46) Regenerative Homo Sapiens // Homo sapiens régénératif

(in French below, en français ci-dessous)

In chronicle 42 we wrote how Ignacy Sachs, a French and Polish intellectual trace back the emergence of the sustainable development concept. At first it was called eco-development. It was imagined by Maurice Strong. Canadian, former CEO of Power Corporation, Strong was put in charge of organizing the United Nations’ first world conference on the environment, in Stockholm in 1972—he will also organise the Rio conference in 1992. But what Maurice Strong had in mind involved going back to some kind of agro-pastoral lifestyle, with humanity turning its back on industrialisation. That is forgetting that even common objects of the modern world, the bicycle to name one, are the result of sophisticated industrial processes the agro-pastoral civilisations did not have access to. 

Ignacy Sachs will spend decades redefining and clarifying eco-development, in particular in a book Stratégies de l’éco-développement. Born in Varsovie in 1927, having lived  as a refugee in Brasil with his Jewish family during the Second World war, in India as a Polish diplomat and technical advisor, Sachs knew what under-development and poverty meant. He opposed any romantic views of past civilisations. Eventually the term sustainable development emerged in 1987 with the widely diffused UN Brundtland report, after five years of consultations around the world. Sustainable development, in particular its translation « durable » in French, was controversial, widely criticized as defending status quo, a continuation of economical destructive activities. Later « industrial ecology », and, more recently, « circular economy » were used, expressions trying to bring the discussions beyond the (very linguistic) sustainability debate.

Regenerative industries for a biogeotherapy

But even a circular economy does not repair what needs to be repaired if humanity is to get out of the hot water we put ourselves in. We must reduce sources of carbon, but also, create carbon sinks—and sinks are no excuse for not reducing sources. Circular does not involve carbon dioxide removal/drawdown. It does not involve the re-establishment of local weather patterns. If we are to obtain a livable climate and the biodiversity we wish for, drawdown is mandatory, not an option. We must have, and massively use, negative emissions technologies, in particular nature-based climate solutions with their co-benefits. We must restore ecosystems, eventually the entire biosphere. Some of this drawdown will be done using soils and animals to store carbon, putting carbon back where it belongs, that is under our feet. 

Some will come from biochar production and use, remineralization of soils, rock weathering, permaculture, agro-forestry, massive reforestation with billions of trees. Yet materials used for industrialisation, for infrastructures’ construction (buildings, roads, airports, goods and services), can also be bio-sourced and be carbon negative. The twenty-first century industrialisation can be an instrument for the Earth’s carbon cycle equilibrium with climates humanity is confortable with. Concrete, asphalt, plastic, litter, and probably a thousand other products, can use biochar, compressed wood stronger than steal, woody materials, liquid carbon dioxide and other carbon-based materials sequestering GHG. Their use will also reduce the extraction of ores, a reason for Earth’s destruction and carbon disequilibrium. Of course better organized and more efficient recycling is needed, but, a substitution towards bio-sourced materials is also possible. With 352 scientific references and published in the journal materials, an article, « A Review of Non-Soil Biochar Applications », gives numerous promising exemples (open source on the web). 

Observers and critics of the current development must avoid proposing a romantic and unrealistic views of an agro-pastoral life, a life they often have not experienced first hand. Agriculture and animal husbandry without newly found and mastered regenerative agriculture and holistic grazing management, where not renewable and sustainable, even if organic. Soils’ disturbances provoked desertification. Industrial tools and modern materials will continue to play a major role in our lives, including information and telecommunication so central to the rapid emergence of the present regenerative trend. With healthy soils, healthy agriculture, healthy animal husbandry leading to healthy food, healthy industrialisation is the second leg of a new species, regenerative homo sapiens—a new human all in for a biogeotherapy of the Earth, a planet he loves and depends on. 

Homo sapiens régénératif

Dans notre chronique 42 nous écrivons qu’Ignacy Sachs, un intellectuel franco-polonais, retrace l’émergence du mot développement durable. Au début on disait éco-développement, un terme imaginé par Maurice Strong. Canadien, ancien PDG de Power Corporation, Strong fut mis en charge de l’organisation de la première conférence des Nations unies sur l’environnement, à Stockholm en 1972 — il sera également l’organisateur de la Conférence de Rio en 1992. Mais ce que Maurice Strong avait à l’esprit impliquait un retour à un mode de vie agro-pastoral, avec l’humanité tournant le dos à l’industrialisation. C’est là oublier que même des objets communs à la vie moderne, la bicyclette pour en nommer un, résultent de procédés industriels sophistiqués auxquels les civilisations agro-pastorales n’avaient pas accès.

Ignacy Sachs va passer des décennies à redéfinir et à clarifier l’éco-développement, en particulier dans un livre, Stratégies de l’éco-développement. Né à Varsovie en 1927, ayant habité au Brésil avec sa famille juive réfugiée durant la Deuxième Guerre mondiale, vécu en Inde comme diplomate et conseiller technique, il connaissait le sous-développement et la pauvreté. Il combat un certain romantisme des civilisations passées. Le terme développement durable émergera en 1987 lorsque le largement diffusé rapport Brundtland de l’ONU est publié, après cinq années de consultation de par le monde. Le développement soutenable, en particulier sa traduction par ‘durable’ en français, provoqua la controverse. L’expression fut largement critiqué comme faisant la promotion du status quo, de la poursuite d’activités économiques destructrices. Par la suite, « l’écologie industrielle », et, plus récemment, « l’économie circulaire » furent utilisées, des expressions tentant d’amener la discussion au-delà du (très linguistique) débat sur le développement durable. 

Les industries de régénération et la biogéothérapie

Mais même une économie circulaire ne répare pas ce qui doit l’être si l’humanité doit s’extraire de cette situation périlleuse dans laquelle elle s’est mise — au cours de douze derniers millénaires avec l’agriculture, et, avec une aggravation rapide depuis la révolution industrielle fondée sur les carburants fossiles. Nous devons réduire nos sources de carbone, mais également, créer des puits de carbone — et les puits ne peuvent servir d’excuse pour ralentir l’impérative réduction des sources. Circulaire n’implique pas une extraction de dioxide de carbone, le rétablissement des climats locaux. Pour obtenir un climat viable et la biodiversité que nous souhaitons, l’extraction est incontournable. Elle n’est pas une option. Nous devons avoir, et faire massivement usage de technologies à émissions négatives, en particulier de solutions fondées sur la nature avec leurs co-bénéfices. Nous devons restaurer les écosystèmes, éventuellement la biosphère en entier. 

Une partie de cette extraction se fera par l’entremise des sols et des animaux pour stocker du carbone, en remettant du carbone à sa place, c’est-à-dire sous nos pieds. Une partie viendra de la production et l’utilisation de biochar, la re-minéralisation des sols, l’altération des roches, la permaculture, l’agro-foresterie, la reforestation avec des milliards d’arbres. Mais les matériaux utilisés pour l’industrialisation, pour la construction d’infrastructures (les immeubles, les routes, les aéroports, les biens et services), peuvent être bio-sourcés et être négatifs en carbone. L’industrialisation du vingt-et-unième siècle peut être un instrument pour l’équilibre du cycle du carbone produisant des climats favorables à l’humanité.

Béton, asphalte, plastique, litières, et probablement mille autres produits, le biochar, le bois comprimé plus solide que l’acier, les constructions en bois, le dioxide de carbone liquide, et d’autres matériaux, vont séquestrer du carbone dans les infrastructures. Cet usage va également réduire l’extraction de minerais, grand contributeur la destruction de la Terre et aux déséquilibres des cycles carboniques. Bien évidemment un recyclage mieux organisé et plus efficace est nécessaire, mais, une substitution vers des matériaux bio-sourcés est aussi possible. Avec 352 références scientifiques, publié dans la revue académique materials, un article « A Review of Non-Soil Biochar Applications », donne de nombreux exemples prometteurs (open source sur la toile). 

Les observateurs et les critiques du développement actuel doivent éviter de proposer un regard romantique et irréaliste d’une vie passée agro-pastorale idéalisée, une vie qu’ils n’ont souvent pas expérimenté de première main. L’agriculture et l’élevage animal d’avant l’agriculture de régénération et d’avant la gestion holistique des pâturages nouvellement découvertes et maîtrisés, n’étaient pas renouvelables et durables. Elles provoquaient la désertification, même si elles étaient bio. La perturbation des sols mène à la désertification. Les outils industriels et les matériaux modernes vont continuer à jouer un rôle important dans nos vies, y compris l’informatique et les télécommunications centraux à l’émergence rapide du courant pour la régénération. Avec des sols en santé, une agriculture en santé, des animaux d’élevage en santé menant à une alimentation saine, une industrialisation saine est la deuxième jambe d’une espèce nouvelle, l’homo sapiens régénératif — un humain mobilisé pour une biogéothérapie de la Terre, une planète qu’il aime et dont il dépend.

45) BioGeoTherapy countering bad news // BioGéoThérapie contre les mauvaises nouvelles

(in French below, en français ci-dessous)

Resisting ‘too good to be true’ declarations, rumors and news is a wisdom observers of technical and scientific developments must acquire. Yet nature-based climate solutions, negative emission technologies using photosynthesis—the ultimate nature-made solar technology—are generating ‘wild’ hopes. With exemples appearing around the world, what might have been seen as an hypothesis is transforming into a theory, with a broadening movement for regeneration and restoration. Our enthusiasm is hard to contain, a biogeotherapy is indeed possible. 

What about if humanity learned in recent decades how to master fire, reinvented agriculture, reinvented the wheel and the internal combustion engine, all at once. To cool the Earth while reversing human-made desertification. Feeding ourselves, soils, insects and animals, thanks to soils’ management. Re-wilding nature, rebalancing the carbon cycle, making soils and the food it produces healthy again. What about if countering most bad news, profoundly transformative knowledge and developments, allowing a better world, are emerging. New knowledge and developments whose consequences are hard to evaluate if you are not close to actors, authors and scientists involved. In recent years following daily Earth’s destruction in the news, and, the opposite, the regenerative narrative, our emotions have been wobbling: between the world is falling apart fast and there is not much we can do, and, rapid repair is possible, we are only limited by our imagination and our capacity to organize.  

Indeed for the first time in history, humanity knows how to reverse desertification we have provoked. We know how to make soils fertile. How to produce and generate ‘living plentifulness’. The implications of this recently acquired knowledge, if systematically applied, are endless! Regenerative agriculture includes no-till combined with cover crops, holistic grazing management (recently Radio-Canada in French has called it ‘adaptative grazing using multiple enclosures’), biochar to give value to organic residues for soils and as a supplement to better feed animals, remineralization of soils, enhanced weathering, permaculture and agroforestry. These constitute a revolution of pharaonic dimensions, far beyond reforestation and afforestation we shall also pursue. 

We know how to activate trophic chains starting with microbial life in soils, and, scale those activities to heal our biosphere the Earth. More, regenerative industries using liquified carbon dioxide or biochar to make concrete, biochar use in asphalt, in plastics, or in other materials, open the way to a bio-sourced low carbon economy. With the regenerative economy, we know how to create massive sinks to remove carbon dioxide from the atmosphere and oceans (drawdown), while, simultaneously, massively reduce sources of greenhouse gases, in the energy sector in particular. Combining both measures, the reduction of sources and sinks, will eventually lead to viable (appropriate) distribution of carbon in the carbon cycle (atmosphere, hydrosphere and soils). The extra 1000 GtC in the atmosphere and oceans can be ‘recycled’, used in soils and materials. 

A revolution is unfolding in front of our eyes with examples on every continent (see recently published Judith D. Schwartz, The Reindeer Chronicles And Other Inspiring Stories of Working with Nature to Heal the Earth). We are in a position to take back control of nature’s glaciation cycles, cycles put to light by the fabulous science of Serbian Milutin Milankovic at the beginning of the twentieth century—three glaciation cycles due to eccentricity, obliquity, precession. Their disturbance started with the emergence ten thousands years ago with deforestation for agriculture (the ‘early 40 ppm CO2 anomaly’ reversing the natural trend), and, five thousand years ago, of rice paddies provoking methane’s rise in the atmosphere. Some scientists say the disappearance of the megafauna even played a very early role. These disturbances of natural variations were massively amplified by the industrial revolution using fossil fuels, provoking a sudden and brutal hockey stick shape rising curve of GHG and temperature (William F. Ruddiman et al.).

Regenerative industrial activities, restorative agriculture and animal husbandry, give humanity a powerful tool for plentifulness, sustainable and regenerative wealth, without the all too commun and now extremely dangerous destruction of natural assets. When applied, it builds stronger ecosystems. It leads to a biogeotherapy. It gives rise to a humanity living with the biosphere and not against the biosphere. At a time when COVID-19 questions the way we treat nature, regenerative agriculture and development offer a path for restoration, beyond sustainability, beyond a circular economy. Some of this knowledge might have been used in the past. Yet its systematization, internationalisation and broad diffusion, is a first. It makes biogeotherapy possible, and, potentially, countering most bad news we receive—and sometimes feel like a ton of brick.

BioGéoThérapie, contrer les mauvaises nouvelles 

Résister les déclarations, les rumeurs et les nouvelles ‘trop bonnes pour être vraies’, est une sagesse que les observateurs des développements techniques et scientifiques doivent acquérir. Or les solutions fondées sur la nature, les technologies à émissions négatives faisant usage de la photosynthèse — la technologie solaire ultime offerte par la nature — génèrent des espoirs fous. Avec des exemples apparaissant de par le monde, ce qui fut perçu comme une hypothèse mute en une théorie, avec un mouvement pour la régénération et la restauration prenant de l’ampleur. Notre enthousiasme est difficile à contenir, une biogéothérapie est bel et bien possible. 

Et si l’humanité avait appris au cours des dernières décennies comment maitriser le feu, ré-inventer l’agriculture, ré-inventer la roue et le monteur à combustion, tout ensemble. À refroidir la Terre tout en inversant la désertification provoquée par l’humanité. À nous nourrir, nourrir les sols, les insectes et les animaux, grâce à la gestion des sols. À rendre la nature sauvage à nouveau, à ré-équilibrer le cycle du carbone, redonner la santé aux sols et à la nourriture produite. Que dire si, contre toutes les mauvaises nouvelles, des savoirs et des développements porteurs de transformations pour un monde meilleur émergent. Un nouveau savoir et des développements dont les conséquences sont difficiles à évaluer sans contacts avec les acteurs, les auteurs et les scientifiques impliqués. Au cours des dernières années, suivant la destruction de la Terre dans les médias chaque jour, et, d’autre part, le mouvement pour la régénération, nos émotions oscillent: soit le monde s’écroule rapidement et il n’y a pas grand chose à faire, ou, une réparation rapide est possible, l’humanité est seulement limitée par son imagination et sa capacité à s’organiser.

En effet pour la première fois dans l’histoire, l’humanité sait comment inverser la désertification que nous avons provoquée. Nous savons rendre les sols fertiles. Comment produire et générer ‘une abondance de vie’. Les implications de ces savoirs nouveaux, si appliqués de manière systématique, sont sans fin! L’agriculture de régénération comprend l’agriculture sans labour combinée à la semence de plantes dites de couverture, la gestion holistique de pâturages (Radio-Canada parlait récemment à La semaine verte de ‘pâturage adaptatif à enclos multiples’), le biochar pour valoriser les résidus organiques et comme supplément à l’alimentation animale, la déminéralisation des sols, la désagrégation (des roches exposées à l’air pour capter le CO2), la permaculture et l’agro-foresterie. Ces méthodes constituent une révolution aux dimensions pharaoniques, bien au-delà de la reforestation et l’afforestation que nous devrions tous viser. 

Nous savons comment maintenant activer les chaînes trophiques en commençant par la vie microbienne des sols, et comment amener ces activités à guérir notre biosphère, la Terre. Par ailleurs les industries de régénération faisant usage du dioxide de carbone liquide ou du biochar pour produire du béton, le biochar dans l’asphalte, dans le plastique, ou dans d’autres matériaux, ouvrent la voie à une économie bio-sourcée à faible niveau en carbone (dans l’atmosphère et les océans). Avec l’économie de régénération, nous savons comment créer des puits gigantesques pour extraire le dioxide de carbone de l’atmosphère et des océans, tout en sachant, simultanément, réduire massivement les sources de gaz à effet de serre, particulièrement dans le secteur énergétique grâce aux énergies renouvelables peu polluantes. La combinaison des deux mesures, la réduction des sources et la mise en place de puits, mènera éventuellement à une distribution viable (appropriée) du cycle du carbone (atmosphere, hydrosphère et sols). Les 1000 GtC en surplus dans l’atmosphère et dans les océans peut être ‘recyclé’, utilisé dans les sols et les matériaux. 

Une révolution se déploie sous nos yeux avec des exemples sur chaque continent (voir Judith D. Schwartz, The Reindeer Chronicles And Other Inspiring Stories of Working with Nature to Heal the Earth). Nous sommes maintenant capable de reprendre le contrôle des cycles de glaciation naturels mis en lumière par la science fabuleuse du Serbe Milutin Milankovic au début du vingtième siècle — trois cycles de glaciation dus à l’excentricité, l’obliquité et la précession. La perturbation de ces cycles débuta avec l’émergence il y a dix mille ans de la déforestation pour l’agriculture (la ‘première anomalie de 40 ppm CO2’ renversant la phase de glaciation actuelle), et, il y a cinq mille ans, l’apparition des rizières en Chine — elles provoquèrent une augmentation des taux de méthane dans l’atmosphère. Certains scientifiques affirment que la disparition de la méga-faune pourrait même avoir joué un rôle au tout début. Ces modifications des variations naturelles furent massivement amplifiées par la révolution industrielle et son usage massif des carburants fossiles, produisant une augmentation soudaine des GES et des températures illustrée par une courbe apparaissant sous la forme d’un baton de hockey (William F. Ruddiman et al.).

Les activités industrielles régénératrices, l’agriculture de restoration et l’élevage animal, donnent à l’humanité un outil puissant pour l’abondance, pour une richesse durable et régénératrice, sans la trop commune et maintenant très dangereuse destruction des avoirs naturels. Appliquer la régénération construit des écosystèmes plus forts. Elle mène à une biogéothérapie. C’est l’humanité vivant avec la biosphère et non contre elle. Au moment ou le Covid-19 interroge la manière que nous traitons la nature, l’agriculture et le développement de régénération offrent une voie vers la restoration, au delà de la durabilité, au-delà de l’économie circulaire. Une partie de ces connaissances ont peut-être été en usage dans le passé. Mais leur systématisation, leur internationalisation et leur diffusion large, est une première, rendant la biogéothérapie possible, et, potentiellement, contrant la plupart des mauvaises nouvelles que nous recevons — et que l’on ressent parfois comme une brique au visage. 

44) Biomass Carbon Removal and Storage (BiCRS) Roadmap // Stockage et extraction du carbone par la biomasse, une feuille de route

(In French below, en français plus bas)

«  This roadmap was prepared to facilitate dialogue at the Seventh Innovation for Cool Earth Forum (October 2020), for final release in December 2020. The authors welcome all comments on this draft submitted prior to November 1, 2020. Comments may be sent by email ICEFBiCRSRoadmap2020@gmail.com.
We are deeply grateful to the Ministry of Economy, Trade and Industry (METI) and New Energy and Industrial Technology Development Organization (NEDO), Japan for launching and supporting the ICEF Innovation Roadmap Project of which this is a part. » 

Our comments

The Innovation Cool Earth Forum (ICEF) is a wonderful initiative. Indeed cooling the Earth is the XXI century grand endeavor. Congratulations for this eight roadmap, Biomass Carbon Removal and Storage is an interesting innovative terminology that might stick. We make these rather critical comments hoping it might produce an improved final publication. 

Our comments go beyond BiCRS. As other publications on nature-based climate solutions including IPCC’s, BiCRS misses at this point central elements of the story. For exemple, Allan Savory’s holistic grazing management, also called planned or mob grazing. Many observers believe firmly planned grazing will be central to carbon dioxide removal if we are to get back to 260 ppm in the atmosphere, the level needed long term. Your roadmap does not mention permaculture either, or no-till agriculture combined with diverse cover crops. No mentions of remineralization. No reference to the idea of planting a billion trees. The rebuilding of soil organic matter is not central to your document at this point. It should be, two-third of the world experience desertification.

I strongly encourage your authors to read Geotherapy: Innovative Methods of Soil Fertility Restoration, Carbon Sequestration, and Reversing CO2 Increase (CRC Press). They might also read some of my 44 blogs: BioGeoTherapy chronicle—regenerative agriculture and development for food security, global warming reversal and healing of the Earth. A recently released remarkable film on Netflix Kiss The Ground, summarizes some carbon sequestering technics that should be in this roadmap, including compost. The movie presents the Loess Plateau Watershed Rehabilitation Project, a spectacular success in China—a land the size of Belgium completely desertified made productive again. Published in October 2020, your authors should read a very well written white paper Biochar-based carbon sinks to mitigate climate change published by the European Biochar Industry Consortium. In the USA the National Sustainable Agriculture Coalition has published in 2019 Agriculture and Climate Change: Policy Imperatives and Opportunities to Help Producers Meet the Challenge. It says: « The amount of GHGs emitted from an agricultural operation depends on its system of management. Agro-ecological systems can help reduce agricultural GHG emissions through soil health practices that sequester carbon (C) (including management intensive grazing), nutrient management that minimizes use of soluble nitrogen (N), conservation and planting of trees and shrubs, aerobic composting of animal and plant wastes, and energy conservation, including reduced use of petroleum-derived fertilizers, pesticides and fuel. »

BECCS, an illusive solution

International organisations constantly refer to BECCS. It is getting annoying. BECCS is for the time being very marginal, an hypothetical initiative among negative emissions technologies. Talking about it because it fits assessment models is trivial. As your document points out, BECCS requests growing crops for energy. It enters in competition with growing food or traditional indigenous land uses. Even currently impoverished soils can be given life for food production. BECCS might compete with these restorative and regenerative practices we must encourage. 

While currently creating sanitary risks and emitting GHG, all organic waste can be transformed into biochar resulting in pyrogenic carbon capture and storage (referred to as PyCCS). Biochar can also be combined with other practices as planned grazing, increasing cascading co-benefits of these nature-based climate solutions. There is lots of wood residues and other organic « waste » around the world that could be used for biochar mass-production. Besides its use in agriculture and a food supplement in animal husbandry, close to a hundred potential uses have been identified, from coating to asphalt, from plastic to concrete. In Burn: Using Fire to Cool the Earth, Bates and Draper say up to 13 GtC a year could be sequestered with biochar production and use in agriculture, animal husbandry and as a material. Combined with reduction of sources, this solves the climate problem in a few decades. So why insists on BECCS?

In a world in which renewable electricity experiences an exponential growth and show endless advantages, including pollution reductions in cities, the current BiCRS roadmap long dissertation on wood pellets and ethanol is disconcerting. These are at best carbon neutral and are more transitional solutions waiting for better ones. Poor experiences with corn ethanol and palm oil should teach us a lesson. Solar and wind getting very competitive, with the rapid improvement of battery storage our futur mobility will be electric. Carbon removal might soon have much more value than bio-liquid energy or biomass burning for energy. Markets will evolve.

Referring to existing BiCRS (regenerative/restorative) practices

The roadmap should also refer to existing initiatives, starting with the 4 per 1000 launched by France during the first few days of the meetings that lead to the Paris Agreement. While the 4 pour 1000 was not formally included in the Paris Agreement, its (non-binding) aims are to increase carbon in soils of cultivated lands by 0.4% per hectare per year around the world. 3 billion farmers are concerned. It equates to annually removing from the carbon cycle approximately 3.5 gigatons of carbon, an amount soil scientists believe to be feasible. 4per1000 pledge has been signed by more than 30 countries and local governments and hundreds of civil society organisations, NGOs, research organisations and international organisations as the FAO. Regenerative development to reverse climate change was also put forth by the Commonwealth of Nations, an intergovernmental organization of 52 member states and officially launched by the Commonwealth Secretary-General Patricia Scotland at COP-22. It seeks to put into practice methodologies such as permaculture, biomimicry, and ecological economics, and provides funds through the Commonwealth Climate Finance Hub. 

The specialized site soil4climate reports that almost every US states have a soil-health policy being discussed or adopted. soil4climate supply a map with the situation in every state. soil4climate gives these 4 illustrative exemples: 

California – Healthy Soils Initiative. – “California’s Healthy Soils Initiative is a collaboration of state agencies and departments, led by the California Department of Food and Agriculture (CDFA), to promote the development of healthy soils on California’s farm and ranch lands. Innovative farm and ranch management practices contribute to building adequate soil organic matter that can increase carbon sequestration and reduce overall greenhouse gas emissions.” 

Oklahoma – Carbon Sequestration Enhancement Act – “Oklahoma is the first state in the U.S. to give a state agency statutory authority to verify and certify carbon offsets….The Oklahoma Conservation Commission is authorized under Oklahoma Administrative Code Title 155 to implement 27A O.S. § 3-4-101 thru 3-4-105, which authorizes the Commission to establish and administer a carbon sequestration certification program. ..The Oklahoma carbon program pairs natural resource protection with sectors that form the economic backbone of the state: agriculture, forestry, and oil and gas…” 

Utah – Concurrent Restoration on Carbon Sequestration on Rangeland, (H.C.R. 8) “This concurrent resolution of the Legislature and the Governor calls on the President of the United States to direct federal agencies that implement management practices that increase soil carbon sequestration to develop comprehensive plans that achieve the maximum amount of carbon sequestration possible and increase the economic and environmental productivity of rangelands and urges similar action within each state.” 

Vermont – Regenerative Soils Program – Legislation (S.43) in the state of Vermont “proposes to require the Secretary of Natural Resources to establish a regenerative soils program whose purposes include increasing the carbon sequestration capability of Vermont soils, reducing the amount of sediment and waste entering the waters of the State, and promoting cost-effective and healthy soil management practices.” 

In the framework of the Kyoto protocole to the United Nations Framework Convention on Climate Change/IPCC guidelines, and the European Union Emissions Trading System, Europe has been considering soils as carbon sinks. In its conclusions of 23-24 October 2014 on the 2030 climate and energy policy, the European Council endorsed a binding target of at least a 40% domestic reduction in economy-wide greenhouse gas emissions by 2030 compared to 1990. But land use and land use change and forestry (LULUCF) remained in discussion. After consultations during which NGOs and regions of Europe gave their views, on 30 May 2018, the European Parliament and the Council voted regulation 2018/841 on the inclusion of greenhouse gas emissions and removals from LULUCF. See our November 2018 blog on the topic.  

Australia has voted Carbon Credits (Carbon Farming Initiative— Measurement of Soil Carbon Sequestration in Agricultural Systems) Methodology Determination 2018. In Canada these ideas and solutions are being discussed for more than five years on Sols Vivants Québec’s site and by Regeneration Canada with the assistance of Regeneration International, the Rodale Institute, Kiss the Ground, Farmers’ Footprint, and a long list of NGOs promoting carbon farming and regenerative development. 

BiCRS is a promising concept. But for now this roadmap paper falls short of an adequate picture of biomass sinks’ potential. It also has lines of discussion, as bio-liquid and pellets, or geological storage, we would question—some authors believe geological storage is far from being 1000 years safe as you write. The cascading co-benefits coming with technologies as biochar or planned grazing, compare to other options, shall be part of the discussion. Financial decision taken today will have consequences for decades to come. The carbon-sinks field is growing rapidly, following it is almost a full time job. It involves reading demanding scientific publications, even if good books for a larger public are now available, from Chelsea Green Publishing in Vermont among others. 

Stockage et extraction du carbone par la biomasse,

une feuille de route

« Cette feuille de route a été préparée pour faciliter le dialogue au Septième forum des innovations pour le refroidissement de la Terre (octobre 2020), pour sa publication finale en décembre 2020. Les auteurs souhaitent la bienvenue à tous commentaires de ce brouillon soumis avant le 1er novembre 2020. Les commentaires peuvent être envoyés par courrier électronique à ICEFBiCRSRoadmap2020@gmail.com. Nous sommes profondément reconnaissant au ministère de l’Économie, du Commerce et de l’Industrie (METI en anglais) et l’Organisation de développement des nouvelles énergies et des technologies industrielles (NEDO en anglais) du Japon pour lancer et soutenir les projets de feuille de route des forums présentant les innovations pour le refroidissement de la Terre dont ce document fait partie. »

Nos commentaires

Le forum des innovations pour le refroidissement de la Terre est une merveilleuse initiative. Refroidir la Terre est la grande démarche du XXI ème siècle. Nos félicitations pour cette huitième feuille de route, Stockage et extraction du carbone par la biomasse (SECBi), une innovation terminologique prometteuse. Nous faisons ce commentaire plutôt critique avec l’espoir qu’il produise une publication finale améliorée.

Notre commentaire va au-delà du SECBi. Comme d’autres publications sur les solutions fondées sur la nature dont celles du GIEC, SECBi rate pour le moment des éléments centraux du récit. Par exemple, la gestion holistique des pâturages d’Allan Savory, également appelé pâturage planifié ou pâturage en troupeaux denses. De nombreux observateurs croient fermement que le pâturage planifié sera central à l’extraction du dioxide de carbone pour retourner à 260 ppm dans l’atmosphère, le niveau requis à long terme. Aucune mention non plus de la permaculture, de l’agriculture sans labour accompagnée de plantes de couverture diverses, aucune mention de la reminéralisation des sols. Aucune référence à l’idée de planter un billion d’arbres. La reconstruction de la matière organique des sols n’est pas centrale à votre document pour le moment. Elle devrait l’être, le deux-tiers du monde se désertifie. 

J’encourage fortement vos auteurs à lire Geotherapy: Innovative Methods of Soil Fertility Restoration, Carbon Sequestration, and Reversing CO2 Increase (CRC Press). Ils peuvent également lire certains de mes 44 blogs: Chronique d’une BioGeoThérapie — l’agriculture et le développement de régénération pour la sécurité alimentaire, l’inversion du réchauffement climatique et la guérison de la Terre. Un film remarquable sorti sur Netflix récemment Kiss the Ground, résume certaines techniques de séquestration qui devraient se retrouver dans cette feuille de route, incluant le compost. Le documentaire présente le Projet de réhabilitation du plateau du Loess en Chine — un territoire de la taille de la Belgique complète désertifié rendu à nouveau productif. Publié en octobre 2020, vos auteurs devraient lire un livre blanc très bien écrit Biochar-based carbon sinks to mitigate climate change publié par le Consortium des industries du biochar en Europe. Aux USA la Coalition nationale pour une agriculture durable a publié en 2019 Agriculture and Climate Change: Policy Imperatives and Opportunities to Help Producers Meet the Challenge. On peut y lire : « La quantité de GES émise par une opération agricole dépend de son système de gestion. Les systèmes d’agro-écologie peuvent aider à réduire les émissions de GES par l’entremise de pratiques pour la santé des sols séquestrant du carbone (incluant la gestion intensive des pâturages), la gestion des nutriments pour minimiser l’utilisation d’azote soluble (N), la conservation et la plantation d’arbres et d’arbustes, le compostage aérobic de résidus issus d’animaux et de plantes, la conservation énergétique incluant la réduction de l’usage d’engrais dérivés du pétrole, de pesticides et de carburants. »

La bioénergie avec captage et stockage du carbone (BECSC, BECCS en anglais), une solution illusoire 

Les organisations internationales réfèrent constamment à la bioénergie avec captage et stockage du carbone. C’est pénible. BECSC est pour le moment très marginal, une initiative hypothétique parmi les technologies à émissions négatives. En parler parce que cette solution correspond aux modèles d’évaluation est trivial. Comme votre document le signale, BECSC requiert l’usage de terres cultivables pour produire de l’énergie. Elle entre en concurrence avec la culture de nourriture ou des usages traditionnels par les populations autochtones. Même des sols présentement appauvris peuvent retrouver la vie et devenir producteurs de nourriture à nouveau. BECSC pourrait entrer en concurrence avec ces pratiques restauratrices et régénératrices que nous devons encourager. 

Alors qu’ils produisent des risques sanitaires et émettent des GES, tous les résidus organiques peuvent être transformés en biochar avec pour effet la capture et le stockage du carbone pyrrolique (l’abréviation est PyCCS en anglais). Le biochar peut aussi être combiné avec d’autres pratiques comme les pâturages planifiés augmentant les co-bénéfices en cascade de ces solutions fondées sur le nature. Il existe beaucoup de résidus de bois et d’autres « déchets » organiques dans le monde. Ceux-ci peuvent être utilisés pour produire en masse du biochar. À coté de son usage en agriculture et comme supplément alimentaire en élevage, près d’une centaine d’utilisations potentielles ont été identifiées, de l’enduit à l’asphalte, du plastique au béton. Dans Burn: Using Fire to Cool the Earth, Bates et Draper affirment que 13 GtC par année pourraient être séquestrés avec sa production et son utilisation en agriculture, en élevage animal et comme matériau. Combiné à la réduction des sources, cela résoudrait le problème climatique en quelques décennies. Alors pourquoi insister sur BECSC? 

Dans un monde dans lequel l’électricité renouvelable connait une croissance exponentielle et montre des avantages sans fin, dont la réduction des pollutions dans les villes, votre longue dissertation sur les granules de bois et l’éthanol est déroutante. Ces bio-énergies sont au mieux neutres en carbone. Elles sont davantage des solutions de transition en attendant d’autres sources d’énergie renouvelables avec moins d’inconvénients. Les expériences décevantes de l’éthanol de maïs et de l’huile de palme devraient nous donner une leçon. Le solaire et l’éolien devenant concurrentiels, avec l’amélioration rapide du stockage par batteries notre mobilité future sera électrique. L’extraction du carbone pourrait bientôt avoir bien plus de valeur que les énergies bio-liquides ou la combustion de biomasses pour produire de l’énergie. Les marchés vont évoluer.  

Se référer aux projets de stockage et extraction du carbone par la biomasse (régénératifs/de restauration) existants

La feuille de route devrait également se référer aux initiatives existantes, en commençant avec le 4 pour 1000 lancé par la France durant les premiers jours des rencontres de l’Accord de Paris. Alors que le 4 pour 1000 n’a pas été formellement inclus dans l’Accord de Paris, ses objectifs (non-contractuels) visent à augmenter le carbone dans les sols des terres cultivées de 0.4% par hectare par année autour du monde. 3 milliards d’agriculteurs sont concernés. Cela correspond à l’extraction d’approximativement 3.5 gigatons de carbone du cycle du carbone par année, une quantité que les scientifiques croient faisable. L’engagement du 4 pour 1000 a été signé par plus de 30 pays et gouvernements locaux et des centaines d’organisations de la société civile, des ONGs, des organisations de recherche et des organisations internationales comme la FAO. Le développement de régénération pour inverser le changement climatique a également été mis de l’avant par les Nations du Commonwealth, une organisation intergouvernementale avec 52 États membres. Cette initiative a été inaugurée par sa secrétaire générale Patricia Scotland à la COP-22. Elle vise à mettre en pratique des méthodologies comme la permaculture, la bio-imitation et une économie écologique. Elle fournit des fonds par l’entremise du Commonwealth Climate Finance Hub.  

Le site spécialisé soil4climate rapporte que presque chaque État américain a une politique de santé des sols discutée ou adoptée. soil4climate a produit une carte décrivant la situation dans chaque État. soil4climate donne ces 4 exemples:

California – Healthy Soils Initiative. – “California’s Healthy Soils Initiative est une collaboration des agences et des départements de l’État menée par le Département de l’alimentation et de l’agriculture pour promouvoir le développement de sols en santé sur les fermes et ranchs de Californie. Des pratiques de gestion innovantes sur les fermes et les ranchs contribuent à la formation adéquate de matière organique dans les sols pouvant augmenter la séquestration de carbone et réduire les émissions des gaz à effet de serre. »

Oklahoma – Carbon Sequestration Enhancement Act – « L’Oklahoma est le premier État aux États-Unis à donner à une agence étatique l’autorité statutaire de vérifier et de certifier des compensations carbone… La Commission de conservation de l’Oklahoma est autorisée sous le Oklahoma Administrative Code Title 155 à appliquer 27A O.S, 3-4-101 à 3-4-105 à établir et à administrer un programme de certification pour la séquestration du carbone. Le programme pour le carbone de l’Oklahoma associe la protection des ressources naturelles et des secteurs formant la colonne de son économie: l’agriculture, la foresterie, le pétrole et le gaz… »

Utah – Concurrent Restoration on Carbon Sequestration on Rangeland « Cette contre résolution du Conseil législatif et du gouverneur appelle le Président des États-Unis à diriger les agences fédérales appliquant des pratiques de gestion pour augmenter la séquestration du carbone dans les sols à développer une plan cohérent réalisant le maximum de séquestration de carbone possible et augmentant la productivité économique et environnementale des prairies. Elle appelle chaque État à faire de même. »

Vermont – Regenerative Soils Program – Le Conseil législatif de l’État du Vermont  « propose d’exiger du Secrétariat des ressources naturelles d’établir un programme pour les sols régénératifs dont le but inclut d’augmenter la capacité de séquestration des sols du Vermont, de réduire les sédiments et les pertes entrant l’eau de l’État, et, faisant la promotion de pratiques de gestion des sols à bas coûts permettant la santé des sols. » 

Dans le cadre du Protocole de Kyoto à la Convention cadre des Nations unies sur le changements climatique/les lignes directrices du GIEC, et le Système d’échange des émissions de l’Union européenne, l’Europe a considéré les sols comme des puits de carbone. Dans ses conclusions du 23-24 octobre 2014 pour la politique climatique et énergétique de 2030, le Conseil européen a adopté un objectif de réduction domestique obligatoire d’au moins 40% pour tous les gaz à effet de serre dans l’économie d’ici 2030 en prenant 1990 comme base. Mais l’utilisation des terres, changement d’affectation des terres et foresterie (UTCATF) continuait à être débattu. Après des consultations durant lesquelles des ONGs et de région d’Europe présentèrent leurs vus, le 30 mai 2018 le Parlement européen et le Conseil votèrent la loi 2018/841 sur l’inclusion des émissions et de l’extraction des émissions des gaz à effet de serre par UTCATF. Voir notre blog en novembre 2018 sur ce sujet. 

L’Australie a voté une méthodologie pour les crédits-carbone en 2018 (Carbon Farming Initiative—Measurement of Soil Carbon Sequestration in Agricultural Systems). Au Canada ces idées et ces solutions sont discutées depuis plus de cinq ans sur le site Sols Vivants Québec et par Régénération Canada avec l’assistance de Régénération International, l’Institut Rodale, Kiss the Ground, Farmer’s Footprint et une longue liste d’ONGs faisant la promotion de l’agriculture à base de carbone et le développement de régénération. 

Le stockage et l’extraction de carbone par la biomasse est une formulation très intéressante. Mais pour l’heure cette feuille de route ne présente pas le potentiel adéquat de la biomasse comme puits de carbone. Elle contient également des passages discutables selon nous, comme l’énergie bio-liquide et les granules, ou le stockage géologique — certains auteurs croient que le stockage géologique est loin d’être certain sur 1000 ans comme vous l’écrivez. Les bienfaits en cascade venant avec des technologies comme le biochar ou le pâturage planifié, en comparaison d’autres options, devrait faire partie de la discussion. Les décisions financières prises aujourd’hui auront des conséquences pour les décennies à venir. Le champ des puits de carbone croît rapidement, en faire le suivi est presque un emploi à plein temps. Cela demande la lecture de publications scientifiques, bien que de bons livres grand public sont maintenant disponibles, chez Chelsea Green Publishing au Vermont par exemple.

43) Kiss the Ground, will the film make history? // Kiss the Ground, un film qui passera à l’histoire?  

(en français ci-dessous, in French below)

There was the book I read with great interest, and now, the documentary that is perfect, super efficient ! Will Kiss the Ground, the movie, know the same fate as Rachel Carson’s Silent Spring or the Brundtland Report Our Common Future for environmental literature? It is possible. It has the potential for an historical success. 

It is a remarkable piece of work, perfectly told, perfectly knitted. Scientifically robust but not overwhelming. We can feel the passion of the team behind, but also, seven years of work. It is telling the immense problems we are facing, giving an historical perspective, the reasons, but more importantly, the solutions. The plow has destroyed life in soils, and, thrown carbon, lots of carbon, in the atmosphere. Our carbon legacy load must be reversed, put back in soils where it belongs. Mechanization has accelerated the degradation process, chemicals temporarily boosted production but poisoned life. Chemical fertilizers have mask the effects of degrading soils. It will not work for much longer. FAO says we have 60 harvests left. Soils are turning into dirt. And glyphosate suspected to generate chronic diseases is in our water. 

Two-third of the Earth is transforming into a desert. Depressing. Depressing and exactly what Kiss the Ground proposes to counter. Co-directors Rebecca and Josh Tickell send a message of genuine hope: regenerative agriculture can reverse desertification, turn global warming around, get people out of poverty. Many of our heroes referred to in this blog are in the film: agronomist Ray Archuleta from NRCS, farmer from North Dakota Gabe Brown, Alan Savory and his planned grazing, soils’ scientist Dr Kris Nichols, author Paul Hawken, Maria Rodale, Kristin Ohlson and many others. Some are missing, Dr. Thomas Goreau, Dr. Rattan Lal, Dr. David Montgomery, Albert Bates and Kathleen Draper, among others. 

All in all, the message is exiting thanks to the science and examples given. Agriculture technics, compost production from food waste, can reverse Earth’s degradations. The film makes a few brilliant things. For example it wisely avoids the confrontation between vegans and meat eaters. It simply says: if you eat meat, it has to come from regenerative ranching, and, be humanly killed. It explains how herds as buffalo built soils we inherited—herbivores, grazers, are part of nature and can be a nature-based climate solution. It will be a revelation for some: grazing can help heal the Earth. The documentary also puts light on the Chinese Loess plateau regenerative successful experience, a story told by another hero of us, John Liu. As we have written in our blog 41 regarding the academic journal Biochar, China is researching and innovating. Restoration through agriculture on a territory the size of Belgium, the Loess plateau, is an amazing achievement by China that seems to take restoration very seriously—the country just announced it wants to be carbon-neutral by 2060. 

The film could have spoken of other topics: permaculture, the switch from annuals to perennials plants, biochar, deep rooted plants, remineralization, carbon-negative beer… The potential of biochar is only referred to in a picture presenting all solutions. Yet biochar potential as a substitute material is huge. Compressed wood replacing ores, bio-sourced products for a bio-civilization, is not mentioned. In reality the film avoids being a grocery list of solutions gaining in efficientcy. It would have been nice to hear words as biogeotherapy, instead bio-sequestration is used by Hawken. 

Let’s hope millions see the movie. Kiss the Ground might be a turning point for the environmental movement. Regeneration is indeed the new graal. We call it biogeotherapy.

Kiss the Ground, 

un documentaire qui passera à l’histoire?

Il y eut le livre que nous avons lu avec un grand intérêt, et, le documentaire qui est… parfait! Kiss the Ground, le film, connaitra-t-il le même destin que Printemps Silencieux de Rachel Carson ou le rapport Brundtland, Notre avenir à tous pour la littérature environnementale? C’est possible. Ce documentaire a le potentiel d’un succès historique.  

C’est un travail remarquable, parfaitement dit, parfaitement tricoté. Robuste scientifiquement, mais pas écrasant. Nous pouvons ressentir la passion de l’équipe, mais également, sept ans de travail. Le documentaire explique les problèmes immenses auxquels nous faisons face, il offre une perspective historique, explique les raisons. Mais plus important il offre des solutions. Le labour a détruit la vie dans les sols, et, émis du carbone, beaucoup de carbone, dans l’atmosphère. Notre charge héritée de carbone doit être inversée, réintroduite dans les sols auxquels le carbone appartient. La mécanisation a accéléré le processus de dégradation, la chimie augmenté temporairement la production mais empoisonné la vie. Les engrais chimiques masquent les effets de la dégradation des sols. Cette situation ne peut se perpétuer. La FAO affirme qu’il nous reste 60 récoltes. Les sols se transforment en poussière. Et suspecté d’augmenter les maladies chroniques, on retrouve du glyphosate dans l’eau.

Le deux-tiers de la Terre se transforme en désert. Déprimant. Mais la déprime est précisément ce que Kiss the Ground propose de contrer. Les co-directeurs Rebecca et Josh Tickell envoient un message de véritable espoir: l’agriculture de régénération peut inverser la désertification, inverser le réchauffement planétaire, sortir les gens de la pauvreté. Plusieurs de nos héros dans ce blog sont dans le film: l’agronomiste Ray Archleta du NRCS, le fermier du Nord Dakota Gabe Brown, Alan Savory et le pâturage planifié, la scientifique des sols Dr. Kris Nichols, les auteurs Paul Hawken, Maria Rodale, Kristin Ohlson et plusieurs autres. Certains sont absents dont Dr. Thomas Goreau, Dr Natan Lal, Dr. David Montgomery, Albert Bates and Kathleen Draper, parmi d’autres. 

Dans l’ensemble merci à la science et aux exemples fournis le message est enthousiasmant. Les techniques agricoles, la gestion des déchets alimentaires pour la production de compost, peuvent inverser les dégradations de la Terre. Le films fait également quelques gestes brillants. Par exemple il évite habilement la confrontation entre végans et consommateurs de viande. Il dit simplement: si vous mangez de la viande, elle doit venir d’un élevage de bétail régénératif, et, abattu humainement. Le film explique que les troupeaux comme les bisons sont à l’origine des sols dont nous avons hérités — les herbivores font partie de la nature et peuvent être une solution fondée sur la nature à la crise climatique. Cela sera une révélation pour certains: les pâturages peuvent aider à soigner la Terre. Le documentaire met également en lumière l’expérience de régénération du Loess Plateau en Chine, une histoire racontée par un autre de nos héros, John Liu. Comme nous l’avons écrit dans notre blog 41 au sujet du lancement de la revue académique Biochar, la Chine fait de la recherche et innove. La restauration par l’agriculture sur un territoire la taille de la Belgique, le plateau Loess, est une réussite remarquable par la Chine qui semble prendre la restauration très au sérieux — le pays vient d’annoncer qu’elle vise la neutralité carbone d’ici 2060.  

Le film aurait pu aborder d’autres sujets: la permaculture, le passage de plantes annuelles à des plantes pérennes, le biochar, les plantes à racines profondes, le re-minéralisation, la bière négative en carbone… Le potentiel du biochar est mentionné uniquement sur une image présentant l’ensemble des solutions. Pourtant le potentiel du biochar comme substitut à des matériaux est immense. Le bois comprimé remplaçant les minerais, les produits bio-sourcés pour une bio-civilisation ne sont pas mentionnés. Le film évite la liste d’épicerie de solutions pour gagner en efficacité. Nous aurions aimé entendre des mots comme biogéothérapie, nous avons plutôt entendu Paul Hawken utiliser bio-séquestration. 

Souhaitons que des millions de personnes voient le film. Kiss the Ground pourrait être un point tournant du mouvement pour l’environnement. La régénération est en effet le nouveau graal. Nous l’appelons biogéothérapie.

40) Regenerative Organic Certification, progress towards a BioGeoTherapy // Certification régénératrice biologique, progrès vers une BioGéoThérapie

In 2018, a California-based nonprofit—formed by the Rodale Institute, Dr. Bronner, and Patagonia—launched the Regenerative Organic Certification, which includes multiple tiers and a focus on animal welfare and social fairness in addition to soil health. Farmers must already be certified organic to apply, and the standard measures both the practices and the outcomes for soil health. In our view, it means ‘beyond organic’, sustainable development goals taking a BioGeoTherapy direction.

A document published in June 2020, Framework for Regenerative Organic Certified includes guidelines for soil health and land management, animal welfare, and, farmer and worker fairness. The organisation writes:

« As agricultural practices continue to evolve, it is imperative that approaches to land management and associated processes are focused on contributing to the health of ecosystems, including human communities. Regenerative Organic CertifiedTM (ROCTM) builds upon and furthers the near 100-year legacy of organic movement visionaries like J. I. Rodale, Lady Eve Balfour, Dr. Rudolf Steiner, Sir Albert Howard, and the knowledge of generations of diverse, holistic producers—including native and Indigenous Peoples—that they channeled for inspiration and direction. »

Practicing sustainability

Organic was a method to avoid poisoning humans, soils and animals. Regeneration aims at reversing desertification, long term healthy-food production, global warming reversal, healing the Earth and fair treatment of workers. Written for the Rio conference on climate, the Brundtland report was calling for a development model that would satisfy the current generation needs while saving resources for coming ones. It never defined clearly how, what it meant as we are depleting ressources. Thirty years later, regenerative agriculture and development, nature-based climate solutions is that badly needed definition. 

Organic so you protect your microbiome, animals and soils’ microbiomes. Regenerative so you build the new carbon economy not based on fossil fuels’ freed carbon, but rather on carbon positioned in soils and biomass, in building materials. Carbon positioned where it belongs, where it is useful to a sustainable human economy and to ecosystems’ well-being. The Brundtland report made reality.  

The goal of ROC is to promote holistic agriculture practices in an all-encompassing certification that: 

  • Increases soil organic matter over time and sequesters carbon below and above ground, which could be a tool to mitigate climate change; 
  • Improves animal welfare; and 
  • Provides economic stability and fairness for farmers, ranchers, and workers.

ROCTM, the ultimate label?

While some might suffer from label fatigue, even confusion, it could be argued that regenerative is and will remain the ultimate label. It might evolve, get better, but being regenerative is being sustainable. That is clearly what we need for humanity and nature to thrive with healthy soils, healthy animals, healthy humans. A healthy planet with a balanced carbon budget of 260-280 ppm in the atmosphere, healthy agriculture soils, healthy prairies and forests, coastal and marine vegetated ecosystems storing carbon, the so called “coastal wetland blue carbon”. 

How is regenerative organic new? Regenerative practices on one end rebuke industrial agriculture practices as CAFOs, chemicals as fertilizers and for phytosanitary uses. What organic already does. Adding to organic, regenerative involves science-based practices with deep understanding of how living soils-web work, animal welfare and workers’ fair treatment. Those principals have implications beyond current best practices. They define nature-based climate solutions, and, at the end, what sustainability means. Regenerative goes beyond a circular economy; it brings our economies towards a carbon-equilibrium, towards a BioGeoTherapy. Towards a carbon-balanced world economy. Humanity that finds its place in nature by mimicking nature. When it comes to defining sustainability, ROC seems rock solid. It is key to finally define sustainable development, a concept we have been struggling with for a few decades. Regenerative Organic Certification gives sustainability, credibility. 

 Certification régénératrice biologique, 

progrès vers une BioGéoThérapie

En 2018 une organisation sans buts lucratifs californienne—formée de l’Institut Rodale, Dr. Bronner, et, de Patagonia—firent le lancement de la Regenerative Organic Certification, incluant différents niveaux avec concentration sur le bien-être animal, l’équité sociale en plus de la santé des sols. Les agriculteurs doivent déjà être certifiés biologique pour appliquer, la norme mesure à la fois les pratiques et les résultats pour la santé des sols. De notre perspective, la norme signifie « au-delà du bio », ses buts prenant la direction d’une BioGéoThérapie. 

Un document publié en juin 2020, Framework for Regenerative Organic Certified inclut les directives pour la santé des sols et la gestion des terres, pour le bien-être animal, et, le traitement équitable des agriculteurs et des travailleurs. L’organisation écrit:

« Alors que les pratiques agricoles continuent d’évoluer, il est impératif que les approches de gestion des terres et que les processus associés contribuent à la santé des écosystèmes incluant les communautés humaines. Regenerative Organic CertifiedTM (ROCTM) construit sur et poursuit l’héritage presque centenaire des visionnaires du mouvement pour le bio comme J. I. Rodale, Lady Eve Balfour, Dr. Rudolf Steiner, Sir Albert Howard, et le savoir de générations de producteurs holistiques divers — incluant les Premières Nations — dont ils se sont inspirés pour donner une direction au mouvement. »

La durabilité en pratique

L’agriculture biologique permet aux hommes, aux sols et aux animaux d’éviter l’empoisonnement. La régénération, elle, vise à inverser la désertification, la production d’une alimentation saine à long term, l’inversion du réchauffement climatique, la guérison de la Terre et le traitement équitable des travailleurs. Écrit pour la Conférence de Rio sur le climat, le rapport Brundtland appelait à un modèle de développement pouvant satisfaire les besoins des générations actuelles tout en préservant des ressources pour celles à venir. Le rapport n’a jamais défini clairement comment, ce qu’il voulait dire dans un contexte de dégradation des ressources. Trente ans plus tard, l’agriculture et le développement de régénération, les solutions fondées sur la nature est cette définition dont nous avons un besoin urgent. 

Le but de ROC est de promouvoir des pratiques agricoles holistiques avec une certification englobante qui: 

  • Augmente la matière organique des sols dans le temps et séquestre du carbone sous et au-dessus des terres, ce qui pourrait être un outil pour la mitigation du changement climatique;
  • Améliore le bien-être animal, et
  • Permet une stabilité économique et une équité aux fermiers, aux éleveurs, et aux travailleurs.

ROC, l’ultime label?

Si certains peuvent souffrir d’une fatigue associée aux labels, et même souffrir d’une confusion, on pourrait défendre l’idée que la régénération est et restera l’ultime label. Il pourrait évoluer, s’améliorer, mais être régénérateur c’est être durable. C’est précisément ce dont nous avons besoin pour l’humanité et pour le bien de la nature avec des sols en santé, des animaux en santé, des humains en santé. Une planète en santé avec un budget carbone équilibré à 260-280 ppm dans l’atmosphère, des sols agricoles en santé, des prairies et des forêts en santé, des écosystèmes côtiers et marins végétalisés et emmagasinant le carbone, « le carbone bleu des terres humides côtières ».

Dans quelle mesure la certification biologique-régénératrice est-elle nouvelle? Les pratiques régénératrices d’une part rejettent les pratiques agricoles industrielles comme les CAFOs (installations pour l’alimentation intensive d’animaux), les utilisations d’engrais et de produits phytosanitaires chimiques. Ce que le biologique fait déjà. Au-delà du biologique, la régénération implique des pratiques fondées sur la science avec une compréhension poussée du fonctionnement des sols vivants, du bien-être animal et du traitement équitable des travailleurs. Ces principes ont des implications au-delà des meilleurs pratiques actuelles. Ils définissent les solutions climatiques fondées sur la nature, ce que signifie le développement durable. La régénération va au-delà de l’économie circulaire; ces pratiques amènent nos économies vers un équilibre carbone, vers une BioGéoThérapie. Vers une économie mondiale aux taux de carbone en équilibre. Une humanité trouvant sa place dans la nature par imitation de celle-ci. Lorsqu’il s’agit de définir la durabilité, ROC apparait solide, comme le roc. Il devient central à la définition du développement durable, un concept avec lequel nous bataillions depuis quelques décennies. Le Certificat biologique et régénératif donne au développement durable de la crédibilité. 

38) Mille milliards d’arbres, sur le terrain // A trillion trees, on the ground

Autor as a planter // Auteur planteur

(English go lower)

Mille milliards d’arbres,

sur le terrain

Le Laboratoire Crowther à l’École polytechnique fédérale de Zurich a fait une annonce majeure et retentissante durant l’été 2019 : selon des données satellitaires, planter des arbres serait « la meilleure manière d’inverser le réchauffement planétaire ». Il nous faudrait planter un billion d’arbres (mille milliards). Avec nos ancêtres nous avons coupé cinquante pour cent des grandes forêts, trois des six mille milliards d’arbres de la Terre. Selon le Laboratoire Crowther, 300 gigatonnes de carbone en trop dans l’atmosphère et les océans seraient ainsi relocalisées et séquestrées : 200 GtC dans la biomasse et 100 GtC dans les racines des arbres, et, grâce aux exsudats introduits dans les sols — les racines échangent du carbone contre des nutriments autour de la rhizosphère, ces racines génèrent une substance noire carbonée relativement stable appelée glomaline.

Bien financé, le Laboratoire Crowther engagea une entreprise pour communiquer ses résultats. Et la firme en communication communiqua… Soudainement le monde entier avait eu écho des mille milliards d’arbres pouvant inverser le réchauffement planétaire et sauver l’humanité. La nouvelle était sur toutes les radios, et, sur certaines lèvres. Mais les nuances de l’article avaient disparu. Des spécialistes publièrent des réactions bien senties. Thomas Crowther fut forcé de défendre son étude. Les membres de son laboratoire devinrent inquiets, et même tristes lorsque les critiques commencèrent à fuser. Exemplaire de scientifiques ne maîtrisant plus une invention, une découverte, ou un message, l’épisode a quelque chose de cocasse. 

Mon propos ne vise en rien l’analyse des détails de l’article « The global tree restoration potential » publié dans Science, mais plutôt la faisabilité de planter mille milliards d’arbres, non pas à partir de données satellitaires, mais sur le terrain. Dans la boue, parmi les résidus ligneux laissés par l’industrie forestière, nous appuyant sur notre expérience au Canada. 

Un billion d’arbres, voyons voir

Comme nombre de mes compatriotes, j’ai été reboiseur. C’est un travail difficile, harassant, certains diraient « une job de fous » ! Chose certaine, ce n’est pas fait pour tout le monde. Hormis la pluie, le soleil, le froid et la chaleur, la neige au début et en fin de saison, les moustiques en juin, le travail est payé à l’arbre planté. Pour être un bon planteur, il faut planter beaucoup, et bien. Les journées sont longues, 8-10 heures, le déplacement vers le site peut prendre une heure de route ou davantage. Au Québec, tous les planteurs vivent dans des camps forestiers équipés pour cuisiner, avec des douches chaudes, des chambres, des équipements d’urgence, de l’électricité grâce à des générateurs au diésel. Dans les autres provinces canadiennes, le logement peut se faire sous la tente. J’ai planté dans cinq provinces, logé sous la tente, en motel, en stations de ski désertées l’été. Enfin, il y a la gestion des rencontres avec la faune : les orignaux, les wapitis ou les ours, souvent à plusieurs reprises pendant une saison. Nous sommes au milieu du Canada sauvage. Loin de la maison, la plupart du temps tout l’été.

Planter 20 millions d’arbres en quatre mois implique beaucoup de logistique : 100 planteurs physiquement préparés, des camions pickups avec le carburant nécessaire, des garettes (débusqueuses forestières modifiées pour transporter les arbres sur de très grands territoires) ou des muskegs (nom donné à des véhicules sur chenilles de la marque Bombardier, d’un mot algonquin référant à une tourbière), des téléphones et internet par satellites, un système de paye. J’ai même fait un contrat au nord d’Edmonton avec déplacements en hélicoptère, très chic !

Une bonne équipe de planteurs, dans l’Est du Canada, peut planter en moyenne 2’500 arbres par planteur et par jour. À multiplier par 80 jours de travail. 2500 x 80 jours x 100 planteurs, soit 20 millions d’arbres durant une saison, avec de bonnes et de mauvaises journées. Ces arbres sont cultivés dans des serres pendant 2-3 ans, transportés sur des sites éloignés pour y être plantés. En un été, environ 200 camions remorques transportant chacun 100’000 arbres. La rencontre de ‘planétaires’ sur les routes — de très grands camions aux essieux dits planétaires pouvant transporter 100 tonnes de bois, deux fois la moyenne — fait partie des dangers du métier. Dans l’Est du Canada, les sites sont « labourés », une technique de préparation appelée scarification, réalisée par des monstres d’acier à moteurs diesel. Enfin le ministère vérifie la qualité du travail par parcelles.

Pour planter mille milliards d’arbres… Faisons le calcul. Il y a 50 fois 20 millions dans un milliard, et ce nombre doit encore être multiplié par 1’000. En d’autres mots, ce qu’une entreprise ou une coopérative expérimentée reboise en un été, devrait être reproduit 50’000 fois pour inverser le réchauffement planétaire. De manière plus nuancée que la nouvelle diffusée dans les médias, c’est ce que propose Laboratoire Crowther. Nos chiffres référent aux conditions de l’Est du Canada ; dans l’Ouest, on plante plutôt 1’500 arbres par jour et par travailleur, souvent dans des secteurs montagneux non scarifiés pour la plantation. À noter également : le Canada a un des meilleurs réseaux de routes forestières au monde. On peut aussi faire un autre calcul : 50’000 x 100 employés x 80 jours, soit 400’000’000 de planteurs-jours.

La femme qui plantait des arbres

L’idée de planter mille milliards d’arbres est inspirée de Wangari Maathai, une femme kenyane Prix Nobel de la paix 2004 pour « sa contribution en faveur du développement durable, de la démocratie et de la paix ». Le Mouvement pour une ceinture verte qu’elle a fondé commença à planter des arbres en Afrique en 1977. 30 millions d’arbres furent plantés dans un premier temps. Puis Maathai commença à parler d’un milliard d’arbres. La Campagne est lancée par le Programme des Nations unies pour l’environnement (PNUE) en réponse au réchauffement climatique, avec d’autres enjeux allant de l’approvisionnement en eau à la protection de la biodiversité. Le milliard est atteint en novembre 2007. En 2008 l’objectif de la campagne est fixé à 7 milliards d’arbres, atteint trois mois avant la Conférence sur le climat tenue à Copenhague en décembre 2009.

En 2011, Felix Finkbeiner ouvre l’Année internationale des forêts et déclare que le temps est venu de travailler ensemble, de combiner nos forces, vieux et jeunes, riches et pauvres ; ensemble, pour planter « un billion d’arbres ». Depuis son lancement, le site de la Campagne, trilliontreecampaign.org, a enregistré la plantation de 13.6 milliards d’arbres dans 193 pays. Nous sommes loin des 1’000 milliards/un billion. Ce nombre d’arbres devant être plantés s’est même transformé sur les documents d’ONG en un « billion d’arbres à être plantés, et, à être protégés » ! Certains ont-ils réalisé ce que planter mille milliards d’arbres signifie réellement ? Outre l’espace utilisé pour l’agriculture et celui déjà transformé en zones urbaines, tous les écosystèmes ne se prêtent pas à la reforestation. Les prairies et les savanes ont coévolué avec de grands troupeaux d’animaux et la mégafaune, non avec des arbres… 

Aujourd’hui, il est plus facile de couper des arbres avec des équipements de coupe multifonctionnels que de reboiser : les « multis » coupent l’arbre, l’ébranchent, le coupent en billots. En un rien de temps, zip-zip ! Le reboisement, lui, demeure pour l’essentiel une activité manuelle exécutée beau temps, mauvais temps. Le reboisement, aussi appelé sylviculture, n’est pas chose facile. Nous sommes loin d’un laboratoire confortable à Zurich. Thomas Crowther souhaite également l’implication des communautés. Une belle idée. Mais tient-elle compte de la dimension des territoires, de la logistique requise, des ressources financières nécessaires ?

L’Initiative 1t.org joue-t-elle un rôle dissuasif ?

D’aucuns ont émis l’idée que planter mille milliards d’arbres pourrait dissuader de réduire les sources de carbone. Au moment où émergent les technologies et procédés à émissions négatives — des « solutions fondées sur la nature » en réponse au réchauffement planétaire — certaines multinationales ou gouvernements pourraient s’y intéresser pour de mauvaises raisons : retarder une transition énergétique urgente, ou la transformation d’activités économiques émettrices de GES.

La Campagne trilliontreecampaign.org portée par le PNUE rencontra en 2020 l’Initiative 1t.org, issue du World Economic Forum en soutien à la Décennie des Nations unies 2021-2030 pour la restauration des écosystèmes. L’Initiative 1t.org « offre une plateforme aux gouvernements, aux entreprises, à la société civile et aux ‘écopreneurs’, afin de servir la communauté planétaire engagée à planter un billion d’arbres ». L’Initiative 1t.org affirme qu’elle va mettre en relation les champions de la reforestation sur le terrain avec les ressources, les leaders de haut niveau en science, mettre à disposition la technologie des entreprises, en relation la politique et la finance, une connectivité dans un espace digital pour ceux motivés par l’objectif. Selon son site, l’Initiative 1t.org rendra possible un dialogue et une collaboration en soutien à une action de reboisement « exponentielle et réussie sur le terrain ». 

Au World Economic Forum, l’Initiative 1t.org reçut donc l’appui de l’establishment économique mondial, mais aussi… celui du Président Donald Trump ! Ce dernier, dans son discours à Davos, engagea les États-Unis à participer à l’initiative. Un appui inattendu, inquiétant pour certains observateurs… Puits de GES potentiellement important, la plantation d’arbres pourrait-elle repousser aux calendes grecques la réduction des sources de GES ? Justine Calma dans The Verge : « Une autre inquiétude entourant l’appel à planter un billion d’arbres est que cette initiative pourrait se traduire par l’abandon d’autres efforts pour ralentir le changement climatique, comme arrêter la pollution par les carburants fossiles et la déforestation. » Chose certaine, personne n’envisage sérieusement de compter sur Donald Trump pour inverser le réchauffement planétaire.

Des solutions nombreuses, avec des avantages en cascade

Face au pharaonique et même babylonien objectif de planter 1’000 milliards d’arbres, la réalité sur le terrain, et, la possible dissuasion associée à un tel projet, une certaine prudence s’impose. Le Laboratoire Crowther présente la plantation d’arbres comme « la meilleure solution disponible pour lutter contre le réchauffement planétaire ». Mais ignore toutes les autres. Qu’en est-il de la gestion holistique des pâturages ? Elle relance les chaînes trophiques nourricières des sols, par un déplacement planifié inspiré des grands troupeaux sauvages, d’animaux domestiques en pâturage. En plus de la séquestration de carbone, la gestion holistique des pâturages alimente les humains autant que les sols, crée des emplois et augmente le biodiversité grâce à la santé des sols. Et pourquoi escamoter le biochar ? Il améliore l’ameublissement des sols, augmente les rendements, réduit les besoins en engrais et retient l’eau. Issu de la biomasse, le biochar pourrait même receler une quantité quasi illimitée d’usages comme matériau, remplaçant potentiellement le sable marin dans le béton, évitant ainsi la destruction d’écosystèmes marins. D’importance stratégique le sable marin est le matériau le plus utilisé dans le monde. Il existe de nombreuses technologies/procédés à émissions négatives comme remèdes à la crise climatique, dont le reboisement de la Terre. Chacun séquestre du carbone. Cette diversité de solutions est une excellente nouvelle, il y a urgence climatique ! 

« Voyageur, il n’y a pas de chemin, le chemin se fait en marchant », disait le grand poète Antonio Machado. L’anthropocène, cette époque géologique créée par homo sapiens, peut prendre une autre direction, par une restauration planétaire des sols et des écosystèmes. Nous pourrions revoir les sols à l’humus abondant, les grandes forêts de chênes, les jardins de la victoire, les forêts tropicales, les muskegs. Voir s’imposer l’agriculture et le développement de régénération, l’agroécologie, l’agroforesterie, la sauvagerie de Henry David Thoreau. L’humanité peut inverser la désertification, ré-enchanter le monde. Provoquer une ‘biogéothérapie’ restauratrice de la fertilité des sols, séquestrer du carbone, et, inverser l’augmentation du dioxide de carbone dans l’atmosphère et les océans. 

Le·la professionnel·le du reboisement découvre avec joie une nature magnifique, immense et encore sauvage, mais aussi sa destruction. Planter des arbres produit des émotions, contrastées. C’est l’histoire d’un petit groupe vivant isolé, au comportement parfois tribal, mais en contact avec ces scènes d’un déboisement industriel et dantesque, soulevant les grands enjeux de notre temps. Le sentiment du reboiseur oscille et vacille entre « Nous sommes l’espoir de l’humanité sur Terre ! », et, sur le terrain, mille milliards de petites misères et de grandes questions.

A Trillion Trees, 

on the ground

Crowther Laboratory at the Federal Polytechnic School of Zurich made a major and spectacular announcement during the summer of 2019: according to satellites data, plant trees would be « the best way for global warming reversal ». We would have to plant a trillion trees (one thousand billions). With our ancestors, we have cut fifty percent of grand forests, three of six thousand billions original trees on Earth. According to Crowther Laboratory, 300 Gigatons of carbon in excess in the atmosphere and in oceans would be relocalized and sequestered: 200 GtC in the biomass and 100 GtC in trees roots, and, thanks to exudates introduced in soils—roots exchange carbon for nutriments around the rhizosphere, those roots generate a relatively stable carbonized black substance called glomaline. 

Well financed, the Crowther Laboratory hired an entreprise to communicate results. And the communication firm, communicated… Suddenly the entire world had echos about the thousand billions trees for global warming reversal to save humanity. The news was on all radios, and, on some lips. But the article nuances had disappeared. Some experts published well felt reactions. Thomas Crowther was forced to defend his study. Members of his laboratory became worried, and even sad when critics started to fuse. Exemplary of scientists loosing control over an invention, a discovery, or a message, the episode has a funny side. 

My topic is not an analysis of the article « The global tree restoration potential » published in Science. Rather it is an analysis of how feasible planting a trillion trees is, not from satellites data, but from the terrain. In the mud, among wood residues left behind by the forest industry, based on our own experience in Canada.

A trillion trees, let’s see

As a great number of my compatriots, I have been a tree planter. It is a hard job, exhausting, some would say « a crazy job »! Something is sure, it is not for everyone. Besides the rain, the sun, the cold and the heat, the snow at the beginning and the end of the season, the mosquitos in June, the work is paid by the tree. To be a good planter, you have to plant a lot, and well. Days are long, 8-10 hours, driving to the site can take an hour or more. In Quebec, all planters live in forestry camps equipped to cook, with hot showers, rooms, emergency equipments, electricity thanks to diesel generators. In other Canadian provinces, housing can be under the tent. I have planted in five Canadian provinces, lived under the tent, in motels, in ski areas deserted during the summer. Finally there is the management of fauna encounters: moose, wapitis and bears, often at numerous occasions during a season. We are in the middle of Canada’s wilderness. Far from home, most of the time for all summer. 

Planting 20 millions trees in four months implies lots of logistic: 100 physically prepared planters, pickup trucks with the necessary fuel, garettes (modified forestry skidders made to transport trees on very big territories) or muskegs (name given to Bombardiers made caterpillars, from an Algonquin name for bogs), satellite phones and internet, a pay system. I even did a contract north of Edmonton with helicopter transportation, very chic!

A good planters’ team, in Eastern Canada, can plant on an average 2’500 trees per planter, per day. To multiply by 80 days of work. 2500 X 80 days X 100 planters, 20 millions trees during one season, with good and bad days. Those trees are grown in greenhouses during 2-3 years, transported to far away sites to be planted. In one summer, around 200 tractor trailers, each carrying 100’000 trees. The encounter of ‘planetaries’—very big trucks with axles called planetary—are part of the work’s dangers. In Eastern Canada, the sites are « plowed », a technic called scarification, done by steel monsters equipped of diesel motors. At last, the Ministry verifies the work quality with plots.  

To plant a trillion trees… Let’s calculate. There is 50 times 20 millions in one billion, and this number must be again multiplied by 1000. In other words, what an enterprise or a cooperative with experience plants in one summer, should be reproduced 50’000 times for global warming reversal. In a more nuanced way than the news diffused in medias, that is what the Crowther Laboratory proposed. Our numbers refer to conditions in Eastern Canada; out West it is more like 1’500 trees per day and per worker often in mountainy sectors not scarified for planting. Also note: Canada has one of the best forestry roads network in the world. An other calculation can me done: 50’000 X 100 employees X 80 days, that is 400’000’000 planter-days. 

The woman that was planting trees

The idea to plant one thousand billion trees is inspired by Wangari Maathai, a Kenyan woman whom won the Nobel Peace Prize in 2004 for « her contribution in favor of sustainable development, democracy and peace ». The Green Belt Movement she founded started planting trees in Africa in 1977. 30 millions trees were planted at first. Then Maathai started to talk about planting one billion trees. The campaign was launched by the United Nations Environmental Program in response to global warming and other issues going from water supply to biodiversity protection. The billion was reached in November 2007. In 2008 the campaign objective was raised to 7 billions trees, reached 3 months before the conference on climate in Copenhague in December 2009.  

In 2011, Felix Finkbeiner opens the International Year of Forests and declares time has come to work together, to combine forces, old and young, rich and poor; together to plant « one trillion trees ». Since its launch, the Campaign’s site trilliontreecampaign.org, has registered 13.6 billion trees planted in 193 countries. We are far from the 1000 billions / 1 trillion. The number of trees to plant has even evolved in some NGOs documents to « a trillion trees to be planted or protected »! Would some have realized what planting a trillion trees means in reality? Besides the needed space for agriculture and already transformed urbain zones, not all ecosystems are adapted for reforestation. Prairies and savannas have co-evolved with grand herds and megafauna, not with trees. 

Today it is easier to cup trees with multifunctional equipments than to reforest: « multi » cut the tree, take off the branches, and cut logs. In no time, zip-zip! Reforestation remains for the essential a manual activity done no matter the weather. Also called sylviculture, reforestation is not an easy activity. We are far from a comfortable Zurich laboratory. Thomas Crowther also wishes communities involvement. A nice idea. But does it take into account territories dimensions, logistic required, financial ressources necessary? 

Does the 1t.org Initiative play a deterrent role?

Many have emited the idea that planting one thousand billion trees could be a deterrent for carbon sources reductions. At a moment when technologies and processes with negative emissions emerge—« nature-based climate solutions (NETs) » as an answer to global warming—some multinationals and governments could be interested in NETs for bad reasons: slow down an urgent energy transition or the transformation of economic activities that emit GHGs.   

In 2020 the trilliontreecampaign.org UNEP’s campaign met with the World Economic Forum supported 1t.org Initiative to back the United Nation 2021-2030 Ecosystem Restoration Decade. The 1t.org Initiative « offers a platform for governments, enterprises, civil society and ‘ecopreneurs’ to serve the community committed to plant a trillion trees. » The Initiative 1t.org says it will put in relation reforestation champions on the ground with ressources, high level leaders in science, make available businesses’ technologies, in relation politic and finance, connectivity in the digital space for those motivated by the objective. According to its site, the 1t.org Initiative will make possible a dialogue and a collaboration to back up a reforestation action « exponential and successful on the ground ».

So at the World Economic Forum, the 1t.org Initiative got the support of the world economic establishment, but also… from President Donald Trump! In his Davos speech, he engaged the United States to participate in the initiative. An unexpected support, worrying for many observers. Possibly a major GHG sink, could tree plantation push back to Greek calendars GHG sources reductions? Justine Calma in The Verge: « Another big concern surrounding the call for planting a trillion trees is that it could distract from other efforts to slow down climate change, like stopping fossil fuel pollution and deforestation in the first place. » One thing is sure, no-one seriously consider counting on Donald Trump for global warming reversal. 

Numerous solutions, with cascading advantage

Considering the pharaonic and even babylonian objective to plant 1000 billion trees, the reality on the ground, and , the possible deterrence associated with such a project, some caution is necessary. The Crowther Laboratory present plantation as « the best available solution to fight against global warming ». But it ignores all others. What about holistic grazing management? It restarts the trophic chains that feed soils, by the planning of domestic herds grazing inspired by the movement of former grand wild herds. Besides sequestering carbon, holistic grazing management feeds human as much as soils, creating jobs and increasing biodiversity thanks to soils’ health. And why ignoring biochar? It improves soils’ tilth, increases yields, reduces the needs for fertilizers and increases water holding capacity. Made from biomass, biochar could have an infinite quantities of uses as a material, potentially replacing marin sand in concrete, avoiding the destruction of marin ecosystems. Strategic, marin sand is the most used material in the world. There are many technologies/processes with negative emissions as a remedy to the climate crisis, reforestation of the Earth being one. Everyone sequester carbon. This solutions diversity is excellent news, we are facing a climate urgency! 

« Traveler, there is no path, the path is made by walking » said Antonio Machado, the famous poet. The anthropocen, this geological epoch created by homo sapiens, can take a new direction, by the restoration of soils and ecosystems. We could see again soils with abondant humus, great oak forest, victory gardens, tropical forests, muskegs. See rise regenerative agriculture and development, agroecology, agroforestry, Henry David Thoreau’s wildness. Humanity can reverse desertification, re-enchant the world. Provock a restorative ‘biogeotherapy’ for soils’ fertility, sequester carbon, and, reverse carbon dioxide increase in the atmosphere and oceans.

The reforestation professional discovers with joy a wonderful nature, immense and still wild, but also its destruction. Planting trees produces contrasted emotions. It is the story of a small group living isolated, with a tribal behavior by moments, but in contact with the great issues of our time. The tree planter feeling oscillates and vasillers between « We are the hope of humanity on Earth! », and, on the ground, a thousand billion of little sufferings and great questions.