(in French below, en français ci-dessous)
In chronicle 42 we wrote how Ignacy Sachs, a French and Polish intellectual trace back the emergence of the sustainable development concept. At first it was called eco-development. It was imagined by Maurice Strong. Canadian, former CEO of Power Corporation, Strong was put in charge of organizing the United Nations’ first world conference on the environment, in Stockholm in 1972—he will also organise the Rio conference in 1992. But what Maurice Strong had in mind involved going back to some kind of agro-pastoral lifestyle, with humanity turning its back on industrialisation. That is forgetting that even common objects of the modern world, the bicycle to name one, are the result of sophisticated industrial processes the agro-pastoral civilisations did not have access to.
Ignacy Sachs will spend decades redefining and clarifying eco-development, in particular in a book Stratégies de l’éco-développement. Born in Varsovie in 1927, having lived as a refugee in Brasil with his Jewish family during the Second World war, in India as a Polish diplomat and technical advisor, Sachs knew what under-development and poverty meant. He opposed any romantic views of past civilisations. Eventually the term sustainable development emerged in 1987 with the widely diffused UN Brundtland report, after five years of consultations around the world. Sustainable development, in particular its translation « durable » in French, was controversial, widely criticized as defending status quo, a continuation of economical destructive activities. Later « industrial ecology », and, more recently, « circular economy » were used, expressions trying to bring the discussions beyond the (very linguistic) sustainability debate.
Regenerative industries for a biogeotherapy
But even a circular economy does not repair what needs to be repaired if humanity is to get out of the hot water we put ourselves in. We must reduce sources of carbon, but also, create carbon sinks—and sinks are no excuse for not reducing sources. Circular does not involve carbon dioxide removal/drawdown. It does not involve the re-establishment of local weather patterns. If we are to obtain a livable climate and the biodiversity we wish for, drawdown is mandatory, not an option. We must have, and massively use, negative emissions technologies, in particular nature-based climate solutions with their co-benefits. We must restore ecosystems, eventually the entire biosphere. Some of this drawdown will be done using soils and animals to store carbon, putting carbon back where it belongs, that is under our feet.
Some will come from biochar production and use, remineralization of soils, rock weathering, permaculture, agro-forestry, massive reforestation with billions of trees. Yet materials used for industrialisation, for infrastructures’ construction (buildings, roads, airports, goods and services), can also be bio-sourced and be carbon negative. The twenty-first century industrialisation can be an instrument for the Earth’s carbon cycle equilibrium with climates humanity is confortable with. Concrete, asphalt, plastic, litter, and probably a thousand other products, can use biochar, compressed wood stronger than steal, woody materials, liquid carbon dioxide and other carbon-based materials sequestering GHG. Their use will also reduce the extraction of ores, a reason for Earth’s destruction and carbon disequilibrium. Of course better organized and more efficient recycling is needed, but, a substitution towards bio-sourced materials is also possible. With 352 scientific references and published in the journal materials, an article, « A Review of Non-Soil Biochar Applications », gives numerous promising exemples (open source on the web).
Observers and critics of the current development must avoid proposing a romantic and unrealistic views of an agro-pastoral life, a life they often have not experienced first hand. Agriculture and animal husbandry without newly found and mastered regenerative agriculture and holistic grazing management, where not renewable and sustainable, even if organic. Soils’ disturbances provoked desertification. Industrial tools and modern materials will continue to play a major role in our lives, including information and telecommunication so central to the rapid emergence of the present regenerative trend. With healthy soils, healthy agriculture, healthy animal husbandry leading to healthy food, healthy industrialisation is the second leg of a new species, regenerative homo sapiens—a new human all in for a biogeotherapy of the Earth, a planet he loves and depends on.
Homo sapiens régénératif
Dans notre chronique 42 nous écrivons qu’Ignacy Sachs, un intellectuel franco-polonais, retrace l’émergence du mot développement durable. Au début on disait éco-développement, un terme imaginé par Maurice Strong. Canadien, ancien PDG de Power Corporation, Strong fut mis en charge de l’organisation de la première conférence des Nations unies sur l’environnement, à Stockholm en 1972 — il sera également l’organisateur de la Conférence de Rio en 1992. Mais ce que Maurice Strong avait à l’esprit impliquait un retour à un mode de vie agro-pastoral, avec l’humanité tournant le dos à l’industrialisation. C’est là oublier que même des objets communs à la vie moderne, la bicyclette pour en nommer un, résultent de procédés industriels sophistiqués auxquels les civilisations agro-pastorales n’avaient pas accès.
Ignacy Sachs va passer des décennies à redéfinir et à clarifier l’éco-développement, en particulier dans un livre, Stratégies de l’éco-développement. Né à Varsovie en 1927, ayant habité au Brésil avec sa famille juive réfugiée durant la Deuxième Guerre mondiale, vécu en Inde comme diplomate et conseiller technique, il connaissait le sous-développement et la pauvreté. Il combat un certain romantisme des civilisations passées. Le terme développement durable émergera en 1987 lorsque le largement diffusé rapport Brundtland de l’ONU est publié, après cinq années de consultation de par le monde. Le développement soutenable, en particulier sa traduction par ‘durable’ en français, provoqua la controverse. L’expression fut largement critiqué comme faisant la promotion du status quo, de la poursuite d’activités économiques destructrices. Par la suite, « l’écologie industrielle », et, plus récemment, « l’économie circulaire » furent utilisées, des expressions tentant d’amener la discussion au-delà du (très linguistique) débat sur le développement durable.
Les industries de régénération et la biogéothérapie
Mais même une économie circulaire ne répare pas ce qui doit l’être si l’humanité doit s’extraire de cette situation périlleuse dans laquelle elle s’est mise — au cours de douze derniers millénaires avec l’agriculture, et, avec une aggravation rapide depuis la révolution industrielle fondée sur les carburants fossiles. Nous devons réduire nos sources de carbone, mais également, créer des puits de carbone — et les puits ne peuvent servir d’excuse pour ralentir l’impérative réduction des sources. Circulaire n’implique pas une extraction de dioxide de carbone, le rétablissement des climats locaux. Pour obtenir un climat viable et la biodiversité que nous souhaitons, l’extraction est incontournable. Elle n’est pas une option. Nous devons avoir, et faire massivement usage de technologies à émissions négatives, en particulier de solutions fondées sur la nature avec leurs co-bénéfices. Nous devons restaurer les écosystèmes, éventuellement la biosphère en entier.
Une partie de cette extraction se fera par l’entremise des sols et des animaux pour stocker du carbone, en remettant du carbone à sa place, c’est-à-dire sous nos pieds. Une partie viendra de la production et l’utilisation de biochar, la re-minéralisation des sols, l’altération des roches, la permaculture, l’agro-foresterie, la reforestation avec des milliards d’arbres. Mais les matériaux utilisés pour l’industrialisation, pour la construction d’infrastructures (les immeubles, les routes, les aéroports, les biens et services), peuvent être bio-sourcés et être négatifs en carbone. L’industrialisation du vingt-et-unième siècle peut être un instrument pour l’équilibre du cycle du carbone produisant des climats favorables à l’humanité.
Béton, asphalte, plastique, litières, et probablement mille autres produits, le biochar, le bois comprimé plus solide que l’acier, les constructions en bois, le dioxide de carbone liquide, et d’autres matériaux, vont séquestrer du carbone dans les infrastructures. Cet usage va également réduire l’extraction de minerais, grand contributeur la destruction de la Terre et aux déséquilibres des cycles carboniques. Bien évidemment un recyclage mieux organisé et plus efficace est nécessaire, mais, une substitution vers des matériaux bio-sourcés est aussi possible. Avec 352 références scientifiques, publié dans la revue académique materials, un article « A Review of Non-Soil Biochar Applications », donne de nombreux exemples prometteurs (open source sur la toile).
Les observateurs et les critiques du développement actuel doivent éviter de proposer un regard romantique et irréaliste d’une vie passée agro-pastorale idéalisée, une vie qu’ils n’ont souvent pas expérimenté de première main. L’agriculture et l’élevage animal d’avant l’agriculture de régénération et d’avant la gestion holistique des pâturages nouvellement découvertes et maîtrisés, n’étaient pas renouvelables et durables. Elles provoquaient la désertification, même si elles étaient bio. La perturbation des sols mène à la désertification. Les outils industriels et les matériaux modernes vont continuer à jouer un rôle important dans nos vies, y compris l’informatique et les télécommunications centraux à l’émergence rapide du courant pour la régénération. Avec des sols en santé, une agriculture en santé, des animaux d’élevage en santé menant à une alimentation saine, une industrialisation saine est la deuxième jambe d’une espèce nouvelle, l’homo sapiens régénératif — un humain mobilisé pour une biogéothérapie de la Terre, une planète qu’il aime et dont il dépend.