi</a>. En 2013, Regina s’est fixé un objectif de densification exigeant que 30 % des logements construits chaque année soient situés dans les quartiers matures et établis de la ville. Mais entre 2014 et 2021, cet objectif n’a pas été atteint chaque année, et la quasi-totalité de la croissance <a href="https://leaderpost.com/news/local-news/city-hall/957-years-needed-to-meet-downtown-density-targets-at-current-rate-regina-mayor">s’est produite à la périphérie de la ville sous la forme de nouveaux développements suburbains</a>.</p>
<p>Ce décalage n’est pas particulièrement unique et est souvent appelé <a href="https://doi.org/10.1080/14649350802661683">« écart entre les paroles et les actes »</a>, où les résultats du développement diffèrent des intentions. Cela pose de réels défis aux villes qui tentent de passer d’une croissance suburbaine à faible densité à un développement à plus forte densité.</p>
<p>Le <a href="https://www.queensu.ca/gazette/stories/canada-suburban-nation-because-post-second-world-war-government-policy">Canada étant un pays suburbain</a>, les villes moyennes denses et compactes sont atypiques. Une série d’obstacles renforce encore cette situation, <a href="https://doi.org/10.1080/02697459.2023.2259752">notamment la faible demande pour un mode de vie urbain à forte densité</a>, les difficultés à rassembler des terrains, le vieillissement des infrastructures et les règles et processus d’urbanisme <a href="https://doi.org/10.1111/cag.12895">trop rigides qui étouffent l’innovation</a>.</p>
<p>L’incapacité à mettre en œuvre un développement à plus forte densité soulève la question suivante : l’intensification dans les villes de taille moyenne est-elle plus ambitieuse que viable ?</p>
<h2>Exemples de réussite</h2>
<p>Plusieurs villes de taille moyenne ont récemment connu un succès en matière de densification. Cela s’est traduit par une vague d’activités de développement dans les centres-villes, avec notamment la construction de nouveaux immeubles en copropriété et de tours locatives.</p>
<p><a href="https://www150.statcan.gc.ca/n1/daily-quotidien/220209/dq220209b-eng.htm">Entre 2016 et 2021, le nombre de résidents du centre-ville dans les villes canadiennes a augmenté de 11 %</a>, dépassant largement la croissance de 4,6 % enregistrée au cours des cinq années précédentes.</p>
<p>Parmi les exemples de réussite, on peut citer Halifax, qui a connu une augmentation de 25 %, soit la <a href="https://www150.statcan.gc.ca/n1/daily-quotidien/220209/g-b001-eng.htm">croissance la plus rapide du centre-ville au Canada</a>. Kelowna n’est pas loin derrière, avec une augmentation de 23 % de la population résidentielle de son centre-ville.</p>
<p>D’autres villes de taille moyenne, notamment Kingston, Victoria, London, Abbotsford, Kamloops et Moncton, ont également connu une croissance supérieure à la moyenne au cours de cette période. Dans les <a href="https://www150.statcan.gc.ca/n1/daily-quotidien/220209/g-b001-eng.htm">villes de taille moyenne du Québec</a>, le succès de l’augmentation de la population du centre-ville a été mitigé. Par exemple, Gatineau a connu une croissance importante, la cinquième plus forte du pays avec 17 %. Trois-Rivières, Sherbrooke et Drummondville ont également connu une croissance, bien que plus lente que la moyenne nationale. À l’inverse, Québec et Saguenay ont vu leur population du centre-ville diminuer.</p>
<h2>L’évolution des centres-villes</h2>
<p>La croissance des centres-villes peut être attribuée à plusieurs facteurs. L’un des plus importants est la qualité de vie dans ces quartiers, autrement dit la présence d’équipements et de services qui répondent aux besoins des habitants. De nombreux centres-villes ont évolué pour <a href="https://theconversation.com/traditional-downtowns-are-dead-or-dying-in-many-us-cities-whats-next-for-these-zones-213963">répondre principalement aux besoins des employés de bureau pendant la journée</a>, au détriment des résidents qui vivent – ou aimeraient vivre – dans le centre-ville.</p>
<p>La ville Kelowna, en Colombie-Britannique, offre cependant une expérience alternative façonnée par des efforts délibérés pour rendre le centre-ville accueillant pour les résidents. Son tissu urbain se caractérise par une mixité fonctionnelle remarquable : établissements de restauration, cafés, cliniques médicales, installations sportives et même une épicerie proposant l'ensemble des denrées nécessaires au quotidien se côtoient. Cette offre alimentaire complète constitue une exception dans le paysage des villes moyennes, dont de <a href="https://www.princegeorgecitizen.com/local-news/why-food-access-is-about-more-than-location-3743140">nombreux centres-villes sont devenus des déserts alimentaires</a>.</p>
<p>Les <a href="https://www.tourismkelowna.com/experiences/arts-entertainment/cultural-district/">équipements culturels et civiques</a>, notamment la bibliothèque centrale, la mairie, les musées, les galeries et les lieux de divertissement, dont une arène de 7 000 places, se trouvent dans le centre-ville. Le centre-ville borde également le lac Okanagan, offrant ainsi un accès à des équipements récréatifs et naturels. Au-delà de la commodité, la diversité des équipements et des services à Kelowna contribue à rendre le centre-ville dynamique, ce qui est essentiel pour renforcer l’attrait de la vie en centre-ville.</p>
<figure class="align-center zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/692207/original/file-20250922-56-aubvd1.jpg?ixlib=rb-4.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="une rue du centre-ville au crépuscule" src="https://images.theconversation.com/files/692207/original/file-20250922-56-aubvd1.jpg?ixlib=rb-4.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/692207/original/file-20250922-56-aubvd1.jpg?ixlib=rb-4.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/692207/original/file-20250922-56-aubvd1.jpg?ixlib=rb-4.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/692207/original/file-20250922-56-aubvd1.jpg?ixlib=rb-4.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/692207/original/file-20250922-56-aubvd1.jpg?ixlib=rb-4.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/692207/original/file-20250922-56-aubvd1.jpg?ixlib=rb-4.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/692207/original/file-20250922-56-aubvd1.jpg?ixlib=rb-4.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
<figcaption>
<span class="caption">Bernard Avenue, dans le centre-ville de Kelowna, offre un mélange d’équipements et de services, notamment un accès facile aux rives du lac Okanagan. Ces caractéristiques améliorent la qualité de vie et renforcent l’attrait du centre-ville en tant que lieu de résidence.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://www.flickr.com/photos/7119320@N05/49300079342/in/photolist-22r6ST3-218ZU9z-JLDwRo-22r6RKG-293wiXW-FguVV4-Lsjzqj-2i7tMZY-YbDyHf-YbDyLw-XaX5qd-YbDySy-XaX59m-XaX52s-XaX5cY">(Nathan Pachal/Flickr)</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by/4.0/">CC BY</a></span>
</figcaption>
</figure>
<p>D'autres villes peuvent s'inspirer de Kelowna en repensant et en remodelant leur centre-ville pour en faire un quartier urbain dynamique. Drummondville pourrait notamment suivre cet exemple. La ville prévoit <a href="https://www.drummondville.ca/centre-ville-la-ville-devoile-une-vision-pour-la-densification-du-secteur-de-la-gare/">de densifier et de verdir son centre-ville</a>, et d'intégrer ce projet à un développement à usage mixte à proximité d'une gare ferroviaire régionale.</p>
<h2>Réformer et clarifier les réglementations</h2>
<p>Nos recherches montrent que si de nombreux promoteurs soutiennent en principe la densification, <a href="https://doi.org/10.1080/02697459.2024.2431768">ils privilégient souvent les aménagements suburbains à faible densité</a>, car ils offrent des rendements et des processus d’approbation plus prévisibles que les aménagements mixtes du centre-ville. De nombreux promoteurs ne disposent pas non plus de l’expertise nécessaire pour se lancer dans ces projets plus complexes et plus risqués.</p>
<p>Sans surprise, les promoteurs immobiliers des villes de taille moyenne veulent la même chose que ceux des grandes villes : des règles plus claires, des autorisations plus rapides et des incitations financières pour construire des aménagements <a href="https://doi.org/10.24908/cpp-apc.v2025i1.19135">plus denses dans les endroits préconisés par les urbanistes, comme les centres-villes</a>. Alors que les promoteurs plaident depuis longtemps en faveur de ces changements, les gouvernements réagissent désormais avec plus d’urgence.</p>
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<p>Le <a href="https://www.cmhc-schl.gc.ca/professionals/project-funding-and-mortgage-financing/funding-programs/all-funding-programs/housing-accelerator-fund">fonds d’accélération du logement</a>, introduit par le gouvernement fédéral en 2023, fournit aux municipalités des millions de dollars pour soutenir la construction de logements. En échange, les municipalités ont réformé les règlements de zonage, introduit des incitations fiscales et accéléré le processus d’approbation.</p>
<p>En Colombie-Britannique, une <a href="https://www2.gov.bc.ca/gov/content/housing-tenancy/local-governments-and-housing/housing-initiatives">loi provinciale</a> a été adoptée afin d’autoriser jusqu’à quatre logements sur des parcelles qui n’accueillaient auparavant que des maisons individuelles ou jumelées, et jusqu’à six logements sur des terrains plus grands situés dans des zones résidentielles proches des transports en commun. L’obligation d’organiser des audiences publiques pour chaque site a également été supprimée.</p>
<p>Dans les grandes villes de la Colombie-Britannique, une loi a été adoptée afin de supprimer les minimums de stationnement et d’autoriser la construction d’immeubles plus hauts et une densité de logements plus élevée autour des pôles de transport en commun.</p>
<p>Les réformes réglementaires et l’amélioration des processus d’approbation visent à rationaliser le développement. Bien qu’il s’agisse de changements importants pour rendre les villes de taille moyenne plus denses et plus compactes, l’écart entre les idéaux d’urbanisme et les réalités du marché reste important.</p>
<p>Un facteur majeur concerne l’opposition des résidents et des conseillers municipaux, qui s’opposent souvent au développement dense en raison de leurs perceptions et de leurs préoccupations concernant l’augmentation du bruit et du trafic et la baisse de la valeur des propriétés. Cela suggère qu’il y a du travail à faire au-delà des investissements dans les centres-villes et des réformes réglementaires et d’approbation pour faciliter davantage l’intensification.</p>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/from-nimby-to-yimby-how-localized-real-estate-investment-trusts-can-help-address-canadas-housing-crisis-234263">From NIMBY to YIMBY: How localized real estate investment trusts can help address Canada’s housing crisis</a>
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<h2>Des villes en mutation</h2>
<p>Néanmoins, l’essor récent des activités de développement et la croissance démographique des centres-villes – à Halifax, Kelowna et ailleurs – reflètent des étapes importantes dans l’évolution des villes de taille moyenne.</p>
<p>Cela marque une rupture notable avec le discours traditionnel qui décrit ces villes comme des villes à faible densité avec des centres-villes délabrés.</p>
<p>Les développements récents donnent des raisons d’être prudemment optimiste quant à un avenir où les villes de taille moyenne du Canada deviendront plus denses et plus compactes, avec des centres-villes dynamiques et agréables à vivre.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/266116/count.gif" alt="La Conversation Canada" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Rylan Graham reçoit un financement du CRSH et de la British Columbia Real Estate Foundation.</span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Jeffrey Biggar reçoit des subventions du CRSH, du MITACS et de la province de Nouvelle-Écosse.</span></em></p>La revitalisation des centres-villes en les rendant plus denses et à usage mixte peut contribuer à freiner l’étalement urbain.Rylan Graham, Assistant Professor, University of Northern British ColumbiaJeffrey Biggar, Assistant Professor, Planning, Dalhousie UniversityLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/2616372025-10-15T17:30:46Z2025-10-15T17:30:46ZUne main-d’œuvre expérimentée, mais peu sollicitée : quelles solutions pour garder les personnes aînées au travail ?<p>Plusieurs pays industrialisés connaissent actuellement une <a href="https://www.ilo.org/sites/default/files/2025-05/9789220411605_PDFA_Web_FRE.pdf">pénurie de main-d’œuvre</a> causée, notamment, par un vieillissement de la population. Ce n’est pas une surprise. <a href="https://www.erudit.org/en/journals/socsoc/1995-v27-n2-socsoc83/001173ar.pdf">C’était prévu depuis au moins 30 ans</a>.</p>
<p>Parmi les solutions possibles figure celle d’encourager les gens à rester en emploi plus longtemps, ou à retourner au travail après la retraite. <a href="https://dares.travail-emploi.gouv.fr/publications/archives-revue-travail-et-emploi/pdf/88_1555.pdf">Cet appel à mettre à contribution la « main-d’œuvre expérimentée » n’est pas nouveau non plus</a>, mais tarde à se concrétiser.</p>
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<p><em><strong><a href="https://theconversation.com/topics/vieillir-la-revolution-grise-179251">Cet article fait partie de notre série La Révolution grise</a>.</strong> La Conversation vous propose d’analyser sous toutes ses facettes l’impact du vieillissement de l’imposante cohorte des boomers sur notre société, qu’ils transforment depuis leur venue au monde. Manières de se loger, de travailler, de consommer la culture, de s’alimenter, de voyager, de se soigner, de vivre… découvrez avec nous les bouleversements en cours, et à venir.</em></p>
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<h2>Des préjugés tenaces</h2>
<p>Bien que le taux d’activité des personnes de 65 ans et plus ait augmenté considérablement depuis une vingtaine d’années au Canada (de <a href="https://www12.statcan.gc.ca/census-recensement/2021/as-sa/fogs-spg/alternative.cfm?topic=12&lang=F&dguid=2021A000011124&objectId=3">8,9 % en 2001 à 15,8 % en 2021</a>), il demeure trois fois moins élevé que la proportion se disant en très bonne ou en excellente santé (<a href="https://www150.statcan.gc.ca/n1/daily-quotidien/250305/cg-a001-fra.htm">49,9 % en 2021</a>). </p>
<p>Une large part du bassin de main-d’œuvre expérimentée reste donc encore sur la touche.</p>
<p>Pourtant, des programmes ont été mis en place (p. ex. : L’<a href="https://www.canada.ca/fr/emploi-developpement-social/ministere/rapports/evaluations/2016-initiative-ciblee-travailleurs-ages.html">initiative ciblée pour travailleurs âgés</a> et <a href="https://www.lacompetencenapasdage.com/">La compétence n’a pas d’âge</a>), des <a href="https://bnq.qc.ca/fr/normalisation/sante-au-travail/travailleurs-experimentes.html">guides</a>, des formations, des sites Web, etc. Mais force est de constater que ça ne suffit pas.</p>
<p>L’<a href="https://theconversation.com/seniors-comment-travailler-plus-longtemps-quand-personne-ne-vous-recrute-plus-198464">âgisme</a> est encore un des principaux freins à la participation au travail des personnes âgées, même si plusieurs préjugés à leur égard sont <a href="https://retravail.com/ressources-humaines/prejuges-personnel-experimente/">non fondés</a>. Ainsi, <a href="https://www.fraserinstitute.org/sites/default/files/barriers-to-labour-force-participation-of-older-workers-in-canada.pdf">il est faux de prétendre que la productivité diminue avec l’âge</a>. Bien que certaines habiletés physiques (force, dextérité, équilibre) et psychologiques (mémoire, concentration) puissent, dans certains cas, diminuer avec l’âge, d’autres habiletés compensent (diligence, expérience, capacité de transmission de connaissances).</p>
<p>Le mythe selon lequel les personnes plus âgées s’absentent davantage pour des raisons de santé a lui aussi été déboulonné. Une des rares études longitudinales sur le sujet a montré que le <a href="https://doi.org/10.1177/0300060517734744">nombre moyen de jours de congé de maladie <em>diminue</em> après 65 ans</a>.</p>
<p>Il est évident qu’il faut changer les attitudes et les comportements, mais peu d’entreprises et d’organisations incluent l’âge dans leurs politiques d’équité, diversité et inclusion (<a href="https://www.economie.gouv.qc.ca/objectifs/informer/vecteurs/vecteurs-economie-et-innovation-detail/quand-on-parle-de-politiques-de-diversite-pourquoi-lage-est-il-rarement-evoque">EDI</a>).</p>
<h2>Repousser l’âge de la retraite : une fausse bonne idée ?</h2>
<p>Certains suggèrent le <a href="https://theconversation.com/personne-ne-devient-soudainement-vieux-et-improductif-a-65-ans-il-faut-repenser-les-lois-sur-lage-de-la-retraite-183762">prolongement de carrière</a> comme moyen de maintenir active la main-d’œuvre expérimentée.</p>
<p>Toutefois, une <a href="https://doi.org/10.1177/1038411108091755">étude sur les « emplois-ponts »</a> (les emplois entre la carrière principale et la retraite) a montré que seulement 8 % des gens ont prolongé leur carrière dans le même emploi, que 29,5 % ont opté pour un emploi similaire à leur emploi de carrière, et que près des deux tiers (62,5 %) ont choisi un emploi différent. Ce besoin de changement indique qu’il faut des mesures pour permettre aux gens de travailler plus longtemps, mais pas nécessairement pour le même employeur ou dans le même domaine.</p>
<p>Le <a href="https://theconversation.com/la-population-active-canadienne-vieillit-et-il-faut-la-garder-au-travail-125461">repoussement de l’âge de la retraite</a> est aussi souvent évoqué, mais cette mesure uniforme fait l’objet de critiques vu ses effets négatifs pour certains groupes de la population. Par exemple, travailler plus longtemps a des <a href="https://theconversation.com/repousser-lage-de-la-retraite-peut-etre-nocif-47176">effets délétères pour les personnes moins diplômées</a>, dont plusieurs occupent des emplois physiquement exigeants à risque élevé de blessures ou de douleurs chroniques.</p>
<p>Les femmes, qui sont plus nombreuses que les hommes à agir comme <a href="https://csf.gouv.qc.ca/edition-numerique/proche-aidance/">proches-aidantes</a>, sont également pénalisées par un repoussement de l’âge de la retraite ou de la retraite anticipée. En effet, combiner plus longtemps leurs responsabilités professionnelles et leur engagement envers leurs proches <a href="https://observatoireretraite.ca/publications/articles/la-proche-aidance-et-les-politiques-publiques">augmente leurs charges financières, émotionnelles et physiques</a>.</p>
<p>C’est donc dire qu’il faut des mesures pour inciter les personnes qui le peuvent et qui le souhaitent à poursuivre leur vie active, sans toutefois que ça ne devienne une obligation.</p>
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<h2>Pourquoi travailler plus longtemps ?</h2>
<p>On peut distinguer <a href="https://doi.org/10.1093/geronb/gbac130">deux groupes parmi la main-d’œuvre expérimentée</a> : les personnes pour qui le travail est une occasion de socialiser, de transmettre leurs connaissances et de se sentir utiles (environ les deux tiers), et celles qui doivent travailler plus longtemps pour des <a href="https://theconversation.com/le-travail-la-nouvelle-retraite-118172">raisons économiques (environ le tiers)</a>.</p>
<p>Autrement dit, certaines personnes âgées vivent pour travailler tandis que d’autres travaillent pour vivre. Leurs besoins sont différents et nécessitent des approches différentes.</p>
<p>En raison de l’<a href="https://canadianwomen.org/fr/les-faits/lecart-salarial/">écart salarial persistant entre les hommes et les femmes</a>, ces dernières sont nombreuses à avoir accumulé un revenu moindre une fois rendues à l’âge de la retraite. Occuper un emploi-pont bien rémunéré qui met en valeur leurs compétences (par exemple comme travailleuses autonomes), leur permettrait de combler une partie du manque à gagner et serait un beau point d’orgue à leur carrière.</p>
<p>Certaines personnes hésitent à travailler au-delà de la retraite, craignant des pénalités fiscales, ou que leurs prestations gouvernementales diminuent. D’abord, il convient de dire que ces <a href="https://cffp.recherche.usherbrooke.ca/evenements/midi-conference-a-la-retraite-et-au-travail-un-regard-eclaire-sur-cette-question/">craintes sont en partie exagérées</a>, puisqu’une personne retraitée peut conserver entre 61 % et 89 % d’un revenu d’emploi d’appoint après prise en compte des charges fiscales.</p>
<p>Néanmoins, des améliorations pourraient tout de même être apportées aux politiques fiscales pour encourager la prolongation de la vie active. Par exemple, au Québec, le montant du crédit d’impôt pour prolongation de carrière pourrait être augmenté, et ce crédit pourrait être remboursable afin que les personnes à faible revenu y aient accès.</p>
<h2>Quelles solutions pour favoriser la participation de la main-d’œuvre expérimentée ?</h2>
<p>De nombreuses personnes aînées souhaitent continuer de travailler, mais pas nécessairement en prolongeant leur carrière principale. Elles sont parfois rebutées par certains aspects administratifs (p. ex. nécessité de mise à niveau, préparation d’un <em>curriculum vitae</em>, processus d’application, négociation des conditions de travail, etc.). À cet effet, les <a href="https://axtra.ca/">centres-conseils en emploi</a> offrent des formations et du soutien pour outiller la main-d’œuvre expérimentée.</p>
<p>Au sein des entreprises et organisations, les mesures de <a href="https://theconversation.com/le-travail-la-nouvelle-retraite-118172">conciliation emploi-retraite</a> sont particulièrement importantes puisque plusieurs personnes aînées – particulièrement des femmes – font de la proche aidance ou s’occupent de leurs petits-enfants. D’autres font du bénévolat, ou ont des loisirs qui occupent une partie de leur temps. Certaines pratiques de gestion des ressources humaines sont ainsi plus favorables à la main-d’œuvre expérimentée (p. ex. <a href="https://theconversation.com/quelles-solutions-pour-prolonger-la-vie-professionnelle-des-travailleurs-plus-ages-183177">horaires flexibles, temps partiel, travail à distance, rémunération concurrentielle</a>).</p>
<p>L’emploi de main-d’œuvre expérimentée peut s’avérer plus complexe pour les employeurs, notamment en ce qui concerne le recrutement, la gestion des horaires et les besoins de formation. Des agences de placement de personnel ou des coopératives de travailleuses et travailleurs peuvent faciliter certains aspects logistiques.</p>
<p>Chose certaine, la participation de la main-d’œuvre expérimentée a des bénéfices, non seulement pour les travailleurs et travailleuses et leurs employeurs, mais aussi pour la société : réduction de la pénurie de main-d’œuvre, valorisation des expertises, réduction de la dépendance aux régimes publics, augmentation de la qualité de vie. Plusieurs mesures existent déjà et d’autres pourraient aisément être mises en place pour permettre aux personnes aînées de continuer de s’accomplir professionnellement et de contribuer activement au mieux-être collectif.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/261637/count.gif" alt="La Conversation Canada" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Les auteurs ne travaillent pas, ne conseillent pas, ne possèdent pas de parts, ne reçoivent pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'ont déclaré aucune autre affiliation que leur organisme de recherche.</span></em></p>De plus en plus de personnes âgées souhaitent ou doivent rester actives. Pourtant, préjugés et obstacles freinent encore leur participation au marché du travail.Hugo Asselin, Professeur titulaire, Université du Québec en Abitibi-Témiscamingue (UQAT)Pascale Charlebois, Agente de recherche, Chaire Desjardins en développement des petites collectivités, Université du Québec en Abitibi-Témiscamingue (UQAT)Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/2635062025-10-14T14:43:19Z2025-10-14T14:43:19ZFaire payer aux municipalités une partie des coûts d’indemnisation liés aux inondations, une fausse bonne idée<p>Votre sous-sol a-t-il déjà été inondé ? Pour des milliers de Québécois, cette question n’est pas théorique. Face à des inondations de plus en plus fréquentes, une solution semble logique : pour forcer les municipalités à mieux protéger leur territoire, il suffirait de leur faire payer une partie de la facture. Après tout, si elles subissent les conséquences financières de leurs décisions d’aménagement, elles seront plus prudentes.</p>
<p>Cette affirmation est en grande partie supportée par la littérature sur le sujet de l’aléa moral. En termes simples, c’est l’idée que si quelqu’un d’autre paie toujours la facture, on est moins motivé à prévenir le problème. Mais est-ce si simple ?</p>
<p>Candidat au doctorat en sciences de l’environnement à l’Université du Québec à Montréal, mes travaux portent sur la contribution des municipalités du Québec dans le partage du risque d’inondations. J’ai notamment piloté la création du Fonds d’assurance des municipalités du Québec, un assureur spécialisé dans la gestion et le transfert des risques municipaux.</p>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/la-nouvelle-cartographie-des-zones-inondables-pourrait-affecter-la-valeur-des-proprietes-voici-pourquoi-247428">La nouvelle cartographie des zones inondables pourrait affecter la valeur des propriétés. Voici pourquoi</a>
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<h2>Le contrôle des municipalités sur le risque</h2>
<p><a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S0959378018306022">Plusieurs études</a> suggèrent que les <a href="https://doi.org/10.1111/risa.13692">programmes d’aide post-catastrophe</a>, en <a href="https://doi.org/10.1080/07011784.2015.1040458">indemnisant systématiquement</a>, <a href="https://www.senat.fr/rap/r23-603/r23-603.html">créent ce genre de désincitatif</a> à la prévention.</p>
<p>Nos <a href="https://doi.org/10.1080/07011784.2017.1364144">programmes d’indemnisations</a> sont présentés comme un <a href="http://www.jstor.org/stable/j.ctv16t6ggg.19">facteur clé</a> expliquant pourquoi les municipalités ont très <a href="https://doi.org/10.1080/07011784.2015.1055804">peu d’incitatifs financiers</a> à prioriser les <a href="https://doi.org/10.1007/s11069-021-04826-2">mesures de réduction du risque</a>.</p>
<p>Afin de vérifier la pertinence et l’acceptabilité d’une contribution financière municipale, j’ai réalisé des entrevues semi-structurées auprès de 35 maires, gestionnaires et experts municipaux. Cette démarche, menée dans le cadre de mes travaux de doctorat sur le partage du risque d’inondations, visait à confronter cette idée à la réalité et aux contraintes vécues sur le terrain.</p>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/inondations-faut-il-en-finir-avec-les-sous-sols-236990">Inondations : faut-il en finir avec les sous-sols ?</a>
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<p>La réaction des participants fut quasi unanime : c’est une « fausse bonne idée ». Loin de les motiver, leur faire payer une partie de la facture est vue comme une sanction injuste et inefficace. Pourquoi un tel fossé entre la théorie et le terrain ? Parce que, comme l’a résumé un participant, la proposition ignore une réalité fondamentale : les municipalités ont le sentiment d’avoir « peu de contrôle sur le risque » dans le modèle de gouvernance actuel.</p>
<h2>« On nous transfère le coût, mais pas le contrôle »</h2>
<p>Le scepticisme des acteurs municipaux ne vient pas d’un refus de leurs responsabilités, mais d’un profond sentiment d’impuissance. Proposer une pénalité financière, disent-ils, c’est ignorer les trois lourdes contraintes qui paralysent leur action.</p>
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<li><p>Un pouvoir d’action limité par la gouvernance : Les élus se sentent pris dans un étau. Leur autonomie en matière d’aménagement est limitée par le cadre provincial. Un participant s’est demandé à voix haute : « Je ne suis pas sûr que la contribution convaincrait vraiment nos élus d’avoir le courage politique nécessaire pour adopter les réglementations requises ». La situation ressemble à une demande paradoxale : on leur transfère le coût, mais pas les pleins pouvoirs pour agir.</p></li>
<li><p>Le poids écrasant du « risque hérité » : Les décisions d’aujourd’hui sont hantées par celles d’hier. Imaginez être maire d’une ville où, depuis 50 ans, des quartiers entiers se sont construits en plaine inondable, souvent avec l’aval des gouvernements de l’époque. Vous demander aujourd’hui de payer pour les dommages, alors que déplacer des centaines de familles est socialement et financièrement impensable, illustre parfaitement ce « risque hérité ». C’est une dette du passé qui hypothèque lourdement le présent.</p></li>
<li><p>Des enjeux d’équité et de faisabilité : Qui paierait vraiment la facture ? Les participants craignent que ces coûts soient simplement refilés aux citoyens par des hausses de taxes, ou qu’ils pénalisent injustement les populations les plus vulnérables vivant dans des secteurs historiquement défavorisés. Pour les petites municipalités, la mesure pourrait même être économiquement insoutenable.</p></li>
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<h2>Cinq chantiers pour une vraie résilience</h2>
<p>Rejeter l’idée d’une sanction financière ne signifie pas prôner l’inaction. Au contraire, les participants ont identifié cinq chantiers prioritaires, dessinant une feuille de route claire pour bâtir une résilience fondée sur la collaboration et l’autonomisation.</p>
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<li><p>Engager les citoyens et communiquer le risque : Accroître la responsabilité citoyenne par des plates-formes web interactives, des ateliers publics de sensibilisation et la création de comités citoyens pour participer aux décisions.</p></li>
<li><p>Renforcer la réglementation (pour de vrai) : Réduire la vulnérabilité en mettant à jour les codes du bâtiment pour imposer des normes de construction plus strictes en zone inondable et en rendant obligatoire l’intégration d’évaluations complètes des risques dans tous les plans d’urbanisme.</p></li>
<li><p>Collaborer et mutualiser les ressources : Optimiser les efforts en encourageant financièrement les projets menés à l’échelle des bassins versants et en fournissant aux municipalités les données, les outils et le soutien technique dont elles ont besoin.</p></li>
<li><p>Soutenir les plus exposés, sans exception : Réduire les inégalités par une aide financière et technique ciblée pour les municipalités à faible capacité fiscale et pour les ménages à faibles revenus qui doivent adapter leur résidence.</p></li>
<li><p>Prioriser la prévention et l’atténuation : Changer de paradigme en offrant des subventions pour les travaux de résilience chez les particuliers (surélévation, clapets, etc.) et en investissant dans les infrastructures naturelles comme la restauration des zones humides.</p></li>
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<h2>Un nouveau pacte pour ne plus revivre les mêmes drames</h2>
<p>Ainsi la proposition d’une contribution financière municipale, bien que séduisante en théorie, est une solution qui passe à côté de l’enjeu principal, soit le manque de pouvoir réel des municipalités pour agir efficacement sur le risque.</p>
<p>Toutefois, donner aux municipalités les moyens d’agir ne signifie pas les déresponsabiliser. Au contraire, cela doit marquer la fin du transfert systématique du risque vers la collectivité. La responsabilité des municipalités dans leurs décisions d’aménagement, tout comme celle des citoyens qui choisissent de s’établir en zone à risque, doit être pleinement assumée et ne peut plus être une simple variable d’ajustement.</p>
<p>Concrètement, pour le citoyen, cela signifie que ses impôts serviront non plus à éponger des sinistres évitables, mais à financer une prévention intelligente. C’est l’assurance que sa municipalité prend des décisions durables pour protéger sa maison et sa communauté.</p>
<p>Le chemin vers des communautés plus résilientes passe donc par un nouveau pacte de confiance et de responsabilité : outiller, soutenir et donner le pouvoir aux municipalités d’agir, en échange d’une imputabilité claire et directe pour leurs décisions. La construction de cette résilience est l’affaire de tous, et cette alliance exigeante est le seul chantier qui vaille pour que le Québec ne soit plus condamné à revivre les mêmes drames.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/263506/count.gif" alt="La Conversation Canada" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Bernard Deschamps a reçu des financements du RIISQ.</span></em></p>Faire payer les villes pour les inondations semble logique, mais sans réel pouvoir d’agir, les municipalités dénoncent une « fausse bonne idée ».Bernard Deschamps, PhD Student in Environmental Sciences, Université du Québec à Montréal (UQAM)Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/2592182025-10-14T14:40:50Z2025-10-14T14:40:50ZPour les jeunes issus de milieux défavorisés, le soutien social a ses limites<p>Passer du temps avec ses proches devrait rendre heureux. Mais pour beaucoup de jeunes adultes issus de milieux défavorisés, les relations familiales, amicales ou amoureuses peuvent être à double tranchant : autant de soutien que de stress, et parfois plus de pression que de réconfort.</p>
<p>Des décennies de recherches sur le bonheur montrent une chose claire : le <a href="https://www.ted.com/talks/robert_waldinger_what_makes_a_good_life_lessons_from_the_longest_study_on_happiness?language=en">secret d’une vie longue et heureuse</a> tient à la qualité de nos liens sociaux. Passer du temps de qualité avec des proches apporte joie et légèreté. Face aux aléas de la vie, ces relations constituent une source de soutien, de force et de réconfort. </p>
<p>Pourtant, certaines relations peuvent peser et devenir une obligation, voire une source de stress et de frustration. Le soutien social, qu’il soit psychologique (empathie) ou concret (aide financière), peut améliorer notre santé et notre bien-être. À l’inverse, le stress social, soit la charge psychologique ressentie quand on se sent dépassé par les demandes d’un proche, peut peser sur le bien-être, car nous sommes particulièrement <a href="https://doi.org/10.1037/1089-2680.5.4.323">sensibles aux expériences négatives</a>.</p>
<p>Le stress social est particulièrement présent chez les jeunes adultes : un parent critique, un ami envahissant ou un partenaire jaloux peut provoquer des tensions quasi quotidiennes. Ces jeunes doivent progressivement apprendre à devenir eux-mêmes sources de soutien, tout en naviguant des transitions multiples dans leurs études, leur travail et leur vie personnelle.</p>
<p>En tant que chercheuse postdoctorale, mes travaux portent sur cette transition et sur la manière dont les contextes sociaux et éducatifs peuvent faciliter ou entraver ce passage.</p>
<h2>Une étude sur quatre ans</h2>
<p>Pour mieux comprendre le rôle des relations sociales pendant cette transition vers l’âge adulte, nous avons mené une <a href="https://link.springer.com/article/10.1007/s10964-025-02180-1">étude</a> auprès de 384 jeunes adultes principalement issus de milieux défavorisés, recrutés alors qu’ils étaient encore au secondaire. Nous avons suivi leurs relations familiales, amicales et amoureuses sur quatre ans pour examiner comment ces liens influencent leur bien-être et leurs symptômes dépressifs.</p>
<p>Au début de la vingtaine, les participants ont été interrogés sur le soutien ou le stress que leurs relations leur apportaient, puis, quatre ans plus tard, ils ont également rapporté leur niveau d’épanouissement.</p>
<p>Notre étude a mis en évidence quatre constats principaux. Premièrement, chez ces jeunes issus de milieux défavorisés, les relations sociales stressantes sont répandues, bien davantage que chez les adultes en générale. Plus de la moitié des participants de notre étude vivaient des relations familiales éprouvantes : un groupe disposait d’un soutien très limité, tandis qu’un autre vivait des relations à double tranchant – à la fois soutenantes et stressantes – avec leur famille et leur partenaire.</p>
<p>Deuxièmement, la qualité des relations familiales avait tendance à se reproduire dans les relations amoureuses, illustrant un effet cascade : ceux qui bénéficient de relations de haute qualité en développent davantage, tandis que les plus jeunes plus éprouvés sur le plan relationnel tendent à le rester.</p>
<p>Troisièmement, bénéficier de davantage de sources de soutien social se traduit par un meilleur bien-être chez les jeunes dont les relations n’étaient pas empreintes de stress, confirmant un modèle additif (« plus de soutien = mieux-être »). Plus précisément, les jeunes entrant dans la vingtaine tout en étant dans une relation amoureuse soutenante présentaient moins de symptômes dépressifs et un plus grand épanouissement. </p>
<p>À l’inverse, pour le stress social, un modèle de seuil s’applique : lorsqu’un certain niveau de stress est atteint, un apport supplémentaire de soutien – ou de stress – exerce une influence minime sur le bien-être.</p>
<p>Quatrièmement, contrairement au modèle « tampon » qui aurait pu être anticipé, la présence d’un soutien de la part du partenaire romantique ne suffit pas à compenser les effets du stress relationnel d’autres sources. De plus, le soutien social ne semble pas constituer une protection efficace contre les épreuves de la vie telles que les problèmes financiers. En effet, lorsque ces défis surgissent, les avantages découlant de liens positifs ont tendance à s’estomper.</p>
<h2>Accompagner les jeunes et agir contre la précarité</h2>
<p>Ces résultats montrent que le stress social est très répandu chez les jeunes adultes, surtout lorsque leur milieu d’origine est moins favorisé. Ces jeunes font souvent face à des obstacles disproportionnés pour accéder à une source importante de bien-être : les relations de qualité. Même quand ces jeunes ont de « bonnes » relations, pour en profiter pleinement, il faut aussi pouvoir réduire l’impact des « mauvaises ».</p>
<p>Un accompagnement efficace repose sur deux volets : renforcer les réseaux de soutien tout en allégeant le poids des facteurs qui peuvent mettre à l’épreuve les relations, comme le stresse économique. Pour les jeunes vivant des relations difficiles à la maison, les acteurs communautaires en dehors du foyer familial (écoles, services publics) ont un rôle crucial à jouer. Ils peuvent leur offrir des expériences sociales enrichissantes et des occasions de développer de solides compétences interpersonnelles, qui constituent des ressources internes dont les jeunes ont besoin pour établir des relations saines à l’âge adulte.</p>
<p>Par exemple, certaines écoles, universités et <a href="https://entraidejeunesse.qc.ca/#nos_services">organismes communautaires</a>, comme Entraide jeunesse Québec ou l’UQAM avec son <a href="https://etincelles.uqam.ca/le-projet/">projet Étincelles</a>, proposent des programmes qui visent à prévenir la violence dans les relations amoureuses et à favoriser des relations saines. </p>
<p>Grâce à des ateliers, des formations pour le personnel scolaire, des vidéos destinées aux adultes et à la participation de jeunes ambassadeurs, ces initiatives permettent aux adolescents de développer des compétences socioémotionnelles essentielles : communication, gestion des conflits et des ruptures amoureuses. Déployés à large échelle, ces programmes peuvent aider à construire un bassin des jeunes mieux équipés pour construire des relations saines pour eux-mêmes, et pour les autres. Multiplier ce genre d’initiatives est essentiel.</p>
<h2>Les difficultés financières, source de stress</h2>
<p>Au-delà des relations sociales, un autre enjeu mérite une attention particulière lors de la transition vers l’âge adulte : les difficultés économiques. Notre étude montre qu’elles nuisent au bien-être des jeunes, y compris chez ceux qui bénéficient globalement du soutien de leurs proches. </p>
<p>Dans un contexte du <a href="https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/2166529/marche-emplois-jeunes-adultes-difficile">marché du travail instable</a> et de coût de la vie en hausse vertigineuse, les <a href="https://www.affairesuniversitaires.ca/articles-de-fond-fr/logement-etudiant-une-crise-qui-fragilise-tout/">crises de logement</a> et les difficultés financières constituent une source majeure de stress pour les jeunes et peuvent, si elles ne sont pas bien gérées, les plonger dans la précarité. Ce risque est d’autant plus immédiat pour les jeunes qui entrent dans l’âge adulte sans filet familial ni atouts éducatifs facilitant cette transition.</p>
<p>Pour mieux accompagner les jeunes dans cette étape exigeante, il est temps que les familles, écoles, employeurs et services publics unissent leurs efforts afin d’améliorer les conditions de vie de tous les jeunes.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/259218/count.gif" alt="La Conversation Canada" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Jiseul Sophia Ahn a reçu des financements de Institut universitaire Jeunes en difficulté et de Fonds de recherche du Québec - Société et culture (FRQSC).</span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Elizabeth Olivier a reçu des financements du Fonds de recherche du Québec - Santé et du Fonds de recherche du Québec - Société et culture. </span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Marina Borisova a reçu des financements du Fonds de recherche du Québec - Société et culture (FRQSC).</span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Véronique Dupéré a reçu des financements du Fonds de recherche du Québec - Société et culture, du Fonds de recherche du Québec - Santé, du Conseil de recherche en sciences humaines du Canada, des Instituts de recherche en santé du Canada, du programme des Chaires de recherche du Canada, du programme des Chaires McConnell-Université de Montréal, de Mitacs, du Centre de recherche en santé publique, de l'Institut universtaire Jeunes en dfificultés, et du Centre de recherche interdisciplinaire sur la justice intersectionnelle, la décolonisation et l'équité.</span></em></p>Chez les jeunes adultes défavorisés, le soutien social favorise le bien-être… mais peine à compenser le stress de relations difficiles.Jiseul Sophia Ahn, Postdoctoral fellow in youth vocational development, Université de MontréalElizabeth Olivier, Professeure, Université de MontréalMarina Borisova, Étudiante au doctorat, Département de psychologie, Université du Québec à Montréal (UQAM)Véronique Dupéré, Université de MontréalLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/2661342025-10-09T17:46:12Z2025-10-09T17:46:12ZUn robot m’a pris mon stage : l’impact de l’IA sur l’entrée des jeunes dans le monde du travail<p>Pendant longtemps, l’expression « le robot m’a pris mon emploi » évoquait des machines dans les usines. Aujourd’hui, la génération Z fait face à un nouveau défi : l’IA s’invite dans les stages et les postes d’entrée.</p>
<p>Les stages et les emplois débutants ont toujours constitué un tremplin prévisible vers le monde du travail, en offrant aux nouveaux employés l’expérience et les compétences nécessaires à leur développement professionnel à long terme.</p>
<p>Mais à mesure que l’intelligence artificielle (IA) se répand dans tous les coins du monde du travail moderne, ces postes sont <a href="https://www.weforum.org/stories/2025/04/ai-jobs-international-workers-day">susceptibles d’être remplacés par l’automatisation</a>.</p>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/601577/original/file-20240618-19-hzqebw.png?ixlib=rb-4.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/601577/original/file-20240618-19-hzqebw.png?ixlib=rb-4.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=600&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/601577/original/file-20240618-19-hzqebw.png?ixlib=rb-4.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=600&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/601577/original/file-20240618-19-hzqebw.png?ixlib=rb-4.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=600&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/601577/original/file-20240618-19-hzqebw.png?ixlib=rb-4.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=754&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/601577/original/file-20240618-19-hzqebw.png?ixlib=rb-4.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=754&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/601577/original/file-20240618-19-hzqebw.png?ixlib=rb-4.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=754&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">25-35 ans : vos enjeux, est une série produite par La Conversation/The Conversation.</span>
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<p><em><strong>Chacun vit sa vingtaine et sa trentaine à sa façon.</strong> Certains économisent pour contracter un prêt hypothécaire quand d’autres se démènent pour payer leur loyer. Certains passent tout leur temps sur les applications de rencontres quand d’autres essaient de comprendre comment élever un enfant. <a href="https://theconversation.com/topics/serie-sur-les-25-35-ans-166619">Notre série sur les 25-35 ans</a> aborde vos défis et enjeux de tous les jours.</em></p>
<p>Les <a href="https://www.indeed.com/career-advice/finding-a-job/what-is-an-entry-level-job">postes d’entrée</a> impliquent généralement des tâches peu complexes et fréquentes, telles que la saisie de données, la planification ou la rédaction de rapports, tâches que l’IA générative peut accomplir à un coût nettement inférieur et plus rapidement qu’un être humain. Cela signifie presque certainement une diminution du nombre d’échelons traditionnels au bas de l’échelle professionnelle.</p>
<p>Nous en constatons déjà les effets : les emplois de premier échelon se font plus rares, les candidats étant confrontés à une augmentation de 14 % du nombre de candidatures par poste, <a href="https://www.microsoft.com/en-us/worklab/work-trend-index/ai-at-work-is-here-now-comes-the-hard-part">selon LinkedIn</a>.</p>
<h2>L’IA transforme le monde du travail</h2>
<p>L’intégration de l’IA dans tous les secteurs est en train de <a href="https://reports.weforum.org/docs/WEF_Future_of_Jobs_Report_2025.pdf">remodeler fondamentalement le marché du travail</a>.</p>
<p>Près de la <a href="https://www.mckinsey.com/mgi/our-research/generative-ai-and-the-future-of-work-in-america">moitié des professionnels craignent que l’IA ne remplace leur emploi</a>. Et ils ont de bonnes raisons de s’inquiéter : d’ici 2030, on estime que près de 30 % des tâches pourraient être automatisées par l’IA générative.</p>
<p>Par ailleurs, près des deux tiers des cadres <a href="https://gpcmsdev.wpengine.com/wp-content/uploads/2025/04/2025-AI-at-Work-Report_Final.pdf">se disent prêts à utiliser des outils d’IA</a> pour augmenter la productivité, au risque de réduire les effectifs. À l’inverse, seul un cadre sur trois est prêt à conserver son personnel au détriment d’une productivité attendue plus élevée.</p>
<p>On prévoit également que la diminution des postes traditionnels de niveau débutant ou junior dans des secteurs tels que la restauration, le service à la clientèle, la vente et le soutien administratif pourrait représenter <a href="https://www.mckinsey.com/mgi/our-research/generative-ai-and-the-future-of-work-in-america">près de 84 % des changements professionnels</a> attendus d’ici 2030.</p>
<h2>Pénurie de talents et de postes d’entrée à l’avenir</h2>
<p>Les données sur l’IA et l’avenir du travail soulignent également un autre problème potentiel : la pénurie de talents pour certaines compétences. Un rapport publié en 2024 par <a href="https://news.microsoft.com/source/2024/05/08/microsoft-and-linkedin-release-the-2024-work-trend-index-on-the-state-of-ai-at-work/">Microsoft et LinkedIn</a> révèle que les dirigeants s’inquiètent de la pénurie dans des domaines tels que la cybersécurité, l’ingénierie et la conception créative.</p>
<p>Bien que ces données puissent sembler contradictoires, elles indiquent qu’outre la diminution du nombre de postes de débutants disponibles, des changements dans les rôles et les compétences sont également à prévoir.</p>
<p>En conséquence, la concurrence pour les postes de débutants devrait s’intensifier, et les candidats capables d’utiliser des outils d’IA pour améliorer leur productivité et leur efficacité seront davantage valorisés.</p>
<p>Au lieu de simplement supprimer des postes, de nombreux emplois se transforment pour exiger de nouvelles compétences. Il existe également une demande croissante de talents spécialisés dans les domaines où l’IA ne peut pas encore augmenter pleinement les capacités humaines.</p>
<h2>La maîtrise de l’IA est la nouvelle condition d’entrée</h2>
<p>À mesure que l’IA se généralise dans le monde du travail, les postes « débutants » ne consistent plus seulement à accomplir des tâches de base, mais aussi à savoir travailler efficacement avec les nouvelles technologies, y compris l’IA.</p>
<p>Les employeurs commencent à accorder une grande importance à la maîtrise de l’IA. Deux tiers des cadres affirment <a href="https://www.forbes.com/sites/rachelwells/2024/11/05/71-of-employers-prefer-ai-skills-above-experience-in-2024/">qu’ils n’embaucheraient pas une personne sans compétences en IA</a> et 71 % déclarent qu’ils préféreraient un candidat moins expérimenté, mais possédant des compétences en IA à un candidat plus expérimenté, mais qui n’en possède pas.</p>
<p>Avec moins de postes de débutants disponibles, les jeunes travailleurs devront trouver comment se démarquer sur un marché du travail concurrentiel. Mais malgré ces défis, la génération Z est peut-être la mieux placée pour s’adapter à ces changements.</p>
<p>En tant que natifs du numérique, de nombreux membres de la génération Z intègrent déjà des outils d’IA dans leur travail. Un rapport de LinkedIn et Microsoft a révélé que 85 % d’entre eux <a href="https://news.microsoft.com/source/2024/05/08/microsoft-and-linkedin-release-the-2024-work-trend-index-on-the-state-of-ai-at-work/">utilisent des outils d’IA tels que ChatGPT ou Copilot sur leur lieu de travail</a>, ce qui indique qu’ils sont à la fois à l’aise et désireux d’utiliser cette technologie.</p>
<p>Cette tendance reflète des tendances plus générales au sein de la population active. Un rapport a révélé que 76 % des professionnels <a href="https://www.visier.com/blog/workforce-ai-trends/">estiment avoir besoin de compétences liées à l’IA pour rester compétitifs</a>. Ce même rapport de Microsoft et LinkedIn a révélé une augmentation de 160 % des cours de formation à l’IA.</p>
<p>Cette importance croissante accordée aux compétences en IA s’inscrit dans une tendance plus large vers le <a href="https://www.weforum.org/stories/2023/04/growth-summit-2023-by-2030-1-billion-people-will-be-equipped-with-the-skills-of-the-future/">« renforcement des compétences »</a>, c’est-à-dire le processus qui consiste à améliorer ses compétences pour s’adapter à l’évolution du marché du travail. Aujourd’hui, l’amélioration des compétences consiste à apprendre à utiliser l’IA pour améliorer, accélérer et renforcer ses performances sur le lieu de travail.</p>
<h2>Un nouveau type d’emploi de premier échelon</h2>
<p>Étant donné que la maîtrise de l’IA devient une compétence professionnelle essentielle, il est important de pouvoir <a href="https://www.huntclub.com/blog/how-to-position-yourself-as-a-candidate-in-the-world-of-ai">se présenter comme un candidat possédant des compétences en IA</a> pour se démarquer sur un marché de l’emploi de premier échelon très concurrentiel. Cela implique de savoir utiliser les outils d’IA, d’évaluer leurs résultats de manière critique et de les appliquer dans un contexte professionnel. Cela signifie également apprendre à présenter ses compétences en IA sur un CV et lors d’entretiens.</p>
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<p><em>Déjà des milliers d’abonnés à l’infolettre de <a href="https://theconversation.com/ca-fr">La Conversation</a>. Et vous ? Abonnez-vous aujourd’hui à notre <a href="https://theconversation.com/ca-fr/newsletters/linfolettre-de-la-conversation-canada-20">infolettre</a> pour mieux comprendre les grands enjeux contemporains.</em></p>
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<p>Les employeurs ont également un rôle à jouer dans tout cela. S’ils veulent attirer et retenir des employés, ils doivent <a href="https://www.weforum.org/publications/the-future-of-jobs-report-2025/digest/">repenser les postes d’entrée</a>. Au lieu de les supprimer, ils devraient se recentrer sur des activités à plus forte valeur ajoutée qui nécessitent un esprit critique ou de la créativité. Ce sont là les domaines dans lesquels les humains surpassent les machines et où l’IA peut servir de soutien plutôt que de remplacement.</p>
<p>Mais pour que cela fonctionne, les employeurs doivent réévaluer leurs pratiques d’embauche afin de <a href="https://www.imd.org/blog/learning-and-development/future-of-work/">privilégier la maîtrise de l’IA et le savoir-faire transférable</a> plutôt que des exigences d’expérience dépassées.</p>
<p>L’avenir du travail ne réside pas dans le remplacement des humains par les robots, mais dans l’apprentissage de la technologie pour renforcer les compétences et ouvrir de nouvelles voies vers l’emploi.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/266134/count.gif" alt="La Conversation Canada" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Melise Panetta ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>L’avenir du travail : utiliser la technologie pour renforcer ses compétences et ouvrir de nouvelles voies professionnelles, pas remplacer les humains.Melise Panetta, Lecturer of Marketing in the Lazaridis School of Business and Economics, Wilfrid Laurier UniversityLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/2666632025-10-08T14:35:35Z2025-10-08T14:35:35ZÉlections municipales : les enjeux des villes changent, mais pas leurs pouvoirs<p>Longtemps considérées comme de simples outils aux services des gestionnaires, les municipalités québécoises abordent les élections municipales de novembre avec un rôle transformé. Crise du logement, transition écologique, gouvernance : les enjeux qu’elles affrontent sont désormais profondément politiques.</p>
<p>Alors qu’en Europe, les municipalités sont souvent vues comme des fiefs politiques utiles à la conquête du pouvoir central, celles du Québec ont longtemps été marquées par une vision administrative, sinon apolitique. Plusieurs raisons expliquent ce phénomène.</p>
<p>Jusqu’à la fin des années 1970, les municipalités québécoises ne comptaient pas de partis politiques locaux. Cette absence, combinée à la déconnexion entre les paliers provincial et fédéral, a limité la dimension idéologique des débats et leur continuité. Depuis, les partis <a href="https://doi.org/10.7202/1018284ar">sont permis</a> dans les municipalités de plus de 5000 habitants, mais ils demeurent concentrés dans les grandes villes et rarement pérennes. Dans deux municipalités sur trois, le maire <a href="https://www.quebec.ca/gouvernement/gestion-municipale/organisation-municipale/democratie-municipale/elections-municipales/resultats/2021">est encore élu</a> par acclamation.</p>
<p>Ce type d’élection freine la politisation des débats et reflète la difficulté du métier d’élu, particulièrement dans les petites villes où les fonctions électives se cumulent avec un emploi externe. Ces dernières années, la montée des incivilités et des violences envers les représentants a <a href="https://fqm.ca/wp-content/uploads/2024/03/ra_preoccupations_elues_et_elus_2023.pdf">encore accentué les difficultés de recrutement des candidats</a>.</p>
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<p><em><strong>Cet article fait partie de notre série <a href="https://theconversation.com/topics/serie-nos-villes-164670">Nos villes d’hier à demain</a>.</strong> Le tissu urbain connait de multiples mutations, avec chacune ses implications culturelles, économiques, sociales et – tout particulièrement en cette année électorale – politiques. Pour éclairer ces divers enjeux, La Conversation invite les chercheuses et chercheurs à aborder l’actualité de nos villes.</em></p>
<h2>Une politisation encore inachevée</h2>
<p>Malgré ce contexte, la campagne municipale de 2025 s’annonce hautement politique. Les enjeux qui s’imposent aux municipalités sont nombreux et structurants.</p>
<p>Le plus urgent est sans doute la crise du logement, avec pour corollaire la hausse de l’itinérance. Si jusqu’ici, seules les métropoles étaient concernées, le phénomène s’est étendu jusqu’aux petites et moyennes municipalités en raison d’un taux de vacances <a href="https://www.ledevoir.com/actualites/societe/914592/autant-menages-sans-logement-debut-septembre-2025-2024">qui oscille en moyenne</a> entre 1 et 2 % entre 2023 et 2025. Désormais, des municipalités comme Trois-Rivières, Rimouski ou Saint-Hyacinthe peinent à répondre à la demande locative malgré des programmes d’aide provinciaux. Cette crise en recoupe d’autres : cohabitation entre les groupes sociaux, usage de drogue, insécurité ou sentiment d’insécurité, relance des centres-villes.</p>
<p>Cependant, les municipalités disposent de peu de leviers : leur marge de manœuvre se limite principalement aux taxes foncières. Cette contrainte rend difficile la mise en place de solutions efficaces pour lutter contre l’itinérance ou répondre pleinement aux besoins en logement, laissant les villes en première ligne face à des problèmes structurants qu’elles ne peuvent résoudre seules.</p>
<p>Autre enjeu : la transition environnementale, qui touche le transport collectif et les stratégies de développement. À Montréal, le transport collectif a attiré l’attention des médias avec le <a href="https://www.ledevoir.com/actualites/transports-urbanisme/876688/31-stations-metro-sont-mauvais-etat">constat alarmant</a> de la dégradation des infrastructures du métro, laquelle questionne non seulement la possibilité d’extension du réseau mais également l’entretien des équipements existants. Cette rénovation des structures, négligée par les gouvernements précédents, vient également compliquer la circulation montréalaise, accroissant la grogne des citoyens.</p>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/a-montreal-meme-en-doublant-les-pistes-cyclables-les-voitures-conserveraient-90-de-la-chaussee-265541">À Montréal, même en doublant les pistes cyclables, les voitures conserveraient 90 % de la chaussée</a>
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<h2>Relations tendues entre les paliers</h2>
<p>Ces dossiers révèlent une autre dimension soulevée par ces élections : la relation entre les paliers de gouvernement. Le logement, la transition écologique ou la rénovation urbaine dépassent largement le cadre local. Leur réussite suppose une coordination entre les politiques formulées aux échelons municipal, provincial et fédéral.</p>
<p>Or, ces dernières années, les relations des municipalités avec les échelons politiques supérieurs ont souffert soit d’un manque de communication avec le fédéral, soit de désaccord avec le provincial, dans un contexte qui n’est pas dénué d’instrumentalisation politique. Par exemple, à Québec la réalisation d’un troisième lien autoroutier <a href="https://www.journaldequebec.com/2024/09/16/paradis-presse-la-caq-de-cesser-des-batons-dans-les-roues-de-la-ville-de-quebec">a suscité des frictions</a> entre le gouvernement provincial de la Coalition avenir Québec qui soutient le projet et le maire, Bruno Marchand, désireux d’implanter un tramway.</p>
<p>À Montréal des divergences <a href="https://www.lapresse.ca/actualites/grand-montreal/2024-05-24/financement-du-transport-collectif/l-impasse-demeure-entre-quebec-et-les-villes.php">ont aussi été visibles</a> sur le financement du transport collectif. L’engagement phare de la mairesse Valérie Plante d’une ligne rose qui relierait l’île de Montréal du sud au nord a été recalé par le gouvernement provincial. Tandis que le premier ministre François Legault <a href="https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/1103353/legault-metro-montreal">dénonçait un projet électoraliste</a> redondant avec les services existants, les partisans de la mairesse insistaient sur la saturation du réseau. Ces tensions sont d’autant plus préjudiciables que le dialogue entre les différents paliers est nécessaire à la cohérence et donc à la réussite des politiques.</p>
<p>Les municipalités, en première ligne face aux doléances des citoyens, doivent pourtant trouver des solutions, même transitoires. À Montréal, la cohabitation au centre-ville entre itinérants et résidents <a href="https://www.lapresse.ca/actualites/elections-municipales/2025-09-29/montreal/l-itinerance-pese-sur-la-relance-du-centre-ville.php">pousse à multiplier</a> les centres d’accueil et de logement d’urgence. L’aménagement de pistes cyclables a également <a href="https://www.lapresse.ca/actualites/grand-montreal/2023-07-10/parc-extension/le-quartier-divise-autour-de-l-ajout-de-pistes-cyclables.php">révélé une forte polarisation</a>, rappelant que la justice environnementale s’enracine dans les inégalités entre quartiers. La perte de stationnement touche différemment les ménages selon leur dépendance à l’automobile. Ainsi dans l’arrondissement Villeray–Saint-Michel–Parc-Extension, des mères de famille ou célibataires, aux horaires atypiques, <a href="https://www.laconverse.com/articles/pistes-cyclables-a-parc-extension-le-debat-au-dela-de-la-mobilit">ont-elles souligné</a>, lors de séances du conseil, l’impact de la suppression des stationnements sur des vies déjà compliquées.</p>
<p>Cette polarisation témoigne également de la transformation, largement initiée par Projet Montréal, de la scène politique montréalaise tant dans la culture politique que l’action publique. En deux mandats (de 2017 à 2025), le parti, sous l’égide de la mairesse Valérie Plante, a refaçonné le débat municipal autour de la mobilité durable et redessiné la trame urbaine et verte de la ville.</p>
<h2>Des enjeux d’envergure</h2>
<p>Les enjeux sont donc locaux certes, mais d’envergure dans une situation budgétaire qui s’annonce contrainte. À l’interdiction de déficit, à des budgets dont la majorité des dépenses sont fixes et les marges d’action minimes s’ajoutent un contexte de rigueur budgétaire et pour certaines villes, le renouvellement de la <a href="https://scfp.qc.ca/les-cols-bleus-de-montreal-manifestent-pour-negocier/">convention collective</a> de leurs employés.</p>
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<p>Ces élections ont donc bien une portée politique majeure, les municipalités se trouvant à la pointe des changements de société contemporains. Il est à souhaiter que les diverses campagnes électorales fassent émerger des discussions de fond, afin de favoriser la participation et de nourrir une conversation politique à un palier où les principes généraux se heurtent aux réalités du quotidien.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/266663/count.gif" alt="La Conversation Canada" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Caroline Patsias ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>Longtemps perçues comme administratives, les municipalités québécoises deviennent des acteurs politiques face aux crises du logement et du climat.Caroline Patsias, Professeure en science politique, Université du Québec à Montréal (UQAM)Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/2660372025-10-08T14:34:32Z2025-10-08T14:34:32ZSHIELD : prévenir la maladie d’Alzheimer et la démence grâce à un modèle simple et facile à retenir<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/692765/original/file-20250912-56-3axu5n.jpg?ixlib=rb-4.1.0&rect=196%2C0%2C2412%2C1608&q=45&auto=format&w=1050&h=700&fit=crop" /><figcaption><span class="caption">On pourrait éviter jusqu’à un tiers des cas de maladie d’Alzheimer en agissant sur certains facteurs de risque.</span> <span class="attribution"><span class="source">(Piqsels)</span></span></figcaption></figure><p>La maladie d’Alzheimer (MA) est sur le point de devenir un des principaux défis de santé publique de notre temps. Toutes les trois secondes, une personne est diagnostiquée avec une démence, le plus souvent la maladie d’Alzheimer, quelque part dans le monde.</p>
<p>Actuellement, environ <a href="https://www.alzint.org/about/dementia-facts-figures/dementia-statistics/">50 millions de personnes</a> souffrent de la maladie d’Alzheimer. D’ici 2050, ce chiffre pourrait dépasser les 130 millions.</p>
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<p><em><strong><a href="https://theconversation.com/topics/vieillir-la-revolution-grise-179251">Cet article fait partie de notre série La Révolution grise</a>.</strong> La Conversation vous propose d’analyser sous toutes ses facettes l’impact du vieillissement de l’imposante cohorte des boomers sur notre société, qu’ils transforment depuis leur venue au monde. Manières de se loger, de travailler, de consommer la culture, de s’alimenter, de voyager, de se soigner, de vivre… découvrez avec nous les bouleversements en cours, et à venir.</em></p>
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<p>Les conséquences sur la santé humaine et sur le plan socio-économique seront immenses. Et s’il était possible de stopper cette tendance ?</p>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/changer-son-mode-de-vie-peut-reduire-les-risques-de-demence-mais-il-faut-le-faire-maintenant-218789">Changer son mode de vie peut réduire les risques de démence – mais il faut le faire maintenant</a>
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<h2>Prévenir la maladie d’Alzheimer</h2>
<p>Un rapport publié en 2024 par la Commission <em>Lancet</em>, un organisme influent, indique que jusqu’à un <a href="https://alzres.biomedcentral.com/articles/10.1186/s13195-020-00646-x">tiers des cas de MA pourraient être évités</a> en éliminant certains facteurs de risque. Parmi ces <a href="http://doi.org/10.1016/S0140-6736(24)01296-0">quatorze facteurs modifiables</a>, on trouve : lésions cérébrales traumatiques, hypertension, dépression, diabète, tabagisme, obésité, taux de cholestérol élevé, manque d’activité physique, consommation excessive d’alcool, faible niveau d’éducation, perte de la vue ou de l’audition, isolement social et pollution atmosphérique.</p>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/lisolement-augmente-le-risque-de-demence-chez-les-personnes-agees-143944">L’isolement augmente le risque de démence chez les personnes âgées</a>
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<p>Bien que cette liste exhaustive repose sur des bases scientifiques solides, il n’est pas facile pour le grand public de surveiller et de gérer 14 objectifs de santé distincts, d’autant plus que les efforts de prévention doivent commencer plusieurs décennies avant l’apparition des symptômes.</p>
<p>Ce problème mérite qu’on s’y attarde. Pour ce faire, il faut un modèle simple et facile à retenir, que le public peut facilement adopter, comprendre et suivre.</p>
<p>On peut s’inspirer de modèles qui ont fait leurs preuves. Les associations de prévention des accidents vasculaires cérébraux (AVC) ont adopté avec succès le truc mnémotechnique <a href="https://www.coeuretavc.ca/avc/signes-de-l-avc/existe-t-il-d-autres-signes-de-l-avc-que-vite">VITE (visage, incapacité, trouble de la parole, extrême urgence</a>) pour enseigner les signes avant-coureurs de cette maladie. La lutte contre la MA a besoin d’un équivalent du VITE.</p>
<p>SHIELD (en anglais : Sleep, Head Injury prevention, Exercise, Learning et Diet ; soit en français : sommeil, prévention des traumatismes crâniens, exercice, apprentissage et alimentation – peut remplir ce rôle. Il rassemble les principaux facteurs de risque de démence et les classe en cinq catégories, offrant ainsi une stratégie de prévention claire et efficace.</p>
<h2>Sommeil</h2>
<p>Le sommeil est un élément fondamental de SHIELD. Le maintien d’habitudes de sommeil saines est un important facteur de protection contre la démence. Un <a href="https://www.hachettebookgroup.com/titles/dr-martha-clare-morris/diet-for-the-mind/9780316441155/">bon sommeil</a> favorise les <a href="http://doi.org/10.1186/s12875-023-02229-9">fonctions cérébrales, la mémoire, l’humeur et l’apprentissage</a>.</p>
<p>Un sommeil insuffisant (moins de cinq heures par nuit) ou de mauvaise qualité (réveils fréquents), en particulier à l’âge mûr, augmente les risques de déclin cognitif et de démence. Si on en souffre de manière chronique, cela provoque une accumulation de la protéine bêta-amyloïde, associée au développement de la maladie d’Alzheimer, dans le cerveau.</p>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/mieux-dormir-un-facteur-de-protection-contre-la-demence-219377">Mieux dormir, un facteur de protection contre la démence</a>
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<p>Un <a href="http://doi.org/10.1097/IJG.0000000000001169">mauvais sommeil</a> accroît également les risques d’obésité, <a href="http://doi.org/10.1161/HYPERTENSIONAHA.122.20513">d’hypertension artérielle</a> et de dépression, qui sont tous associés à la maladie d’Alzheimer. Si vous dormez actuellement quatre à cinq heures par nuit, voyez si vous pouvez modifier cette habitude pour diminuer votre risque de souffrir de démence plus tard dans votre vie. Le sommeil est un outil essentiel pour protéger le cerveau et prévenir la MA.</p>
<h2>Traumatisme crânien</h2>
<p>Étonnamment, la prévention des traumatismes crâniens est souvent négligée dans les discussions sur la démence. Il existe pourtant un <a href="http://doi.org/10.3233/JAD-200662">lien étroit entre les traumatismes crâniens</a>, notamment les commotions cérébrales, et l’augmentation du risque de développer la maladie d’Alzheimer.</p>
<p>Ces lésions peuvent survenir dans des contextes très variés, et pas uniquement dans le cadre de sports professionnels. Ainsi, la violence conjugale est malheureusement courante dans notre société et constitue une cause fréquente, mais souvent ignorée, de traumatismes crâniens.</p>
<p>La prévention des traumatismes crâniens doit débuter tôt et se poursuivre tout au long de la vie, car les dommages peuvent s’accumuler avec le temps. Des mesures de sécurité élargies, telles que l’amélioration de la conception des casques, le renforcement des protocoles relatifs aux commotions cérébrales dans les sports pour jeunes et adultes, ainsi que les efforts visant à prévenir les traumatismes crâniens dans tous les contextes, peuvent jouer un rôle important dans la protection de la santé cérébrale à long terme et la prévention de la maladie d’Alzheimer.</p>
<h2>Exercice</h2>
<figure class="align-center ">
<img alt="Une femme aux cheveux gris utilisant un appareil de musculation" src="https://images.theconversation.com/files/690644/original/file-20250912-56-23emct.jpg?ixlib=rb-4.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/690644/original/file-20250912-56-23emct.jpg?ixlib=rb-4.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/690644/original/file-20250912-56-23emct.jpg?ixlib=rb-4.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/690644/original/file-20250912-56-23emct.jpg?ixlib=rb-4.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/690644/original/file-20250912-56-23emct.jpg?ixlib=rb-4.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/690644/original/file-20250912-56-23emct.jpg?ixlib=rb-4.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/690644/original/file-20250912-56-23emct.jpg?ixlib=rb-4.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Une activité physique régulière, même modérée, favorise un vieillissement cérébral plus sain.</span>
<span class="attribution"><span class="source">(Unsplash/Centre for Ageing Better)</span></span>
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<p>L’exercice physique est sans doute l’aspect du mode de vie agissant le plus sur la prévention de la maladie d’Alzheimer. Il permet de lutter directement contre plusieurs facteurs de risque importants, comme l’obésité, l’hypertension artérielle, l’hypercholestérolémie ou encore la dépression. Il favorise également la croissance de cellules cérébrales, la mémoire et la santé émotionnelle.</p>
<p>Pourtant, la sédentarité demeure courante, en particulier dans les pays à revenu élevé, où elle <a href="https://barlowbooks.com/our-books/save-your-mind/">pourrait être à l’origine d’environ un cas de MA sur cinq</a>. L’exercice physique n’est pas seulement bon pour le cœur, mais aussi pour le cerveau. Une activité physique régulière, même modérée, permet au cerveau de mieux vieillir et peut contribuer à prévenir la maladie d’Alzheimer.</p>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/prevention-de-lalzheimer-lexercice-physique-pourrait-reduire-linflammation-du-cerveau-172661">Prévention de l’Alzheimer : l’exercice physique pourrait réduire l’inflammation du cerveau</a>
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<h2>Apprentissage</h2>
<p>L’apprentissage, qu’il se fasse à l’école ou en dehors, reste l’un des facteurs de protection les plus efficaces contre la démence. Un faible niveau d’éducation, comme le fait de ne pas avoir terminé ses études secondaires, est <a href="http://doi.org/10.1016/S1474-4422(11)70072-2">associé à un risque nettement accru de démence</a>. L’apprentissage contribue à la « réserve cognitive » du cerveau, c’est-à-dire à sa capacité à bien fonctionner malgré des lésions ou des maladies.</p>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/maintenir-une-bonne-sante-cognitive-a-tout-age-cest-possible-250369">Maintenir une bonne santé cognitive à tout âge, c’est possible</a>
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<p>Les personnes atteintes de la maladie d’Alzheimer <a href="http://doi.org/10.7326/0003-4819-139-5_Part_2-200309021-00014">conservent de meilleures fonctions mentales</a> si elles ont continué à s’instruire tout au long de leur vie. Les messages de santé publique devraient promouvoir l’apprentissage sous toutes ses formes : lecture, étude d’une langue, loisirs stimulants, etc.</p>
<p>Il n’est jamais trop tôt (ni trop tard) pour découvrir une nouvelle langue ou stimuler son cerveau. Renforcer sa réserve cognitive protège le cerveau contre la maladie d’Alzheimer.</p>
<h2>Alimentation</h2>
<p>L’alimentation joue également un rôle important dans la santé du cerveau et la prévention de la démence. Toutefois, aucun aliment ne permet à lui seul de l’éviter. C’est plutôt une combinaison d’aliments riches en nutriments qui favorise la santé globale du cerveau.</p>
<p>Pour réduire les risques de démence, il est recommandé de privilégier un <a href="https://www.hachettebookgroup.com/titles/dr-martha-clare-morris/diet-for-the-mind/9780316441155/">régime sain</a> composé d’aliments entiers tels que des fruits, des légumes, des céréales complètes, des noix et du poisson, tout en limitant les produits transformés, la viande rouge et les sucreries.</p>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/demence-la-viande-transformee-est-elle-un-facteur-de-risque-157917">Démence : la viande transformée est-elle un facteur de risque ?</a>
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<p>L’adoption d’habitudes alimentaires qui correspondent au <a href="https://www.mdpi.com/2072-6643/5/11/4566">régime méditerranéen</a> permettrait de prévenir le déclin cognitif. Inspiré des menus traditionnels des pays bordant la mer Méditerranée, ce régime est bénéfique pour le cerveau et le cœur. Il se compose essentiellement de nourriture d’origine végétale, avec l’huile d’olive comme principale source de graisses, et préconise une faible consommation de viande rouge, d’aliments transformés et de sucres ajoutés.</p>
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<p>Notre alimentation influence l’inflammation et la santé vasculaire du cerveau, deux éléments associés à la maladie d’Alzheimer. Plutôt que d’être abordée sous l’angle des restrictions ou de la punition, un régime sain devrait être considéré comme un investissement positif dans l’indépendance, la clarté d’esprit et l’énergie sur le long terme pour ceux qui souhaitent améliorer leur santé cérébrale.</p>
<h2>La prévention, le meilleur outil</h2>
<p>En simplifiant la science, le cadre SHIELD propose une approche réaliste et fondée sur des preuves en matière de santé cérébrale. Tant qu’aucun remède n’aura été découvert contre la maladie d’Alzheimer, la prévention demeurera l’outil le plus efficace, et des concepts comme SHIELD pourront constituer un excellent point de départ.</p>
<p>La maladie d’Alzheimer ne doit pas être considérée comme inévitable. On ne doit pas accepter comme une fatalité les prédictions selon lesquelles plus de 130 millions de personnes pourraient être atteintes de cette démence d’ici 2050. Des décisions et des mesures appropriées peuvent contribuer à prévenir la maladie d’Alzheimer et à protéger l’esprit et la mémoire de millions de personnes.</p>
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<p><em>Emma Twiss, étudiante en quatrième année en sciences de la vie à l’Université Queen’s, est co-auteure de cet article.</em></p><img src="https://counter.theconversation.com/content/266037/count.gif" alt="La Conversation Canada" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Donald Weaver ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>Le sommeil, la prévention des traumatismes crâniens, l’exercice physique, l’apprentissage et l’alimentation constituent une stratégie claire et efficace pour réduire le risque de démence.Donald Weaver, Professor of Chemistry and Senior Scientist of the Krembil Research Institute, University Health Network, University of TorontoLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/2659422025-10-07T17:52:13Z2025-10-07T17:52:13ZPourquoi apprendre à cuisiner dès l’enfance est un outil de santé publique<p>Dans un monde dominé par les aliments ultra-transformés et le manque de temps, grandir sans savoir cuisiner n’est plus rare. Mais cette perte de savoir-faire n’est pas neutre : elle fragilise la santé, l’autonomie et même notre rapport collectif à l’alimentation.</p>
<p>Et si réapprendre à cuisiner devenait un choix de société ?</p>
<p>Depuis quelques décennies, les repas faits maison ont été peu à peu remplacés par des plats prêts-à-manger et des produits très transformés. Au Canada, plus de la moitié de ce que mangent les enfants et les adolescents vient de ces aliments <a href="https://www150.statcan.gc.ca/n1/pub/82-003-x/2020011/article/00001-fra.htm">ultra-transformés</a>. Cette tendance a des effets directs sur la santé : <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/24102801/">plus de maladies chroniques comme le diabète de type 2, et une perte d’autonomie alimentaire</a>, puisque cuisiner est parfois vu comme une option, et non comme une compétence de base.</p>
<p>Dans ce contexte, apprendre à cuisiner dès l’enfance n’est pas seulement un plaisir ou une tradition familiale. C’est un véritable outil de santé publique. Cuisiner aide à mieux comprendre comment faire des choix alimentaires pour soi et pour la planète, à prévenir certaines maladies et à développer une relation positive et durable avec la nourriture. En tant que nutritionnistes et chercheuses en nutrition, nous nous intéressons à la littératie alimentaire chez les adolescents et considérons ce sujet d’autant plus d’actualité face aux défis alimentaires contemporains.</p>
<h2>La littératie alimentaire : plus que savoir cuisiner</h2>
<p>Apprendre à cuisiner tôt ne se limite pas à acquérir une habileté pratique. C’est une porte d’entrée vers la <a href="https://guide-alimentaire.canada.ca/fr/directrices/section-3-importance-des-competences-alimentaires/">littératie alimentaire</a>, un ensemble de connaissances, de compétences et d’attitudes qui permettent de bien se repérer dans un monde alimentaire de plus en plus complexe. Elle développe aussi l’autonomie, la confiance et la motivation pour faire des choix qui favorisent la santé et le bien-être.</p>
<p>La <a href="https://guide-alimentaire.canada.ca/fr/directrices/section-3-importance-des-competences-alimentaires/">littératie alimentaire</a>, ce n’est pas seulement être capable de préparer un repas nutritif. C’est aussi célébrer et transmettre nos traditions culinaires, soutenir des systèmes alimentaires plus justes et durables, et développer une relation positive avec la nourriture.</p>
<p>Il est important de rappeler que savoir cuisiner ne suffit pas tout seul. La cuisine est un élément central, mais la <a href="https://guide-alimentaire.canada.ca/fr/directrices/section-3-importance-des-competences-alimentaires/">littératie alimentaire</a> est beaucoup plus large. Comme le soulignent les chercheuses <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/24462490/">Helen Anna Vidgen et Danielle Gallegos</a>, de la Queensland University of Technology, en Australie, elle regroupe un ensemble de compétences liées entre elles : planifier ses repas, gérer un budget et réduire le gaspillage, choisir des aliments nutritifs et sécuritaires malgré le marketing, préparer des repas de base et adopter une alimentation équilibrée et culturellement signifiante.</p>
<p>Ainsi, cuisiner devient une porte d’entrée concrète vers plusieurs de ces dimensions. Quand un enfant met la main à la pâte, il n’apprend pas seulement des gestes techniques. Il apprend aussi à planifier, à s’organiser, à résoudre des problèmes réels et à réfléchir de façon critique à ce qu’il mange. Ces compétences, acquises petit à petit et adaptées à son âge, deviennent la base d’une autonomie alimentaire durable.</p>
<h2>Des bénéfices observés dès le plus jeune âge</h2>
<p><a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S1499404613006817">Les recherches montrent</a> que les enfants qui participent à la préparation des repas mangent une portion supplémentaire de fruits et légumes, et consomment généralement une alimentation de meilleure qualité que ceux qui ne cuisinent pas.</p>
<p><a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/33181820/">Les habitudes alimentaires acquises tôt ont tendance à rester à l’âge adulte</a>. Initier les enfants à la cuisine, c’est donc poser les bases de comportements qui protègent leur santé à long terme. Par exemple, le simple fait de <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/38462128/">cuisiner à la maison</a> est lié à une alimentation moins riche en sucres ajoutés et en gras saturés, deux éléments directement associés aux maladies cardiovasculaires et au diabète de type 2.</p>
<h2>Des enjeux d’équité en santé</h2>
<p>Il faut aussi reconnaître que tout le monde n’a pas le même accès à la cuisine ou aux compétences culinaires. Certaines familles manquent de temps, d’espace ou de moyens financiers pour cuisiner. Dans ce contexte, l’éducation culinaire à l’école ou dans la communauté devient essentielle.</p>
<p>Des programmes comme <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/36986250/">Apprenti en Action</a> ou <a href="https://dcjournal.ca/doi/full/10.3148/cjdpr-2019-030">Chefs en Action</a>, des initiatives canadiennes via les milieux scolaires, ont montré qu’apprendre à cuisiner dans un cadre éducatif peut augmenter la confiance des jeunes, améliorer leurs connaissances en nutrition et les amener à adopter de meilleures habitudes alimentaires. Ces initiatives représentent une façon d’outiller les jeunes, surtout ceux qui viennent de milieux plus vulnérables, et de réduire les inégalités de santé.</p>
<p>Malheureusement, les programmes de cuisine et d’éducation alimentaire en milieu scolaire restent marginaux et tributaires de <a href="https://www.researchgate.net/publication/51836428_From_Paper_to_Practice_Barriers_to_Adopting_Nutrition_Guidelines_in_Schools">financements limités et instables</a>, ce qui contribue à creuser encore les écarts sociaux et de santé. Parallèlement, le <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S0140673618328228">système alimentaire</a> est dominé par des régimes industrialisés et des produits ultra-transformés, promus par de puissantes entreprises transnationales, <a href="https://www.mdpi.com/1660-4601/16/22/4473">alors que peu de politiques publiques canadiennes visent à améliorer les systèmes alimentaires et, par ricochet, les habitudes alimentaires</a>.</p>
<p>Cette double dynamique accentue les inégalités : les jeunes issus de milieux moins favorisés disposent de moins d’occasions d’apprendre à cuisiner et de développer leur autonomie alimentaire, tout en étant plus exposés aux produits ultra-transformés.</p>
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<h2>Une compétence citoyenne</h2>
<p>Enfin, il ne faut pas oublier la dimension sociale et culturelle de la cuisine. <a href="https://guide-alimentaire.canada.ca/fr/directrices/section-3-importance-des-competences-alimentaires/">Apprendre à cuisiner</a>, c’est aussi apprendre à partager, à transmettre des traditions, à découvrir d’autres cultures et à créer une relation positive avec l’alimentation. Pour un enfant, <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/33925145/">préparer un repas avec ses proches</a> peut être une expérience valorisante, qui renforce les liens familiaux et la confiance en soi.</p>
<p>Au-delà des chiffres, cette transformation de nos habitudes alimentaires touche aussi notre culture et nos liens sociaux. Les recettes transmises de génération en génération disparaissent parfois, et avec elles, une partie de notre patrimoine culinaire. Par exemple, en Ontario, des <a href="https://www.canada.ca/fr/sante-publique/services/rapports-publications/promotion-sante-prevention-maladies-chroniques-canada-recherche-politiques-pratiques/vol-41-no-4-2021/perception-enfants-programme-alimentation-scolaire-approvisionnement-centralise-ontario-canada.html">écoles primaires</a> qui ont introduit des ateliers de cuisine ont vu leurs élèves essayer de nouveaux légumes et en parler fièrement à leurs familles, montrant qu’un simple geste peut déclencher un réel changement.</p>
<p>La cuisine devient ainsi une compétence citoyenne, à la croisée de la santé, de l’éducation, de la culture et de l’environnement. Initier les enfants à ce savoir-faire, à la fois pratique et symbolique, c’est leur donner les outils pour se débrouiller dans un monde alimentaire complexe et, en même temps, contribuer à une société plus en santé et plus durable.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/265942/count.gif" alt="La Conversation Canada" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Nina Klioueva a reçu des financements sous forme de bourse de maîtrise en recherche pour titulaires d’un diplôme professionnel – volet régulier du FRQ, ainsi qu’une Bourse d’études supérieures du Canada – maîtrise (BESC M) des IRSC.</span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Maude Perreault ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>Apprendre à cuisiner dès l’enfance favorise la santé, l’autonomie et l’équité, et pourrait devenir un véritable outil de société.Nina Klioueva, Université de MontréalMaude Perreault, Assistant professor, Université de MontréalLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/2661032025-10-06T13:06:12Z2025-10-06T13:06:12ZLes voitures restreignent le droit des enfants de profiter de la ville. Voici des projets qui font la différence<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/692901/original/file-20250924-64-13jlmk.jpg?ixlib=rb-4.1.0&rect=0%2C1%2C6435%2C4290&q=45&auto=format&w=1050&h=700&fit=crop" /><figcaption><span class="caption">En fermant les rues à proximité des écoles pour qu’on puisse y déposer et y reprendre les enfants, une initiative innovante appelée « rue-école » permet aux enfants de se réapproprier la ville.</span> <span class="attribution"><span class="source">(Unsplash)</span>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by/4.0/">CC BY</a></span></figcaption></figure><p>De nombreux Canadiens de plus de 40 ans ont sans doute passé leur enfance à jouer dans la rue et à circuler seuls ou avec des amis dans leur quartier. Et, selon le <a href="https://www.un.org/fr/exhibit/odd-17-objectifs-pour-transformer-notre-monde">onzième objectif de développement durable des Nations unies</a>, les villes devraient être des lieux où tous les habitants, y compris les enfants, peuvent bien évoluer. Ils ont autant le droit d’occuper et d’utiliser les rues urbaines que les automobilistes.</p>
<p>Cependant, les enfants d’aujourd’hui sont <a href="https://journals.humankinetics.com/view/journals/pes/32/4/article-p189.xml?casa_token=-TZj0GlqgYUAAAAA:bye8ItGUNUZJVLToFXNss5bFfMPtY7c5XrNQgyOlsW-guuf0O0rqkRobMiADLhiWNCVJyI4">moins actifs, moins autonomes dans leurs déplacements</a> et <a href="https://www.mdpi.com/1660-4601/18/7/3617">participent moins à des jeux libres à l’extérieur</a>.</p>
<p>Au Canada, l’une des principales causes de cette tendance est que nous avons privé les enfants de <a href="https://jech.bmj.com/content/78/1/66.abstract">leur droit à la ville</a>, notamment de la liberté de jouer et de circuler en toute sécurité dans les rues près de leur domicile et de leur école sans avoir besoin de la surveillance d’un adulte.</p>
<p>Des actions innovantes telles que <a href="https://www.changerlesreglesdujeu.ca/fr/rue-ecole">« rue-école »</a> sont nécessaires. Il s’agit d’instaurer des zones interdites aux voitures devant les écoles aux heures de pointe afin qu’on puisse y déposer et y reprendre les enfants en toute sécurité et de manière à encourager la marche et le vélo.</p>
<p>Toutefois, <a href="https://www.mdpi.com/1660-4601/19/18/11555">nos recherches</a> montrent qu’elles se heurtent souvent à une forte résistance. En fermant les rues adjacentes aux écoles à la circulation automobile, on confronte les conducteurs à un espace public repensé et restructuré qu’ils ne sont pas toujours prêts à accepter.</p>
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<p><em><strong>Cet article fait partie de notre série <a href="https://theconversation.com/topics/serie-nos-villes-164670">Nos villes d’hier à demain</a>.</strong> Le tissu urbain connait de multiples mutations, avec chacune ses implications culturelles, économiques, sociales et – tout particulièrement en cette année électorale – politiques. Pour éclairer ces divers enjeux, La Conversation invite les chercheuses et chercheurs à aborder l’actualité de nos villes.</em></p>
<h2>Penser les villes pour les enfants plutôt que pour les voitures</h2>
<p>En Amérique du Nord, la privation des enfants de leurs droits à la ville remonte à des décennies.</p>
<p>Avant la production industrielle des automobiles, il était courant de voir des jeunes jouer dans les rues. Mais à mesure que l’usage de la voiture augmentait, les <a href="https://www.simonandschuster.ca/books/There-Are-No-Accidents/Jessie-Singer/9781982129682">accidents impliquant des enfants se multipliaient</a>.</p>
<p>Au lieu de restreindre les zones où les voitures peuvent circuler, les urbanistes et les responsables de la santé publique ont préconisé la création d’autres lieux <a href="https://www.alexandralange.net/books/534/the-design-of-childhood-how-the-material-world-shapes-independent-kids">où les enfants peuvent jouer</a> en toute sécurité, comme des parcs de quartier.</p>
<p>Cette approche de l’urbanisme axée sur l’automobile a entraîné un changement dans les mentalités quant aux espaces où les jeunes peuvent jouer et se déplacer. Nous considérons désormais comme normal de ne pas voir ni entendre d’enfants dans les rues des villes.</p>
<p>En limitant la mobilité des enfants en milieu urbain, notre société a fait croire que ces derniers <a href="https://www.researchgate.net/profile/John-Adams-29/publication/235358477_One_False_Move_A_Study_of_Children%E2%80%99s_Independent_Mobility/links/593166d8aca272fc55f5a30c/One-False-Move-A-Study-of-Childrens-Independent-Mobility.pdf">n’étaient pas suffisamment responsables ou compétents</a> pour circuler dans leur collectivité.</p>
<h2>La mobilité des enfants dans des villes dominées par la voiture</h2>
<p>Paradoxalement, plus la crainte de laisser les enfants se déplacer librement augmentait, plus on les conduisait en voiture. Désormais, les enfants circulent en ville principalement à bord d’un véhicule.</p>
<p>Nous voilà aujourd’hui confrontés à un immense défi sociétal : faire en sorte que les enfants puissent se déplacer de manière autonome dans leur quartier, notamment dans les espaces qui leur sont communément réservés, comme les abords des écoles primaires.</p>
<p>En ce qui concerne le trajet vers l’école, des études ont montré que les <a href="https://www.tandfonline.com/doi/full/10.1080/15389588.2025.2478153?casa_token=hi80o_8HQ9EAAAAA%3A6RJvuw-HnFmfRfl2J6t5ZenKgpAuRyrsOM1CNIxJK7eIFMQf0SudCDfLFo9OarG5N0Y9JSsVAyc">comportements dangereux des parents au volant</a> le matin – laisser descendre leurs enfants dans des zones à risques, obstruer la visibilité, faire demi-tour et rouler à vive allure, etc. – sont monnaie courante.</p>
<p>Ces comportements augmentent le risque que des <a href="https://www.tandfonline.com/doi/full/10.1080/15389588.2015.1116041?casa_token=a3XAQsNxOv4AAAAA%3AR4wHz34Fzmd5iGYsf_Qp1ZikKwBVwEDiQtl1ZlI7ZnkZMpYCCMq-odvZjxoTExW-Q1sfbq19Amk#abstract">enfants soient renversés par des automobilistes</a>. Les conditions dangereuses aux abords des écoles, associées à l’idée largement répandue que les enfants n’ont pas leur place dans la rue et qu’ils sont incapables d’aller à l’école par eux-mêmes, contribuent au faible taux de déplacements <a href="https://doi.org/10.1111/cag.12488">à pied ou à vélo</a> pour se rendre à l’école au Canada.</p>
<h2>Des villes innovantes pour les enfants</h2>
<p>Les rues-écoles visent à répondre à ces deux problèmes en réduisant les dangers réels posés par les automobiles dans les espaces occupés par les enfants et en aidant tous les citoyens à redéfinir l’utilisation des rues.</p>
<p>Généralement mises en place par les municipalités ou des organismes à but non lucratif, les rues-écoles permettent aux enfants de se rendre à l’école et d’en revenir en toute sécurité. Bien qu’elles soient courantes <a href="https://urban-mobility-observatory.transport.ec.europa.eu/resources/case-studies/school-streets-safe-and-sustainable-school-trips_en">dans de nombreuses villes européennes</a>, leur adoption a été plus lente au Canada.</p>
<p>De 2020 à 2024, nous avons mené une étude intitulée <a href="https://www.changerlesreglesdujeu.ca/fr/accueil">Changer les règles du jeu</a>, dans laquelle nous avons évalué de manière systématique les « rues-écoles » implantées à <a href="https://link.springer.com/article/10.1186/s12889-024-18531-9">Kingston, en Ontario</a>, et à <a href="https://link.springer.com/article/10.17269/s41997-025-01058-w">Montréal</a>. Les conclusions de cette étude ont contribué au lancement de <a href="https://greencommunitiescanada.org/programs/school-streets-fr/">l’Initiative nationale des rues-écoles actives</a>.</p>
<p>Financé par l’Agence de la santé publique du Canada, ce programme aide les villes canadiennes à se familiariser avec les rues-écoles et à les mettre en œuvre. Ainsi, des rues-écoles ont été ouvertes en septembre 2025 pour une durée d’un an à Kingston et à Mississauga, en Ontario, ainsi qu’à Vancouver, en Colombie-Britannique.</p>
<p>En septembre 2026, d’autres rues-écoles devraient voir le jour pour une durée d’un an à Kingston, à Mississauga, à Vancouver et à Montréal, tandis que des projets pilotes de quatre semaines sont prévus en Ontario à Ottawa, à Peterborough, à Markham et à Toronto, ainsi qu’à Winnipeg, au Manitoba, et à Edmonton et Calgary, en Alberta.</p>
<h2>Réactions aux projets d’innovation urbaine pour les enfants</h2>
<p>La mise en place et le maintien de ces rues-écoles nécessitent le soutien d’un large éventail de personnes, notamment le personnel et les conseillers municipaux, les administrations scolaires, les enseignants, les parents, les résidents et les services de police.</p>
<p>Dans le cadre de notre travail à Kingston et à Montréal, nous avons rencontré de nombreux défenseurs des rues-écoles, dont le soutien a été déterminant pour lancer et perpétuer ces projets. Cependant, nous avons également été confrontés à divers degrés de résistance. Dans certains cas, la résistance est apparue après le lancement des initiatives, mais dans d’autres, elle a suffi à empêcher leur mise en place.</p>
<p>Plutôt que de reconnaître les avantages des rues-écoles, les personnes qui s’opposaient à ces projets étaient souvent motivées par les risques encourus par les enfants, soit précisément le problème que les rues-écoles visent à résoudre.</p>
<p>Certaines affirmaient que les rues-écoles réduiraient la vigilance des enfants, les exposeraient au risque d’être renversés par des automobilistes imprudents et qu’elles étaient par nature dangereuses, car les enfants n’ont pas leur place dans les rues. Nous soupçonnons qu’en réalité, il s’agissait moins des risques que d’une réticence à partager l’espace, le pouvoir et les opportunités avec les enfants en milieu urbain.</p>
<p>Nous avons également reçu toute une série d’arguments fondés sur <a href="https://www.inderscienceonline.com/doi/abs/10.1504/IJENVH.2023.135446">ce qu’on appelle la « motonormativité »</a>, une forme de préjugé inconscient dans les sociétés centrées sur l’automobile qui considère l’utilisation de la voiture comme une norme universelle et oriente les solutions vers les besoins des automobilistes.</p>
<p>Ainsi, nous avons entendu dire que les rues-écoles excluaient les enfants dont les parents devaient les conduire à l’école, que les résidents et les visiteurs subiraient des retards inacceptables en raison de la fermeture des rues, que le personnel scolaire serait privé de places de stationnement à proximité, que les enfants marchant dans la rue seraient trop bruyants et causeraient des dommages aux véhicules stationnés, et que la congestion automobile serait déplacée vers d’autres rues.</p>
<p>L’argument le plus troublant avancé contre les rues-écoles était que des enfants d’autres quartiers en avaient davantage besoin, ce qui traduisait une <a href="https://www.ebsco.com/research-starters/psychology/not-my-backyard-attitudes">attitude « pas dans ma cour</a> » à peine voilée.</p>
<p>Les rues-écoles visent à permettre aux enfants de retrouver leur droit à la ville. Cependant, de nombreuses personnes ne sont pas prêtes à accorder ces droits aux enfants, car ils entrent en conflit avec des perceptions profondément ancrées quant aux lieux que les enfants sont censés occuper.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/266103/count.gif" alt="La Conversation Canada" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Patricia Collins a reçu un financement des Instituts de recherche en santé du Canada (subvention de projet n° PJT-175153) pour l'étude Levelling the Playing Fields. Pour l'initiative nationale Active School Streets, elle reçoit un financement de l'Agence de la santé publique du Canada. Patricia Collins était auparavant affiliée à la Kingston Coalition for Active Transportation, un groupe à but non lucratif chargé de superviser la mise en œuvre du programme School Streets à Kingston. Elle n'est plus membre de ce groupe.</span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Katherine L. Frohlich a reçu un financement des Instituts de recherche en santé du Canada (numéro de subvention PJT175153) Pour le projet Levelling the Playing Fields. Pour le projet NASSI, elle reçoit un financement de l'Agence de la santé publique du Canada.
</span></em></p>Depuis que la priorité a été donnée aux voitures dans nos villes, nous avons normalisé le fait de ne pas voir ni entendre les enfants dans nos rues.Patricia Collins, Associate Professor, Queen's University, OntarioKatherine L. Frohlich, Full Professor and Scientific Director, Insitutte of Population and Public Health, CIHR, Université de MontréalLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/2503422025-10-01T13:39:48Z2025-10-01T13:39:48ZComment adapter nos régimes de retraite à la nouvelle longévité<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/693884/original/file-20251001-79-y9ujk9.jpg?ixlib=rb-4.1.0&rect=0%2C0%2C3000%2C1999&q=45&auto=format&w=1050&h=700&fit=crop" /><figcaption><span class="caption">Les régimes de retraite actuels pourraient être insuffisants pour la prochaine génération.</span> <span class="attribution"><span class="source">(Phyllis Lilienthal, Unsplash)</span>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-sa/4.0/">CC BY-SA</a></span></figcaption></figure><p>Le vieillissement de la population québécoise et canadienne, combiné à l’allongement de l’espérance de vie, représente un véritable défi pour nos régimes de retraite.</p>
<p>Les retraités actuels et futurs courent le risque de voir certaines de leurs sources de revenus diminuer, ou, dans le meilleur des cas, stagner.</p>
<p>L’espérance de vie a beaucoup augmenté, atteignant 86 ans en 2021 pour les personnes atteignant l’âge de 65 ans, contre 78 ans en 1927, selon une étude de <a href="https://www.retraitequebec.gouv.qc.ca/fr/publications/retraite-quebec/etudes-et-sondages/retraite/Pages/portrait-de-la-retraite-au-quebec.aspx">Retraite Québec</a>.</p>
<p>En tant que coordonnateur de l’<a href="https://observatoireretraite.ca/">Observatoire de la retraite</a>, je suis préoccupé par le déclin des régimes à prestations déterminées (RPD), car cela fragilise les revenus des futurs retraités. Les régimes à prestations déterminées versent des rentes pour toute la vie des retraités, jusqu’au décès.</p>
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<p><em><strong><a href="https://theconversation.com/topics/vieillir-la-revolution-grise-179251">Cet article fait partie de notre série La Révolution grise</a>.</strong> La Conversation vous propose d’analyser sous toutes ses facettes l’impact du vieillissement de l’imposante cohorte des boomers sur notre société, qu’ils transforment depuis leur venue au monde. Manières de se loger, de travailler, de consommer la culture, de s’alimenter, de voyager, de se soigner, de vivre… découvrez avec nous les bouleversements en cours, et à venir.</em></p>
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<h2>Le système de retraite</h2>
<p>Il faut voir le système de retraite comme une maison à trois ou à quatre étages. Au Québec, les deux premiers étages représentent le programme de la <a href="https://www.canada.ca/fr/emploi-developpement-social/programmes/securite-vieillesse/rapports/sv-boite-outils.html">Sécurité de la vieillesse</a> et le <a href="https://www.rrq.gouv.qc.ca/fr/programmes/regime_rentes/Pages/regime_rentes.aspx">Régime de rentes du Québec</a>. Ces deux régimes permettent au retraité de recevoir des rentes jusqu’à son décès. Ces rentes sont garanties et indexées chaque année en fonction de l’Indice des prix à la consommation.</p>
<p>Quant au troisième étage, il renferme différents types de régimes.</p>
<p>Outre les produits d’épargne individuels, comme les Régimes enregistrés d’épargne-retraite (REÉR) ou les Comptes d’épargne libre d’impôts (CÉLI), les régimes collectifs sont présents dans certains milieux de travail afin que les personnes salariées puissent cotiser et, à leur retraite, jouir d’un revenu de retraite. Les deux grandes familles de régimes collectifs sont les régimes à cotisations déterminées (RCD) et les régimes à prestations déterminées (RPD).</p>
<p>Les produits d’épargne individuelle et certains régimes d’employeurs, comme les RCD, permettent aux personnes salariées d’accumuler un capital qui sera décaissé durant la retraite. Le décaissement se fait avec des produits offerts par les compagnies d’assurance ou les institutions financières privées. Les individus sont responsables de leur patrimoine, doivent gérer leur argent et assumer les risques de manière individuelle.</p>
<p>Mais il faut savoir qu’environ la moitié des personnes qui travaillent ne <a href="https://www.retraitequebec.gouv.qc.ca/fr/publications/nos-programmes/regime-de-rentes-du-quebec/consultation-publique/consultation-publique-2023/Pages/document-de-consultation-un-regime-adapte-aux-defis-du-21e-si%C3%A8cle.aspx">bénéficient pas d’un régime de retraite collectif, ni d’un REÉR</a>.</p>
<h2>Le remplacement des RPD par les RCD</h2>
<p>Le problème, depuis quelques décennies, est la diminution de la proportion de personnes travaillant dans le secteur privé qui sont couvertes par des RPD. Cela fait en sorte que davantage de personnes salariées doivent se fier sur l’épargne individuelle ou des RCD pour financer leur retraite. Ces personnes sont donc financièrement vulnérables et doivent assumer les risques liés au décaissement de leur épargne, comme celui qu’il n’y ait pas suffisamment d’argent jusqu’à la fin de leurs jours.</p>
<p>Avec l’allongement de l’espérance de vie, les personnes nouvellement retraitées doivent planifier le décaissement de leur patrimoine issu de l’épargne individuelle ou des rentes de cotisations déterminées sur une plus longue période de temps.</p>
<h2>Allongement de l’espérance de vie et décaissement</h2>
<p>Quels peuvent être les impacts de cette situation ? Avec un décaissement réparti sur une plus longue période de temps, les montants mensuels pouvant être versés sont plus faibles. Par exemple, pour un même niveau de patrimoine (par exemple 400 000 $), les montants mensuels versés sur 15 ans peuvent être supérieurs à ceux versés sur un horizon de 25 ans.</p>
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<p>Les personnes retraitées pourraient par ailleurs vivre plus longtemps que la période prévue de décaissement, avec pour résultat que certaines sources de revenus se tariront ou diminueront fortement. Des difficultés financières peuvent ainsi apparaître à la fin de la vie, et des décisions difficiles pourraient devoir être prises alors que les capacités cognitives des personnes retraitées déclinent.</p>
<h2>Une idée pour les RCD</h2>
<p>Des actions ont déjà été entreprises par les organismes de contrôle et de supervision en matière de retraite pour faire bénéficier de rentes à vie les participants à des RCD. Le <a href="https://www.assnat.qc.ca/fr/travaux-parlementaires/projets-loi/projet-loi-80-43-1.html">projet de loi no 80 préparé par Retraite Québec et adopté en 2024</a> permet aux RCD de mettre en place des modalités de décaissement versant des rentes pour toute la vie de la personne retraitée.</p>
<p>Cette année-là, le Québec a emboîté le pas au gouvernement fédéral en légiférant pour que les RCD puissent verser des rentes à vie.</p>
<p>L’une des limites de ces régimes qui offrent des rentes versées à vie est que la petite taille de l’actif du régime ne permettra pas de faire diminuer les frais de gestion. De manière générale, plus l’actif à gérer est important, plus ils diminuent.</p>
<p>Nous pourrions aller plus loin. Le Royaume-Uni, par exemple, a mis en place le <a href="https://www.nestpensions.org.uk/schemeweb/nest.html">National Employment Savings Trust</a> (NEST) en 2012 afin de recueillir et de gérer les cotisations des personnes salariées n’ayant pas de régime de retraite offert dans leurs milieux de travail. Les salariés et les employeurs y versent les cotisations. Les frais de gestion du NEST sont de 1,8 % pour les cotisations et de 0,3 % de l’actif sous gestion.</p>
<p>L’intérêt pour ce type de formule publique dans un contexte d’allongement d’espérance de vie est que les frais de gestion sont, de manière générale, plus faibles que dans le secteur privé.</p>
<p>Le patrimoine accumulé dans cet organisme grâce aux cotisations peut être retiré graduellement pour toute la vie, tout en permettant de sortir de l’argent dans les cas d’urgence. Il s’agit d’une approche plus structurante dont le Québec et les provinces canadiennes pourraient s’inspirer pour améliorer les modalités de décaissement des régimes à cotisations déterminées.</p>
<h2>Une idée pour les régimes publics</h2>
<p>Les régimes publics du Québec et du Canada (le premier et le deuxième étage du SRR) versent des rentes indexées selon l’Indice des prix à la consommation. Cependant, d’autres méthodes d’indexation existent ailleurs dans le monde. Par exemple, certains pays indexent les rentes des régimes publics en fonction des salaires ou du coût de la vie.</p>
<p>Plusieurs organismes ont déjà proposé que les <a href="https://www.fadoq.ca/wp-content/uploads/2017/08/avis-projet-de-loi-149.pdf">rentes des régimes publics canadiens et québécois soient indexées en fonction de la hausse du salaire moyen plutôt que de l’Indice des prix à la consommation</a>. Cela ferait en sorte que les rentes augmenteraient plus rapidement, puisque les salaires augmentent plus rapidement que l’inflation.</p>
<p>Une méthode d’indexation plus avantageuse pour les personnes retraitées est celle utilisée au Royaume-Uni. Elle consiste à indexer les rentes du plus élevé de ces facteurs : les prix à la consommation, les salaires ou 2,5 %. Elle a été surnommée <em>Triple Lock</em>.</p>
<p>Selon cette méthode d’indexation appliquée au Régime de rentes du Québec, calculée par <a href="https://iris-recherche.qc.ca/publications/vieillir-au-quebec/">l’institut de recherche et d’informations socioéconomiques</a>, les rentes du RRQ auraient augmenté plus rapidement avec la méthode d’indexation du Royaume-Uni que de celle du Canada.</p>
<p>Des solutions existent donc afin de bonifier les modalités de décaissement des régimes à cotisations déterminées, ainsi que la méthode d’indexation des régimes publics.</p>
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<p><em>Je remercie Riel Michaud-Beaudry, chercheur de l’Observatoire, pour sa relecture et ses commentaires.</em></p><img src="https://counter.theconversation.com/content/250342/count.gif" alt="La Conversation Canada" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>François L'Italien est coordonnateur de l'Observatoire de la retraite directeur adjoint de l'Institut de recherche en économie contemporaine (IREC). Le financement de l'Observatoire de la retraite et de l'IREC provient d'organismes variés comme des associations de retraités ou de travailleurs et de Fonds de travailleurs.</span></em></p>Le vieillissement de la population, combiné à l’allongement de l’espérance de vie, représente un défi pour nos régimes de retraite. Des solutions existent afin d’en bonifier le fonctionnement.François L'Italien, Professeur associé, sociologie, Université LavalLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/2663002025-09-30T14:16:35Z2025-09-30T14:16:35Z« Kuei, je te salue » : il n’y a pas de réconciliation possible sans récit partagé<p>Dans un contexte où les fractures mémorielles occupent une place grandissante dans nos sociétés, certaines œuvres littéraires se présentent comme des passerelles inattendues. C’est le cas de <a href="https://www.leslibraires.ca/livres/kuei-je-te-salue-conversation-sur-deni-ellis-bechard-9782897196967.html?srsltid=AfmBOoqzssKCYmSDG9WExKWgmNzBpfDOkG7JJ0MH9_ZXrochNXMrWpQZ"><em>Kuei, je te salue</em></a> publié en 2016, fruit d’un dialogue épistolaire entre l’écrivain franco-américain <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Deni_Yvan_B%C3%A9chard">Deni Ellis Béchard</a> et la poète innue <a href="https://memoiredencrier.com/auteurs/natasha-kanape-fontaine/">Natasha Kanapé Fontaine</a>.</p>
<figure class="align-right ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/693658/original/file-20250930-56-tve2i3.jpg?ixlib=rb-4.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/693658/original/file-20250930-56-tve2i3.jpg?ixlib=rb-4.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=971&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/693658/original/file-20250930-56-tve2i3.jpg?ixlib=rb-4.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=971&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/693658/original/file-20250930-56-tve2i3.jpg?ixlib=rb-4.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=971&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/693658/original/file-20250930-56-tve2i3.jpg?ixlib=rb-4.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=1221&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/693658/original/file-20250930-56-tve2i3.jpg?ixlib=rb-4.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=1221&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/693658/original/file-20250930-56-tve2i3.jpg?ixlib=rb-4.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=1221&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption">Page couverture de l’ouvrage « Kuei, je te salue ».</span>
<span class="attribution"><span class="source">(Éditions Écosociété)</span>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by/4.0/">CC BY</a></span>
</figcaption>
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<p>Plus qu’un livre, c’est un <a href="https://www.lapresse.ca/debats/opinions/2021-01-17/extrait-de-kuei-je-te-salue/conversation-sur-le-racisme.php">dispositif d’écoute et de réconciliation</a>, qui nous invite à repenser le rôle de la littérature : non pas seulement raconter, mais créer les conditions d’une <a href="https://www.radiofrance.fr/franceculture/podcasts/lectures-d-actu/la-litterature-pour-comprendre-la-colonisation-1764007">rencontre</a> entre peuples autochtones et colonisateurs.</p>
<p>En tant que <a href="https://www.su.se/profiles/chpr8162-1.195186">spécialiste des études culturelles francophones</a> et des théories postcoloniales, je m’intéresse plus précisément au cas des <a href="https://www.su.se/department-of-romance-studies-and-classics/news/best-article-published-in-2023-in-the-british-journal-of-canadian-studies-1.736837">littératures autochtones produites en français</a> et notamment celles qui abordent les <a href="https://muse.jhu.edu/pub/105/article/911503">fractures mémorielles</a>.</p>
<p><em>Cet article fait partie de notre série <strong><a href="https://theconversation.com/topics/des-livres-qui-comptent-179703">Des livres qui comptent</a></strong>, dans laquelle des experts de différents domaines abordent ou décortiquent les ouvrages qu’ils jugent pertinents. Ces livres sont ceux, parmi tous, qu’ils retiennent lorsque vient le temps de comprendre les transformations et les bouleversements de notre époque.</em></p>
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<h2>Une correspondance comme dispositif de réparation</h2>
<p>Le livre prend la forme de <a href="https://doi.org/10.17045/sthlmuni.24865983.v1">vingt-six lettres échangées</a> entre les deux auteurs. Deni Ellis Béchard, dont le père est Gaspésien et la mère, Américaine, interroge sa place dans une histoire marquée par la colonisation, tandis que Natasha Kanapé Fontaine porte la <a href="https://www.jstor.org/stable/26860342">mémoire et l’expérience innue</a>. Le format épistolaire, qui alterne confidences et réflexions, ouvre un espace intime pour aborder des <a href="https://www.erudit.org/en/journals/af/2023-v3-n3-af09038/1108798ar.pdf">sujets souvent évités dans l’espace public</a> : racisme systémique, violences coloniales, pensionnats, effacement des cultures autochtones.</p>
<p>Ce choix n’est pas anodin. L’échange de lettres crée une relation de proximité avec le lecteur, invité à devenir témoin d’un dialogue qui l’inclut implicitement. Le livre se présente comme une conversation élargie : de l’écrivain non autochtone vers l’autrice innue, mais aussi de ces deux voix vers le <a href="https://doi.org/10.1515/9783111001647">lecteur québécois, canadien</a>, et plus largement francophone.</p>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/la-litterature-autochtone-francophone-fait-desormais-partie-du-paysage-culturel-au-quebec-et-dans-le-monde-236014">La littérature autochtone francophone fait désormais partie du paysage culturel, au Québec et dans le monde</a>
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<h2>Un contrat d’apprentissage et d’empathie</h2>
<p>Dès les premières pages, le livre trace un contrat pédagogique avec son lecteur. Natasha Kanapé Fontaine introduit des <a href="https://doi.org/10.54797/tfl.v54i3-4.51451">mots innus</a>, des références culturelles, des fragments de mémoire souvent ignorés du grand public. Ces incursions ne sont pas des ornements exotiques : elles rappellent que la langue et la culture innues ont été <a href="https://doi.org/10.26881/erta.2025.42.03">marginalisées</a>, et qu’il faut leur faire place dans le récit collectif.</p>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/693660/original/file-20250930-56-phlc2e.jpg?ixlib=rb-4.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/693660/original/file-20250930-56-phlc2e.jpg?ixlib=rb-4.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=900&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/693660/original/file-20250930-56-phlc2e.jpg?ixlib=rb-4.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=900&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/693660/original/file-20250930-56-phlc2e.jpg?ixlib=rb-4.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=900&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/693660/original/file-20250930-56-phlc2e.jpg?ixlib=rb-4.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=1131&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/693660/original/file-20250930-56-phlc2e.jpg?ixlib=rb-4.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=1131&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/693660/original/file-20250930-56-phlc2e.jpg?ixlib=rb-4.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=1131&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">La poète innue Natasha Kanape Fontaine introduit quelques mots d’Innus dans le livre « Kuei, je te salue ».</span>
<span class="attribution"><span class="source">(Julie Artacho)</span>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-sa/4.0/">CC BY-SA</a></span>
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<p>Ce geste est profondément politique : apprendre quelques mots, c’est déjà s’ouvrir à l’altérité. Comme le montrent <a href="https://doi.org/10.17045/sthlmuni.27642483.v1">mes travaux en analyse du discours</a>, le livre fonctionne ainsi comme un apprentissage de l’empathie. Le lecteur n’est pas sommé de se sentir coupable, mais invité à partager une <a href="https://doi.org/10.22364/BJELLC.09.2019.06">mémoire occultée</a>, à reconnaître une présence trop longtemps niée.</p>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/on-ne-nait-pas-blanc-on-le-devient-explorer-la-pensee-blanche-avec-lilian-thuram-263862">On ne naît pas blanc, on le devient : explorer « La pensée blanche » avec Lilian Thuram</a>
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<h2>Une mémoire qui répare l’oubli</h2>
<p>Contrairement à des discours qui se limitent à dénoncer ou à accuser, <em>Kuei, je te salue</em> s’inscrit dans une <a href="https://doi.org/10.17045/sthlmuni.16775935.v1">dynamique de réparation</a>. Le cœur du dialogue n’est pas la culpabilisation, mais la réincorporation d’un <a href="https://doi.org/10.17045/sthlmuni.13077278">oubli</a>. <a href="https://doi.org/10.17045/sthlmuni.20417832">L’histoire coloniale du Québec</a> et du <a href="https://doi.org/10.17045/sthlmuni.15329100.v1">Canada</a> est marquée par des silences, des effacements : pensionnats, dépossession des territoires, assimilation forcée. Le livre rappelle ces réalités sans violence rhétorique, mais en insistant sur leur persistance dans les vies contemporaines.</p>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/693659/original/file-20250930-66-gtoqu5.jpg?ixlib=rb-4.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/693659/original/file-20250930-66-gtoqu5.jpg?ixlib=rb-4.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=900&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/693659/original/file-20250930-66-gtoqu5.jpg?ixlib=rb-4.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=900&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/693659/original/file-20250930-66-gtoqu5.jpg?ixlib=rb-4.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=900&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/693659/original/file-20250930-66-gtoqu5.jpg?ixlib=rb-4.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=1131&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/693659/original/file-20250930-66-gtoqu5.jpg?ixlib=rb-4.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=1131&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/693659/original/file-20250930-66-gtoqu5.jpg?ixlib=rb-4.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=1131&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Dans le livre « Kuei, je te salue », l’écrivain Deni Ellis Béchard interroge sa place dans une histoire marquée par la colonisation.</span>
<span class="attribution"><span class="source">(Julie Artacho)</span>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by/4.0/">CC BY</a></span>
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<p>Cette approche non violente ne cherche pas à édulcorer le passé, mais à créer les conditions d’une mémoire partagée. La littérature devient ici un médium pour rendre visible ce qui a été <a href="https://doi.org/10.16993/bci.c">effacé</a>, tout en ménageant un espace d’écoute et de reconnaissance.</p>
<h2>Une <a href="https://www.cnvc.org/">communication non violente</a> au service du dialogue</h2>
<p>Le ton de l’ouvrage doit beaucoup aux principes de la <a href="https://shs.cairn.info/comprendre-les-micro-violences-en-education--9791034608676-page-115">communication non violente</a>. On y retrouve le souci de nommer les blessures sans accuser directement, de formuler des demandes claires, de chercher une compréhension mutuelle. Cela permet de désamorcer les réflexes défensifs qui accompagnent souvent les débats sur la <a href="https://theconversation.com/valentin-yves-mudimbe-le-penseur-qui-a-theorise-la-decolonisation-des-savoirs-africains-255397">mémoire coloniale</a>.</p>
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<p>En choisissant la voie de l’empathie plutôt que celle de la confrontation, les deux auteurs ouvrent une possibilité rare : celle de parler d’un <a href="https://doi.org/10.29173/af29430">passé douloureux</a> sans que le dialogue ne se rompe. Ce style contribue à rendre le livre accessible à un public qui pourrait autrement se sentir tenu à distance par des discours trop accusateurs ou trop théoriques.</p>
<h2>Un levier civique et éducatif</h2>
<p>L’importance de <em>Kuei, je te salue</em> dépasse le champ littéraire. L’ouvrage est utilisé dans certaines écoles et universités comme support pédagogique pour aborder la réconciliation entre Autochtones et non-Autochtones. Il offre un modèle de dialogue qui peut inspirer d’autres contextes marqués par des <a href="https://doi.org/10.17045/sthlmuni.16619779">fractures mémorielles ou culturelles</a>. La fin de l’ouvrage propose même des documents pédagogiques à destination des écoles avec des programmes d’activité.</p>
<p>Le message est clair : il n’y a pas de réconciliation possible sans <a href="https://www.lapresse.ca/arts/livres/entrevues/201605/04/01-4978043-natasha-kanape-fontaine-se-tenir-debout.php">récit partagé</a>. La littérature, par sa capacité à susciter l’émotion et à créer des personnages incarnés, a un rôle essentiel à jouer dans ce processus. Elle ne remplace pas les politiques publiques ni les réparations concrètes, mais elle prépare les esprits et les cœurs à les accueillir, elle encourage à apprendre l’histoire dans une <a href="https://doi.org/10.17045/sthlmuni.19419329">perspective interculturelle</a>.</p>
<h2>De l’empathie à la responsabilité</h2>
<p><em>Kuei, je te salue</em> demeure une œuvre singulière et nécessaire. Elle illustre comment la littérature peut être au service de <a href="https://theconversation.com/la-litterature-autochtone-francophone-fait-desormais-partie-du-paysage-culturel-au-quebec-et-dans-le-monde-236014">l’empathie</a>, non pas en dictant une morale, mais en créant les conditions d’une écoute mutuelle.</p>
<p>Elle propose un chemin : de <a href="https://doi.org/10.16993/bci.b">l’oubli à la mémoire</a>, de la mémoire à l’empathie, de l’empathie à la responsabilité. En revanche, cette œuvre refuse toute tentative de <a href="https://www.lapresse.ca/arts/livres/entrevues/201605/04/01-4978043-natasha-kanape-fontaine-se-tenir-debout.php">récupération de cette réconciliation</a> pour donner <a href="https://theconversation.com/on-ne-nait-pas-blanc-on-le-devient-explorer-la-pensee-blanche-avec-lilian-thuram-263862">bonne conscience aux Blancs</a>. L’idée est bien d’amener le lecteur vers une exigence de remise en question pour pouvoir être en mesure de percevoir les récits oubliés de l’Histoire.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/266300/count.gif" alt="La Conversation Canada" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Christophe Premat est directeur du Centre d'études canadiennes de l'Université de Stockhom depuis 2017. Il a récemment publié Premat, C. (2025), "Le monde qui se dérobe dans Nanimissuat Île-tonnerre de Natasha Kanapé Fontaine", Cahiers ERTA, (42), 55–75. <a href="https://doi.org/10.26881/erta.2025.42.03">https://doi.org/10.26881/erta.2025.42.03</a></span></em></p>La littérature, par sa capacité à susciter l’émotion et à créer des personnages incarnés, a un rôle essentiel à jouer dans le processus de réconciliation.Christophe Premat, Professor, Canadian and Cultural Studies, Stockholm UniversityLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/2649352025-09-29T16:58:10Z2025-09-29T16:58:10ZL’interdiction des téléphones portables dans les écoles ne résoudra pas les enjeux liés à l’utilisation des technologies par les familles<p>Depuis septembre, les élèves du primaire et du secondaire à travers le Québec doivent s’adapter à une nouvelle règle importante : l’interdiction complète du cellulaire à l’école. Ce débat, bien qu’il domine les conversations entourant la rentrée scolaire, <a href="https://theconversation.com/banning-cellphones-in-classrooms-is-not-a-quick-fix-for-student-well-being-210178">n’est pas nouveau</a>, ni spécifique au Québec.</p>
<p>Les inquiétudes des parents vis-à-vis de l’utilisation des technologies par leurs enfants ne cessent de grandir, alimentées notamment par les histoires de <a href="https://www.bbc.com/news/articles/cgerwp7rdlvo">suicides d’ados après des échanges avec ChatGPT</a> ou encore les <a href="https://www.businessinsider.com/roblox-online-gaming-giant-child-predator-allegations-lawsuits-2025-8">accusations d’exploitation d’enfants sur Roblox</a>. Les gouvernements, un peu partout dans le monde, réagissent à ces craintes concernant l’impact des technologies numériques sur les jeunes en mettant en place des interdictions.</p>
<p>En tant que chercheurs des usages numériques au quotidien, nous soutenons qu’une interdiction, à elle seule, passe à côté d’un enjeu crucial pour les familles. Car une fois de retour à la maison, ce sont les parents qui se retrouvent à gérer seuls l’usage des écrans. Et puisque la majorité des activités en ligne échappent à leur regard, établir des règles claires — et maintenir un dialogue ouvert — devient un véritable défi.</p>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/telephone-intelligent-a-lecole-linterdiction-nest-pas-lunique-solution-229062">Téléphone intelligent à l’école : l’interdiction n’est pas l’unique solution</a>
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<h2>Le besoin de littératie numérique pour les parents</h2>
<p>Selon l’Observatoire de la parentalité et de l’éducation numérique, un organisme de recherche français, <a href="https://www.open-asso.org/parents-enfants-numerique-2024-rapport-de-letude/">53 % des parents estiment manquer de soutien en matière d’éducation numérique de leurs enfants</a>.</p>
<p><a href="https://doi.org/10.1016/j.ijresmar.2025.04.008">Notre recherche démontre</a> que le problème ne se limite pas au temps d’écran. C’est aussi l’invisibilité des activités des jeunes qui alimente les tensions à la maison.</p>
<p>Par exemple, un adolescent que nous avons interviewé utilisait les jeux vidéo pour rester en contact avec ses amis. Sa mère, elle, y voyait une manière de s’isoler. Une discussion aurait pu apaiser la situation, mais le stigma entourant le jeu vidéo a compliqué les choses.</p>
<p>Ces différences de perception creusent encore plus le fossé numérique entre les parents et leurs enfants.</p>
<h2>Penser au-delà du temps d’écran</h2>
<p>Le temps passé devant un écran, en soi, ne dit pas grand-chose sur ce que les jeunes font réellement en ligne. <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/26552416/">Certaines études montrent qu’un usage modéré — environ une heure par jour — est lié à un taux plus bas de dépression</a>, et que les <a href="https://core.ac.uk/download/pdf/29031471.pdf">plateformes numériques peuvent même favoriser des amitiés plus diverses et inclusives</a> que dans la « vraie vie ». Bref, tout est dans le contexte : ce que les jeunes font, avec qui et dans quelles conditions.</p>
<p>Dans notre recherche, c’est à travers le contexte des jeux vidéo, que nous avons cherché à mieux comprendre comment les familles vivent la technologie à la maison.</p>
<p>Nous avons constaté que les inquiétudes parentales ne portent pas seulement sur le jeu lui-même — souvent vu comme isolant ou improductif — mais aussi sur la façon dont il bouscule les routines familiales. Un exemple probant serait celui d’un enfant qui refuse de quitter sa partie pour venir souper. Comme ces technologies sont conçues pour capter et retenir l’attention, leur effet sur la dynamique familiale est trop souvent ignoré.</p>
<h2>Le défi de l’invisibilité</h2>
<p>Ces tensions sont amplifiées par la partie invisible des activités en ligne. Voir un jeune devant un écran ne raconte pas toute l’histoire : est-il en train de socialiser avec ses amis, d’argumenter avec des inconnus ou de faire face à des propos nocifs ?</p>
<p>Cette opacité complique sérieusement les négociations à l’intérieur des foyers. Bien que les parents imposent des règles — « une heure de jeu », « pas de cellulaire après 21 h » — ces limites peuvent paraître arbitraires et injustes aux yeux des ados, si elles sont mises en place sans comprendre les dynamiques propres au numérique.</p>
<p>Dans notre étude, plusieurs jeunes décrivaient le même dilemme. D’un côté, quitter une partie en plein milieu signifiait s’exposer à des pénalités — souvent sous la forme d’un ban temporaire — et laisser tomber leurs coéquipiers. D’un autre, rester en ligne les mettait en porte-à-faux avec les attentes familiales, comme venir souper. Résultat : les parents se sentent défiés, les enfants incompris.</p>
<h2>Pourquoi les interdictions ne suffisent pas</h2>
<p>Au niveau des politiques publiques, interdire les appareils en classe peut réduire les distractions. Mais cela aide peu les familles à encadrer l’usage des écrans à la maison, où les tensions réapparaissent rapidement.</p>
<p>L’expérience internationale montre d’ailleurs que ces interdictions ne règlent pas les problèmes de fond.</p>
<p>En Australie, par exemple, où plusieurs États restreignent l’usage du cellulaire à l’école, des <a href="https://theconversation.com/australia-is-banning-social-media-for-teens-should-canada-do-the-same-245932">chercheurs rappellent que ces mesures ne devraient pas remplacer des efforts plus larges en littératie numérique</a>.</p>
<h2>Miser sur la littératie et le dialogue</h2>
<p>Si nous voulons vraiment soutenir les familles, il faut mieux comprendre ce qui se passe derrière l’écran. Cela signifie aider les parents à poser les bonnes questions, à saisir le contexte d’utilisation et à négocier des règles justes.</p>
<p>Les téléphones et les consoles sont souvent perçus comme des objets « personnels », ce qui laisse les parents à l’écart de ce qui s’y passe réellement. Le dialogue est essentiel, mais il doit être soutenu par des ressources adaptées.</p>
<p>Au Québec, par exemple, Vidéotron s’est associé au <a href="https://leciel.ca/">CIEL</a> pour offrir des <a href="https://www.videotron.com/partenariats/ciel?srsltid=AfmBOooqZOlBsWFcTE1dZAtV1EIZ9QAi6m3LGKMTWfs-hecuQn4fths_">outils qui aident les familles à discuter et à mieux encadrer l’usage du téléphone</a>.</p>
<p>Dans notre recherche auprès de joueurs compétitifs, nous avons vu que ce type d’initiatives illustre bien le rôle que peuvent jouer les intermédiaires : agir comme des coachs, capables d’accompagner jeunes et parents vers des pratiques numériques plus saines et équilibrées. Plutôt que de laisser les familles se débrouiller seules, ou de miser uniquement sur les interdictions à l’école, ces soutiens structurés rendent plus tangible ce qui reste souvent invisible derrière l’écran.</p>
<p>Il faut aussi rappeler que l’usage du numérique est rarement solitaire. Un enfant qui joue est connecté à ses amis. Un ado qui <em>scroll</em> sur les réseaux sociaux navigue à travers des pressions sociales bien réelles.</p>
<p>Reconnaître ces liens permet aux parents de dépasser la logique des simples limites de temps d’écran pour aborder des questions plus profondes : la sécurité, l’équilibre, le bien-être.</p>
<p>Nos recherches montrent que lorsque les familles réussissent à parler ouvertement de la réalité en ligne, même si les parents ne comprennent pas tous les détails des plates-formes, les tensions diminuent. Les règles deviennent alors plus faciles à accepter et à respecter.</p>
<h2>Et après ?</h2>
<p>La technologie évoluera toujours plus vite que les politiques publiques. Les interdictions peuvent offrir un répit temporaire, mais elles ne remplacent pas le dialogue, la littératie numérique et la patience des familles au quotidien.</p>
<p>En ce début d’année scolaire, la véritable question n’est pas seulement de savoir si les cellulaires ont leur place en classe, mais plutôt de trouver des moyens concrets d’appuyer les familles dans un univers numérique où une grande partie de la réalité reste invisible.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/264935/count.gif" alt="La Conversation Canada" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Les auteurs ne travaillent pas, ne conseillent pas, ne possèdent pas de parts, ne reçoivent pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'ont déclaré aucune autre affiliation que leur organisme de recherche.</span></em></p>Interdire les téléphones portables dans l’enceinte de l’école peut apporter un soulagement à court terme, mais cela ne résout pas les malentendus liés à la technologie à la maison.Alex Baudet, Assistant professor in Marketing, Université LavalMarie-Agnes Parmentier, Professor of Marketing, HEC MontréalLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.