Psychodynamique
Psychodynamique est un adjectif se rapportant à l'étude du psychisme. Ce mot désigne souvent un courant théorique et clinique issu de la psychanalyse mettant l’accent sur les effets de processus inconscients, de conflits intrapsychiques et de relations précoces (attachements, transferts) supposés déterminants pour le fonctionnement psychique et les psychopathologies ; ce courant se décline en interventions psychothérapeutiques (psychothérapies psychodynamiques) visant à rendre ces processus conscients, à interpréter le transfert et à favoriser une restructuration de la vie mentale ; ce courant inclut des formats longs ou courts adaptés à des pathologies variées et s’appuie aujourd’hui sur des développements théoriques post‑freudiens ainsi que sur des recherches empiriques cherchant à mesurer son efficacité, lesquelles indiquent que les psychothérapies d’inspiration psychodynamique peuvent être au moins aussi efficaces que d’autres approches pour certaines indications et présentent des effets durables, tout en restant l’objet de débats méthodologiques et de travail de standardisation des protocoles et des mesures d’issue
Psychologie
[modifier | modifier le code]Joy Paul Guilford désigne la psychodynamique comme l’étude des relations entre réponses aux stimuli[1].
Psychothérapie
[modifier | modifier le code]Les psychothérapies dynamiques ou psychodynamiques se caractérisent par une référence à la psychanalyse et à d’'autres méthodes, dans la mesure où les paramètres du cadre psychanalytique traditionnel sont modifiés[2] (entretien en face à face, rythme des séances…). Lorsque des apports techniques et méthodologiques issus d’autres pratiques que la psychanalyse sont utilisés on parlera plutôt de « psychothérapie intégrative ».
Quoique la psychothérapie psychodynamique présente a priori un cadre plus souple par rapport à la cure type de la psychanalyse, il resterait à définir les autres approches qui ne peuvent rentrer dans son champ (sur le modèle de la théorie des ensembles ?), en définissant des invariants catégoriels inclusifs et des critères d’exclusion de l’ensemble « psychothérapie psychodynamique »[C'est-à-dire ?]. Inclure la neuropsychologie dans la psychothérapie psychodynamique ne pourrait en ce sens que référer aux premiers travaux de Freud sur les décharges neuroniques - travaux qui l’ont inspirés pour créer sa topique et son économique du psychisme, mais qu’il a abandonnés (référés à l'’anatomie cérébrale) pour se consacrer à la « psycho-analyse » (le premier nom donné à la psychanalyse en France[3][réf. incomplète]. En ce sens, de nos jours, intégrer à la psychothérapie psychodynamique des champs qui ne relèvent pas à proprement parler de la psycho-thérapie (comme la neuropsychologie ou la psychiatrie, sauf si celui qui la pratique est un psychanalyste ou un psychothérapeute psycho-dynamicien) relève soit d’une erreur, soit d’une volonté de prôner un éclectisme qui, analysé de plus près, ne peut que révéler des incohérences théoriques.
Psychanalyse
[modifier | modifier le code]Élisabeth Roudinesco considère que, dans son domaine, les termes « psychiatrie dynamique » et « psychodynamique » sont équivalents et que Pierre Janet, en tant que psychologue, avait une approche psychodynamique[4].
Psychodynamique du travail
[modifier | modifier le code]Dans le contexte de la santé au travail et de la santé mentale, la « psychodynamique du travail » est une discipline introduite par Christophe Dejours au début des années 1970 afin d’étudier la complexité des rapports qu’entretiennent les personnes au travail[5],[6],[7].
De nombreuses enquêtes en psychodynamique du travail menées dans des entreprises publiques et privées de secteurs variés, ont aussi permis de préciser les ressorts psychologiques individuels et collectifs des conduites de résistance face aux contraintes délétères pour la psyché de l'organisation néolibérale du travail. Dans sa thèse de doctorat en psychologie (2017), Antoine Duarte, en s’appuyant sur du matériel clinique recueilli lors d’interventions en « clinique du travail » sollicitées par des services de santé au travail, a étudié les liens entre formes d’organisation du travail, souffrance psychique et pathologies mentales, mettant en évidence des pratiques de résistance inventées par les salariés confrontés aux dérives managériales. L’auteur identifie aussi un « tournant » dans les stratégies de défense : les résistances contemporaines ciblent particulièrement la douleur morale et la souffrance éthique, c’est‑à‑dire la détresse résultant d’injonctions organisationnelles, éventuellement paradoxales qui contraignent les individus à participer à des pratiques contraires à leur sens moral.
Via une notion de « travail vivant », Antoine Duarte propose une conception normative et opérationnelle de la praxis de résistance visant à combattre le mépris du travail vivant, la désolation et la banalisation de l’injustice sociale engendrés par le néolibéralisme, en faisant de la recomposition des coopérations au travail l’élément central de cette praxis[8].
Notes et références
[modifier | modifier le code]- ↑ Vocabulaire de la psychologie, PUF.
- ↑ Martin Weyeneth, « La psychothérapie de soutien : Un pas vers l’éclectisme », Psychothérapies, vol. 24, no 2, , p. 73-86.
- ↑ Roudinesco, Histoire de la psychanalyse, vol 1.
- ↑ Élisabeth Roudinesco, Le patient, le thérapeute et l’État, Fayard, 2004.
- ↑ « La psychodynamique du travail : objet, considérations épistémologiques, concepts et prémisses théoriques », Santé mentale au Québec, (DOI 10.7202/008833ar).
- ↑ Christophe Dejours, « Psychodynamique du travail et politique : quels enjeux ? », Travailler, vol. 36, no 2, , p. 75–90 (ISSN 1620-5340, DOI 10.3917/trav.036.0075).
- ↑ Christophe Dejours, « La psychodynamique du travail face à l’évaluation : de la critique à la proposition », Travailler, vol. 25, no 1, , p. 15–27 (ISSN 1620-5340, DOI 10.3917/trav.025.0015).
- ↑ Antoine Duarte, Défenses et résistance en psychodynamique du travail (thèse de doctorat en psychologie), Université Sorbonne Paris Cité, (HAL tel-02280118, lire en ligne).